Mgr Negri s'adresse aux jeunes

... et dénonce: le document préparatoire du Synode est un catalogue de poncifs politiquement corrects, qui semblent avoir été écrit par des vieux (4/7/2018)

>>> Le document: www.synod2018.va
>>> Et aussi, dans ces pages:
¤ Ce document sur le Synode, rédigé par les jeunes?
¤ Encore un Synode pour rien?
¤ Le synode des vieux jeunes

 

Jeunes, ne réduisons pas le synode au politiquement correct


Mgr Luigi Negri
Archvêque émérite de Ferrara-Comacchio
4 juillet 2018
www.lanuovabq.it
Ma traduction

* * *

Le prochain Synode des jeunes est certainement une grande opportunité dans le dialogue entre le Pape et les jeunes, et tombe à un moment qui pour nos jeunes est d'une grande importance.....

Il ne fait aucun doute que les jeunes ont été abandonnés à eux-mêmes par des générations d'adultes qui n'ont pas été capables de répondre à leurs questions essentielles, liées au sens de la vie. Et ils ont été détournés - plus ou moins hâtivement, plus ou moins explicitement - vers des initiatives secondaires qui ont été soulignées comme importantes et décisives. Il suffit de penser à tous les -ismes du XXe siècle : le nationalisme, le communisme, le socialisme, etc. Mais ensuite, plus médiocrement, ils ont été détournés vers le culte du bien-être, du pouvoir économique, de la satisfaction psycho-affective. Grandes possibilités, mais incapacité d'éduquer; parce que ces possibilités qui sont contenues dans le cœur de chaque jeune comme des possibilités positives, exigent une action éducative sérieuse, tenace, constructive, patiente.

Les adultes des générations qui nous ont précédés, et aussi de l'actuelle, n'ont pas été capables de cet effort, probablement parce que la confrontation avec les jeunes a toujours mis en évidence la faiblesse culturelle et morale des générations adultes.

Aujourd'hui, la situation semble être entourée de facteurs qui exigent un examen approfondi et, d'une certaine manière, définitive. Les jeunes souffrent de l'énorme précarité de l'existence, qu'ensuite ils réduisent à la précarité du travail entre autre. En réalité, il s'agit de la précarité sur la consistance même de la vie, sur le sens profond de l'existence. Lorsqu'on les laisse s'exprimer, ils arrivent immédiatement à ce point: on a l'impression qu'ils attendent que vous ouvriez une question en eux.

C'est l'expérience de décennies d'enseignement à l'Université, puis de nombreuses rencontres avec des jeunes pendant l'expérience de mon épiscopat. Les jeunes s'ouvrent et attendent. Malheur à nous si nous les détournons une fois de plus vers des intérêts banals, vers des initiatives banales. Malheur à nous si, au lieu de les lancer dans la grande aventure du sens ultime de la vie, nous les aidons à se contenter de peu.

En parcourant ces fameux documents de préparation aux différentes initiatives ecclésiales à tous les niveaux, j'ai toujours le sentiment qu'ils répètent un cliché; j'ai le sentiment qu'ils risquent d'avoir été écrits non pas par des jeunes ni même pour des jeunes, mais que c'est la reproposition politiquement correcte aux jeunes des schémas habituels. Ainsi, une grande place est faite à la difficulté affective, à la distance par rapport à la morale catholique et à toutes les autres choses qui sont rigoureusement et ponctuellement notées dans ces documents.

Je ne crois pas que les jeunes partent de là, et je ne crois pas que c'est ce qu'ils attendent. Je crois qu'il est nécessaire de rouvrir la grande alliance entre les générations, et l'alliance ne s'ouvre que si chaque génération assume sa responsabilité véritable et définitive: les adultes, offrir des propositions convaincantes pour l'ensemble de leur vie et non pour tel ou tel détail; les jeunes, s'ils sont sollicités par une action éducative appropriée, prendre leurs propres responsabilités devant eux-mêmes, devant Dieu et devant la société.

Ce qui me semble inacceptable, c'est cette situation de mécontentement qui fait penser que ces documents ont été écrits à l'avance; on dirait la reproposition d'une image de jeunes démotivés de tout et pour tout, vers qui des efforts doivent être faits pour que - par une action que j'ai du mal à appeler éducative - ils redécouvrent la valeur de la morale sexuelle catholique, la valeur de la famille, du travail, des enfants, etc. J'ai du mal à penser que les jeunes ont des exigences particulières et aussi confuses. Par-dessus tout, j'ai du mal à penser que les jeunes attendent, comme solution de vie, une satisfaction maximale à tous les niveaux. Le bien-être n'est pas l'idéal des jeunes, mais plutôt l'idéal de vieux, qui est imposé - parfois par la force - aux jeunes.

C'est pourquoi je crois que le Synode pourrait être une grande opportunité s'il était authentique, c'est-à-dire s'il permettait à toutes les différentes catégories qui y participent de jouer réellement leur rôle, par les questions qui les animent et les perspectives qu'ils ressentent, par les difficultés qui les affligent et par les possibilités postives dont ils font l'expérience. Un dialogue vrai et sincère.

Ce qui tue la jeunesse a toujours été le formalisme des vieux.

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