Document final du Synode sur les jeunes

Première synthèse par Lorenzo Bertocchi sur la Bussola. Et les "instantanés" d'Ed Pentin sur son compte twitter (28/10/2018, mise à jour ultérieure: Tosatti)

>>> Dossier Synode sur les jeunes

En lisant le compte-rendu La Bussola, on peut s'étonner que la majorité des 2/3 requise pour la validation des différentes propositions ait été atteinte.
Selon Edward Pentin:


Tous les paragraphes du document final ont été adoptés à la majorité des 2/3, y compris ceux sur la synodalité, et le n. 150 appelant à une "élaboration anthropologique, théologique et pastorale approfondie" de la sexualité. Il utilise aussi le terme "orientation sexuelle". Le paragraphe a recueilli le plus grand nombre de voix contre (65)

Mais voici, toujours selon Edward Pentin, l'astuce qui a permis que le principe de "démocratie" reste sauf!


Chaput: «Beaucoup d'évêques ont été frustrés par l'absence de traductions anticipées pour des sujets importants sur lesquels ils devaient voter. Comme l'a dit l'un des pères du synode, il est vraiment immoral de voter "oui" sur des questions importantes quand vous ne pouvez même pas lire, et réfléchir sur ce qu'elle disent».

Synode, document final entre le vague et l'ambigu


Lorenzo Bertocchi
www.lanuovabq.it
28 octobre 2018
Ma traduction

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En plus des mots d'ordre habituels sur le cléricalisme et les migrants, le document final du Synode fait des ouvertures ambiguës sur le thème de l'homosexualité, promeut une sorte de synodalité permanente, et suggère un fichage inquiétant des sites catholiques.


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L'Église «est une Mère sainte avec des enfants pécheurs, et à cause de nos péchés, le Grand Accusateur en profite pour essayer d'accuser et en ce moment il accuse fort, et cela devient persécution: comme les chrétiens en Orient. L'accusation continue est faite pour salir l'Église. Les enfants sont sales, mais pas la Mère. Il est temps de défendre la Mère par la prière et la pénitence. C'est un moment difficile, l'Accusateur attaque la Mère et à la Mère, on ne touche pas!».
Le Pape François a conclu hier le Synode sur les jeunes et dans son discours, il a défendu l'Eglise contre les accusations qui récemment ont concerné les prêtres et les évêques, accusations nées surtout à cause des enquêtes judiciaires et canoniques pour le phénomène des abus dans le clergé. Et puis il y a les circonstances indiquées dans les memorandum de l'ex-nonce Carlo Maria Viganò, lesquels ont jeté une longue ombre sur la gestion du pouvoir aux plus hauts niveaux du gouvernement ecclésial, qui n'ont pas encore été totalement clarifiése.

ABUS, LA CAUSE EN EST LE CLÉRICALISME.

Du drame des abus, il est également question dans le long document, 167 paragraphes, qui représente la conclusion finale des trois semaines de travail dans la salle du Synode. Un texte voté hier par les pères, paragraphe par paragraphe. Aux §§ 29, 30 et 31, on trouve une réflexion sur le fléau des abus, selon laquelle «la tâche d'éradiquer les formes d'exercice de l'autorité sur lesquelles ils se greffent et de lutter contre le manque de responsabilité et de transparence avec lequel de nombreux cas ont été traités est évidente. Le désir de domination, le manque de dialogue et de transparence, les formes de double vie, le vide spirituel, ainsi que les fragilités psychologiques sont à la base de la corruption».

Le cœur du problème est identifié dans ce «cléricalisme» que le Pape François avait déjà indiqué comme cause à plusieurs reprises au cours ces derniers mois. Après avoir rappelé qu'il existe différents types d'abus, «de pouvoir, économiques, de conscience, sexuels», le texte laiise entendre que pour «aller à la racine» il faut se référer au «cléricalisme», qui «naît notamment d'une vision élitiste et excluante de la vocation, qui interprète le ministère reçu comme un pouvoir à exercer plutôt que comme un service libre et généreux à offrir».

«Le Synode exprime sa gratitude à ceux qui ont le courage de dénoncer le mal subi» et «Le Synode réaffirme son engagement ferme pour l'adoption ds mesures préventives rigoureuses pour éviter sa répétition, à commencer par la sélection et la formation de ceux qui seront chargés de tâches de responsabilité et d'éducation».

HOMOSEXUALITÉ: OUVERTURE À UNE PASTORALE AD HOC

Le paragraphe 150 est celui qui a reçu le moins d'adhésions, lors du vote d'hier. Le mot LGBT, dont on avait tant parlé pour avoir été inclus dans le document de travail, disparaît. Le texte du paragraphe dit qu'il est «réducteur de définir l'identité des personnes uniquement sur la base de leur "orientation sexuelle", et donc des étiquettes telles que celle de LGBT disparassent, mais dans le même temps, le paragraphe offre une ouverture claire à l'accompagnement des personnes homosexuelles, allant jusqu'à «recommander» des chemins ad hoc comme «il en existe déjà dans de nombreuses communautés chrétiennes». Il s'agit sans aucun doute d'une option positive pour ce que certains définissent déjà comme une pastorale LGBT.

En outre, le paragraphe dit qu'il est nécessaire d'«approfondir» davantage les questions anthropologiques, théologiques et pastorales relatives au corps, à l'affectivité et à la sexualité, parmi lesquelles émergent en particulier «celles relatives à la différence et à l'harmonie entre identités masculines et féminines et aux inclinations sexuelles. A cet égard, le Synode réaffirme que Dieu aime chaque personne et l'Eglise aussi, renouvelant son engagement contre toute discrimination et violence à caractère sexuel».

MIGRANTS: PARADIGME DE NOTRE TEMPS ET RESSOURCE

Selon «beaucoup de Pères synodaux», le phénomène des migrations est un «paradigme capable d'éclairer notre temps, en particulier la condition des jeunes, et nous rappelle la condition originelle de la foi, à savoir celle d'être «étrangers et pèlerins sur terre». On y fait référence à l'exploitation brutale faite sur la chair des migrants par d'authentiques «trafiquants sans scrupules, souvent liés aux cartels de la drogue et des armes, exploitant la faiblesse des migrants, qui rencontrent trop souvent sur leur chemin la violence, la traite, les abus psychologiques et même physiques, et des souffrances indicibles». On y rejette aussi la mentalité xénophobe dans «certains pays d'arrivée des migrants», une mentalité, écrit le synode, «de fermeture et de repli sur soi, à laquelle il faut réagir avec décision». On souligne donc que «pour les communautés et les sociétés dans lesquelles ils arrivent, ils sont une occasion d'enrichissement et de développement humain intégral de tous».

NUMÉRIQUE

Après avoir pris acte de l'omniprésence de l'univers d'internet, le synode signale le côté obscur du réseau, car «les médias numériques peuvent exposer au risque de dépendance, d'isolement et de perte progressive du contact avec la réalité concrète, entravant le développement de relations interpersonnelles authentiques». On met également en garde contre «les mécanismes de manipulation des consciences et du processus démocratique». Le Synode «espère que des bureaux ou organismes appropriés pour la culture et l'évangélisation numérique seront mis en place dans l'Église aux niveaux appropriés»; et il est curieux que parmi les tâches de ces bureaux se trouve aussi la proposition de «gérer un système de certification des sites catholiques, pour contrer la diffusion de fake news sur l'Église".

SYNODALITÉ: UNE NOUVELLE FAÇON D'ÊTRE ÉGLISE

Selon de nombreux commentaires formulés à l'intérieur et à l'extérieur de la Salle du Synode, la nouveauté potentiellement la plus forte dans le texte du document final est le chapitre sur la synodalité. C'est un sujet peu attirant, médiatiquement parlant mais qui peut avoir une incidence sur la vie de l'Église, et c'est l'application pratique d'un des points cardinaux du pontificat de François, celui d' «ouvrir de processus».

On le comprend bien en lisant le paragraphe 120: «La conclusion des travaux de l'assemblée et le document qui en recueille les fruits ne clôturent pas le processus synodal, mais en constituent une étape. (...) Nous invitons les Conférences épiscopales et les Églises particulières à poursuivre ce chemin, en s'engageant dans des processus de discernement communautaire qui incluent aussi dans leurs délibérations ceux qui ne sont pas évêques, comme l'a fait ce Synode». Il s'agit donc d'une méthode qui doit toujours être 'in progress' (en anglais dans le texte) et ouverte. François a l'objectif clair de transférer l'Église vers une synodalité missionnaire continue, ainsi, lisons-nous, «nous pouvons avancer vers une Église participative et coresponsable».

MISE À JOUR


Marco Tosatti a «glané» quelques éléments dans un long texte, «des dizaines de pages, plus de cent soixante paragraphes - où l'on trouve tout et même plus, dont nous doutons fortement que les jeunes du monde entier, aussi catholiques soient-ils, se l’arrachent mutuellement des mains, dans la frénésie de pouvoir s'y abreuver».
Et il note :

Il y a eu le problème du document final. Qui était seulement en italien. L'archevêque Chaput a protesté et quelqu'un a écrit sur Twitter: «Comment les Pères synodaux peuvent-ils voter sur un document qu'ils n'ont pas eu le temps de lire, dans une langue que beaucoup d'entre eux ne connaissent pas (l'italien) avec une nouvelle "boîte de Pandore" ouverte par l'insertion dans le texte final de sujets controversés?». Même Robert Mickens, de La Croix International, un autre super-bergoglien [NDT: pour situer le personnage, voir benoit-et-moi.fr/2014...je-hais-benoit-xvi..] a commenté: «Comment diable ceux qui ne connaissent pas l'italien peuvent-ils penser pouvoir offrir une critique responsable, ou proposer des amendements ou voter sur quelque chose qu'ils ne peuvent comprendre?...C'est un vrai 'scandale', dans le sens de pierre d'achoppement».


Mickens répond à Edward Pentin - plutôt courtoisement (même s'ils ne sont pas du même bord): "J'ai écrit la même chose dans mon dernier (article?)"...

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