Benoit-et-moi 2017
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Quand le cardinal Sarah défie le Pape

... et persiste et signe. Lors d'un Congrès international sur la Liturgie à Milan, il ne craint pas d'aborder les questions qui fâchent: attaques pesantes contre Benoît XVI, célébration de la messe "vers l'Orient", agenouillement devant le Saint-Sacrement, réception de la communion sur la lange... (7/6/2017)

La Pape a dû entendre ses oreilles siffler.

Le cardinal Sarah s'en est pris d'abord expressément (quoique sans le nommer) à Andrea Grillo, le "théologien" ami de François qui avait attaqué violemment Benoît XVI pour avoir osé écrire une préface à son livre.
Voir à ce sujet:

Mais ce n'est pas tout.
On se rappelle peut-être qu'à la suite d'une conférence sur la liturgie que le cardinal avait donnée à Londres en juin 2016, où il avait déjà évoqué la célébration de la messe "versus orientem", le Père Lombardi (qui arrivait au terme de ses fonctions comme porte-parole du Saint-Siège ) s'était hâté de faire une mise au point, qui équivalait à un désaveu nstantané de ses propos par le Pape lui-même.
Le communiqué de presse publié alors évoquait la "volonté expresse" de François que:

«la forme extraordinaire, qui a été permise par le pape Benoît XVI, ne prenne pas la place de celle 'ordinaire'[...] il vaut mieux éviter d’user de l’expression "réforme de la réforme", en se référant à la liturgie, puisqu’elle a été parfois source d’équivoques. Tout ceci a fait l’objet d’un commun accord au cours d’une récente audience concédée par le pape au même cardinal Préfet de la Congrégation du Culte Divin»

On pourra relire à ce sujet deux articles très éclairants du P. Scalese:

Par ailleurs, le ferme rappel de l'obligation de s'agenouiller devant le Saint-Sacrement, évoquant à ce sujet l'attitude d'un Jean-Paul II perclus de douleurs, qui jusqu'à la fin, au prix de grandes souffrances, a tenu à donner l'exemple, est très clairement une admonestation sévère au Pape actuel, qui excipe de problèmes de hanches pour s'obstiner à ne PAS le faire.

«Celui qui a attaqué BXVI est diabolique: il démolit l'Eglise»

Lorenzo Bertocchi
6 juin 2017
www.lanuovabq.it

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C'est avec le discours inaugural prononcé hier par le cardinal Robert Sarah qu'ont commencé les travaux du Congrès international "Liturgie Sacrée", quatre journées qui verront la participation de conférenciers du monde entier. Cette année, la rencontre se tient à Milan et le discours prononcé hier à l'Aula Magna de l'Université catholique par l'actuel préfet de la Congrégation pour le Culte Divin était particulièrement attendu.

Le discours d'ouverture par Mgr Dominique Rey, évêque de Toulon, a rappelé la postface que le pape émérite Benoît XVI a écrite à l'édition allemande du livre de Sarah, "La Force du Silence". Comme nous le savons, ce court texte de Joseph Ratzinger a fait perdre la boussole à un certain personnage intéressé par le sujet, qui s'est laissé aller à des jugements pesants contre la personne de Benoît XVI et du Préfet.

«Je prie avec dévotion» a dit Sarah en commençant son discours, «pour ceux qui ont le temps et la patience de lire ce livre [La force du silence]: puisse Dieu les aider à oublier la vulgarité et la bassesse utilisées par certaines personnes quand ils se réfèrent à la "Préface" et à son auteur, le Pape Benoît XVI. L'arrogance, la violence du langage, le manque de respect et de mépris inhumain pour Benoît XVI sont diaboliques et couvrent l'Église d'un manteau de tristesse et de honte. Ces personnes démolissent l'Église et sa nature profonde. Le Chrétien ne se bat contre personne. Le Chrétien n'a pas d'ennemis à vaincre.

L'intervention du cardinal s'est ensuite développée, essayant de se concentrer sur le thème à plusieurs reprises exprimé par Joseph Ratzinger sur le fait que l'Eglise tient debout et tombe par la liturgie. Pour le comprendre, il a attiré l'attention sur trois questions: Qui est Jésus-Christ? - Comment connaître Jésus-Christ? - Qu'est-ce qu'un chrétien?

NE PAS SEPARER LE CHRIST DE L'HISTOIRE DU CHRIST DE LA FOI
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Dans la liturgie, «nous ne célébrons pas le "Jésus de l'histoire" et pas non plus "le Christ de la foi". Nous reconnaissons humblement le Christ ressuscité comme Dieu, notre Seigneur. Il ne doit pas être démythifié et éloigné de tout ce qui concerne notre foi, en dépit de la valeur académique de cette séparation, elle ne peut pas être considérée comme une entreprise légitime dans le culte de l'Eglise. Quand nous célébrons la Liturgie Sacrée, nous participons à l'adoration du Christ devenu homme pour notre salut, pleinement humain et pleinement divin ». Par conséquent, souligne Sarah, «la liturgie ne peut pas devenir la simple célébration de la fraternité, mais elle doit devenir culte de Dieu».

LE CHRIST SE RENCONTRE DANS L'ÉGLISE
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En tant que personne vivante, le Christ se rencontre dans l'Église. «Notre relation avec le Christ part de l'unique vraie Église qu'il a fondée dans ce but. Comme le Pape Benoît XVI l'a dit: "Le Christ, nous le découvrons, nous le connaissons en tant que personne vivant dans l'Église. Elle est son corps"».
Aujourd'hui, a-t-il ajouté, «cette réalité est niée, parce qu'on accepte Jésus, mais pas l'Eglise. La rencontre personnelle est une graine qui ne parvient pas à mûrir et à porter ses fruits toute seule parce qu'elle a besoin de se nourrir de la vie de l'Eglise».
Ainsi, le cardinal a fait référence à l'appel que Jean-Paul II fit à Sydney en 1996, s'adressant aux baptisés: "Revenez à la maison". Il est vrai, en effet, que beaucoup de baptisés sont absents de la liturgie, et ce fait est considéré par Sarah comme «un scandale constant et grave dans l'Eglise, qui met en danger leur vie éternelle. Si nous disons aux gens de revenir, il faut être sûr que la Sainte Liturgie est faite comme l'exige l'Eglise».

En ce qui concerne ce qu'on nomme la «réforme de la réforme», le cardinal a dit qu'«il est nécessaire d'examiner cette question avec urgence. Dans certains milieux, il y a une séparation entre "ancien" et"nouveau" [rite], cette opposition ne peut pas continuer. La liturgie ne peut être modifiée à chaque développement ecclésiologique. L'Eglise avant et après le Concile n'a pas deux identités séparées».

ÊTRE TOURNÉS VERS LE CHRIST
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Le cardinal a ensuite rappelé quelques mots de saint Ambroise adressée aux baptisés: «Souviens-toi des questions qui t'ont été posées, pense à la réponse: tu te tournes vers l'Orient, parce que celui qui renonce à Satan regarde le Christ en face» (De Mysterii). «A travers l'adoption d'une posture physique commune, de profonde signification, aux côtés de ses frères, le néophyte prend sa place en tant que chrétien dans le culte de l'ecclesia. J'ai parlé à plusieurs reprises de l'importance de récupérer cette orientation, d'être tournés vers l'est au cours de la célébration de la liturgie aujourd'hui, et je maintiens ce que je disais. Je voudrais simplement noter que dans les paroles de saint Ambroise nous pouvons apprécier le vrai pouvoir, la beauté, et aussi la signification de regarder vers l'est. De cette façon, nous sommes unis dans l'Eglise qui s'adresse au Seigneur pour l'adorer, pour regarder le Christ "face à face"».

En fin de compte, «un Chrétien est une personne qui prend sa juste place dans l'assemblée liturgique de l'ecclesia, qui tire de cette source la grâce et l'instruction nécessaires à la vie chrétienne. Ces personnes commencent à pénétrer et ainsi à vivre de plus en plus les mystères profonds transmis par la Sainte Liturgie. C'est pourquoi prendre part à la liturgie sacrée demeure essentiel pour le chrétien».

COMMUNION DANS LA BOUCHE ET À GENOUX
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«Aujourd'hui, je voudrais expressément proposer de réfléchir et de promouvoir la beauté, le caractère approprié et la valeur pastorale d'une pratique développée au cours de la longue vie et de la tradition de l'Eglise, à savoir, l'acte de recevoir la sainte communion sur la langue à genoux. Si saint Paul nous enseigne que "au nom de Jésus, que tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et en enfer» (Ph 2:10), combien plus devons-nous plier les genoux lorsque nous recevons le Seigneur dans l'acte sublime et intime de la Sainte Communion».

Pour réfléchir à cette question tellement délicate, le cardinal a proposé à l'assistance l'exemple de deux saints, Jean-Paul II et Mère Teresa de Calcutta. «Toute la vie de Karol Wojtyla a été marquée par un profond respect pour la sainte Eucharistie. (...) Aujourd'hui , je vous demande simplement de repenser aux dernières années de son ministère, un homme marqué dans son corps par la maladie, mais Jean-Paul II n'est jamais resté assis devant l'Eucharistie. Il s'est toujours imposé de se mettre à genoux. Il avait besoin de l'aide des autres pour plier les genoux, puis se relever. Jusqu'à ses derniers jours , il a voulu nous donner un grand témoignage de la vénération du Saint-Sacrement».

Mère Teresa touchait «certainement chaque jour le "corps" du Christ présent dans les corps dévastés des plus pauvres. Cependant, avec émerveillement et une vénération respectueuse, elle a décidé de ne pas toucher le Corps du Christ transsubstantié. Au lieu de cela, elle l'adorait. Elle le contemplait en silence. Elle se mettait à genoux et se prosternait devant Jésus dans l'Eucharistie. Et elle la recevait comme un petit enfant humblement nourri par son Dieu. Voir des chrétiens recevoir la sainte communion dans la main la remplissait de sa tristesse et de douleur. Elle-même disait: "Quand je vais dans le monde, la chose qui m'attriste le plus est de voir les gens recevoir la communion dans leurs mains"».

Sarah s'est dit conscient du fait que «la législation actuelle contient l'indult pour recevoir l'Eucharistie debout et dans la main, mais la recevoir à genoux et sur sa langue est la norme des catholiques de rite latin».