Une interview de Mgr Léonard
... dans "Famille Chrétienne". Elle remonte au mois dernier, mais c'est aujourd'hui qu'elle fait parler d'elle, en Italie et en Allemagne. Un article-synthèse de Giuseppe Nardi, traduit par Isabelle (12/1/2016)
>>> L'interview, du 28 décembre 2015: "Jésus ne nous prédit pas le succès, mais la contradiction"
>>> Il en est doublement question
... en Italie:
¤ «Léonard : appel au Pape» (Marco Tosatti sur son blog San Pietro e dintorni du 11 janvier 2016)
¤ «Un grand évêque catholique qui a redynamisé une Eglise réduite au coma par les amis de Bergoglio (et, de fait, il n'a pas été récompensé mais puni par Bergoglio» (Antonio Socci, sur sa page Facebook, 12 janvier)
... et en Allemagne, dans l'article de Giuseppe Nardi qu'Isabelle vient de traduire:
Monseigneur A.-J. Léonard :
« Le texte final du synode est ambigu »
« Une parole claire est attendue du pape François »
Une image qui a marqué l'épiscopat de Mgr Léonard : l'archevêque en prière lors de l'attaque des Femen
Giuseppe Nardi
www.katholisches.info
11 janvier 2016
Traduction d'Isabelle
* * *
Au moment de prendre congé comme archevêque de Malines-Bruxelles et primat de Belgique, Mgr Léonard a critiqué le texte final du Synode sur la famille, dont il trouve qu'il est resté « ambigu sur les points les plus délicats ». Il en appelle à François pour qu'il exerce son rôle pétrinien d'unité et de continuité dans la Tradition et fasse entendre, en ce qui concerne le mariage et la famille, une «parole claire ».
« Une des torpilles les plus inexplicables, parmi d'autres tout aussi incompréhensibles lancées durant le pontificat du pape François, a touché l'archevêque de Malines-Bruxelles, Mgr André-Joseph Léonard », écrit aujourd'hui le vaticaniste Marco Tosatti dans le quotidien La Stampa. Ayant atteint l'âge de 75 ans, l'archevêque a été remercié après seulement cinq années à la tête de la capitale européenne, sans ménagement et sans avoir été élevé à la dignité cardinalice qu'avaient pourtant obtenue tous ses prédécesseurs depuis la création du royaume de Belgique.
Mgr Léonard a hérité d'un séminaire vide et laisse une maison avec 55 séminaristes
-------
Le commando politique Femen s'en est pris par deux fois à l'archevêque, sous le regard des caméras. Depuis lors, une rumeur persistante circule : quelqu'un en Belgique aurait payé le prix fort pour exposer l'archevêque à une humiliation publique. Quand Mgr Léonard prit la direction de l'archidiocèse en 2010, le séminaire ne comptait plus que quatre séminaristes. Aujourd'hui, il transmet à son successeur un séminaire riche de 55 candidats au sacerdoce.
Léonard fut, durant 20 ans, professeur à l'Université catholique de Louvain et, durant 19 ans, évêque de Namur avant d'être appelé à Bruxelles par le pape Benoît XVI. Ses cinq années comme primat de Belgique prirent l'allure d'un véritable sacrifice. Dans l'atmosphère libérale du pays, la situation était déjà assez difficile pour l’Église. Comme si cela ne suffisait pas, Léonard devint la victime de son prédécesseur, le cardinal Danneels, qui ne faisait pas mystère de son aversion à l'égard d'un successeur dont il n'avait pas voulu. Léonard resta largement isolé parmi les évêques de Belgique. Il fut, lorsqu'il était encore à Namur, le seul évêque du pays qui prit la défense de Benoît XVI, lorsque le parlement belge s'attaqua au Souverain Pontife à cause de l'enseignement de l’Église sur la contraception.
L'antipathie de son prédécesseur
-----
En 2010, on avait vu, dans la nomination de Mgr Léonard, une tentative pour corriger le cours de l’Église belge. Avec la renonciation de Benoît XVI et l'élection du pape François, cette tentative se révéla illusoire. Le cardinal Danneels vit là l'occasion d'une revanche. Tandis que Léonard était spectaculairement ignoré par le pape François, Danneels, qui compte parmi les électeurs de François, multipliait les allers et retours à Rome. En dépit de son rôle trouble dans le milieu homo-clérical de Flandre, Danneels fut invité personnellement et au premier rang par le pape François aux deux synodes sur la famille.
La présentation l'an dernier de la biographie officielle de Danneels ne changea rien à l'accès direct dont il jouit auprès du pape. Dans ce livre, le cardinal révélait l'existence, depuis les années 90, d'un cercle secret d'évêques et de cardinaux au plus haut niveau de l’Église, baptisé « groupe Saint-Gall » d'après son lieu de réunion. Entre eux, les membres du groupe se désignaient eux-mêmes comme « la mafia ». Le but de ce cercle des plus hauts prélats de sensibilité progressiste était de réconcilier l’Église avec la liberté, l'égalité, et la fraternité et d'empêcher l'élection de Benoît XVI, tentative qui devait échouer. Qu'avec l'élection du pape François, les deux objectifs aient été atteints, le jugement du cardinal Danneels ne laisse planer là-dessus aucun doute.
Le document final du synode est resté « ambigu » – « une parole claire » est attendue du pape
------
Peu après son éméritat, Mgr Léonard a répondu à quelques questions de l'hebdomadaire français Famille Chrétienne.
D'abord, l'archevêque se déclare « déçu » par le texte de conclusion du synode. Il ne dit pas grand bien de la rédaction finale. Précisément sur les points les plus délicats, le document est resté ambigu. « Des évêques m’ont dit que des textes avaient été volontairement rédigés de manière ambiguë, afin de pouvoir être interprétés dans différentes directions », a dit textuellement l'archevêque.
Pour cette raison, Mgr Léonard adresse un appel au pape François : « J’espère donc que nous aurons une parole nuancée et bienveillante, mais claire sur les enjeux de la doctrine et de la discipline de l’Église catholique concernant le mariage et la famille. La balle est maintenant du côté du pape. C’est l’heure pour lui d’exercer son rôle pétrinien d’unité et de continuité de la Tradition, comme il l’avait déclaré dans son discours de clôture du premier Synode sur la famille ».