Benoit-et-moi 2017
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Le cardinal Müller quitte la CDF

Fait remarquable: son mandat de 5 ans arrivait à expiration exactement le 2 juillet 2017. Il est remplacé par un inconnu, Luis Francisco Ladaria Ferrer, l'actuel secrétaire de la CDF, nommé par Benoît XVI. L'hypothèse de Marco Tosatti (1/7/2017)

La rumeur circulait depuis quelque temps, et de façon plus insistante récemment.

Lorenzo Bertocchi écrivait ce matin sur la Bussola:

Ce n'est certes pas pour limite d'âge que le terme du cardinal est arrivé à échéance et qu'il a été remplacé, il a tout juste 69 ans. Il y a d' autres prélats de la Curie qui, bien qu'ayant franchi le seuil fatidique des 75 ans, continuent d'occuper des postes importants; comme le cardinal Francesco Coccopalmerio qui a 79 ans et est président du Conseil pontifical pour les textes législatifs depuis Février 2007. Pour Müller, si tout est confirmé, le remplacement devrait intervenir exactement à la date limite, le 2 Juillet 2017 (ndt: il a été nommé par Benoît XVI précisément le 2 juillet 2012), pas un jour plus, ni un de moins.

Il y avait urgence, en effet!!!
Après la mise sur la touche du cardinal Pell, cela fait deux changements majeurs à la Curie. Toujours dans le sens de la continuité, continueront à dire les bergogliens???

Mais voici l'ypothèse intéressante de Marco Tosatti:

Müller libre, une bombe à retardement.

Marco Tosatti
1er juillet 2017
Ma traduction

* * *

Qui sait si la non-confirmation du cardinal Gerhard Müller, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, et son éventuel retour en Allemagne, peut-être sans affectation spécifique, «sine officio» selon le terme officiel, est une initiative avisée du Pape régnant? En vieux joueur d'échecs, nous avons quelques doutes.

Mais quand on n'en peut plus, on n'en peut plus, et au diable les calculs politiques rationnels. Le Pape Bergoglio ne raffolait pas - nous utilisons un euphémisme - du cardinal allemand. Il paraît qu'il y a longtemps, il avait même demandé à son Emérite, en passant, si le changement en cours du titulaire de la Foi serait possible, ou praticable. Obtenant la réponse: le pape peut faire ce qu'il veut, mais ce serait certainement un scandale. Alors, on s'était imposé la patience.

Laquelle toutefois n'avait rien changé à la substance du non-amour, au contraire. Le pape ne perdait pas une occasion pour montrer toute sa distance avec la Congrégation de la Foi, qui devrait être son aide principale; en particulier dans le cas d'un pape qui en théologie, comme il l'admet lui-même, ne touche pas grand-chose. Les épisodes de ce genre ne se comptent plus. Il suufit de se rappeler, comme l'un des derniers épisodes, le licenciement de trois collaborateurs sans motif (cf. benoit-et-moi.fr/2016/actualite/mais-ce-pape-il-est-bon). Et en arrière-plan, bien sûr, il y avait et il y a Amoris Laetitia. Les dizaines et les dizaines d'observations que la Congrégation a envoyées au pape avant la publication du texte ont été largement ignorées et n'ont de toute façon pas reçu de réponse. Et l'entourage du pape a nourri le soupçon que les cardinaux des Dubia avaient la sympathie du Préfet de la Foi.

Et là, nous en revenons à la question initiale: est-ce un coup intelligent? Müller, durant toutes ces années, tout en insistant sur le fait que l'Exhortation apostolique devait être lue à la lumière de la tradition, et en réaffirmant, encore récemment, que les personnes divorcées et remariés ne peuvent avoir la communion que si elles vivent comme frère et sœur, par loyauté au Pape , quel qu'il soit, a mis un frein à ses sentiments et ses expressions.

Maintenant qu'il est un homme libre, et vraiment libre, si, comme cela semble être le cas, il n'aura aucun rôle officiel, les rangs des critiques d'Amoris Laetitia et de ses interprétations les plus ouvertes pourraient s'enrichir d'une personnaliaté de grand poids et de grand prestige. Si j'étais le pape, peut-être que je préfèrerais un Muller attaché à la laisse de la loyauté que libre et sans lien.

[Tosatti cite ensuite des noms qui circulaient pour la succession, Schönborn, Victor Manuel Fernandez, Bruno Forte, et l'actuel secrétaire de la CDF, dont on a su dans la journée - avec une hâte sans précédent - qu'il avait finalement été choisi par le Pape: à l'évidence un choix dicté par le souci de ne pas pas avoir l'air de faire un coup de force, les autres noms de la liste étant décidément trop voyants, voire clivants].

Le jésuite Luis Francisco Ladaria Ferrer [est] professeur de théologie dogmatique à la Faculté de Théologie de l'Université pontificale grégorienne et vice-recteur de l'université; il a également été secrétaire général de la Commission théologique internationale. Depuis 2008, il a été nommé secrétaire de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, et le 2 Août 2016, il a été nommé président de la Commission d'étude sur le diaconat des femmes.