Censure vaticane et mise à l'index

Un article du blog espagnol <Info vaticana> qui fait une synthèses de deux autres articles, respectivement de Marco Tosatti et du blog <Church Militant>, et qui illustre bien le malaise mais aussi la mesquinerie au plus haut sommet de l'Eglise (8/11/2018)

>>> www.marcotosatti.com
>>> www.churchmilitant.com

Restrictions pour Schneider, veto à Burke, pressions autour de Viganò


infovaticana.com
7 novembre 2018
Traduction de Carlota

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Rien par écrit: c’est semble-t-il la consigne de Rome pour éviter des problèmes d’image et, surtout, empêcher toute possibilité de recours alors que les mouvements de Mgr Athanasius Schneider sont restreints, que le vide se crée autour du cardinal américain Leo Burke et surtout qu’une pression est exercée sur les éditeurs d’Aldo Maria Valli pour qu’ils ne publient pas le livre sur Viganò.


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Mgr Athanasius Schneider, évêque auxiliaire d’Astana, au Kazakhstan, a-t-il sa liberté de mouvements restreinte à la suite d’instructions de Rome? C’est ce qu’affirme l’expert vaticaniste Marco Tosatti sur son blog Stilum Curiae, où il va jusqu’à parler de «résidence surveillée».

Schneider est bien connu des lecteurs d’Infovaticana comme l’un des critiques les plus lucides sur la confusion qui règne dans l’Église et bien qu’il soit resté respectueux et obéissant, il s’est exprimé avec courage sur des questions comme le mariage, les sacrements et la morale objective, selon une ligne chaque fois plus éloignée des messages ambigus qui arrivent de la Curie. Mais loin d’avoir reçu des louanges pour cette « parrhésie », pour cette liberté de jugement et d’opinion à laquelle Sa Sainteté a souvent encouragé, il est soumis à un ostracisme ecclésial progressif.

Selon Tosatti, depuis des sources proches du prélat, Schneider aurait reçu l’ordre verbal du Vatican de restreindre ses voyages à l’étranger, sans plus d’explications. A chaque fois que Schneider voudra sortir du pays il devra demander la permission au nonce, qui pourra lui refuser sans donner d’explications. La mesure aurait été prise le printemps dernier, et elle lui a été communiquée par des instructions du secrétaire d'Etat, Pietro Parolin, par l’intermédiaire du nonce au Kazakhstan, Francis Assisi Chullikatt.
De vive voix, sans aucun document dont pourrait se servir Schneider pour faire appel, comme il en aurait le droit face à une quelconque mesure qu’il juge injuste, auprès de la Congrégation des Évêques ou du Tribunal de la Signature Apostolique.

Plus ancienne est la restriction indirecte imposée, là encore verbalement, sans un seul papier pour prouver ou faire appel, au cardinal américain Raymond Leo Burke. Le même Tosatti raconte que Rome a fait parvenir aux évêques américains - une fois de plus, par l’intermédiaire du nonce -, la «recommandation» de ne pas inviter le cardinal - l’un des deux survivants des quatre qui ont exprimé au Pape leurs «doutes» sur Amoris Laetitia -, dans leurs diocèses, de ne pas le fréquenter, et de ne pas apparaître non plus à des évènements auxquels assiste le «dissident». En un mot, que soit fait le vide le plus absolu autour de lui.

À la différence de Viganò, ces deux prélats n’ont jamais demandé l’abdication du Pape, ni révélé des secrets pontificaux, ni appelé à une révolte ouverte contre la Curie: ils se sont limités à se différencier d’une ligne pastorale qu’ils jugent confuse et ambiguë, et à solliciter respectueusement des éclaircissements.

Dans le cas de Burke, ces éclaircissements, en référence à des points déterminés du Chapitre VIII de l’exhortation Amoris Laetitia qui paraissent contredire la doctrine de l’Église sur des très graves questions, ont été présentés sous une forme traditionnelle, une missive signée par quatre cardinaux dans laquelle étaient présentées certaines questions sur la façon dont devait être comprise l’exhortation, les fameux Dubia. Sa Sainteté non seulement n’a pas répondu à la demande à titre privé, mais a donné un ordre à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi pour qu’elle garde le même silence. Les cardinaux ont attendu en vain la réponse pendant trois mois et ce n’est qu’à ce moment qu’ils ont rendue leur lettre publique. Le Pape a maintenu son silence et l’a maintenu jusqu’à ce jour.

C’est le même silence qu’il a gardé face aux graves accusations contenues dans le Rapport Viganò, cette fois un «silence annoncé» pendant la conférence de presse donnée dans l’avion à son retour de la Rencontre Mondiale des Familles qui a eu lieu à Dublin en août. Quelques jours plus tard, et après des allusions obsessionnelles mais obliques au Grand Accusateur dans ses homélies de Sainte Marthe, le Vatican a annoncé qu’il était sur le point d’élaborer une réponse aux accusations. On n’en a jamais su plus et nous sommes toujours en attente de la réponse annoncée début novembre.

Et voici que le journaliste italien Aldo Maria Valli, l’une des personnes que Viganò a consultées pour la publication de son témoignage, sort maintenant un livre sur cette affaire, publié la maison d’édition Fede & Cultura qui, d’après une information de Church Militant, a reçu de fortes pressions du Vatican pour limiter les futures éditions du livre. Fede & Cultura a confirmé à Church Militant, être soumise à «une pression intense venant de l’intérieur de l’Église pour ne rien publier qui jette une lumière négative sur le Pape François». Tout est, finalement, très dans la ligne de la recommandation du dernier synode de créer un calque du vieil « Index des Livres Interdits » appliqué à Internet, un « système de certification » qui « punit » les blogs dissidents de l’actuelle dérive idéologique de la Curie.

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