Mais qelle guerre de religion?


Une réflexion inédite de Francesco Colafemmina autour de récents propos du Pape (11/8/2016).

Allez devant une mosquée pour voir quelle est la participation à la prière! Vous comprendrez que désormais, il ne s'agit plus d'une guerre. La guerre, on la mène contre un ennemi, mais ici l'ennemi s'est déjà rendu.


Salle de prière à Nice

Islam versus "trouillards" (*)


(*) Le mot utilisé par l'auteur est du patois vénitien (Calabraghe) qui évoque très familièrement l'idée de baisser son pantalon! (NDT)



Francesco Colafemmina
2 août 2016
www.fidesetforma.com
Ma traduction

* * *

Aristote prétendait que la peur était le sentiment du similaire. C'est ce que nous voyons arriver à un autre auquel nous nous substituons pendant un instant qui génère en nous ce sentiment. Nous savons aussi que ce qui se passe sur la scène tragique est l'histoire humaine, qui peut toucher indistinctement tout le monde. Les anciens ne connaissaient pas le sens du péché individuel, ils croyaient plutôt à l'aveuglement voulu par les dieux comme la cause de l'erreur qui ensuite se répercute sur ceux qui ont violé la loi divine ou humaine. L'homme moderne a complètement dépassé non seulement l'ancienne logique de l'erreur, mais aussi celle chrétienne de péché. Nous sommes désormais au-delà du bien et du mal et du péché, l'erreur n'est identifiable que sur la base de l'adhésion ou non au politiquement correct.

Par exemple, le politiquement correct prétend qu'il ne doit y avoir aucune différence entre les religions, les ethnies et les cultures. Tout est sur le même plan et chaque infraction à cette règle correspond à la marque sans équivoque du racisme, de l'intolérance et du fanatisme. A l'évidence, ce n'est pas la vérité intrinsèque d'une religion, le poids historique d'une culture, l'identité d'une nation qui forment le centre de jugement. Le jugement est déplacé au-delà. Au-delà de nous-mêmes, de nos racines, ce en quoi nous croyons. Lentement, nous finissons donc par croire en un nouveau dogme supérieur dont - c'est un détail - les auteurs et les censeurs nous échappent, un nouveau dogme égalitaire et mondial, dont nous ne devons en aucun cas nous éloigner.

L'analyse des faits les plus récents ne fait que confirmer ce lent glissement de l'Eglise vers la religion du politiquement correct. Bergoglio affirme: «ce n'est pas une guerre de religion qui est en cours», «l'islam est une religion de paix» et encore «l'islam n'est pas terroriste». Ce sont des déclarations dystopiques, de quelq'un qui vit dans une autre réalité, une autre dimension. Ou, justement, de quelqu'un qui veut déplacer le jugement «au-delà», ce qui est une autre façon de ne pas juger, c'est-à-dire de ne pas assumer ses responsabilités. C'est parfaitement en ligne avec le monde au-delà du bien et du mal dont nous discutons. Le monde de chaos indifférent dans lequel il ne faut pas faire de déclarations qui pourraient provoquer la dissension.

Je ne vais pas entrer dans la question Islam / terrorisme / guerre religieuse, bien qu'il soit évident que les chrétiens et encore plus les catholiques n'entrent pas dans une mosquée pour égorger l'imam, ne se font pas exploser dans un bar de Dubaï, ne se mettent pas à zigzaguer parmi la foule dans les rues de Riyad. Et Manuel Paleologos avait bien raison d'affirmer que la religion se communique «avec le coeur et la raison», «ne s'impose pas par l'épée». Mais, comme on le sait, les catholiques «tuent leur belle-mère», pour citer Bergoglio qui, lorsqu'il monte en altitude se transforme en Spok (personnage de Star Strek - 1966 https://fr.wikipedia.org/wiki/Spock_(Star_Trek), ndt). Je voudrais simplement souligner à quel point il tente sans relâche d'éliminer les distinctions, de diluer les identités dans le chaos insondable du monde global, et de présumés comploteurs pour des intérêts privés. Ainsi, la «guerre» en cours serait l'œuvre d'indicibles «autres». Il va sans dire que ces autres insaisissables seraient les guides des égorgeurs et des terroristes. Par conséquent, il devient normal, une fois éliminée l'identité des parties en conflit, de les réunir dans des dialogues interconfessionnels pathétiques ou des prières coraniques à l'église. Parce que tout est un, et un est tout.

C'est loin d'être une solution aux problèmes qui existent dans le monde, mais ce n'est qu'une accélération de plus, venant du marxisme et de la maçonnerie, de l'abolition des identités, des cultures et des religions comme seule voie vers la paix dans le monde (selon le modèle bien connu de l'Antéchrist de Soloviev). On pourrait par ailleurs discuter sur le naturel d'un monde de paix et d'amour, sur le niveau utopique de ces concepts idéologiques et sur leur naufrage, depuis les années 60 jusuq'à aujourd'hui. Mais le conte du peace & love est si ennuyeux que je préfère ne pas en dire plus à propos de sa réincarnation catholique.

Je conclus en disant simplement aux nombreuses personnes qui s'empressent de noyer la peur dans le complot, ou de l'exorciser en embrassades hypocrites, que les faits devraient être suffisants pour faire comprendre ce qui se passe. Quand un gamin vivant en Occident entre dans une église où un vieux prêtre (qui s'est soumis volontairement à 18 mois de dialogue interreligieux avec l'imam de la mosquée locale) célèbre la messe devant 4 personnes, il devrait se demander contre quelle religion les jeunes terroristes musulmans ont l'intention de lancer lleur guerre sainte. Contre une religion arrivée au terminus? Contre une religion pratiquée par les célèbres "quatre chats" (ndt: allusion à une boutade d'un "vaticaniste" de la RAI qui, à propos de Benoît XVI avait osé évoqué les "quatre chats" qui assistaient encore à ses angélus)? Contre une religion en pleine retraite? L'organisation des Journées mondiales de la Jeunesse au Panama (centre bien connu de spiritualité catholique pour la jeunesse)? Dont le Pape dit que Jésus «fa un po' lo scemo» (fait un peu l'idiot) et soutient l'inexistence d'un« Dieu catholique»?
Allez devant une mosquée pour voir quelle est la participation à la prière! Vous comprendrez que désormais, il ne s'agit plus d'une guerre. La guerre, on la mène contre un ennemi, mais ici l'ennemi s'est déjà rendu.