Ciao Papissimo


Trouvé par Isabelle, l'hommage à Benoît XVI pour le troisième anniversaire de la renonciation, d'un prêtre italien, Don Salvatore Lazzara (19/2/2016)


Ciao Papissimo


11 février 2016
www.farodiroma.it
Traduction d'Isabelle

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« Bien conscient de la gravité de cet acte, en pleine liberté, je déclare renoncer au ministère d'évêque de Rome, successeur de saint Pierre ».
Par ces paroles qui firent, en quelques secondes, le tour du monde, le 11 février 2013, en la fête de Notre-Dame de Lourdes, le pape Benoît XVI annonçait en latin sa renonciation, devant les cardinaux réunis en consistoire. Sentant bien que ses forces ne suffisaient plus pour le ministère qui lui était confié, dans un acte libre, le saint Père a exercé la plénitude du pouvoir en se privant de toutes les prérogatives de sa charge.

Le magistère de l’Église enseigne que le Pape confirme tous ses frères dans la foi et propose, dans l'exercice du magistère ordinaire, un enseignement qui conduit à une meilleure intelligence de la révélation en matière de foi et de morale. Benoît XVI, par son magistère – les audiences générales, les catéchèses, les diverses rencontres avec des groupes et mouvements ecclésiaux, les journées mondiales de la jeunesse, les meetings avec les familles, les voyages apostoliques – a voulu proposer au monde le patrimoine de la révélation divine et le rendre compréhensible à tous. Il a su, par son témoignage, se charger des souffrances et des préoccupations de tout un chacun. Comme un père infatigable, avec une patience héroïque, il a affirmé les valeurs de l'homme, le salut éternel de l'âme, la croissance de la foi, la défense de la vie, la sauvegarde de la paix dans la justice et la liberté, la sollicitude envers les pauvres et ceux qui souffrent, la promotion des peuples sous-développés et abandonnés.

A l'école du pape émérite, conduits par la main, nous avons goûté la paternité de Dieu qui se manifeste, en vérité et avec un immense amour, dans l’Église ; celle-ci, à travers ses lumières et ses ombres, est toujours orientée, à l'exemple du Seigneur, vers le bien suprême et éternel de l'homme : le salut de l'âme.
Il a enseigné que l’Église est vivante : « et nous le voyons, nous faisons l'expérience de la joie que le Ressuscité a promise aux siens. L’Église est vivante- elle est vivante parce que le Christ est vivant, parce qu'il est vraiment ressuscité. Elle porte en elle l'avenir du monde et ainsi montre aussi à chacun de nous la route vers l'avenir ».
Il ne s'est jamais lassé d'inviter tous les hommes – et surtout les jeunes – à demeurer dans le Christ : « Oui, chers amis, Dieu nous aime », disait-il aux jeunes à l'occasion des dernières JMJ de Madrid. « La foi ne s'oppose pas à vos idéaux les plus hauts ; au contraire, elle les élève et les perfectionne. Chers jeunes, ne vous modelez pas sur quelque chose qui soit moins que la Vérité et l'Amour, ne vous modelez pas sur quelqu'un qui soit moins que le Christ. Cela vaut la peine d'accueillir au plus intime de nous l'appel du Christ et de suivre, avec courage et générosité, le chemin qu'il nous propose. »

Durant la visite à l'Université de Ratisbonne, en 2006, le feu des projecteurs s'est braqué sur Benoît XVI à cause de ses propos sur l'Islam. Il traitait du droit de la conscience individuelle à adhérer ou non librement à une foi. Le pape a fait remarquer que Mahomet, après voir, dans sa jeunesse, admis la faculté de choix, a, une fois parvenu au pouvoir, brandi l'épée pour convertir le prochain. Il ne s'en est pas tenu là. Parfaitement conscient du poids de ses paroles, il a expliqué où était l'erreur et proposé « un dialogue sincère » pour extirper cette racine de violence - présente aussi dans une certaine vision du Dieu chrétien et dans l'idéologie athée -, en se servant de la raison et en voyant en elle comme un reflet de la Toute-Puissance. Les événements de ces dernières années en Europe et dans le monde ont fait de cette leçon un point de référence pour tisser un dialogue, fondé sur la raison capable d'accueillir la foi comme instrument de paix et de concorde entre les peuples et les religions.

Une autre question importante qui a traversé le pontificat de Benoît XVI, suscitant, dans l'opinion publique, des polémiques violentes et parfois abjectes, fut la « lutte contre la pédophilie »dans le clergé catholique. Nous ne pouvons oublier les nombreuses rencontres avec les victimes et les mesures prises pour protéger les plus faibles contre ces infâmes gestes de folie. Le 10 mars 2010, il écrivait aux catholiques d'Irlande : « (…) Vous avez terriblement souffert et j'en suis vraiment triste. Je sais que rien ne peut effacer le mal que vous avez subi. On a trahi votre confiance, on a porté atteinte à votre dignité. Beaucoup d'entre vous, lorsqu'ils étaient assez courageux pour parler de ce qui leur était arrivé, ont fait l'expérience de n'être écouté par personne. Ceux d'entre vous qui ont subi des abus sexuels dans les internats, ont dû se avoir l'impression qu'il n'y avait aucun moyen d'échapper à leurs souffrances. Il est compréhensible que vous trouviez difficile de pardonner ou de vous réconcilier avec l’Église. En son nom je vous exprime ouvertement la honte et le remords que nous éprouvons tous. En même temps, je vous demande de ne pas perdre l'espérance. »

S'adressant aux coupables, il les admonestait avec détermination : « Vous avez trahi la confiance mise en vous par des jeunes innocents et par leurs parents. Vous devez en répondre devant le Dieu Tout-Puissant, et aussi devant les tribunaux constitués. Vous avez perdu l'estime du peuple d'Irlande et attiré sur vos confrères la honte et le déshonneur. Ceux d'entre vous qui sont prêtres ont violé la sainteté du sacrement de l'ordre où le Christ se rend présent en nous et dans nos actions. En plus du tort infligé aux victimes, un grand tort a été fait à l’Église et à l'image du sacerdoce et de la vie religieuse. Je vous exhorte à examiner votre conscience, à assumer la responsabilité des péchés que vous avez commis et à exprimer avec humilité votre regret ».

L'affection des hommes de bonne volonté s'est manifestée de manière tangible au cours de la dernière audience du mercredi sur la Place Saint-Pierre. Des milliers de pèlerins, de fidèles, de malades, de représentants des institutions, d'athées, de cardinaux, d'évêques se sont serrés avec affection autour du Vicaire du Christ. Ses paroles ont ouvert le cœur à l'espérance. L'Eglise continue son chemin dans l'Histoire. Les hommes passent ; le Christ demeure. Les puissances du mal n'auront jamais la victoire. Le Seigneur est proche à l'heure de l'épreuve, dans le vent contraire qui souffle tant de fois dans la Maison de Dieu.

Ratzinger a tracé son chemin de pape en infusant dans les cœurs la sérénité : « Je n'abandonne pas la Croix », a-t-il assuré, interrompu à plusieurs reprises par des applaudissements et des ovations. La foule avait déjà commencé à remplir la place quelques heures avant le début ; avec des chants, des chœurs, c'était une véritable fête. « Je suis ému, je vois l'Eglise vivante », a dit le pape Ratzinger à la foule rassemblée sur la place. « Comment aime-t-ton l’Église ? Le Seigneur nous a donné tant de jours de soleil et de brise légère, des jours où la pèche était abondante ; il y eut aussi des moments où les eaux étaient agitées et le vent contraire, comme dans toute l'Histoire de l’Église, et le Seigneur semblait dormir. Mais j'ai toujours su que, dans cette barque, il y avait le Seigneur et j'ai toujours su que la barque de l’Église n'est pas la mienne mais la sienne. Et le Seigneur ne la laisse pas couler ; c'est Lui qui la conduit sûrement, même à travers les hommes qu'il a choisis parce qu'il l'a voulu ainsi. »

Sur le web, ces jours-là, se sont succédé tant de messages d'affection pour le pape qui se retirait. On y reconnaissait la profonde humilité, la sagesse et la bonté de Benoît XVI. Je voudrais donner à relire cette réflexion laissée sur le web :

« Cher Pape, je t'écris pour me soulager un peu ! En sept années de pontificat, on t'a dépeint comme :

1. un ennemi de la science (visite refusée à la Sapienza de Rome),
2. sans aucun respect pour les autres religions (le discours de Ratisbonne),
3. un nazi, ami d'Hitler (la prétendue démission de l'archevêque de Varsovie Wielgus qui avait collaboré avec les servies secrets communistes ou la révocation de l'excommunication des évêques lefebvristes, qui a coïncidé avec la diffusion de l'interview négationniste de l'un des leurs),
4. un froid « dictateur » de la morale qui agit sans scrupules pour défendre ses positions (la crise diplomatique provoquée par les déclaratons sur le préservatif durant le voyage en Afrique),
5. un nostalgique du passé, ennemi des jeunes, décidé à détruire toute l'oeuvre de Jean-Paul II ( la publication du document qui autorisait la messe traditionnelle en latin),
6. un soutien des pédophiles prêt à en dissimuler toute les preuves (le scandale des abus sexuels sur des mineurs),
7. un véritable persécuteur des homosexuels (ses interventions pour défendre la famille),
8. un mafieux qui cache les cadavres de ses victimes (Emmanuela Orlandi)
9. un riche mondain, qui garde tout pour lui (qui ne vend pas l'anneau avec lequel on pourrait, paraît-il, nourrir toute la planète, alors qu'il a la valeur de deux alliances et que c'est le même depuis des siècles parce que, à la mort d'un pape, cet anneau est détruit, refondu et préparé pour le nouveau pape),
10. le plus grand fraudeur fiscal (ICI ou IMU),
11. qui blanchit l'argent sale (IOR),
12. et qui aime la grande vie (voyages dans le monde entier avec des chaussures Prada, au lieu d'aider les victimes du tremblement de terre d'Emilie).

Cher Pape, à ton prédécesseur on a tiré dans le cœur, mais à toi on ne fait pas de cadeau ! De deux choses l'une : ou bien tu es le concentré du mal et de la criminalité, – ou bien en toi se réalise, la parole de Jésus : « Ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront aussi » (Jean 5, 18-21).
Celui qui t'écrit ne supporte pas les injustices et souffre de voir tant de gens (et tant de croyants) tomber dans ces pièges, sans se poser de questions quant à la vérité et au bien-fondé de toutes ces accusations. Je pense à toi, le soir, quand dans ton bureau (qui en fait n'est pas le tien, puisqu'il a été celui de quelqu'un d'autre et sera de nouveau à quelqu'un d'autre) tout seul tu dois te débrouiller avec toute cette boue qu'on te jette et du dois penser à l'époque où tu étais enfant sans tous ces soucis. Et maintenant, devenu grand, devenu pape, tu deviens toujours plus mon pape ».