François bonne-onde


Fray Gerundio, le vieux moine espagnol traditionaliste atrabilaire revient sur la curieuse lettre envoyée par le pape aux maires (dont Anne Hidalgo) venus participer au Vatican à un congrès sur l'accueil des migrants (19/12/2016)

>>> L'image ci-dessous est le bandeau de la page d'accueil du site de "Fray Gerundio" - une désormais vieille connaissance grâce à Carlota (dernier article: Les exclus de François): il s'agit apparemment d'une illustration d'un roman picaresque espagnol anonyme, La Vie de Lazarillo de Tormes (1554)



(Carlota)
En voyant le titre du dernier article de Fray Gerundio, j’ai pensé que ce religieux et blogueur espagnol, chroniqueur féroce du pontificat du Pape François faisait allusion à un courrier que le Souverain Pontife venait d’envoyer à Madame Hidalgo (maire de Paris) ou tout au moins à ce qu’en a dit la presse (cf www.leparisien.fr). Il la remerciait surtout pour son action envers ceux qui sont appelés migrants. Mais j’ai découvert que Madame Hidalgo n’était pas la seule à avoir reçu ce genre de courrier, ses consœurs de Madrid et de Barcelone ont été aussi invitées à envoyer une bonne onde au Souverain Pontife!

François Bonne-onde


Fray Gerundio
fraygerundiodetormes.wordpress.com
17 décembre 2016
Traduction de Carlota

* * *

Il y a des vieux qui utilisent le langage, les expressions et les locutions qui sont à la mode parmi les jeunes, en pensant qu’ainsi ils vont être immédiatement inclus dans leurs cercles d’admirateurs soumis. De la même façon, il y a des personnes qui pensent que l’utilisation d’un langage vulgaire et commun va leur permettre d’être plus acceptés comme des gens tout simples et sans façon dans certains cercles bien à part. Il m’a toujours semblé que chez tous ces gens-là, bouillonne un complexe d’infériorité qui consiste à demander pardon parce que l’on paraît différent des autres, lié à un désir significatif de démontrer une pleine identification avec leurs façons de se comporter.

Je l’ai vu à de nombreuses reprises dans ma vie de religieux. Ces derniers temps, il y a eu un Père Abbé qui a appris à lâcher des mots grossiers pour bien passer auprès des jeunes novices. Non seulement il a réussi à se qu’ils se moquent de lui (parce qu’il utilisait des vocables malsonnants d’une manière intempestive, inopportune et sans talent), mais parce que cela l’a mis dans une position de superficialité telle, que cela a automatiquement généré des attitudes irrespectueuses de la part des novices. Ce que ma grand-mère définissait comme se faire avoir, ne pas avoir le dessus.

C’est que quand quelqu’un a une Fonction de responsabilité ou représente une Institution, il doit maintenir la dignité en sa personne, en ses façons et manières, sous peine de blesser et maltraiter l’Institution elle-même. C’est ce que savent même les plus idiots. Bien que l’oublient les malfaisants et les paranoïaques qui ont perdu la raison.

Le cas de François, je ne sais pas exactement à quelle catégorie le rattacher. Mais il est certain que depuis qu’il est arrivé au pouvoir (tout surpris, dit-il, parce qu’il ne s’y attendait pas, bien qu’il se fût mis à apprendre l’italien comme un fou) [ndt l’auteur a peut-être des informations de premières mains en provenant directe d’Argentine sur ces cours accélérés d’italien, car la presse en est restée à un petit Jorge M. Bergoglio très proche d’une de ses grand-mère, qui avait quitté l’Italie mussolinienne des années trente], il a suscité une double révolution du Pontificat: celle de la doctrine et celle des manières. La première est la plus grave et importante; celle proprement destructrice, celle qui laisse tout transformé en décombres, celle du carnage et de la gangrène. C’est celle que les Évêques s’apprêtent à confirmer et soutenir.

La seconde, - celle des manières -, fait aussi son petit travail de sape. Beaucoup de gens qui n’arrivent pas à comprendre la doctrine et la gravité de son anéantissement, ont connaissance via les chaines de télévision et les journaux, des expressions et des gestes. Cette impudence insolente et grossière leur arrive en plein dans les yeux (1). D’où dérive, - inévitablement, la considération de la Papauté comme une papauté inculte et vulgaire, bien plus digne d’un barbare (2) que d’un saint.

Il y a beaucoup d’exemples dans les archives de ces trois dernières années et demie. Ils ont provoqué l’effet François et il me semble que maintenant ils font la promotion du funeste François. Nous sommes passés par le bâton que levait la vieille (en référence à Sainte Thérèse [d’Avila]), l’au-revoir de l’Angélus dominical avec un «profitez bien» (en réalité, le Pape dit en italien «Buon pranzo, e arrivederci», - bon repas et au revoir), par les soutanes transparentes et volontairement vieillies, par les éloges et compliments à Luther et je ne sais combien de choses encore. Tout cela de façon super géniale (3). Avec un vocabulaire tout ce qu’il y a de plus «normal» et sans aucune apparence de gravité ou de ce qu’il [le pape] appelle rigidité.

La lettre envoyée cette semaine aux maires [en vo mairesses] de Madrid et de Barcelone, ces deux femmes (4) qui sont une icône (comme l’on dit aujourd’hui) et des modèles vivants de la spiritualité et de l’amour de Dieu, des catholiques et de tout ce que représente la vie ecclésiale, est un exemple de plus à ajouter à la liste. C’est que François aime ces petits personnages communistoïdo-tyranniques. Bien nantis en comptes courants mais dénonciateurs officiels de tout ce qui est capitalisme. Il se sent à l’aise parmi eux. Nous pourrions faire une liste des personnages dont François s’est senti le plus charmé ces temps-ci et nous verrions quelles sont ses préférences.

Le langage utilisé avec ces jeunes maires est mémorable [ndt: mairesses en vo, et pour la "jeunesse" c’est sans doute par rapport à leur élection, car pour le reste!): Priez pour moi, et si vous ne priez pas, envoyez-moi une bonne onde.

Il faut que je regarde si durant le pontificat de Saint Pie X il y a quelque expression ressemblante, mais je crains que non. Qu’est ce que c’est que ce «bonne onde»? Mais que vient faire cette camaraderie et ce compagnonnage avec deux femmes, exemples de l’anticatholicisme revanchard et rance ? Avec quelle désinvolture il leur dit que dans cette maison se trouve leur maison (ndt: dans le sens vous êtes chez moi chez vous, donc au Vatican] et qu’elles peuvent venir quand elles voudront ?

Le Seigneur se mêlait aux pauvres et aux pécheurs, mais indubitablement c’était pour les attirer vers Lui, pour les mener au chemin du salut, pour les déterminer à ne plus pécher, pour sauver leurs âmes. François, - au contraire -les reçoit pour leur dire qu’elles continuent à aller de l’avant (comme si elles avaient besoin de ses paroles d’encouragement pour cela), que Dieu est miséricordieux, qu’elles ne fassent pas cas des rigidités doctrinales, que nous allons les accompagner dorénavant (comme si ces oiseaux et oiselles-là avaient besoin d’un accompagnement). Et ce que je dis c’est ce qui se passe. Non seulement il s’identifie à eux, mais il les préfère aux autres et les encourage à continuer à agir de la même façon. Et au passage, il donne une tape aux petites têtes de vinaigre nostalgiques.

Par ici, quelqu’un dit que dans un communiqué à l’occasion de Noël, il va envoyer une bonne-onde aux quatre cardinaux qui doutent, en leur demandant officiellement qu’ils prient pour lui (5). Espérons que les quatre de la renommée, au lieu de la bonne onde, lui enverront un écrit définitif le déclarant hors de la doctrine de l’Église. Il va être temps. (6)

NDT


(1) Les hispanophones et les italianophones doivent se rendre encore plus compte que les francophones de la façon dont s’exprime le Pape, car en France n’arrivent (sauf exception) que les traductions officielles lissées ou les sous-titrages minimalistes.

(2) Le terme espagnol qu’utilise l’auteur vient de l’arabe, mot en arabe qui désigne un païen, un mécréant, et qu'à leur arrivée en Afrique du Nord et dans la péninsule ibérique, ils utilisaient à l’égard des chrétiens. Passé dans la langue espagnole, le mot reste tout autant dépréciatif, même si stricto sensu il n’évoque pas la même mécréance.

(3) L’auteur emploie un terme d’argot espagnol apparu il y a une quarantaine d’années, d’origine arabe en référence à ce qui est de bonne qualité (il s’agissait à l’époque de la bonne qualité de l’ « herbe » en provenance de l’autre côté du détroit de Gibraltar). Le terme a déjà vieilli.

(4) Le terme employé en espagnol signifie aussi femelle.

(5) Sauf erreur, ils le font déjà officiellement et selon le rituel de la liturgie latine de forme ordinaire ou extraordinaire, quand ils disent leur messe quotidienne !