Un Synode pour pas grand-chose

En complément à la réflexion de Stefano Fontana avant-hier sur le Synode des jeunes, c'est au tour du "curé madrilène" de nous donner - non sans humour - un aperçu de l'effarante vacuité des débats. Tout ça pour ça ? (12/10/2018)

 

Des applaudissements au synode des jeunes mais je ne sais pas ce qu’on applaudit


Père Jorge González Guadalix
www.infocatolica.com/blog/cura...
11 otobre 2018
Traduction de Carlota

* * *

Très peu d’informations nous arrivent du synode des évêques en cours, qui est consacré aux jeunes. Il est curieux, à l’ère de l’immédiateté des communications et où tout le monde se promène avec le smartphone à la main, que si peu de choses se sachent. Déjà à l’occasion du synode de la famille, je me demandais si, dans l’intérêt d’une plus grande transparence, il ne serait pas possible et très souhaitable de transmettre en direct, je ne dis pas les travaux de groupes, mais au moins les réunions plénières.
Je lis aujourd’hui dans la presse numérique que ces dernières heures deux propositions, l’une d’un jeune, l’autre de Mgr Rino Fisichella, ont fait s'élever des applaudissements pratiquement unanimes de toute l’assemblée synodale. C’est quelque chose. Il semble qu’il y ait des propositions dans ce synode consacré aux “Jeunes, à la foi et au discernement vocationnel” qui suscitent des enthousiasmes tout à fait indescriptibles. Il serait intéressant de les connaître car elles peuvent nous donner des pistes-clefs pour comprendre vers où s’orienteraient les conclusions de ce synode.
Non, non ce ne sont pas des propositions sur la prière, la formation, la spiritualité ou la vie sacramentelle. Non, non, là, vous gelez. Il ne s’agit pas non plus de normaliser les relations homosexuelles ou d’abolir le célibat sacerdotal. Là vous gelez encore plus.

La première proposition - on ne s’étonnera pas qu’elle ait surpris les moins jeunes parmi les membres du Synode -, consiste à essayer d’utiliser davantage les moyens électroniques de communication et d’économiser du papier, ce qui serait tout à fait dans l’esprit de Laudato si. Je ne suis pas surpris que les vénérables pères, habitués à passer toute leur vie parmi les papiers, les feuillets, les livres et les livrets, n’en soient pas revenus. Tous les jours le Vatican investit dans des tablettes et offre des cours gratuits.
L’autre proposition, tout aussi novatrice, et venue de rien de moins qu'un monseigneur, oui un monseigneur, consiste à organiser un pèlerinage, ou au moins une promenade, avec la participation groupée des pères synodaux et des jeunes. Allez, un petit moment de promenade, que je suppose court, parce qu’il y a des pères synodaux, qui du fait de leur âge, sont limités. Il aurait pu demander «une sortie récréative», c’était peut-être plus instructif.

Soyons sérieux. Se passer de papier pour utiliser toujours plus de moyens électroniques, c’est déjà plus vieux que la toux des grands parents. Les liseuses électroniques de livres, les tablettes et les téléphones à la pointe de la technologie sont devenus monnaie courante depuis des années. La seule chose que démontre leur adhésion sans faille à la suggestion d’un jeune d’abandonner le papier pour passer au monde numérique, c’est que les pères synodaux ne sont pas vraiment à la page, ou bien qu’ils applaudissent le jeune pour donner l’apparence qu’ils le prennent au sérieux.

Le côté génial de la promenade avec les jeunes était déjà bien connu, je ne dis pas par Saint Jean-Paul II, mais par le Christ lui-même, qui était vraiment de ceux qui se promène beaucoup avec les siens. Allons, le monseigneur non plus n’a pas inventé la poudre.
Maintenant et plus sérieusement, si après une semaine de travail, les plus gros applaudissements sont pour ces deux propositions, on peut donner le synode pour terminé et amorti. Il suffit de donner à chacun une clef usb avec la documentation et une adresse internet pour envoyer des propositions, et c’est sûr qu’il y aura un Tucho (*) qui ensuite pourra tirer les conclusions. Et même, pour prendre soin de la planète, les voyages à Rome auraient pu être évités et on aurait pu faire la session par vidéo-conférence, à moins que le fait d’être ensemble à Rome ne fasse partie de cette promenade que propose Fisichella.

Tout va bien. On parle de prendre soin des forêts, de se promener ensemble et d’une bonne envie de passer à autre chose. Au moins pour l’instant. Continuons à oberver.

Ndt
(*) Tucho, surnom désormais bien connu et donné au prélat argentin Victor Manuel Fernández, un proche du Pape François.

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