La résurrection du Christ


Carlota a vu le film, actuellement sur les écrans, et nous confie ses impressions (6/5/2016)

>>> Synopsis et distribution: fr.wikipedia.org/wiki/La_R%C3%A9surrection_du_Christ_(film)


 



Je voulais en parler déjà au début de la semaine, ayant très envie de voir un film aussi peu dans l’air du temps, et surtout étonnée d'apprendre qu’il était finalement programmé dans un assez grand nombre de salles, échappant au sort du film sur Pie XII, « Shadows of Truth », dont nous avions parlé dans ces pages, et qui après avoir été annoncé rien moins qu’à Canne, hors-compétition, en 2015, est passé purement et simplement à la trappe, pour des raisons qu’il est facile d’imaginer. Mais la salle du centre-ville, là où j’habite, qui devait le projeter, l’a mystérieusement ôté de sa programmation, et le grand complexe cinématographique de la périphérie le projette à des heures impossibles. Je ne l’ai donc pas encore vu, et je cède avec d’autant plus de plaisir la parole à Carlota.

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Plusieurs sites catholiques, ou réputés de droite, ont recensé le film, dans l'ensemble favorablement (on notera en particulier le très bel article sur le site Bd Voltaire):


Je mets à part la critique de La Croix, qui éreinte littéralement le film, sous la plume d'un certain Arnaud Schwartz (lequel aurait davantage sa place à Libé ou à l'Obs, que dans l'organe officieux de l'épiscopat français) titrant finement (!!) son article: "La Résurrection du Christ, poncifs Pilate". Mais cette critique assassine n’étonnera que ceux qui persistent à croire que la Croix porte encore légitimement son titre !

Carlota
6 mai 2016


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Le film « Risen » de Kevin Reynolds sorti le 19 février 2016 aux EU et au Canada, en Pologne et Italie, début mars, et en Espagne durant la Semaine Sainte sous le titre de « Resucitado » (ressuscité), est arrivé en France à la veille de l’Ascension, donc le mercredi 4 mai 2016, sous le titre « la résurrection du Christ ».

J’avais lu les bonnes critiques espagnoles et suivi le succès de ce film dans les salles de la péninsule ibérique (film il est vrai tourné dans des décors naturels d’Andalousie, province d’Almeria, là où furent réalisés tant de « westerns spaghettis », avec de nombreux acteurs et techniciens espagnols, ainsi que dans l’île de Malte). J’attendais avec impatience de voir le film (version française). C’est donc fait ! Et je vous adresse mes premières impressions qui sont évidemment personnelles et que l’on n’est pas obligé de partager !

Tout d’abord le titre français
Je le trouve mal choisi car il peut faire croire au spectateur hésitant à venir qu’il s’agit d’un film catho ou chrétien pour les « grenouilles de bénitier » en admettant qu’il en existe encore ! J’aurais donc choisi le simple titre « Ressuscité » car ce film certes parle du Christ et de l’Histoire Sainte mais pour moi c’est d’abord un bon péplum avec une bonne reconstitution de l’époque. C’est un film qui est sans effets spéciaux spectaculaires et sans modifications scénaristiques trop grossières pour mieux coller aux soi-disant goûts des spectateurs d’aujourd’hui, et pour respecter trop visiblement le politiquement correct, comme semble être par exemple le style du nouveau Ben Hur (qui sortira en salle en France à l’automne 2016 - voir ici).

Je dirai donc que l’impression générale que m’a laissée le film, c’est qu’il s’agit d’une histoire d’hommes, une histoire vue du côté romain, donc une histoire d’hommes au bon sens gréco-latin, qui croient plutôt moins que plus à des divinités, mais plus par habitudes que par véritable spiritualité. Ces hommes vont se retrouver face à un monde oriental et hébraïque compliqué, très compliqué, tant au niveau politique que religieux. La résurrection du Christ, certes c’est le point de départ de l’histoire, mais le film c’est surtout l’histoire d’un officier romain, de son supérieur (Ponce Pilate) et de ses subordonnées, officiers et légionnaires qui tirent des conséquences inattendues de leur mauvaise affectation dans ce coin perdu et bien peu tranquille de l’empire romain.

Les acteurs.
Je ne parle ici que des principaux : j’aurais aimé que l’acteur bulgare Hristo Chopov reprenne son rôle dans « la Passion du Christ » de Mel Gibson, donc celui de Ponce Pilate, au lieu de l’acteur britannique Peter Firth, qui a bien dix ans de plus et qui fait plus sénateur romain poussif que gouverneur dans la force de l’âge d’une province bien difficile à gérer. Mais néanmoins les textes qui lui ont été confiés sont bons et bien joués.
Le choix de l’acteur pour interpréter Jésus m’a aussi déçue, il s’agit d’un certain Cliff Curtis, âgé de 48 ans et même si son nom ne l’indique pas, d’ascendance polynésienne néo-zélandaise. Pas du tout donc le « physique » de l’emploi, si je puis m’exprimer ainsi, que l’on connaît pourtant bien désormais (Saint-Suaire de Turin et d’Oviedo, sans parler des représentations artistiques les plus anciennes et notamment les icônes byzantines et qui n’étaient pas forcément totalement fausses). Mais bon, cet acteur lui aussi, ne s’en tire pas trop mal, même si l’on doit faire un effort parfois pour se dire qu’il joue le Christ (Parti pris des scénaristes ?).
Le héros de l’histoire est Clavius, tribun militaire (donc officier supérieur romain) de la Xème légion. Là rien à dire sur la distribution, Joseph Fiennes est le "héros par excellence" et tout et tout, mais heureusement d’ailleurs car pour moi c’est vraiment lui le héros du film ! Joseph Fiennes, entre autres, avait aussi joué avec conviction en 2003 un très peu ressemblant Martin Luther dans un film tout à charge de l’Église catholique, en bref la normalité !

L’histoire.
Ponce Pilate, bien qu’il ait accepté la crucifixion du « Nazaréen » pour complaire aux grands prêtres et maintenir la paix sur ce territoire, attend avec anxiété l’arrivée de l’empereur Tibère, car il voit bien que l’agitation demeure et qu’il va se faire mal voir par son Divin César. Les Juifs continuent à s’agiter et l’on dit même que le Nazaréen, même crucifié, va ressusciter. Ponce Pilate charge donc son officier de confiance Clavius d’aller voir ce qui se passe du côté du Calvaire où se passe la crucifixion. Par la suite il doit faire taire cette fable concernant la résurrection du Nazaréen (corps ayant disparu du tombeau) et pour ce faire retrouver son cadavre (on assiste alors à une véritable enquête policière et le tribun Clavius se montre particulièrement fin et efficace dans son travail. Mais évidemment il va aller de surprise en surprise et son bon sens romain va se trouver ébranler…). Le film essaie de coller aux Écritures.

CONCLUSION
Il faut aller voir « La résurrection du Christ » que l’on soit ou non croyant (libre à chacun de se faire une idée par rapport à la foi chrétienne) car c’est une histoire qui nous sort des habituelles productions du moment. Il fait réfléchir sans sombrer dans un intellectualisme abscons tout en étant un bon film d’action, et présenter les personnages du scénario de façon positive. C’est assez rare aujourd’hui pour le signaler.

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PS :
Le film ne s’adresse peut-être pas aux plus jeunes enfants mais plutôt à ceux qui ont atteint l’âge de raison, car s’ils vont régulièrement dans les églises et s’ils ont eu la chance de regarder les magnifiques illustrations de la Passion (chemins de Croix donc) qu’il s’agisse de peinture ou de sculpture (œuvres échappées aux destructions du XVIe ou du XVIIIe, aux bombardements du XXe, voire aux mises à l’écart du XXe), ils se sont déjà forgés une idée de la Passion du Christ et de sa crucifixion… Et c’est un film dont on parle et reparle à la maison pour le compléter, le préciser, le commenter, surtout quand a eu la chance d’assister à la messe de l’Ascension et d’écouter les lectures du jour !
Pour les enfants qui ne fréquentent pas les églises et moins encore les chemins de croix, pas sûr qu’ils n’aient jamais vu de films d’horreurs à la télé aux heures de grandes écoutes. « Risen » bien évidemment n’est pas cela, même si l’on voit à un moment les cadavres du charnier des condamnés à mort…