Benoit-et-moi 2017
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Le tubercule et la fleur de pomme de terre

Un titre énigmatique pour une réflexion profonde en forme de parabole d’un blogueur espagnol : en bref, François n'est que le symptôme d'un mal plus profond dans l'Eglise, et son pontificat pourrait être l'occasion d'une catharsis (5/3/2017)

Bergoglio n’est pas plus que la blanche fleur de la pomme de terre. Le problème ce n’est pas lui. Le problème c’est le tubercule qui est en dessous. En d'autres termes, Bergoglio est l’exposition honteuse de la réalité de l’Église Catholique, et il me semble sain que cela sorte en plein jour. Tant que le pus est caché et ne se manifeste pas, l’infection continue son chemin dévastateur.
(...)
Ce qu’il faut c’est s’attaquer à la pomme de terre et non pas s’amuser à couper la fleur.


(Carlota)
Voici un texte écrit par un blogueur argentin très hostile au pape François, qui me semble avoir une vision très réaliste de la situation …Ce serait en effet tellement plus facile de pouvoir mettre tout sur le dos du Souverain Pontife. Mais les causes de la situation inquiétante que nous avons sous les yeux sont à rechercher bien plus loin en amont.

Flor de papa (*)

(*) Carlota a conservé le titre en espagnol (c’est un jeu de mot intraduisible), l’explication apparaîtra dans l’article

caminante-wanderer.blogspot.fr
3 mars 2017
Traduction de Carlota

* * *

Muriel Spark disait que les mensonges sont comme des mouches qui volent de ci de là aspirant le sang du cerveau des personnes sur lesquelles elles se posent. La critique continue et inquiétante de Bergoglio peut nous soumettre à ce même genre d’insectes. Je ne suis pas en train de souffrir du syndrome de Stockholm ni d’une quelconque autre ville suédoise. Je réfléchis, tout simplement.

Comme le disait bien un commentateur, nous concentrer sur la critique acharnée de Bergoglio nous fait perdre la perspective. Ou bien fait que nous nous concentrons sur la fleur blanche de la pomme de terre (NDT: en espagnol d’Amérique, la pomme de terre se dit papa, donc évidemment jeu de mots entre le pape et sa soutane blanche) et que nous oublions que, en réalité, le plus dangereux et le plus important, c’est le tubercule qui est enterré et que nous ne voyons pas. Je ne dis pas que nous devons rester sans rien dire face à la vulgarité de la fleur de la pomme de terre, mais que cela ne vaut pas la peine que nous commencions tous les mois une bataille planétaire pour l’éradiquer. Il s’agit d’avoir un peu de patience. Le soleil l’asséchera en son temps, un temps qui viendra plus tôt que tard, ou bien, quelques autres plantes voraces finiront pas l’étouffer (à ce propos, hier une note du Times de Londres est parue, dans laquelle Philip Willan, correspondant à Rome, affirme que beaucoup de cardinaux qui ont voté pour Bergoglio, de même toute la Curie, sont en train de prendre des distances avec lui et veulent le persuader de se retirer pour éviter un schisme possible. Un membre de la Curie que le Times cite sans dire son nom dit que bien que le malaise existe, il ne croit pas possible de faire pression sur ce Pape [mais celui d’avant, oui?] du fait de son caractère autoritaire jusqu’à ce qu’il en finisse des réformes révolutionnaires qui sont tenues dans les dossiers, et qui, - selon cette source, causent un dommage énorme) [voir sur ce site Le scoop d’Antonio Socci, car c’est lui, l’origine de la « rumeur »].

Revoyons les deux regroupements les plus importants de ces derniers mois contre la blanche fleur de la pomme de terre:

1. Les Quatre Mousquetaires avec leurs dubbia. Rien ne s’est passé, rien ne se passera. Tout cela n’a abouti à rien. Bergoglio n’a pas daigné répondre et il ne le fera certainement pas. Toute cette pagaille n’a en fait servi qu’à mettre le feu au bûcher pour le cardinal Burke, et à ce que beaucoup d’évêques qui auraient discrètement interdit la communion aux remariés dans leur diocèse, aujourd’hui marchent à tâtons et avec leurs propres doutes, afin de ne pas rester scotchés aux cardinaux interrogateurs et rebelles. Nous savons bien que le courage n’est pas une caractéristique épiscopale et beaucoup ont peur de s’opposer et de miser sur la doctrine de l’Évangile, tout simplement parce qu’ils ont peur d’être « miséricordiés » (ndt néologisme utilisés depuis peu par les hispanophones pour dire renvoyés).

2. La grande déclaration de guerre des chevaliers de l’Ordre de Malte. Ce ne fut qu’une bravade qui s’est terminé en scénette de comédie : le Grand Maître renonçant au premier cri de Bergoglio. Le résultat c’est l’incinération complète du cardinal Burke, qui ne servira même plus pour faire usage de la capa magna, et le démantèlement de l’Ordre de Malte. Je parie que pendant la période de « normalisation » qu’il traverse, les statuts seront changés afin de supprimer l’exigence d’un Grand Maître, chevalier de justice, ce qui fera que l’Ordre cessera d’être religieux, et sera un rival de la Croix Rouge.

Je prédis que le dernier scandale en cours, - la demande de démission de Mgr Paglia (Un archevêque très "border line") et de Mgr Sánchez Sorondo -, se terminera de la même façon, ou en pire. Qui peut imaginer que Bergoglio, - oui, Bergoglio lui-même! -, se laisse impressionner par la demande de cinq cents fidèles et trois associations ? Il en mourra de rire tout un prenant son maté avec "Tucho" Fernández [alias Victor Fernandez, sherpah et ghost writer de François, notamment pour Amoris Laetitia]. Évidement qu’il faudrait envoyer Paglia et surtout Sánchez Sorondo, comme confesseurs dans un quelconque carmel de la zone la plus inhospitalière d’Afrique, mais la manière de le faire n’est pas de réclamer à grands cris leurs démissions depuis une tour de guet médiévale. Que prétend-on obtenir de cette façon? Le succès de la demande? Ou bien une position sur le devant de la scène?

Une fois de plus: Bergoglio n’est pas plus que la blanche fleur de la pomme de terre. Le problème ce n’est pas lui. Le problème c’est le tubercule qui est en dessous. En d'autres termes, Bergoglio est l’exposition honteuse de la réalité de l’Église Catholique, et il me semble sain que cela sorte en plein jour. Tant que le pus est caché et ne se manifeste pas, l’infection continue son chemin dévastateur. Paul VI et Jean-Paul II avec des documents plus ou moins orthodoxes et avec des gestes plus ou moins élégants, couvraient la pourriture qu’il y avait en dessous. François la montre presque avec orgueil dans chacune de ses paroles et de ses attitudes. Cela rappelle le «jour du pauvre» institutionnalisé par les kirchnéristes : « je suis pauvre et alors ». (NDT: instauré en 2014 à l’époque de la présidence argentine de Cristina Kirchner, se fête le 7 octobre, date anniversaire de la naissance du prêtre ouvrier Carlos Mugica)

C’est pour cela que le pontificat de François peut être l’occasion d’une véritable rénovation catholique de l’Église. S’il reste encore une histoire (comme le notent différents commentateurs, il se peut que nous soyons déjà arrivés à la fin [de l’histoire]), le prochain pape aura l’occasion de construire de nouveau ce qui a commencé à se crevasser à Trente (NDT: en référence à la cause de la réunion de ce concile, donc Luther !), à s’écrouler depuis moins d’un siècle et demi et qui a fini de s’effondrer dans les années soixante durant le fatidique Concile.
Ce qu’il faut c’est s’attaquer à la pomme de terre et non pas s’amuser à couper la fleur.