Benoit-et-moi 2017
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Crime contre la Pensée

La réjouissante réflexion de Blondet, à propos de la campagne romaine d'affichage contre François. A savourer (6/2/2017)

Quand les gardiens de la révolution cèdent eux aussi à la théorie du complot....

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Vilains réacs contre gentil Pape

Affichage abusif...

J'ai parlé de cette affaire hier, et évoqué, mais sans rentrer dans les détails, les réactions sujouées des thuriféraires, au moins transalpins. Le soir, Blondet publiait ce pamphlet, dont la première partie m'a quasiment fait m'étouffer de rire; la seconde reprend un article grotesque, tant il est excessif, de Marco Politi, ex-"vaticaniste" de La Repubblica, sévissant aujourd'hui dans la feuille d'extrême-gauche Il fatto Quotidiano - très active dans la diffusion des vatileaks sous Benoît XVI.
Sur le même sujet, et dans le même esprit que Blondet (mais en moins caustique) il faut lire aussi la réaction de Giuseppe Rusconi, qui hier sur Rosso Porpora, titrait sur "La liberté au temps de la miséricorde", et l'éditorial de Riccardo Cascioli ce matin sur La Bussola, intitulé "Réaction de régime totalitaire".
Le bon sens (critique) n'a pas totalement disparu, c'est rassurant.
Et finalement, rien ne vaut l'humour pour discréditer les excès: ils n'ont besoin de personne pour se ridiculiser. Sont-ils inconscients à ce point du fait qu'en se comportant en petits "commissaires politiques", comme ils le font constamment, ils accréditent le complot anti-conservateurs qu'ils prétendent dénoncer? Ou bien, inverser l'accusation c'est-à-dire accuser l'adversaire de ses propres turpitudes est-elle la seule technique de défense qu'ils ont trouvée?

Les vrais motifs: "Frères, n'élevez pas de murs, car sinon, après, ils y collent des affiches" (via Facebook A. Socci)

Le DIGOS sur la piste de Pasquino. Recherché pour psycho-crime

Maurizio Blondet
5 février 2017
Ma traduction (les illustrations et leurs légendes sont de Blondet)

* * *

italioti,
[ndt: italioti est un terme méprisant qui s'adresse au petit peuple peu cultivé et correspond à peu près à franchouillards pour nous]

Pendant quelques heures, notre bien-aimée Eurasia a été en danger: sur les murs de la Kapitale sont apparues des affiches, qui se moquaient du Ministre de l'Amour - si vénéré de nous, ses sujets - mettant en doute son infinie miséricorde. Horreur! Indignation! Pour protéger les camarades citoyens de cette vue préjudiciable à leur santé idéologique, toujours à l'état infantile et nécessitant d'être défendue, des colleurs d'affiches ont été réveillés à l'aube (et l'Organe Suprême non Kattolike sait avec quels efforts, le samedi, dans la Komune la plus fankazzista [fancazzista= flemmarde] d'Eurasie) pour qu'ils recouvrent immédiatement ces psycho-crimes horribles. Ils ont oeuvré avec une alacrité aussi louable que généralement inhabituelle: braves camarades! Nous les signalons volontiers au Parti Intérieur pour d'éventuels honneurs et en guise de récompense une augmentation des rations de gin synthétiques.

[Ci-dessus: Big Brother vous regarde]

Mais évidemment, il ne suffit pas de recouvrir le crime et d'éviter le danger immédiat d'infection politiquement incorrecte; il faut traquer les Coupables du Crime; dans ce but on a lancé la police politique (la DIGOS en Itaglia [sic!]): laquelle a immédiatement dirigé l'enquête, disent les journaux, vers "le sous-bois de l'extrême droite", repaire bien connu de sous-prolétariat où les délinquants anti-Parti pullulent.

Mais à juste titre le Père Spadaro, gardien de la Vérité comme direkteur de Kiviltà Kattolika, a invité les inquisiteurs à élever la cible de l'enquête: ceux qui ont commis des crimes aussi intolérables ne peuvent pas être que les "prolos"; et il a dénoncé la Conspiration Mondiale en acte contre Big Brother. Nous n'inventons pas, nous rapportons ses saintes paroles:

Le jésuite Spadaro: «L'ignorance est la force!»
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«C'est un signe qu'il agit bien et qu'il dérange beaucoup. Ces affiches sont des menaces et des intimidations. En faux patois romain pour tenter de faire croire qu'ils sont des gens du peuple. Allons donc! Les vrais gens ne débattent pas sur l'ordre de Malte, ou sur les "dubia" canonistes cardinalices. Au nom du ciel! Derrière, il y a des gens corrompus et il y a des pouvoirs forts qui montent des stratégies pour détacher le pape du cœur du peuple, qui est sa grande force. Et le résultat est l'effet opposé ».

C'est vrai, camarade Spadaro! Ce sont les personnes cultivées qui doivent être soupçonnées! de comploter contre le Miséricordieux, pas des ignorants! En disant cela, tu nous montres la troisième Vérité de la Théorie Bien-aimée. «L'ignorance est la force».

Il faut beaucoup de méfier de ceux qui ont une culture. Qui savent le latin, et connaissent les "dubia" et l'Ordre de Malte, qui connaissent le droit canon, ou le droit tout simplement. Aujourd'hui, chaque loi a été abolie, seule est en vigueur la Loi de l'Amour. Si bien que le Ministre de l' Amour peut claquer en prison un nonagénaire (le Père Manelli, fondateur des FFI) sans avoir besoin de justifier légalement sa persécution. C'est la grande conquête orwellienne de l'ANGSOC.

Par conséquent, afin d'éviter que quelque délateur zélé nous dénonce au Parti Intérieur pour suspicion de culture, nous répétons avec vous: «L'ignorance est la force! La liberté est l'esclavage! La guerre est la paix!».

Cela suffira-t-il à nous sauver des vertueuses délations? Je confesse que je tremble un peu. N'ai-je pas donné l'impression de sous-estimer l'ampleur effroyable du crime, le qualifiant de pasquinade?

Ce n'est qu'après avoir lu l'article de Marco Politi, le vaticaniste du Fatto Quotidiano, que j'ai pris conscience que j'étais passible de déviationisme et de modérantisme.

Il titre: "Affiches contre François: une attaque précise, brutale et bien planifiée. Ceux qui minimisent ont tort».

«L'attaque a été précise, violente, bien planifiée. Et le Vatican a également tort de répandre la consigne tacite: "ne t'en occupe pas, mais regarde et passe ton chemin"».

«Parce que les affiches contre le pape Bergoglio collées samedi dans de nombreux endroits du centre de Rome touchent les points vitaux de l'imaginaire de ce pontificat. Tout d'abord, la relation directe avec la masse des fidèles et aussi avec le peuple, qui ne croit pas, mais écoute avec attention les paroles de François: relation ridiculisée et déformée par la photo, qui sur les affiches montre un pontife revêche. Plus insidieux encore, le second message véhiculé par les panneaux d'affichage: l'attaque brutale au cœur de sa bonne nouvelles, la miséricorde. Comme pour dire: "Tu es un dictateur sournois qui parle de miséricorde, mais persécutes ceux qui ne sont pas d'accord avec toi: de l'Ordre de Malte aux Franciscains de l'Immaculée, aux prêtres qui te dérangent ... et tu n'as même pas le courage de répondre à ces cardinaux qui te mettent en cause"».

«Raffiné dans sa perfidie, aussi, l'utilisation du dialecte romain. “A France’… “. Un ricanement qui vise à effacer dans sa vulgarité la prééminence morale de la personnalité prise pour cible.
Ils se trompent aussi, ceux qui minimisent, en considérant l'affaire comme un simple développement d'un climat de communication contemporaine de plus en plus explicite, polarisée et agressive. Mais dans le cas de François la vague d'affiches railleuses est quelque chose de plus: c'est une nouvelle manoeuvre d'escalade qui a pour but le dénigrement systématique de son réformisme et, en ultime analyse, la mobilisation des forces en vue du futur conclave, dont (selon les conservateurs) ne doit absolument pas sortir un François II».


Marco Politi ne s'arrête pas là. En Inquisiteur expérimenté, il souligne que les affiches «ridiculisent le Pape avec des méthodes qui rappellent les tweets de Trump»: qui sont le signe d'un mouvement incarnant la même agressivité que celle du Tea Party movement aux États-Unis. La similitude est frappante. Ce mouvement, qui constamment année après année a sapé l'image d'Obama»..

Voilà, voilà l'Ennemi enfin démasqué.

Le même que celui qui a détrôné Obama, le Nobel de la Paix (éternelle pour ceux qui ont reçu les trois bombes quotidiennes qu'il a ordonné de lancer durant les huit années de son administration). Politi a le courage de le dénoncer à haute voix au Parti - qui l'avait déjà identifié depuis longtemps - , le Traître, auquel notre Information télévisée libre et notre Saine Jeunesse dédient les Deux Minutes de la Haine. The Donald.

[Ci-dessus: Image présumée d'"Emmanuel Goldstein" (*)]

Politi ajoute d'utiles suggestions à la police de la pensée pour identifier les coupables: «... il n'y a pas un marionnettiste unique», assure-t-il: «Il existe en revanche depuis les premiers mois de son pontificat et en accéléré avec le premier synode sur la famille, une coagulation en constante croissance de multiples groupes, prêtres, évêques et cardinaux soutenus par une galaxie de sites internet, dont la devise est: "Ce pape ne nous plaît pas"»

Il faudra un Goulag, pour les y mettre tous.

Politi continue: «Prenez une carte et marquez d'une épingle les localités dont proviennet les cardinaux et les évêques qui ont écrit des livres contre le tournant pastoral de François sur l'éthique de la famille [écrire des livres, voilà le crime!], qui ont signé des pétitions [oh, le délit monstrueux!], qui lui ont envoyé une lettre en l'accusant pratiquement de manipulation de l'ordre du jour du Synode de 2015, qui finalement (avec la lettre des quatre cardinaux de l'automne dernier) l'ont en sustance accusé de trahir la parole de Dieu inscrite dans l'Evangile - et vous aurez une carte du réseau mondial - à la Curie et dans les cinq continents - de ceux qui nourrissent de la mauvaise humeur contre la ligne du pape. Prêtres, théologiens, évêques et cardinaux qui s'opposent ouvertement à lui et qui en coulisses sont soutenus par ceux qui partagent leurs idées, mais ne veulent pas s'exposer et en attendant font de la résistance passive».

Merci, Grand Inquisiteur

Les voilà tous démasqués. Les criminels répugnants qui écrivent des livres et signent des lettres. Les renégats qui se cachent dans le Parti, les saboteurs du Plan Quinquennal, les déviationistes de droite, les ennemis de la Miséricorde les Sans Limites. Ceux qui ont saboté Obama.

Que le peuple aille les débusquer dans leurs maisons, les soumette au lynchage qu'ils méritent, et les livre au Ministère de l'Amour, où ils seront rééduqués.

Bref, grâce à ce portrait robot, Pasquino est activement recherché. Ses heures sont comptées. Il répondre du crime de Psycho-délit (crime de la pensée). Il sera réduit au silence, comme cela est arrivé dans les temps lointains, quand ceux qui écrivaient sous la statue de Pasquino étaient punissables de mort, de confiscation, et d'infamie (décret de Benoît XII Orsini, 1649-1730).

NDT

(*) Emmanuel Goldstein est un personnage fictif du roman de George Orwell 1984.
Il représente le personnage que tout le monde doit haïr dans l'État d'Océania, il serait le chef d'une mystérieuse « fraternité » qui vise à déstabiliser le parti par le terrorisme.
Orwell précise que « bien que Goldstein fût haï et méprisé par tout le monde, bien que tous les jours et un millier de fois par jour, sur les estrades, aux télécrans, dans les journaux, dans les livres, ses théories fussent réfutées, écrasées, ridiculisées, que leur pitoyable sottise fût exposée aux regards de tous, en dépit de tout cela, son influence ne semblait jamais diminuer. Il y avait toujours de nouvelles dupes qui attendaient d’être séduites par lui. Pas un jour ne se passait sans que des espions et des saboteurs à ses ordres ne fussent démasqués par la Police de la Pensée. »
Goldstein fait l'objet chaque jour des « deux minutes de la haine » où les membres du Parti extérieur doivent l'insulter dans un rituel d'hystérie collective alors qu'il passe sur le télécran. Il est notamment l'auteur du livre interdit par le parti que O'Brien fait parvenir à Winston, Théorie et pratique du collectivisme oligarchique, dans lequel Goldstein explique comment le Parti mène une guerre perpétuelle pour maintenir l'ensemble de la population affamée et ignorante, et donc incapable de se révolter (wikipedia).