Où sont les latinistes?


A propos d'une déclinaison latine erronée dans la préface pour la nouvelle fête de sainte Marie-Madeleine (12/6/2016)

 

Vendredi (10 juin) Yves Daoudal relevait sur son blog plusieurs titres lus dans la presse catholique, ou supposée telle:

«Le pape érige la Sainte Marie-Madeleine en fête liturgique» (La Croix), «Marie-Madeleine fera désormais l’objet d’une fête liturgique» (Radio Vatican), «Le pape instaure la fête liturgique de sainte Marie Madeleine, au même titre que les apôtres» (i-media).

Sans rentrer dans les détails, et en particulier la signification de cette décision papale, je vais sauter à sa conclusion:

(...) ils sont incapables de faire quoi que ce soit correctement. Ils ont inventé une préface pour la fête de sainte Marie-Madeleine. Pourquoi pas. Mais avec une grosse faute dès le début de ce qui concerne spécifiquement la fête du jour : «Qui in hortu manifestus apparuit Mariae Magdalenae».
Hortus est de la deuxième déclinaison, pas de la quatrième. Dans le jardin, c’est donc «in horto».


Plus largement, le fait met tristement en évidence la baisse générale du niveau de culture générale (*), flagrante dans tous les milieux, et qui se reflète jusqu'au Vatican (il faut dire que l'exemple vient de haut!!) où il semble désormais impossible de trouver un latiniste décent!! Un comble, mais il faut dire que dans sa fuite en avant pour s'adapter au monde, l'Eglise a de plus en plus tendance à utiliser la langue de l'Empire, l'anglais (ou un sous-produit) comme outil de communication.

Pour en revenir à la préface de la fête de sainte Marie-Madeleine, l'humour british a encore frappé... par la plume, évidemment, de l'inévitable Fr Hunwicke. A savourer:

HORTUCULTURE


Fr Hunwicke
11 juin 2016
liturgicalnotes.blogspot.fr
Ma traduction

* * *

Ainsi, Rome a décrété que le nom hortus (un jardin) sera désormais considéré comme de la quatrième déclinaison plutôt que de la seconde.
Je me demande quelles sont les conséquences dogmatiques de cette mesure. Offre-t-elle des possibilités révolutionnaires d'exégèse pour le chapitre 3 de la Genèse? Lexicographiquement, bien sûr, cela signifie que les catholiques observant fidèlement le Novus Ordo seront obligés, à l'avenir, de se référer non pas à l'hortIculture mais à l'hortUculture.
Les tradis, cela va sans dire, dans leur esprit de contradiction mesquin, saisiront probablement toutes les occasions d'exploiter l'hortIculture dans leurs conversations comme un moyen puéril d'en "venir" à Papa Bergoglio. Ou devrais-je écrire «Papa Bergugliu»? Comment devra-t-on décliner Bergoglio? Y aura-t-il une règle du Vatican à ce sujet?
Il est vraiment terriblement difficile d'être catholique et / ou hortUculteur, en ce troisième millénaire.

(*) Il ne s'agit pas d'opposer les latinistes aux non-latinistes, et de mépriser les seconds au nom d'une supposée supériorité des premiers. Je veux seulement dire ici que dans une institution dont le latin est la la langue-mère, on peut au moins s'attendre à trouver quelques latinistes, et même de bons spécialistes. Comme on s'attend à ce que des médecins aient étudié la médecine, et que des professurs de mathématiques aient un certain niveau dans leur matière, et que parmi eux, il y en ait de brillants.