La courageuse troisième lettre de Mgr Vigano

Un prélat américain, prêtre du diocèse de Washington, Mgr Charles Pope dit sa gratitude à Mgr Vigano "pour la dose de religion des temps anciens qu'il nous a donnée". Son témoignage, qu'on peut lire sur le site NCR, est repris et commenté par AM Valli (24/10/2018).

>>> Nous l'avons déjà rencontré ici benoit-et-moi.fr/2016
>>> Ici, le blog de Mgr Pope: blog.adw.org/author/cpope/

Dans l'Eglise du politiquement correct, Vigano remet au premier plan le jugement de Dieu


Aldo Maria Valli
www.aldomariavalli.it
24 octobre 2018
Ma traduction

* * *

«Quand j'ai achevé de lire le troisième témoignage de l'archevêque Carlo Maria Viganò, j'ai tout de suite eu l'impression que je venais de lire quelque chose qui est destiné à rester un des grands moments pastoraux et littéraires de l'histoire de l'Église. Il y a dans ce document un air de grandeur que je ne peux pas décrire complètement. J'ai été ébahi par sa qualité sotériologique, par son rappel émouvant et pourtant clair du jour de notre jugement. Aujourd'hui, nous n'entendons presque jamais des évêques ou des prêtres parler ainsi».

Le commentaire est de Mgr Charles Pope, qui écrit ces mots dans le National Catholic Register à propos du dernier témoignage rendu public par l'ex-nonce apostolique aux États-Unis, Carlo Maria Viganò.
Mgr Charles Pope, doyen et pasteur de l'archidiocèse de Washington, réaffirme non seulement qu'il trouve crédibles les évaluations et les accusations de Viganò, mais il souligne aussi ce qu'il appelle la «qualité sacerdotale» qui émerge du texte.

«Pour commencer - écrit-il - il [Mgr Viganò] est bien conscient de la condition morale des âmes. L'archevêque met en garde contre le danger que représentent pour les âmes des fidèles le silence et les actions confuses de nombreux évêques et prêtres et du pape lui-même. Il regrette que tout cela, ajoouté à la sous-culture homosexuelle dans l'Église, continue à causer de graves dommages à l'Église, à beaucoup d'âmes innocentes, à beaucoup de jeunes prêtres et aux fidèles en général».
«Il y a longtemps, observe Charles Pope, et dans un monde qui semble être une galaxie lointaine, ce qui ressort du témoignage de Viganò étaient les préoccupations premières et fondamentales de la plupart des prêtres, qui se souciaient de la santé morale des âmes, y compris la leur. Aujourd'hui, au contraire, beaucoup d'évêques et de prêtres, ainsi que d'autres dirigeants de l'Église et d'ailleurs, comme de nombreux parents, plutôt que la condition morale réelle semblent beaucoup plus concernés par les sentiments et la félicité émotionnelle des personnes qui leur sont confiées».

Ce qui préoccupe le plus les pasteurs, dénonce Pope, c'est le caractère politiquement correct de ce qu'ils disent. Qu'une personne soit heureuse et affirmée est apparemment plus important aujourd'hui que l'appel au repentir et à la guérison en vue du jour du jugement. Le bonheur apparent et éphémère éclipse le bonheur vrai et éternel. Il y a en outre un silence assourdissant face au péché. Tout cela est le symptôme d'une «perte de foi» et d'un «universalisme édulcoré» selon lequel tous, ou la grande majorité, sont destinés au ciel, tandis que la possibilité de l'enfer est presque totalement rejetée et rarement prêchée.

Dans ce contexte, écrit Pope, les paroles de l'archevêque Viganò résonnent comme celles d'un pasteur «d'autrefois»: il prend au sérieux les avertissements de Jésus sur le jour du jugement et le besoin impératif de décider qui nous voulons servir, Dieu ou le monde, l'Evangile ou la culture populaire.
La fin du témoignage a particulièrement frappé Pope, pour la façon dont il fait appel aux autres pasteurs.

«Vous pouvez choisir de vous retirer de la bataille, de continuer dans la conspiration du silence et de détourner le regard de l'avancée de la corruption. Vous pouvez inventer des excuses, des compromis et des justifications qui retardent le jour de l'épreuve de force. Vous pouvez vous consoler avec la duplicité et l'illusion qu'il sera plus facile de dire la vérité demain et après-demain.
Ou bien vous pouvez choisir de parler. Faites confiance à Celui qui nous a dit: "La vérité vous rendra libres". Je ne dis pas qu'il sera facile de choisir entre le silence et la parole. Je vous exhorte à considérer quel choix sur votre lit de mort et devant le juste Juge vous ne regretterez pas d'avoir pris».
(cf. Mgr Vigano répond au cardinal Ouellet)


Ce sont là, dit Mgr Pope, des mots «puissants». Ils rappellent saint Jean Chrysostome, le pape saint Grégoire le Grand, saint Alphonse Marie de Liguori. «Je ne me souviens pas d'avoir entendu souvent un évêque moderne ou même un prêtre qui parlait de cette façon».
«Beaucoup de fidèles qui m'écrivent - ajoute Pope - disent que leurs prêtres et leurs évêques ne mentionnent jamais le péché mortel, l'enfer ou le jugement. Et s'ils prêchent sur le péché, ils se servent d'abstractions et s'appuient sur des généralités, ils recourent à des euphémismes et à certains termes tels que "injustice" et "blessure". Dans sa lettre, au contraire, l'archevêque Viganò écrit comme s'il n'avait jamais pris en considération le promemoria demandant aux pasteurs d'utiliser des mots si confus que personne n'a vraiment aucune idée de ce qu'ils disent. Non, l'archevêque sort à découver et dit:

«Cette crise très grave ne peut être correctement affontée tant que nous n'aurons pas appelé les choses par leur nom. C'est une crise due au fléau de l'homosexualité, chez ceux qui la pratiquent, dans ses motivations, dans sa résistance à la réforme. Il n'est pas exagéré de dire que l'homosexualité est devenue un fléau dans le clergé et qu'elle ne peut être éradiquée qu'avec des armes spirituelles. C'est une énorme hypocrisie que de déplorer les abus, de dire que nous pleurons pour les victimes, mais de refuser de dénoncer la cause principale de tous ces abus sexuels: l'homosexualité. Il est hypocrite de refuser d'admettre que ce fléau est dû à une grave crise dans la vie spirituelle du clergé et de ne pas recourir aux moyens pour y remédier».
(idem)

Il faut admettre, commente Mgr Charles Pope, que très peu d'évêques ou de prêtres sont disposés à parler aussi clairement, laissant de côté leses euphémismes. Il y a des exceptions, mais elles sont trop peu nombreuses.

Le Pape François, dit Pope, ne répond pas. «Il s'est engagé dans une politique d'ambiguïté blindée et quand des questions légitimes sont posées, il répond par le silence».
On ne peut pas non plus oublier que quatre cardinaux seulement ont exprimé leurs dubia. «Pourquoi? Où sont les autres? Ces dernières semaines, le pape a même laissé entendre qu'il pourrait y avoir une enquête dans les archives du Vatican. Mais quand? Comment? Et jusquà quel point?».

«Je suis profondément reconnaissant pour la dose de religion des temps anciens que Mgr Viganò nous a donnée. C'est beau d'entendre un archevêque appeler le péché par son nom; se préoccuper de la condition morale des âmes, pas seulement de l'état émotionnel; mettre en garde contre le jugement, et nous convoquer tous pour décider, pas seulement pour cacher, obscurcir et se préoccuper d'être d'accord avec tout le monde, pendant que les âmes se perdent... Certains seront certainement irrités par le langage fort de l'archevêque. Mais je vous pose la question: est-ce vraiment si différent de la façon dont le Seigneur Jésus a parlé?»

De l'avis de Mgr Pope, la lettre de Mgr Viganò restera dans l'histoire comme l'un des plus grands moments d'intégrité pastorale, à une époque de silence timide de la part de trop de hauts prélats et de trop de prêtres: «Puisse le courage de l'archevêque inspirer beaucoup d'autres à se manifester avec respect mais clairement, en insistant sur le besoin de réponses et sur l'honnêteté. Puisse son avertissement au sujet du Jour du Jugement être salutaire. Que la repentance, le renouveau et le courage grandissent dans la réalité de l'Église de Dieu!»

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