Un défilé blaphématoire et un haut clergé complice

Retour sur le gala du Met mettant en scène des starlettes affublées d'ornements religieux, à travers un billet savoureux de Fray Gerundio, et un article d'Andrea Zambrano qui retrace les différentes étapes des préparatifs de l'évènement (14/5/2018)

>>> Ci-dessus: l'un des "prêts" du Vatican, la dalmatique du Bienheureux Pie IX

 

Préambule

Le dress code du prestigieux gala du Met vient d’être annoncé et il mettra en lumière l'influence de la religion catholique sur la mode. Le thème «Corps Célestes: la mode et l’imaginaire catholique» promet donc un red carpet inspiré, qui réunira, comme chaque année, créateurs, top-models et hautes personnalités.
C’est indéniablement l’un des événements mode les plus incontournables de l’année, avec les fashion weeks. Le gala du Metropolitan Museum of Art de New-York, se déroulera le 7 mai 2018, déroulant son tapis rouge aux stars comme Katy Perry, Beyonce, Johnny Depp ou encore Emma Watson. Organisé depuis 1990 par Anna Wintour, célèbre rédactrice en chef du Vogue américain, ce rendez-vous glamour originellement appelé «The party of the year», fait cette année la part belle au style religieux. Les convives devront se parer de vêtements et d’accessoires d’inspiration liturgique, un choix qui met en valeur l’influence de l’esthétique catholique sur les créateurs de haute-couture.
(Aleteia 10 novembre 2017)

A NEW YORK, LE VÊTEMENT RELIGIEUX EXPOSÉ COMME INSPIRATION POUR LA MODE
Le Vatican prêtera environ quarante œuvres d’art ecclésiastiques au Metroplitan Museum (Met) de New-York dans le cadre de l’exposition Heavenly Bodies: Fashion and the Catholic Imagination (Corps céleste: la mode et l’imaginaire catholique).
(La Croix, 27 février 2018)

Mitre, auréoles, ailes d'anges et des croix comme s'il en pleuvait, les plus grandes célébrités du moment ont joué avec l'imagerie religieuse lors du gala du Met. Ces références multiples à l'Eglise romaine étaient autant de clins d'oeil à la nouvelle exposition du Costume Institute, entité du Met de New York dédiée à la mode, qui met en parallèle catholicisme et haute couture.
Pour financer cette exposition et l'existence même du Costume Institute, la grande prêtresse de la mode Anna Wintour organise chaque année le gala du Met, qui rivalise avec les Oscars pour le titre d'événement mondain de l'année aux Etats-Unis. La rédactrice en chef du magazine "Vogue" parvient à attirer les célébrités les plus en vue du moment pour ce dîner dont l'entrée coûte 30 000 dollars par tête.
(La Croix, 8 mai 2018)


On aimerait pouvoir conclure "No comment" (et on ne comptera pas sur moi pour publier des photos ici! La Bussola a mis en ligne une galerie ICI), tellement c'est consternant - les commentaires d'une certaine presse catholique guère moins que le show lui-même.
Mais Fray Gerundio, le vieux moine espagnol ronchon qui est (à son insu!) grâce à Carlota un invité récurrent de ces pages, lui consacre un savoureux billet où, sur le ton sarcastique qui lui est habituel, il met bien en évidence la perte du sens du sacré et même l'indifférence à Dieu qui accompagne le déclin de la liturgie dans l'Eglise "pauvre" du Pape actuel.

Il n'y a d'ailleurs pas que l'aspect "spirituel" qui interpelle dans cette navrante histoire. Il y a aussi, et même surtout (ce n'est en tout cas pas anecdotique) l'implication du plus haut clergé de l'entourage du Pape, y compris des noms qu'on ne s'attendrait pas à trouver ici (je laisse le lecteur les découvrir plus bas) dans l'organisation de cet évènement blasphématoire. A cet égard, la reconstruction minutieuse d'Andrea Zambrano sur la Bussola ne laisse aucun doute. Le jounaliste voit dans leur attitude le "reflet d'une hiérarchie ecclésiastique qui, si elle avait employé sur le cas d'Alfie Evans même un dixième du temps passé à se mettre à la disposition du Met pour valoriser le tapis rouge, nous aurait peut-être permis de raconter une autre histoire aujourd'hui."

Pour conclure cette trop longue introduction, on peut aussi considérer le verre à moitié plein en essayant de cueillir le côté positif: mettant en évidence la fascination qu'exerce sur les pires des athées la beauté de ces ornements créés par l'homme pour adorer Dieu, le défilé est aussi un hommage, certes involontaire, à la belle liturgie. Ce ne sont évidemment pas les horreurs en tergal aux coloris criards dont s'affublent aujourd'hui les prêtres pour célébrer la messe qui risquent de faire rêver les générations futures. Encore moins d'inspirer un jour des expositions et autres manifestations culturelles (sinon consacrées au goût pathologique pour la laideur). Enfin, c'est un point de vue...

Ici, une présentation en anglais (avec des sous-titres en anglais, ce qui facilite bien la lecture pour ceux qui ne sont pas trop familiers de la langue de l'Empire):

Reliques et parements sacrés: croisement entre le Vatican et le Met


Andrea Zambrano
9 mai 2018
lanuovabq.it
Ma traduction

* * *

Derrière le défilé blasphématoire et obscène des starlettes se cache une gigantesque opération conduite par Vogue pour une exposition du Met sur la mode et la religion. Pour l'organiser, de nombreux ecclésiastiques vaticans, à l'honneur dans ce pontificat, ont prêté des vêtements sacrés et des reliques des Papes, parmi lesquels Saint Jean Paul II avec l'excuse de la pauvreté. Avec le placet de Ravasi et de l'habituel Martin. Portrait non pas d'une Église plus pauvre, mais d'une Église plus à plaindre, et plus mondaine.



L'Église pauvre se dépouille de ses richesses pour enrichir le circuit de la mode, mais ce n'est pas une bonne nouvelle. Il serait trop facile de déclasser à la rubrique des ragots d'Hollywood le colossal défilé de mode blasphemo-kitch de starlettes du cinéma et de la musique américaines qui ont affiché des tenues d'inspiration catholique lors du vernissage inaugural du MetGala2018, le prestigieux événement caritatif organisé par le Metropolitan Museum de New York.
S'il ne s'agissait que de digérer une Rihanna sapée en papesse avec mitre ou d'accepter la crèche napolitaine sur la tête de Sarah Jessica Parker, on pourrait aussi déclasser le tout à la rubrique de l'habituel mauvais goût hoollywoodien, qui se moque du sacré pour ses buts ultra mondains.
Mais l'événement a servi de cadre à une exposition dont les vedettes sont une quarantaine de vêtements sacrés provenant directement de la sacristie de la Chapelle Sixtine laquelle, après une négociation de deux ans, a prêté jusqu'en octobre au Metropolitan Museum of Art, à des prix exorbitants (en passant, combien ?) chasubles, dalmatiques, chapes et autres vêtements sacrés appartenant aux papes des deux derniers siècles. L'exposition s'intitule Heavenly Bodies: Fashion and the Catholic Imagination et sera ouverte au Met jusqu'en octobre.

Vestiaire liturgique du passé? Bien plus: témoignages de la beauté produite par l'homme, offerte à Dieu et utilisée non pas pour le tapis rouge, mais pour offrir le parfait et le beau dans le sacrifice parfait et beau de l'autel. Parements bénis dans le seul but d'être utilisés pour le culte.
Il y a donc beaucoup plus que du kitsch dans l'événement mis en scène dimanche à New York. Il y a une profanation et une ridiculisation d'objets qui sont sacrés et qui, désormais muséifiés parce que l'Église les a remplacés par de "viles" chasubles en tergal au nom de la pauvreté, finissent par enrichir le monde de la mode avec la complaisance des dirigeants du Vatican.
L'exposition, en effet, est composée de créations exclusives des principales maisons de haute couture qui exploitent les formes et les lignes des vêtements sacrés. Et dans une partie séparée, mais symétrique, 40 vêtements sacrés sont exposés, envoyés directement de la Cité du Vatican, où l'organisateur Andrew Bolton et la patronne de Vogue Anne Wintour ont littéralement négocié les pièces avec des sommités du Vatican et les dirigeants du musée du Pape. Mode et vêtements sacrés, une combinaison impossible. Parce que la première sert à embellir l'homme, les seconds à se présenter dignement à Dieu.

Mais à bien y regarder, on découvre que l'implication des évêques et des cardinaux pour aider les riches organisateurs a été vraiment énorme. Un investissement colossal pour ce que le directeur du Met a appelé «un authentique pèlerinage». Vers le Christ? Mais quelle idée, plutôt vers une beauté indéfinie comprise comme esthétique de la vanité. Pour baptiser l'événement, le Cardinal Archevêque de New York, Timothy Dolan, qui s'est timidement demandé ce qu'il faisait là, et a conclu que «nous sommes ici parce qu'au centre du catholicisme, les valeurs sont la vérité, la bonté, la beauté». En somme, des paroles exigeantes, mais pour un objectif mondain.

Il serait faux de penser qu'en fin de compte, il ne s'agissait que d'un événement fashion, même d'un goût douteux. Non, derrière cette opération, il y a une implication embarrassante de gros bonnets du Vatican, qui impressionne. Des noms en vue du pontificat actuel du Pape François, lequel n'est cependant pas impliqué parce que lui «il a un autre style, plus pauvre», tandis que Benoît XVI - défini par le New York Times comme "le Pape de la mode", qui sait pourquoi, peut-être parce que ces vêtements si précieux, il les a utilisés non pas pour lui-même mais pour faire briller la liturgie de Dieu - l'est. Mais c'est un concept trop difficile à comprendre à ces latitudes.

En fait, le premier nom rencontré dans la reconstruction du processus bureaucratique complexe auquel a été confronté le couple Bolton & Wintour en mission spéciale pour le compte du business de cette New York si 'à la page' (en français dans le texte), est celui de George Gänswein qui est présenté comme le bras droit de Benoît XVI et Préfet de la Maison papale. La rencontre a lieu en mai 2017 et c'est à cette occasion que Bolton lui illustre le projet: vous nous donnez vos parements sacrés que vous n'utilisez plus et nous, nous mettons à côté les créations dee stylistes.
Mais les portes à ouvrir sont nombreuses. Pour avoir les précieux ornements de messe, le couple doit faire une douzaine de voyages à Rome. Bolton rencontra ainsi successivement - selon la reconstruction du NYT - de hauts fonctionnaires du Vatican qui lui donnent la permission d'emprunter les vêtements. Et c'est là que lui est accordé l'accès à la sacristie de la chapelle Sixtine.
Au cours des rencontres et des pourparlers avec la maison du Vatican, l'équipe de Bolton entre en contact avec Arnold Nesselrath, l'un des conservateurs des Musées du Vatican. Et de lui, on passe à Barbara Jatta, nouvelle directrice de la collection d'art la plus célèbre de la chrétienté. La Jatta organise pour eux plusieurs visites dans la sacristie de la Chapelle Sixtine.
C'est à ce moment-là que commence la véritable négociation: Jatta demande combien de parements sont nécessaires, Bolton répond environ huit, mais Wintour dit qu'il en faut au moins deux fois plus. Le directeur du Vatican rit, sarcastique. A la fin, ils parviennent à en obtenir 40.
Mais les ornemets ne sont pas à la disposition des Musées: il faut demander au Bureau des Célébrations du Souverain Pontife puisque théoriquement ces vêtements appartiennent dans leur intégralité à la «garde-robe» papale que le maître de cérémonie Guido Marini garde jalousement.
Que faire? Gänswein invite à faire une demande officielle à Marini qui, après l'avoir reçue, la transmet à la Secrétairerie d'État, responsable des affaires générales de l'Église. Est également impliqué le porte-parole du Vatican, Greg Burke, qui informe que cette procédure n'exige pas l'aval du Souverain Pontife.
Bolton reviendra à Rome beaucoup d'autres fois pour peaufiner son catalogue à envoyer à New York, et à la fin, il amènera même au Met la tiare papale de Pie IX avec 19 mille pierres précieuses, dont 18 mille diamants. Elle arrivera à New York avec «son garde du corps».
Parmi les pièces exposées: une dalmatique de Pie IX, une chasuble qui appartenait à Pie XI, une chape de Benoît XV et même les chaussures rouges de Jean-Paul II. Simples vêtements? Pas vraiment: au moins pour le bienheureux Pie IX et Saint Jean Paul II, ce sont des reliques par contact, des objets destinés à la dévotion.
Arrivée en Amérique, Bolton continue avec son réseau de complicités. Et ici, il trouve James Martin, le jésuite connu de la chronique pour son orientation homo-hérétique, nommé l'année dernière par le Pape François consultant auprès du Secrétariat de la Communication du Vatican. Martin le tranquillise sur d'éventuelles plaintes à coup de: «Ils verront quelque chose de beau, et cela fait partie de l'imaginaire catholique». Vanité des vanités à tel point que Martin aide Bolton dans la rédaction du catalogue.
Jusqu'à lui suggérer la dernière étape: l'implication du Cardinal Gianfranco Ravasi, Ministre de la Culture du Vatican, qui, se vantant de connaître plusieurs stylistes, accepte de bon coeur de baptiser l'exposition, à tel point qu'en février une délégation du Met le rencontre. Donatella Versace est aussi avec eux, et complimente le rouge pourpre du cardinal. Et lui, avec nonchalance, lui dit: «Parce que vous ne m'avez pas vu en violet». Rires à gogo.
Le reste est histoire d'aujourd'hui: le défilé obscène de Madones et de croix imprimées sur les cuisses et les fesses sculptées en salle de gym des starlettes: voyeurisme, seins et derrières de grande classe avec une référence aux symboles chrétiens les plus aimés, symboles pour lesquels aujourd'hui dans de nombreuses parties du monde on meurt.

Une parade obscène dont les dirigeants du Vatican diront maintenant qu'ils ne savaient rien parce que ce n'était qu'un à-côté de l'exposition (comme l'avait dit l'organisateur lui-même par précaution). Une thèse difficile à défendre, étant donné que même les chanteurs de la Chapelle Sixtine ont participé au MetGala2018. A ne pas manquer, les photos des chanteurs après la représentation, encore en soutane et surplis, pour une photo avec Rhianna & Co.
Sur l'une d'entre elles, on voit même des pueri cantores (petits chanteurs).

Ces parements, pourtant, ont vu au cours des années la célébration de la Sainte Messe, ces parements pour lesquels les prêtres, avant de les endosser, devaient réciter des prières, pour qu'ils soient les premiers à comprendre l'importance des gestes et des vêtements, certainement pas pour se pavaner avec la mode comme certains ecclésiastiques du nouveau cours semblent au contraire le faire. Au moment d'endosser la chasuble, le prêtre récitait: «Seigneur, tu as dit : Mon joug est doux et ma charge est légère: laisse-moi porter cela afin d'obtenir ta grâce. Ainsi soit-il». Ces chapes, enfin, qui, endossées par les martyrs mexicains ou les prêtres du Moyen-Orient, ont été ensanglantés précisément pendant la célébration de la messe par les ennemis du Christ et par les coupeurs de gorge de l'Islam.

Aujourd'hui, il faut beaucoup moins que cela pour les profaner, mais en tout cas beaucoup d'argent, qui est ensuite retourné à la soi-disant Église pauvre qui vend ses trésors pour un plat de lentilles de la mondanité. Grâce à des princes blasés qui dans le climat général s'amusent comme les monarques de la Renaissance dans le luxe et la volupté.

Et ainsi, tandis que le pape prêche contre le luxe du clergé, contre le prêtre qui se regarde dans la vitrine avec son nouveau clergyman, ses hommes les plus proches abandonnent aux soldes de fin de saison la tradition catholique, qui a coûté beaucoup plus de sueur et de sang que ce qu'ils verseront en allant visiter l'exposition.
Reflets d'une hiérarchie ecclésiastique qui, si elle avait employé sur le cas d'Alfie Evans même un dixième du temps passé à se mettre à la disposition du Met pour valoriser le tapis rouge, nous aurait peut-être permis de raconter une autre histoire aujourd'hui. Une hiérarchie qui se désintéresse des questions de morale et d'éthique, de la crise de la foi, afin de briller avec ces opérations de culture pop si soumises au prince de ce monde, de peur de paraître trop rétrograde: l'évangélisation est zéro, la mondaineté est tout.

Une Église qui se dépouille si négligemment de ses trésors, de son histoire, de ses dévotions, n'est pas une Église plus pauvre (povera), mais seulement une Église plus à plaindre (poverina), ignorante et non préparée à étancher la soif de divin de l'homme, revêtant un faux paupérisme, qui, laissant l'habitus de sa dignité, s'abandonne à une nudité impressionnante et voluptueuse, la même que celle qui, crasse et opulente, a défilé sur le 'red carpet' newyorkais.

 

Blasphème-Fashion

Bandeau de la page d'accueil du site de "Fray Gerundio" - illustration d'un roman picaresque espagnol anonyme, "La Vie de Lazarillo de Tormes" (1554) auquel l'auteur du blog emprunte son patronyme


Fray Gerundio de Tormes
adelantelafe.com
11 mai 2018
Traduction de Carlota

* * *

Quand il n’y avait aucun doute sur la mission du Vicaire du Christ de confirmer ses frères dans la foi, les principes de base du catholicisme étaient bien évidents. Des principes généraux qui n’étaient pas enfreints en prenant en considération des situations spéciales ou des cas particuliers. Il n’était pas nécessaire de publier une encyclique, avec des notes en pied de page, pour démonter la loi générale. On n’avait pas besoin de diffuser des petites lettres d’exégèse à des évêques petits amis soumis, des lettres qui passeraient ensuite aux Actae Apostolicae Sedis au caractère magistral (évidemment). Un Dictateur qui fasse des doctrines de Notre Seigneur une espèce de domaine privé n’était pas nécessaire. Cette figure-là n’avait pas sa place dans le décor. Et s’il en apparaissait une, elle était vite renvoyée sans travail ipso facto.

Une des abondantes perceptions immédiates du catholique, a toujours été le caractère sacré des vêtements sacerdotaux et liturgiques. Non par eux-mêmes, bien sûr. Mais pour leur signification symbolique et pour ce qu’ils représentent. Ces vêtements furent qualifiés en leur temps de vêtements sacrés. Chacun d’entre eux avait son explication, sa signification, sa valeur et sa propre prière (*). Avant d’être utilisés, ils étaient bénis puisqu’ils allaient servir lors des offices religieux. Effectivement c’était des vêtements sacrés. Le prêtre revêtu de ses ornements pour la Messe, l’évêque avec sa mitre ou sa crosse, le Pape avec sa tiare, l’anneau du pêcheur ou ses habits pontificaux. Tout avait un sens sacré, avant que n’arrivent les temps de la vulgarité et du blasphème. Si l’on nie le sacré, l’on passe immédiatement à ce qui est vulgaire, grossier, trivial, pour en arriver irrémédiablement au blasphématoire.

Quand j’étais dans la force de l’âge, - dans l’immédiat post-Vatican II -, j’ai assisté à cette désacralisation des vêtements sacrés, une désacralisation qui était présentée avec une apparence de pauvreté, de simplicité et de spontanéité. Avec tout cela s’est perdue la dignité sacerdotale. Comme s’est perdue aujourd’hui la dignité papale aux mains du Grand Vulgarisateur, qui va devant les brebis pour qu’elles imitent sa vulgarité. Dès les premiers jours quand il s’est moqué des broderies et des dentelles, et jusqu’à maintenant.

Cette semaine les médias religieux ont diffusé la nouvelle de la célébration à New York du Met Gala 2018, avec le passionnant sujet de La mode et l’imaginaire catholique, ou quelque chose du même genre. Des personnages d’un niveau hors du commun en matière d’athéisme et de perversion, des petites amies de tout ce qui est anticatholique, ont parcouru le tapis rouge de l’incrédulité, revêtus de vêtements pseudo-sacerdotaux, d’ailes angéliques et de couronnes ressemblant à celles de la Très Sainte Vierge. Un frère irrévérencieux me disait que voir Madonna avec une couronne de vierge, c’est un monument érigé au principe de contradiction.

Je n’ai absolument pas été étonné que ces gens aient fait étalage de leur gauchisme (progressie) et de leur insolence effrontée envers les choses de Dieu. C’est tout autant ridicule qu’extravagant et grotesque.

Mais par contre ce qui est emblématique du niveau actuel du Vatican bergoglien c’est que quelques uns de ces vêtements sont authentiques et prêtés à cet effet par le Vatican lui-même. Tiares de Papes, chapes et autres accessoires conservés dans les Musées du Vatican soigneusement prêtés à ce honteux Affront, je suppose sans intérêt chrématistique (ndt: spéculatif). Ah ! Et avec le chœur de la chapelle Sixtine entonnant des laudes au passage des modèles virginaux. Parmi ces modèles, l’une de celles qui il y a peu a rendu visite à Bergoglio, suscitant déjà le scandale dans le monde catholique (Rihanna, cf. Alfie: méfiez-vous des "tirs amis").

C’est l’Église pauvre pour les pauvres de François, qui s’habille de lumières et s’accorde avec le monde pervers d’Hollywood, touche de petits dollars substantiels en échange du prêt de vêtements pontificaux et ordonne au cardinal Dolan, - clown officiel de tout évènement new-yorkais -, pour qu’il échange de petits blagues avec les mitres des femmes comme si elles étaient de l’Ordre des Filles Consolatrices de Marie.

C’est vrai que Bergoglio s’est proposé de réformer la Curie dès le début de sa trompeuse et pré-pactisée élection. C’est la même chose qui porte la Rihanna, celle là comme Présidente du Dicastère pour le Blasphème et l’Homosexualité. On me dit qu’internet a été peuplé de ce que les jeunes appellent mèmes, avec la nana en Papesse.

La profanation-dérision a sa longue histoire et ces pauvres diables ne l’ont pas inventée. Autant celle que font aujourd’hui ces impénitents-blasphémateurs-nouveaux riches vulgaires bénis par le Vatican, que celle qu’exhibaient il y a quelques lustres en arrière les assassins de milliers de prêtres en Espagne.

Tout se termine en blasphème. Et ce qui vient après (ndt: l’auteur illustre sa conclusion par l’une des très nombreuses photographies - ce n'est pas la pire -, prises par les profanateurs d’églises des années trente en Espagne. Des photographies de persécutions religieuses au Mexique la décennie précédente, et bien d’autres illustrations de ce genre de pratiques à d’autres époques terribles, Révolution Françaises, profanations protestantes, iconoclastes byzantins du 1er millénaire, etc., nous viennent évidemment à l’esprit).

Annexe


(*) Il est peut-être utile de rappeler la signification des vêtements religieux, des objets utilisés et des gestes du prêtre, lors de la Messe, à partir d’un texte de Martin de Cohem, prêtre capucin et théologien allemand (vers 1630-1712)

Extrait du chapitre II de « Explication du Saint Sacrifice de laMesse » du RP Martin de Cochem

Témoignage de l’excellence de la sainte Messe : les objets nécessaires à sa célébration.
Ces objets sont un prêtre ordonné, remplaçant la personne même de Jésus-Christ; un autel consacré, nouveau Calvaire sur lequel l’Agneau divin sera immolé; les vêtements sacerdotaux dont voici l’énumération :
– L’Amict, que le prêtre pose sur sa tête et sur son cou, en mémoire du voile avec lequel, chez Caïphe, les Juifs ont couvert la face du Sauveur en lui disant par moquerie : « Christ, prophétise et dis-nous qui t’a frappé.»
– L’Aube, souvenir de la robe blanche dont Il fut habillé chez Hérode.
– Le cordon, qui symbolise la corde avec laquelle Il fut attaché.
– Le manipule, qui fait penser aux liens qui étreignirent Ses bras.
– L’étole, qui figure les chaînes de fer dont Il fut chargé après sa condamnation.
– La chasuble, image du manteau d’écarlate jeté sur Ses épaules.
– La croix centrale de cet ornement représente celle sur laquelle Il fut cloué, et la colonne du devant la colonne de la flagellation.

Disons un mot des objets qui servent au saint Sacrifice.
– Le Calice consacré rappelle à la fois le calice de douleurs que Jésus a bu jusqu’à la lie et le tombeau dans lequel son Corps fut déposé.
– La Pale, la pierre quadrangulaire du sépulcre.
– La Patène, l’urne qui contenait les parfums nécessaires à l’embaumement.
– Le Corporal, le saint suaire qui enveloppa le Corps sacré du Sauveur.
– Le Purificatoire, les linges qui servirent à la sépulture.
– Le Voile du Calice, le voile du temple qui se déchira de lui-même du haut jusqu’en bas.
– Les deux burettes, les deux vases remplis de fiel et de vinaigre, offerts au Fils de l’homme pour étancher sa soif.
A cette énumération des choses requises pour la célébration de la Messe, ajoutez : du pain azyme, un Crucifix posé sur le tabernacle, du vin, de l’eau, deux chandeliers garnis de cierges, un missel, un pupitre, trois nappes couvrant l’autel, un manuterge avec lequel le prêtre s’essuie les mains après les ablutions, une clochette et enfin un clerc qui sert le prêtre à l’autel et lui répond au nom du peuple.
La plupart de ces objets sont tellement indispensables, que le célébrant commettrait un péché grave s’il s’en passait.
…/….
On reconnaît enfin l’excellence de la Messe aux cérémonies prescrites pour la célébrer. Je ne citerai ici que les plus importantes: le prêtre fait sur lui seize fois le signe de la croix; il se tourne six fois vers le peuple; il baise l’autel huit fois; onze fois il lève les yeux au Ciel; il se frappe dix fois la poitrine ; il fait dix génuflexions; il joint les mains cinquante-quatre fois;
il fait vingt et une inclinations avec la tête et sept avec les épaules ; il se prosterne huit fois ; il bénit trente et une fois l’offrande avec le signe de la croix ; vingt-deux fois il pose les deux mains sur l’autel; il prie, en les étendant, quatorze fois, et en les joignant, trente-six fois; il met sa main gauche seule à plat sur l’autel neuf fois, il la porte onze fois sur sa poitrine; il élève les deux mains vers le ciel quatorze fois; onze fois il prie à voix basse, et à haute voix treize fois ; il découvre dix fois le calice ; enfin il change de place vingt fois.
Il doit observer encore une foule d’autres prescriptions, ce qui porte à cinq cents le nombre des cérémonies. Joignez à ce chiffre celui des rubriques, et vous verrez que le prêtre, qui dit la Messe suivant le rite de l’Eglise catholique romaine, est astreint à neuf cents obligations différentes. Chacun de ces points a sa raison d’être, sa signification spirituelle, son importance; chacun tend à faire accomplir avec la foi requise le redoutable Sacrifice de l’autel. Aussi le Pape saint Pie V a ordonné de la façon la plus formelle à tous cardinaux, archevêques, évêques, prélats et prêtres, de dire la messe de cette manière, sans-rien y changer, sans y ajouter ou en retrancher quoi que-ce soit. La moindre négligence pourrait prendre ici une certaine gravité, tant parce qu’elle aurait pour objet l’acte le plus grand et le plus saint de notre culte, que parce qu’elle serait une désobéissance formelle à l’ordre d’un Pape. Personne ne peut imaginer ni un mouvement de mains plus digne, ni une plus convenable attitude du corps, ni un maintien plus édifiant que ceux que prescrit l’Eglise. On assiste d’ailleurs avec plus de recueillement d’esprit à une Messe où toutes les cérémonies sont observées qu’à celles où elles sont violées.
Avouez par conséquent que le prêtre qui célèbre avec une exactitude consciencieuse (abstraction faite de cette vérité que tout homme qui remplit son devoir mérite l’estime) a droit à votre gratitude, car, loin de gêner votre dévotion, il la facilite. Grâce à lui, vos prières sont plus pressantes, et il contribue pour une large part à leur succès.

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