Benoit-et-moi 2017
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Désastre pastoral au Brésil (I)

Il y a une hémorragie de catholiques depuis 2014, malgré l'élection de François. Quid de l'"effet Bergoglio"? (7/1/2016) (7/1/2016)

C'est l'objet du dernier billet du "curé madrilène". Mais avant de publier la traduction qu'en a faite Carlota, voici quelques éléments de réflexion...

Le 14 mars 2013, lendemain de l'élection de François, dans un article publié sur Il Corriere, Vittorio Messori révélait qu'il avait deviné le nom du futur Pape avant le Conclave, alors que tous les journalistes ou presque s'étaient trompés; et il citait comme témoin de son étonnante prédiction Michele Brambilla, un vaticaniste de ses amis, officiant aujourd'hui à La Stampa/Vatican Insider (cf. benoit-et-moi.fr/2013-II/articles/la-prediction-de-messori)
Il invoquait non pas ses dons de devin, mais sa connaissance de "la réalité de l'Eglise d'aujourd'hui". En fait, il avait pensé à un choix "géopolitique" de la part des cardinaux électeurs. Ayant écarté un pape chinois (le tour de la Chine viendra sans doute, selon lui, mais il était encore trop tôt...) il avait opté pour un Pape issu du "continent de l'espérance" (sic!!), c'est-à-dire latino-américain.
Il n'est pas inintéressant, presque trois ans plus tard, de relire ses arguments d'alors:

Il arrive, en fait, que l'Église romaine est sur le point de perdre ce qu'il considérait comme le «continent de l'espérance», le continent catholique par excellence dans l'imaginaire populaire, celui grâce auquel l'espagnol est la langue la plus parlée dans l'Église. L'Amérique du Sud, en effet, abandonne le catholicisme au rythme de milliers d'hommes et de femmes chaque jour. Il y a des chiffres qui tourmentent les épiscopats de ces terres: depuis le début des années quatre-vingt jusqu'à l'heure actuelle, l'Amérique latine a perdu près d'un quart des fidèles. Où vont-ils? Ils entrent dans les communautés, les sectes, les petites églises évangéliques , les pentecôtistes, qui, envoyés et soutenus par les grands bailleurs de fonds nord-américains, réalisent le vieux rêve du protestantisme aux États-Unis: en finir, dans ce continent, avec la superstition "papiste". Il faut dire que les grands moyens économiques dont disposent ces missionnaires attirent les nombreux dédhérités de ces terres et les induisent à entrer dans des communautés où tous sont soutenus, y compris économiquement. Mais il y a aussi le fait que les théologies politiques des dernières décennies, prêchées par des prêtres et des moines devenus des militants idéologiques, ont éloigné du catholicisme ces foules, désireuses d'une religiosité vivante, colorée, chantée, dansée. Et c'est précisément dans cette optique que le pentecôtisme interprète le christianisme et attire des flux de transfuges du catholicisme.

Par conséquent, les Pères du conclave allaient probablement évaluer l'urgence d'une intervention, selon un programme proposé et géré par Rome elle-même, l'installation d'un Pape venu de ce continent. Mais l'hémorragie concerne surtout le Brésil et l'Amérique andine: pourquoi, si un Pape d'Amérique du Sud devait être, pourquoi un argentin, archevêque d'un pays moins touché par l'exode vers les sectes? A probablement joué le fait que le cardinal Bergoglio (indépendamment de la haute qualité de l'homme, de la formation théologique, de l'expérience) est à la fois ibéro-américain et européen. Sa famille est une famille d'immigrés récents, originaire de la région d'Asti, l'italien est sa seconde langue maternelle: parce que pour l'Eglise, les problèmes urgents ne sont pas seulement outre-Atlantique, mais aussi une forte réorganisation de la Curie, il fallait un homme qui sache faire face à certaines situations vaticanes.

Et Messori concluait:

Mais il est tard, le temps presse. Il sera temps de reprendre le discours.

Eh bien, l'information que donnait ici Marco Tosatti est l'occasion idéale pour "reprendre le discours", justement. Et, tout en admettant que la première partie de ce "discours" est impeccable, j'aimerais bien qu Vittorio Messori "reprenne" la seconde...

Brésil, les chiffres d'un désastre pastoral.
9 millions de catholiques quittent l'Église en deux ans.

29 décembre 2016
Marco Tosatti
Ma traduction

* * *

Du Brésil arrivent les chiffres d'un désastre. Un sondage de Datafolha (institut de sondage brésilien, ndt) a révélé que les adultes qui se déclarent catholiques sont passés de 60% en 2014 à 50% en décembre 2016.
Cela signifie qu'en deux ans environ, neuf millions de fidèles ont décidé de quitter l'Eglise.
Un fait certainement déconcertant; surtout quand on considère que, pour la première fois dans l'histoire, sur la chaire de Pierre se trouve un pape qui provient du sous-continent latino-américain.
Datafolha a montré que dans la même période, il y a eu une augmentation significative des personnes qui ne professent aucune religion. Ils seraient passés de 6% à 14% au cours des deux dernières années.
En 2012, le pourcentage des catholiques déclarés était de 64,6%.
Le sondage de Datafolha indique que 43% des catholiques brésiliens vivent dans la région de Sud-Est, la plus développée du pays, tandis que dans le Nord et le Centre-Ouest, on arrive à peine à 15% de la population.
Le sondage de Datafolha a une marge d'erreur de 2%. Il a été réalisé le mois dernier dans 174 municipalités du pays, interrogeant 2828 personnes âgées de plus de seize ans.
Au Brésil, bien que cette récente avalanche d'abandons n'ait pas marqué une expansion des évangéliques, il convient de noter que la moitié des protestants proviennent de l'Eglise catholique.
La plupart des conversions se produisent avant 25 ans, et les convertis citent comme motif de changement une plus grande relation avec Dieu (77%) et le style de culte des nouvelles églises (68%).
Le secrétaire de la Conférence épiscopale du Brésil, dom Ulrich Steiner, a déclaré à déclaré à la Folha de Sao Paulo que le nombre de personnes prêtes à se battre pour la justice est plus important que le pourcentage des catholiques (!!!).