L'Eglise belge en liquidation



36 des 110 églises de Bruxelles vont être fermées : c'est le triste bilan de 50 ans de progressisme. Panorama par Giuseppe Nardi (25/4/2016)


Déclaration de guerre à Mgr Léonard


(Isabelle, 25 avril)
Si les rumeurs de ce midi se confirment, le nouvel archevêque de Bruxelles, Mgr De Kesel, a décidé de fermer l'église Sainte-Catherine et de dissoudre la Fraternité sacerdotale des Saints-Apôtres (une vingtaine de jeunes prêtres et de séminaristes), fondée par Mgr Léonard.
Il y aura bien sûr les démentis habituels, car ces gens aiment travailler dans l'ombre, puis des explications embarrassées, et enfin le couperet va tomber. Ainsi va l'Eglise de la miséricorde ...
On retrouve, toute proportion gardée, l'acharnement contre les Franciscains de l'Immaculée; et sûrement, dans les coulisses, l'inspiration du cardinal Danneels et son ami de Rome.

Par le plus grand des hasards et sans connaître cette triste actualité, Nardi publiait ce matin même un article sur la fermeture des églises de Bruxelles. Je vous en envoie une traduction, sans doute la première d'une série sur le sujet.

Après 50 ans de gouvernement libéral de l’Église :
36 des 110 églises de Bruxelles vont être fermées


Giuseppe Nardi
www.katholisches.info
25 avril 2016
Traduction d'Isabelle


(Bruxelles) A Bruxelles, capitale de la Belgique, on doit fermer et vendre bientôt 36 des 110 églises catholiques. Le changement d'archevêque va de pair avec un changement de cap : les « réformes structurelles » au lieu d'un renouveau spirituel. Le triste bilan d'un déclin constant « fait maison ».

Bruxelles est aussi le siège de l'Union européenne. La majorité de gauche qui dirige la ville est constituée, au conseil municipal, d'un tiers de musulmans. Deux aspects qui, dès le départ, livrent déjà une explication d'un déclin sans précédent. Un autre aspect central est la direction de l'archevêché, assurée durant plusieurs décennies par des archevêques libéraux.

Les plans de restructuration du Cardinal Danneels
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Un tournant se produisit qu'en 2010 : Mgr André-Joseph Léonard tenta, comme archevêque métropolitain de Malines-Bruxelles, avec un succès incontestable, de redonner la vie à quelques-unes des églises de la capitale, abandonnées depuis des dizaines d'années et déjà menacées de vente par son prédécesseur, le cardinal Godfried Danneels (archevêque de 1980 à 2010, cardinal depuis 1983). Pour ce faire, il encouragea des groupes de petite taille mais convaincus à venir s'y installer.
La durée du mandat de Mgr Léonard (seulement 5 ans lui furent accordés) fut trop courte. De plus, le prélat, qui a toujours combattu en première ligne sur le front européen, ne reçut ni la reconnaissance ni le soutien nécessaires.

Alors que le siège de Malines-Bruxelles est traditionnellement attaché à la dignité cardinalice, Benoît XVI ne la lui conféra pas – par une regrettable prise en compte de l'âge de Danneels, qui n'avait pas encore atteint les 80 ans. Quant au pape François, il ne pensa pas une seconde à faire cardinal un « ratzinguérien »  comme Léonard, objet de la haine déclarée de Danneels, l'ami de François. Ainsi, les jours de Léonard étaient-ils comptés.

Le 6 novembre 2015, il fut mis à la retraite par François. Avec Joseph De Kesel, c'est un homme de Danneels qui fut nommé ; il rejeta aussitôt les efforts de son prédécesseur de réinvestir les lieux de culte et revint à la politique de fermeture et de vente de Danneels. Les maisons de Dieu vont être liquidées pour une bouchée de pain. Selon les plans de l'archevêque De Kesel, intronisé le 12 décembre 2015, 36 des 110 églises de la capitale devront bientôt être fermées. Dans l'histoire de l'Eglise, jamais il n'y eut de semblable action ecclésiale dans une capitale européenne.

L'archevêque De Kesel avait déjà publié en 2005 les plans de liquidation
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Le journal La Libre Belgique a publié les plans dans deux articles. Ceux-ci n'ont pas effrayé seulement les catholiques belges. La question, bien au-delà des frontières belges, touche d'autres parties de la catholicité européenne qui vivent le déclin post-conciliaire.

Le cardinal Danneels commença le troisième millénaire de l'ère chrétienne avec des « plans de restructuration ». L'abandon et la fusion de paroisses étaient les mots d'ordre, prenant un visage concret dès 2005. Joseph De Kesel était alors évêque auxiliaire pour le vicariat de Bruxelles, un des trois vicariats de l'archidiocèse. Ce fut De Kesel qui annonça, dans une lettre pastorale de 2005, les plans pour « l'avenir » des paroisses.

Deux considérations motivaient ce plan : le nombre des catholiques en régression, et le nombre des paroisses plus grand que nécessaire et surtout trop grand pour les moyens financiers ; de plus, le grand nombre de paroisses ne correspondrait plus à la position réelle de l'Eglise « dans notre société moderne », « multiculturelle et multireligieuse ». Un euphémisme courant pour l'islamisation. A Bruxelles, il y a plus de musulmans pratiquants que de catholiques. Le prénom Mohammed est depuis quelques années en tête de la liste des prénoms donnés aux nouveau-nés. Le thème de l'islamisation est, toutefois, politiquement tabou aux yeux des forces politiques dominantes et ne peut, dès lors, pas être abordé. La même chose vaut pour l'éclatement de la communauté catholique en de multiples petites communautés ethniques indépendantes, du fait de l'immigration. Dans le champ catholique aussi, l'immigration a produit l'émiettement au lieu de l'unité.

Situation actuelle
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Le Royaume de Belgique est une création artificielle de l'histoire, dans une aire de transition linguistico-culturelle. Suite aux revendications de l'Allemagne, des Pays-Bas et de la France, les grandes puissances firent, en 1830, des anciens Pays-Bas autrichiens un état indépendant, de manière à préserver l'équilibre européen. D'un point de vue linguistique, la situation interne est dès lors un peu plus complexe que dans les autres états européens ; il en va de même pour l'organisation de l'Eglise.

Sur le territoire de la capitale belge, il y a 107 paroisses où travaillent 250 prêtres. 11 unités pastorales sont néerlandophones et 25 d'expression française. A cela s'ajoutent encore 42 communautés de diverses langues étrangères. Toutes ces paroisses, unités et communautés sont réunies en quatre décanats. Selon les informations de l'hebdomadaire Tempi, dans chacune des 36 unités paroissiales, des paroisses seront supprimées et au moins une église fermée.

Cela ne veut pas dire que toutes les églises vont être désacralisées. Mais cela signifie que cesseront toutes les activités ecclésiales : baptêmes, communions, confirmations, catéchèses. La désacralisation et la vente sont l'étape suivante. Le premier article de La Libre Belgique, paru ce 22 mars, a fait l'effet d'une bombe pour les fidèles.


Des églises, objets de spéculation ?
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Quelques paroisses seraient difficiles à maintenir. Elles manqueraient de fidèles et les moyens financiers seraient un peu justes, dit-on parmi les catholiques de Bruxelles. La coupe drastique fait cependant craindre aux fidèles que les paroisses vivantes ne tombent elles aussi sous le coup de la machine bureaucratique, pour peu que leurs églises soient situées dans des quartiers « intéressants » pour la spéculation immobilière. Parmi les 7 critères invoqués pour la suppression de paroisses, on cite en effet « les projets urbanistiques ».

Ce que les fidèles ne comprennent pas, c'est avant tout que des paroisses doivent être supprimées, alors qu'il y assez de prêtres pour les desservir.

Le curé d'une petite paroisse qui doit être supprimée a demandé que l'église ne soit pas fermée mais laissée à la communauté polonaise, qui n'a pas encore d'église propre. La proposition a cependant été refusée.

D'après La Libre, il n'y a pas encore de décision définitive quant aux paroisses qui seront fermées. Bientôt aura lieu une rencontre entre un groupe de catholiques inquiets et l'évêque auxiliaire pour Bruxelles, Jean Kockerols.


Le nouvel archevêque De Kesel a ressorti le plan de fermeture
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La grande « restructuration » de l’Église catholique à Bruxelles que l'archevêque Mgr Léonard avait rangée dans ses tiroirs, réapparut sur la table dès l'entrée en fonction de De Kesel. Celui-ci, en 2005 déjà, avait annoncé la « restructuration » dans une lettre pastorale. En 2010, le cardinal Danneels voulait installer De Kesel comme son successeur. Le pape Benoît XVI refusa et entreprit avec Léonard, jusqu'alors évêque de Namur, un effort de redynamisation. Avec l'élection du pape François, pour laquelle avait oeuvré Danneels comme membre du « Bergoglio-Team » et du « cercle secret Saint-Gall », prit fin, pour l'eglise de Belgique, et plus vite que prévu, le chapitre Léonard – Benoît XVI.

Bientôt, un grand nombre d'église à Bruxelles seront offertes à la vente sur le marché immobilier. Un bien triste « point d'orgue » dans le déclin d'une église post-conciliaire, si prête à s'auto-encenser et à se prétendre « sans alternative ».