Plaidoyer (passionné) pour le cardinal Burke


"un pasteur sage et prudent": j'aurais aimé écrire moi-même ce magnifique commentaire de Lawrence England, le blogueur de "That the bones you have crushed". Je la partage à cent pour cent. (14/4/2016)

Voir aussi:
¤ Le cardinal Burke, sur Amoris Laetita
¤ La ligne de résistance du cardinal Burke


Un pasteur sage et prudent


13 avril 2016
thatthebonesyouhavecrushedmaythrill
Ma traduction

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Sur les médias sociaux et même certains blogs, on trouve des choses assez déchaînées et incroyables au sujet de «l'intervention» du cardinal Raymond Burke, on parle même de «trahison».
Quelle folie.
Personne ne m'a demandé ce que je pense, mais je vais vous le dire quand même ...
Précisément parce que les fidèles catholiques - en particulier dans la blogosphère, oui, moi aussi - sont occupés à la réalisation douloureuse que leurs pires craintes ont été largement confirmées par le ton et des passages d'Amoris Laetitia, et parce que nous sommes impliqués ou assistons à quelque chose qui ressemble à un effondrement public massif, c'est probablement une très bonne chose que le cardinal Burke se soit manifesté avec une réponse calme et mesurée au document. Précisément parce que les catholiques non fidèles - en particulier dans la blogosphère - réalisent avec jubilation que leurs rêves sont rendus vrais par ce document, il est important que le cardinal Burke ait dit ce qu'il a dit. Il a dit: «Vous vivez encore au pays des rêves».

Nous pouvons facilement entrer dans un état d'esprit qui, parce que nous sommes en colère contre l'injustice que nous constatons, nous justifie entièrement dans notre réponse à ce mal, quelle qu'elle soit. L'approche du Cardinal Burke au document est très différente de celle du blogueur catholique laïc en colère. Il est critiqué, si je puis me permettre de le suggérer, parce que sa réponse est humble, mesurée, déférente, douce, juridique, proportionnée, chrétienne et, pour un homme dans son rang particulier, très prudente. Il ne verse pas de l'huile sur le feu. Il verse de l'eau.
Nulle part dans l'article qu'il a écrit pour le National Catholic Register, on ne peut trouver que le cardinal Burke croit qu'Amoris Laetitia ajoute quoi que ce soit de valeur ou de poids à la proclamation de l'Évangile de l'Église. Mais on peut presque certainement déduire qu'elle n'ajoute RIEN aux enseignements de l'Église. Le Cardinal Burke regarde Amoris Laetitia à partir d'un point de vue juridique. Il est, après tout, l'ancien Signataire apostolique. Il connaît son droit canon. Son évaluation que le document ne change rien est, en tant que Prélat de premier plan, importante et digne d'être mentionnée. Son évaluation est qu'«il n'y a rien à voir ici». Il est abondamment tourné en dérision pour l'avoir dit, mais il a raison de le dire. Le Cardinal Burke dit qu'en termes d'enseignement de l'Eglise et en termes de pratique pastorale de l'Eglise, les 260 pages d'Amoris Laetitia ne comptent pas.

Et pourtant, des blogueurs catholiques disent que le bon cardinal a de cette façon «fui» le débat? Avez-vous vu d'autres prélats qualifier carrément Amoris Laetitia, en termes d'enseignement et de pratique de l'Église, de «sans aucune importance» dans le fond ? Je ne sais pas pour vous, mais si j'avais écrit un document espérant frénétiquement ou maniaquement qu'il aurait une incidence énorme révolutionnaire, marquant un tournant historique dans l'Eglise catholique - ou tout au moins l'avais signé dans cet espoir - et que l'un des principaux hommes d'Eglise soit sorti à découvert et ait qualifié publiquement mes efforts de perte de temps, je pourrais être un peu offensé, au moins pour la raison que j'ai été publiquement contesté par quelqu'un de beaucoup plus intelligent que moi et qui était avisé de mon jeu.
Le Cardinal Burke sait certainement que l'intention des «réformateurs progressistes» est d'utiliser ce document comme levier pour un changement de culture dans l'Eglise.
Alors que les blogueurs parlent de «trahison» peu ont noté qu'il rappelle publiquement à ceux qui chercheraient à le faire, qu'il n'y a aucune raison d'altérer les pratiques de votre diocèse ou de votre paroisse concernant la distribution de la Sainte Communion à ceux qui sont en état de péché mortel objectif.
Quand le cardinal Burke dit: «Je vais résister» en réponse à une question concernant la façon dont il réagirait si François devait persister avec la proposition Kasper, je pense que beaucoup de gens pensaient que cela signifiait, «je vais me rebeller».
Le bon cardinal n'est pas dans la bonne position pour se comporter comme un blogueur catholique pétulant, ni pour dire juste la première chose qui lui vient à l'esprit. Ne pensez-vous pas qu'il a dû prier pour cela? Pourquoi ne vous sentez-vous pas également trahi par le Pape Benoît XVI qui n'a pas encore dit un mot? Ne vous attendez pas non plus à ce que Mgr Schneider dise ce que vous voulez lui faire dire, de la façon dont vous le diriez. Ils seraient fous de le faire et ils seraient également fous de ne pas penser à l'avenir à long terme de l'Eglise après François, tout en résistant à l'idée erronée que ce document a le pouvoir de changer quoi que ce soit.
Car imaginons ce jour, un terrible moment, ce jour où notre bien-aimé Pape mourra et ira vers sa récompense éternelle. Un jour, l'Église devra élire un nouveau pape et ce pape - s'il est fermement catholique et croit fermement en la doctrine catholique - va devoir en quelque sorte concilier les pensées, les paroles et les actions de son humble et très pastoral prédécesseur, livrés dans des accès publics de populisme, parfois au détriment de la saine doctrine, avec ce qui est venu avant François et ce qui vient après lui - à savoir, le nouveau pape et ceux qui pourraient le suivre. Qui que soit cet homme, à moins qu'il n'aille déterrer les os de son prédécesseur pour les jeter dans le Tibre, d'une façon ou d'une autre, les enseignements de François, y compris ses enseignements non magistraux (qui sont nombreux) vont devoir être abordés.
Que restera-t-il des enseignements pontificaux de François? Que restera-t-il, pour en recueillir l'écume avant disparition? A quoi ressemblera l'Eglise post-François? Une citadelle glorieuse? Une ville en ruines? Un édifice croulant? D'une façon ou d'une autre, la continuité, plutôt que la rupture, dans la lignée des Papes, devra être présentée à l'Église. Cela ne peut se faire, maintenant, QUE si la pensée de Jorge Bergoglio est ignorée et les enseignements du pape François conservés. Il se pourrait qu'en raison d'un manque de réflexion bien construite et de trop de remarques «improvisées», il n'y ait pas beaucoup à conserver des enseignements du pape François.

Ne comprenez-vous pas que le cardinal Kasper veut changer la culture de l'Eglise en un révolution qui couvrira 100 ans? Ne comprenez-vous pas qu'il pense avoir gagné? Ne réalisez-vous pas que si d'éminent Prélats suggèrent - un instant - qu'il a gagné, cela lui attribue une victoire en termes de crédibilité qui n'a pas eu lieu? Ne comprenez-vous pas qu'il est probable que le cardinal Burke et d'autres, ne voulant pas que l'Église se brise en deux, doit aussi garder à l'esprit non seulement le présent mais l'avenir de l'Eglise catholique après cette tempête? Ne comprenez-vous pas que le cardinal Burke et d'autres sont en train de prier avec vous et pour vous afin que cette tempête au sein de l'Eglise vienne à son terme et que la paix soit rétablie dans l'Eglise, que la Barque de Pierre puisse encore une fois voguer sur des eaux apaisées? Êtes-vous vraiment prêt à vous retourner si facilement contre quelqu'un qui est du côté de Dieu, qui est de votre côté, qui est du côté des anges?

En tant que blogueur catholique laïque, je peux dire que - malgré le langage fleuri qu'il y a dans ce document [l'exhortation apostolique] -, je crois qu'il s'agit d'un document tout à fait frauduleux, malveillant dans l' intention et un danger pour les âmes, et je crois qu'en disant cela, j'ai raison. Le Cardinal Burke n'a pas moins raison en disant à l'Eglise que le document ne porte pas le poids de l'autorité de l' enseignement apostolique, qu'il est l'opinion privée de François et que ce résumé du Synode sur la famille contient quelques réflexions intéressantes, mais en fin de compte ne peut pas régler, même un peu, les enseignements, coutumes, doctrines, lois et disciplines de l'Église. Mais si vous pensez qu'il va dire ce que je viens de dire de la façon dont je le dis, vous êtes fou. Je pense que nous autres blogueurs, nous pouvons nous trouver tellement excités par notre rôle dans l'enseignement de notre glorieuse foi que nous pouvons facilement penser que nous n'avons plus rien (ou pas grand chose de nouveau) à apprendre, mais non. Nous devons apprendre l'humilité.

Si les prêtres et les évêques et les conférences épiscopales décident de prendre ce document et de l'utiliser comme un véhicule pour institutionnaliser leur grave désaccord avec le Magistère et les enseignements de Notre Seigneur Jésus-Christ, alors ils doivent savoir qu'ils ne le font pas parce que le pape a publié un document non-magistériel leur 'permettant' de le faire - aucun pouvoir sur la Terre ne peut, en réalité, faire cela - mais parce qu'ils cherchent une excuse pour répandre leur iniquité sur l'Église. S'ils le font, ils agissent illégalement et contrairement à la volonté du Christ. Rien de ce que le Pape a écrit ne change cela. La position du cardinal Burke est que ce n'est pas l'intention du Saint-Père.

J'admire beaucoup l'effort infatigable de ceux qui bloguent bien plus que moi sur les erreurs et les dangers présentés par cette période tempêtueuse de l'Eglise, et les choses profondément déprimantes qui ont été dites, écrites et réalisées au cours de cette papauté, par ce Pape déroutant et ceux qu'il a réunis autour de lui. Surtout, une analyse de ce document qui mette en lumière ses graves défauts est importante pour la défense de l'Eglise.
Cependant, j'admire aussi le cardinal Burke pour sa bravoure à toute épreuve, sa charité sans faille, sa modestie sans faille, son amour indéfectible pour le Pape et l'Eglise, sa prudence indéfectible et la façon paternelle dont je l'ai vu se conduire dans le forum public. C'est un vrai pasteur, se comportant d'une manière raisonnée et calme tandis que toute l'Eglise est en train de perdre la tête. Il a fait preuve d'un véritable leadership en écrivant cet article, un leadership qui est le calme et la mesure cherchant à rassembler plutôt qu'à disperser, à raffermir ce qui est secoué jusqu'au coeur.
Ces positions ne sont pas mutuellement exclusives.

Allez de l'avant. Tête haute. Préparez-vous. Gardez la foi. Ne cédez pas au désespoir et ne cédez pas à la haine, à l'amertume et à la rancune, car vous ne savez que votre ennemi, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant quelqu'un à manger. Levez-vous pour lui, donc, fort dans la foi. Et l' espoir. Et la charité.

Longue vie à ce prince de l'Eglise sage et prudent et longue vie au pape. Prions beaucoup pour le pape, les cardinaux, les évêques et le clergé et confions-les tous à la toujours Vierge, Très sage, Très aimable et Très prudente, Mère de Dieu, Marie, Très sainte.