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Trump, l'antéchrist

Socci souligne la convergence objective Obama-François, et s'interroge sur le rejet de Trump (23/1/2017)

Pourquoi Bergoglio était affectueux avec les despotes chinois et avec Fidel Castro, mais féroce avec Trump.

www.antoniosocci.com
22 janvier 2017

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Donald Trump , dans son discours d'investiture, a invoqué à plusieurs reprises Dieu et la Bible (sur laquelle il a prêté serment comme président). L'inspiration chrétienne est typique de la tradition populaire américaine et Trump - qui habituellement, dans ses discours, touche d'autres thèmes, très concrets, de la vie quotidienne des gens - a choisi en cette occasion solennelle de se mettre sur la longueur d'onde de la profonde sensibilité religieuse du peuple américain .
Un signal politique d'opposition à l'idéologie fortement laïciste de l'establishment «liberal» qui, ces dernières années, a dominé et que - dans ce discours - il a brutalement expulsée du «palais» avec le slogan: rendons le pouvoir au peuple.
Bref, Trump a voulu être, jusque dans les références symboliques, du côté des gens simples et contre les élites, lesquelles le méprisent lui et la foi du peuple.
C'est un tournant culturel. Beaucoup ont souligné, en effet, un signal venu quelques minutes après l'installation: les pages dédiées aux luttes LGBT et au réchauffement climatique, les deux piliers de l'idéologie «liberal» d'Obama, ont été supprimées du site de la Maison Blanche (www.whitehouse.gov/ ).
Toute la cérémonie de vendredi, commencée par un rite religieux dans l'église St John, était remplie de références chrétiennes.

FOUDRES BERGOGLIENNES
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Pourtant, hier, sur «Repubblica», Alberto Melloni, bergoglien influent, a écrit que le discours de Trump contient «une très dure première réponse à François» et ce fait représente déjà «une politique religieuse».
En réalité, c'est Bergoglio qui a attaqué Trump le premier, et non l'inverse. En effet, ce pape, qui a eu des gestes et des paroles d'estime et d'affection pour des dictateurs communistes comme Fidel Castro et les despotes chinois, a, contre toute attente, fait irruption dans l'arène politique pendant les primaires US, allant jusqu'à accuser Trump ne pas être «chrétien» .
Et on a vu dans cette attaque l'intention claire de lui faire du tort, lui aliénant le vote catholique.
Le prétexte de cette invasion de terrain insolite était la proposition de Trump de construire un mur à la frontière avec le Mexique, et d'expulser les clandestins.
Mais il s'agissait - justement - d'un prétexte, parce que ce que Trump manifestait comme un intention, Obama l'avait fait (il avait expulsé deux millions et demi de personnes), sans que Bergoglio s'indigne (1).

Aussi Obama et Clinton sont des partisans convaincus de l'avortement, et des soutiens des luttes LGBT, alors que Trump est sur la ligne des valeurs traditionnelles, toujours défendues par l'Eglise. Et pourtant Bergoglio avait un rapport d'estime et de collaboration avec Obama, qui à son tour l'a exalté de toutes les façons, alors qu'il est hostile à Trump.
A la vérité, les électeurs catholiques s'ent sont moqués et ont voté en majorité pour Trump. Et pas seulement. Les évêques américains, quelques jours après les élections, ont choisi comme leur président, non pas le candidat «progressiste» de Bergoglio, mais un cardinal ratzingérien (2).

UN PAPE "OBAMIEN"
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Cette orientation de l'Église américaine a toujours déplu à l'establishment du Parti démocrate, où, autour de 2011, à l'époque de Benoît XVI, comme l'a révélé Wikileaks, on cultivait des projets de «révolution progressiste» dans l'Église catholique (3); on a appris plus tard que même George Soros - après l'élection de Bergoglio, et lors de son voyage aux Etats-Unis - a «soutenu» ceux qui voulaient «déplacer» les évêques américains en faveur de Bergoglio, dans l'Eglise, et de la Clinton dans la présidentielle (4).

Le Pape argentin est monté sur le trône pontifical en 2013, faisant sien, dans la pratique, l'agenda d'Obama: c'est-à-dire laissant de côté les «principes non négociables» et les remplaçant par les thèmes «politiquement corrects» de l'écologie, de la rencontre oecuménique avec l'Islam et de l'immigrationisme.
Aujourd'hui, l'arrivée de Trump rend le pape argentin orphelin. Hier en effet, l'Osservatore Romano a commenté son discours en ces termes: «une forte discontinuité avec le passé récent de la politique américaine».
Bergoglio n'a plus son grand point d'appui politique d'outre-atlantique. Ainsi, lui et Trump, selon Melloni, vont initier une bataille historique ( «nous sommes aux premières minutes d'un duel qui sera dur»).

UN PAPE IDÉOLOGISÉ
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A entendre Melloni il s'agit d'un choc «théologique». Il vaudrait peut-être mieux dire idéologique. Les arguments sociaux ou politiques brandis par Bergoglio dans son message formel (attention aux derniers, accueil) (5) sont, une fois de plus, de pures bannières idéologiques .
En réalité, le discours du président américain était tellement social et solidaire qu'il a été accusé de «populisme»: entièrement du côté des Américains au chômage, des marginalisés, des familles de la classe moyenne appauvries par la crise, entièrement du côté du peuple contre les élites.
Même les quelques lignes sur la politique internationale auraient dû trouver un consensus au Vatican: assez de guerres (faussement) humanitaires qui produisent de morts et des réfugiés, assez avec la (feinte) exportation de la démocratie qui dépense en armes ce qui devrait êter dépensé en services pour Américains .
Mais cela n'intéresse pas Bergoglio: nos gens n'intéressent ni «les élites progressistes», ni lui qui ne se passionne que pour les bannières idéologiques du «progressisme» comme les migrations, l'écologie fanatique et l'étreinte avec l'islam.
Ce qui déclenche l'affrontement avec Bergoglio, c'est que Trump met fin à la dictature du «politiquement correct» qui était la religion obamienne et bergoglienne.
L'article de Melloni promet donc de nouveaux anathèmes du Vatican. Similaire à celui du pape lancé pendant les primaires, quand le "Daily News" a fait une couverture avec une photo de Trump et le titre: «Antichrist!» .
Sauf que, Trump - que cela plaise ou non - est juste un président américain, franc et résolu, qui travaille pour l'intérêt de son peuple et n'a rien en commun avec la figure apocalyptique.

L'ANTÉ(TI)CHRIST
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Au contraire, selon une importante tradition chrétienne, la figure de l'Antéchrist (sa personnification la plus insidieuse) se présentera sous la forme subtile et attrayante des bons sentiments humanitaires et œcuméniques .
Par exemple dans le célèbre livre de RH Benson, «Le Maître du Monde», que Bergoglio connaît et qu'il a déjà cité, «Le Grand Adversaire de Jésus se présente sous la forme d'un "humaniste", d'un maître de tolérance, de pluralisme, d'irénisme œcuménique. Un empoisonneur souriant, donc, plus qu'un opposant tonitruant à l'Évangile. Quelqu'un qui vide de l'intérieur, plutôt qu'un assaillant de l'extérieur» (Messori) (6).
Il renvoie à l'antique Ephrem (7) selon lequel l'Imposteur «subtilement, plaira à tous, sera aimable avec tous, calme en toute chose, refusant les cadeaux, de sorte que tout le monde le louera en s'exclamant: "Voilà un juste!"».

Il y a ensuite la représentation de Soloviev, dont l'actualité a été soulignée par le Cardinal Biffi au cours des exercices spirituels qu'il prêcha à Benoît XVI.
L'Antéchrist pour l'écrivain russe sera un philanthrope fascinant qui enchantera tout le monde, pacifiste, végétarien, animaliste, un oecuménique qui réunira toutes les religions, se croyant meilleur que Jésus-Christ (8).
La mystique Maria Valtorta (9) identifie même ce Grand Imposteur comme un ecclésiastique et le situe dans une crise terrible dans l'Eglise.
(...)

Bref, la diabolisation de Trump par le Vatican serait tout à fait inappropriée.
Le terrible danger pour l'Eglise, a toujours été à l'intérieur. Il attaque la foi. Comme par ailleurs nous ont mis en garde tous les derniers papes, de Pie XII à Paul VI, de Jean-Paul II à Benoît XVI.

NDT

(1) http://www.lesechos.fr/10/02/2014/LesEchos/21623-037-ECH_etats-unis---un-record-des-expulsions-d-immigres.htm

(2) Il s'agit du cardinal Daniel DiNardo, archevêque de Galveston-Houston au Texas. Ce que disait La Croix : http://www.la-croix.com/Religion/Monde/Les-eveques-americains-posent-garde-fous-Trump-2016-11-16-1200803567

(3) Ce fait a été évoqué ici: http://benoit-et-moi.fr/2016/actualite/vers-un-printemps-catholique.html

(4) http://benoit-et-moi.fr/2016/actualite/largent-de-soros-aussi-pour-le-pape.html

(5) http://www.la-croix.com/Monde/Ameriques/Le-pape-Francois-appelle-le-president-Trump-a-se-soucier-des-pauvres-2017-01-21-1200818976

(6) Ce très intéressant texte de Vittorio Messori est tiré de son livre de 1992 "Pensare la storia" (http://www.kattoliko.it/leggendanera/modules.php?name=News&file=print&sid=142)

(7) Il s'agit sans doute de saint Ephrem le Syrien, théologien du IVe siècle (https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89phrem_le_Syrien). Vittorio Messori faisait allusion à un texte découvert par Carl Schmitt "nell’Efrem latino", dans le "Sermo de fine mundi", évoquant la figure du "Grand Imposteur" Les lecteurs intéressés trouveront peut-être des éléments ici http://nouvellejerusalem.forumactif.com/t5050-les-croyances-des-peres-de-leglise-primitive-au-sujet-de-lantechrist (c'est tout ce que j'ai trouvé en français)

(8) http://benoit-et-moi.fr/2015-II/actualite/lantechrist-et-la-prophetie-de-soloviev.html

(9) Maria Valtorta (1897-1961) est une mystique catholique italienne membre du tiers ordre des Servites de Marie.
Elle est notamment l'auteur d'un livre en plusieurs volumes, "L'Évangile tel qu'il m'a été révélé", qui évoque des scènes de la vie du Christ qu'elle dit recevoir par visions ... (https://fr.wikipedia.org/wiki/Maria_Valtorta)
Ses "visions" n'ont à ce jour jamais été reconnues par le Vatican.
Ici le passage ausquel Socci fait allusion, sur "l'Antéchrist et la grande persécution": http://www.maria-valtorta.org/Thematiques/Temps.htm