Le coeur de la foi catholique voté à la majorité

Riccardo Cascioli dit sa perplexité au sujet de la neutralité du pape, et au silence de nombreux évêques et cardinaux face aux directives de la Conférence épiscopale allemande ouvrant la communion aux conjoints protestants mariés à un catholique (9/5/2018)

Il est très clair que l'interdiction de l'intercommunion par Jean-Paul II est absolue, non ambiguë et non limitée dans le temps. Comment est-il alors possible qu'aujourd'hui un autre Pape dise quelque chose en contradiction ouverte?

Le Cardinal Wölki et le Cardinal Marx.

Pas d'ambiguïté admise sur l'Eucharistie


Riccardo Cascioli
9 mai 2018
www.lanuovabq.it
Ma traduction

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Ce qui devrait surprendre, ce n'est pas l'intervention du Cardinal Eijk, aussi dure qu'elle paraisse, mais plutôt le silence de nombreux évêques et cardinaux sur la fuite en avant des évêques allemands vers l'intercommunion, une initiative qui touche le cœur de la Révélation chrétienne.


Il n'y pas lieu d'être surpris de l'intervention du cardinal Willem Eijk, archevêque d'Utrecht, aussi dure qu'elle puisse paraître. Tout comme on ne devrait pas être surpris que sept évêques allemands aient déposé un recours à Rome pour la même raison, à savoir les directives de la Conférence épiscopale allemande qui ouvre la communion aux conjoints protestants mariés à un catholique. Ce qui devrait plutôt surprendre, c'est le silence de beaucoup d'autres, en plus de l'attitude de neutralité adoptée par le Pape François, attitude qui fait l'objet de la position prise par le Cardinal Eijk.

On devrait être surpris du silence et la neutralité, étant donné que le sujet de la contestation est le cœur de la foi catholique, l'Eucharistie. Nous avions déjà dit à plusieurs reprises et très clairement au début des Synodes sur la Famille que certaines "poussées" ensuite approuvées par l'Exhortation apostolique Amoris Laetitia remettaient en question, avant le sacrement du mariage, l'Eucharistie. Le cas allemand autour des protestants mariés à des catholiques est la conséquence du processus entamé à l'époque.

Et aussi d'une méthode que le Pape François avait déjà annoncée dans sa première exhortation apostolique, Evangelii Gaudium, à savoir l'intention de laisser une certaine autorité doctrinale aux Conférences épiscopales individuelles. Comme nous l'avons déjà noté, il s'agit d'une indication clairement opposée à celle déjà donnée par le Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi de l'époque, le Cardinal Joseph Ratzinger.

Quoi qu'on en pense, les sept évêques allemands emmenés par le cardinal Wölki ont clairement dit que l'Eucharistie ne relève certainement pas des conférences épiscopales. Ce que le Cardinal Eijk a clairement réaffirmé. La raison en est simple: l'Eucharistie est le cœur de la foi catholique, ce n'est pas une chose sur laquelle on peut donner des interprétations différentes ou se permettre l'ambiguïté.

Comme le dit Jean-Paul II, dans l'introduction de l'encyclique Ecclesia de Eucharistia (2003): «L''Église vit de l'Eucharistie (Ecclesia de Eucharistia vivit). Cette vérité n'exprime pas seulement une expérience quotidienne de foi, mais elle comporte en synthèse le cœur du mystère de l'Église».

Il est déjà assez grave que l'on accepte la possibilité d'ouvrir des discussions sur des questions qui constituent le cœur de la foi et sur lesquelles le Concile et les papes se sont déjà exprimés définitivement. Plus grave encore est la croyance qu'il est possible de changer la Vérité révélée par un vote à main levée, ou parce qu'un petit groupe d'évêques se sentent «éclairés» au point de pouvoir dicter la loi à tous. Que les évêques et les cardinaux du monde entier restent silencieux face à cette possibilité concrète non seulement surprend, mais aussi scandalise. Et cela justifie que les fidèles se demandent en quoi croient vraiment leurs pasteurs.

Par ailleurs, l'initiative allemande n'est même pas un bon service à l'œcuménisme, et Jean-Paul II l'a bien expliqué dans Ecclesia de Eucharistia:

« Précisément parce que l'unité de l'Église, que l'Eucharistie réalise par le sacrifice du Christ, et par la communion au corps et au sang du Seigneur, comporte l'exigence, à laquelle on ne saurait déroger, de la communion totale dans les liens de la profession de foi, des sacrements et du gouvernement ecclésiastique, il n'est pas possible de concélébrer la même liturgie eucharistique jusqu'à ce que soit rétablie l'intégrité de ces liens. Une telle concélébration ne saurait être un moyen valable et pourrait même constituer un obstacle pour parvenir à la pleine communion, minimisant la valeur de la distance qui nous sépare du but et introduisant ou avalisant des ambiguïtés sur telle ou telle vérité de foi. Le chemin vers la pleine unité ne peut se faire que dans la vérité. En cette matière, les interdictions de la loi de l'Église ne laissent pas de place aux incertitudes,conformément à la norme morale proclamée par le Concile Vatican II».


Il ne s'agit pas ici de monter artificiellement - comme l'insinuent certains - un pape contre un autre. Il est très clair que l'interdiction de l'intercommunion par Jean-Paul II est absolue, non ambiguë et non limitée dans le temps. Comment est-il alors possible qu'aujourd'hui un autre Pape dise quelque chose en contradiction ouverte? Et comment est-il possible que l'on regarde davantage à la forme (chercher une solution unanime, quelle qu'elle soit) qu'à la Vérité ?

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