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Le cardinal Caffarra était-il sous surveillance?

Les troublantes révélations de Giuseppe Nardi (13/9/2017)

>>> Voir aussi:
¤ Le cardinal Caffarra est mort
¤ Sur la mort du cardinal Caffarra

Le cardinal a aussi confié à son interlocuteur qu’il se sentait surveillé et qu’il était convaincu que ses communications étaient interceptées. Le cardinal Caffarra n’était pas homme à avoir peur. Mais il disposait manifestement d’indices et d’informations concrets. « Il m’a dit qu’il savait que les quatre cardinaux qui avaient rédigé les dubia était surveillés, qu’on s’en prenait à leurs communications et qu’ils ne pouvaient rien faire de plus que de chercher des moyens de communication plus sûrs ».

Le cardinal Caffarra peu avant sa mort :
“Je suis surveillé. On intercepte ma correspondance”

G. Nardi
katholisches.info
12 septembre 2017
Traduit de l'allemand par Isabelle
* * *
Le cardinal Carlo Caffara est mort le 6 septembre et a été enterré le 9. “En tous les cas, la précipitation avec laquelle, après la mort du cardinal, on a procédé à ses funérailles a surpris”, dit Gabriel Ariza.

(Rome)
Le cardinal Caffara, décédé mercredi de la semaine dernière, se sentait surveillé et était persuadé que sa correspondance était interceptée et lue par un tiers. C’est ce que rapporte le journaliste espagnol Gabriel Ariza, de InfoVaticana.

Le 27 octobre 2015, le cardinal qui avait été, pendant vingt ans, à la tête de l’archidiocèse de Bologne, était admis à l’éméritat, en raison de son âge, par le pape François. Il se dit que le pape argentin aurait éprouvé une certaine sympathie pour le cardinal nord-italien, très orthodoxe, qui a vu le jour dans le même petit village des environs de Parme que Giuseppe Verdi. C’est peut-être la raison pour laquelle le pugnace cardinal n’a pas dû renoncer à sa charge dès qu’il eut atteint ses soixante-quinze ans, mais qu’il a pu continuer de l’exercer jusqu’à l’âge que de soixante-dix-sept ans. Car ce qui, sous Benoît XVI était de règle, au moins pour les archevêques métropolites, est devenu un privilège sous le règne de François.

A son éméritat, le cardinal avait quitté le palais archiépiscopal pour céder la place à son successeur, Mgr Matteo Maria Zuppi. […] Les oppositions entre le cardinal Caffara et Mgr Zuppi, membre de la Communauté Sant’Egidio, étaient nombreuses et reflètent les différences entre l’actuel pontificat et celui de ses prédécesseurs saint Jean-Paul II et Benoît XVI.

Le cardinal Caffarra avait emménagé dans un petit appartement du séminaire archiépiscopal. De là, il essayait, autant qu’il le pouvait, de s’opposer à une évolution de l’Eglise qu’il tenait pour mauvaise et dangereuse. Ses paroles intelligentes et teintées d’une ironie lourde de sens affirmaient l’incompatibilité avec le catholicisme de certaines attitudes et positions modernes qu’une partie des soi-disant bergogliens, de manière plus ou moins ouverte, déclaraient précisément compatibles.

Dans sa résistance à une nouvelle praxis concernant la question de l’accès aux sacrements des divorcés remariés qui impliquait forcément — il en était persuadé — une nouvelle doctrine, le cardinal avait gagné en stature internationale et en influence dans l’Eglise universelle. De fait, si un archevêque est responsable de son évêché, un cardinal, comme conseiller du pape, a des responsabilités pour l’Eglise tout entière. Une mission que Caffara prenait au sérieux et qui, rapidement, se heurta à la surdité du pape François. Ce dernier ne daigna donner aucune réponse aux dubia sur l’exhortation post-synodale controversée Amoris Laetitia, cosignés par le cardinal ; aucune réponse non plus à la demande, en avril 2017, d’être reçu en audience et de pouvoir ainsi exposer les préoccupations engendrées par ce texte. Le cardinal ne fut pas non plus jugé digne d’une seule parole lorsque le pape, au début du mois d’avril, a visité la ville de Carpi et que le cardinal, en raison de son rang, était assis, pour le repas de midi, aux côtés du pape. Un froid qui ne laisse pas seulement à désirer quant à la disponibilité et l’aptitude à l’écoute et au dialogue tant loué, mais qui, plus encore, est regrettable sur le plan de la fraternité.


Le cardinal Caffarra souffrait d’être stigmatisé comme “ennemi du pape”
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Le cardinal Caffarra a beaucoup souffert, dans les derniers mois de sa vie, de ce mauvais traitement qui lui était infligé, mais plus encore de l’évolution dans l’Eglise, comme l’affirme Ariza. Il fut surtout blessé par les insultes que lui ont adressées d’autres membres de l’Eglise, laïcs ou clercs, qui ont ignoré ses questions et ses arguments, tout en l’accusant, de manière polémique, d’être un « ennemi du pape ».

Voici quelques mois, Ariza a eu l’occasion de rendre visite au cardinal Caffarra à Bologne. Les dubia avaient déjà été rendus publics et le prélat était pris sous le feu d’un grand nombre de francs-tireurs, qui l’attaquaient comme un « adversaire » du pape. Ariza cite les paroles du cardinal :

“J’aurais préféré qu’ils m’accusent d’avoir un amant homosexuel plutôt que de faire de moi un ennemi du pape”.


Préoccupé par la conception de la papauté
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Ariza parle de sa visite à Bologne :

« Je dois avouer que j’ai été très ému, en voyant la simplicité dans laquelle vivait le cardinal. Caffarra occupait un petit appartement dans un des bâtiments du séminaire de Bologne. Un appartement qui aurait eu besoin d’une rénovation en bonne et due forme. Les tapis des murs avaient des trous, les câbles électriques pendaient et le chauffage était déficient. A Bologne, dans une ville où il peut faire froid, le cardinal passait ses journées parmi livres, lettres et documents et répondait à chaque lettre ou mail qu’il recevait, en provenance du monde entier. »

Une chose, selon Ariza, préoccupait beaucoup le cardinal : la conception que beaucoup se font de la papauté. Pour expliquer sa préoccupation, Caffara donnait quelques indications. Lorsque Pie XII a voulu modifier la discipline du jeûne eucharistique, il n’a pas demandé à une commission de théologiens d’étudier la question mais bien de voir s’il était habilité à effectuer une telle modification. Jusqu’à Paul VI, les cardinaux ont juré de toujours dire la vérité « et non pas ce que le pape veut entendre ». Depuis la réforme de Montini, les cardinaux jurent de défendre le pape jusqu’à verser leur sang. Sur ce point, le cardinal recommandait « de lire un grand intellectuel : Josef Seifert ».


“Quoi qu’il en soit, la rapidité avec laquelle le cardinal a été enterré est surpenante”.
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Le cardinal a aussi confié à son interlocuteur qu’il se sentait surveillé et qu’il était convaincu que ses communications étaient interceptées. Le cardinal Caffarra n’était pas homme à avoir peur. Mais il disposait manifestement d’indices et d’informations concrets. « Il m’a dit qu’il savait que les quatre cardinaux qui avaient rédigé les dubia était surveillés, qu’on s’en prenait à leurs communications et qu’ils ne pouvaient rien faire de plus que de chercher des moyens de communication plus sûrs ».

« Ceci n’est ni une nouveauté ni une bizarre théorie du complot », explique Ariza. « Comme l’a écrit l’un des vaticanistes les plus réputés, Edward Pentin, dans un article pour le National Catholic Register au début du scandale des Vatileaks, la mise sur écoute est un procédé largement répandu dans la curie romaine ».

“J’ai moi-même expérimenté qu’un motocycliste observait la porte de la maison d’un cardinal en vue et notait quand celui-ci recevait de la visite et le temps que durait celle-ci. En tous les cas, la précipitation avec laquelle, après la mort du cardinal, on a procédé à ses funérailles a surpris”, dit Gabriel Ariza.