Que pense Benoît XVI de l'idélogie 'gender'?



Il l'a dit à de multiples reprises au cours de son Pontificat. Quelques rappels (8/10/2016)



Benoît XVI lors des voeux à la Curie Romaine, 21 décembre 2012


Des rappels utiles alors que des propos improvisés, mal préparés et mal formulés tenus par François dans l'avion de retour d'Azerbaïdjan - hélas dilués dans l'anecdote du reste peu crédible du père de famille censé interroger son "fils" à table, et associés à un discours très ambigu sur l'accueil des "transgenres" - ont déchaîné, quoique assez brièvement, l'ire de la classe politico-médiatique en général, et de l'inculte ministre de l'éducation en particulier (1).

Nous avions parlé ici (Benoît XVI de A à Z) du beau travail du site "Evangile de la Miséricorde", qui a rassemblé sous forme de lexique une très riche anthologie des thèmes (plus de 600!) traités par le Pape entre 2005 et 2013, sous le titre "Benoît XVI de A à Z".

L'une des entrées a pour titre "Genre" (cf. www.evangelium-vitae.org).
Parmi les textes cités, il manque celui qui pour moi reste le plus fort, le dernier discours de voeux à la Curie Romaine, le 21 décembre 2012, d'un ton particulièrement grave, et même dramatique, d'autant plus que six semaines plus tard, le Pape annonçait qu'il renonçait "à l'exercice du ministère actif" (!).
Tout le monde ne s'en souvient peut-être pas dans le détail, je reproduis donc le long passage (près du tiers du message) où le Pape dénonçait vigoureusement la funeste théorie, s'appuyant sur un essai du Grand Rabbin Berheim, "MARIAGE HOMOSEXUEL, HOMOPARENTALITÉ ET ADOPTION : CE QUE L’ON OUBLIE SOUVENT DE DIRE".
Ce dernier l'a payé cher! il s'est retrouvé peu après au centre d'un scandale lié à la falsification de ses diplômes, et a dû démissionner: bien entendu, le microcosme médiatique, qui le portait aux nues jusque là, n'ignorait rien de ses mensonges, et leur révélation suivant presque immédiatement le discours du Pape ne doit rien au hasard!
J'écrivais à l'époque:

Qui pourra aussi prétendre qu'il ne s'agit pas d'un message très fort adressé à la France, avec la référence inattendue au Rabbin Bernheim, et l'allusion à Simone de Beauvoir. Le Saint-Père a fourni aux catholiques français les arguments dialectiques les plus forts, revêtus de son autorité de Pape, pour contrer une idéologie qui blesse l'humanité.

(1) Je viens d'entendre à ce sujet sur une radio commerciale à laquelle je ne souhaite pas faire de pub un débat caricatural entre de prétendues "grandes voix" (!!!), sur le thème "Peut-on dire du mal du Pape?". Comme d'habitude dans ce genre d'émission, on n'a aucune réponse et on est encore plus dans la confusion après l'avoir écoutée qu'avant. Mais ce qui frappe, c'est l'ignorance absolue du sujet abordé par des "journalistes" dont le métier serait quand même d'informer les gens. En plus d'une inculture crasse sur la religion catholique (le Pape représenterait un "prophète" - sic!!), il y a la totale méconnaissance de la personnalité du pape actuel, sur lequel ils alignent des platitudes purement génériques (c'est un jésuite, il a une vaste culture théologique, et ainsi de suite) sans avoir lu de ses interventions autre chose que deux ou trois gros titres d'ailleurs inventés par eux - dont l'inévitable "qui suis-je pour juger?" -

Voeux à la Curie Romaine

Extrait

Le Grand Rabbin de France, Gilles Bernheim, dans un traité soigneusement documenté et profondément touchant, a montré que l’atteinte à l’authentique forme de la famille, constituée d’un père, d’une mère et d’un enfant – une atteinte à laquelle nous nous trouvons exposés aujourd’hui – parvient à une dimension encore plus profonde. Si jusqu’ici nous avons vu comme cause de la crise de la famille un malentendu sur l’essence de la liberté humaine, il devient clair maintenant qu’ici est en jeu la vision de l’être même, de ce que signifie en réalité le fait d’être une personne humaine. Il cite l’affirmation devenue célèbre, de Simone de Beauvoir : « On ne naît pas femme, on le devient ». Dans ces paroles se trouve le fondement de ce qui aujourd’hui, sous le mot « gender », est présenté comme une nouvelle philosophie de la sexualité. Le sexe, selon cette philosophie, n’est plus un donné d’origine de la nature, un donné que l’être humain doit accepter et remplir personnellement de sens, mais c’est un rôle social dont on décide de manière autonome, alors que jusqu’ici c’était à la société d’en décider.
La profonde fausseté de cette théorie et de la révolution anthropologique qui y est sous-jacente, est évidente.
L’être humain conteste d’avoir une nature préparée à l’avance de sa corporéité, qui caractérise son être de personne. Il nie sa nature et décide qu’elle ne lui est pas donnée comme un fait préparé à l’avance, mais que c’est lui-même qui se la crée.
Selon le récit biblique de la création, il appartient à l’essence de la créature humaine d’avoir été créée par Dieu comme homme et comme femme. Cette dualité est essentielle pour le fait d’être une personne humaine, telle que Dieu l’a donnée. Justement, cette dualité comme donné de départ est contestée. Ce qui se lit dans le récit de la création n’est plus valable : « Homme et femme il les créa » (Gn 1, 27).
Non, maintenant ce qui vaut c’est que ce n’est pas lui qui les a créés homme et femme, mais c’est la société qui l’a déterminé jusqu’ici et maintenant c’est nous-mêmes qui décidons de cela. Homme et femme n’existent plus comme réalité de la création, comme nature de l’être humain. Celui-ci conteste sa propre nature. Il est désormais seulement esprit et volonté.

La manipulation de la nature, qu’aujourd’hui nous déplorons pour ce qui concerne l’environnement, devient ici le choix fondamental de l’homme à l’égard de lui-même. L’être humain désormais existe seulement dans l’abstrait, qui ensuite, de façon autonome, choisit pour soi quelque chose comme sa nature. L’homme et la femme sont contestés dans leur exigence qui provient de la création, étant des formes complémentaires de la personne humaine.
Cependant, si la dualité d’homme et de femme n’existe pas comme donné de la création, alors la famille n’existe pas non plus comme réalité établie à l’avance par la création. Mais en ce cas aussi l’enfant a perdu la place qui lui revenait jusqu’à maintenant et la dignité particulière qui lui est propre. Bernheim montre comment, de sujet juridique indépendant en soi, il devient maintenant nécessairement un objet, auquel on a droit et que, comme objet d’un droit, on peut se procurer. Là où la liberté du faire devient la liberté de se faire soi-même, on parvient nécessairement à nier le Créateur lui-même, et enfin par là, l’homme même – comme créature de Dieu, comme image de Dieu – est dégradé dans l’essence de son être.
Dans la lutte pour la famille, l’être humain lui-même est en jeu. Et il devient évident que là où Dieu est nié, la dignité de l’être humain se dissout aussi.
Celui qui défend Dieu, défend l’être humain !