La bombe du cardinal Müller

Sans le nommer explicitement, il corrige vigoureusement le Pape dans un Manifeste rendu public aujourd'hui (9/2/2019, mise à jour ultérieure)

Afin d'atteindre le plus large public possible, le manifeste est disponible en sept langues différentes, dont le français, ici: www.lifesitenews.com

Comme il le dit lui-même dans le préambule, le cardinal Müller se fait le porte-parole de ses confrères, et parmi eux, probablement, des cardinaux:

Face à la confusion qui se répand dans l’enseignement de la foi, de nombreux évêques, prêtres, religieux et fidèles laïcs de l’Eglise catholique m’ont demandé de rendre témoignage publiquement à la vérité de la Révélation.

La situation doit être très préoccupante, pour qu'il lance un appel aussi dramatique. Il est probable que le Document sur la Fraternité Universelle signé ces jours-ci à Abou Dhabi ait été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.
Par ailleurs, compte tenu de la solennité du ton, et de l'extrême gravité de l'argument, il est impossible d'imaginer un seul instant que l'ex-préfet de la CDF n'ait pas consulté Benoît XVI.

La cardinal Müller publie un Manifeste: une quasi-correction du Pontificat de François


www.lifesitenews.com
8 février 2019
Ma traduction

* * *

Le cardinal Gerhard Müller, ex-chef de l'office doctrinal du Vatican, a publié un Manifeste qui se lit comme une correction des nombreuses erreurs doctrinales que le Pape François a enseignées durant son mandat de Pape.
L'intention du cardinal était de publier le manifeste le 10 février. Cette date est la veille de l'anniversaire de l'annonce par le Pape Benoît XVI, en 2013, qu'il abdiquerait sa charge papale, ainsi que la veille de la propre ordination sacerdotale du cardinal. Cependant, un site web polonais a brisé l'embargo et le document est donc publié aujourd'hui.
Le pape François a démis le cardinal Müller de son poste de chef de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi en 2017 après qu'il ait exercé cette fonction depuis sa nomination par le pape Benoît XVI, en 2012.
Dans le manifeste, le cardinal Müller ne mentionne pas le Pape, mais il dit qu'on lui a demandé de rendre un témoignage public de la vérité «face à la confusion croissante sur la doctrine de la foi».
Le manifeste a été publié à la suite d'un document commun très controversé du pape François et d'un dirigeant musulman qui affirme que «le pluralisme et la diversité des religions» sont «voulus par Dieu dans Sa sagesse» - une déclaration que beaucoup considèrent comme contraire à la foi catholique.
Le Cardinal Müller prend dans le manifeste une position opposée:

La distinction entre les trois Personnes dans l'unité du même Dieu (254) établit une différence fondamentale entre le christianisme et les autres religions tant au niveau de la croyance en Dieu que de la compréhension de ce qu’est l'homme. Les esprits se divisent lorsqu’il s’agit de confesser Jésus le Christ. Il est vrai Dieu et vrai homme, conçu du Saint-Esprit et né de la Vierge Marie. Le Verbe fait chair, le Fils de Dieu, est le seul Rédempteur du monde (679) et le seul Médiateur entre Dieu et les hommes (846). Par conséquent, la première épître de saint Jean présente celui qui nie sa divinité comme l’Antichrist (1 Jn 2, 22), puisque Jésus-Christ, le Fils de Dieu, est de toute éternité un seul et même Etre avec Dieu, son Père (663).


En clarifiant le point de vue de l'Église sur l'Islam, le cardinal Müller rejette le point de vue musulman qui voit le Christ comme un prophète, plutôt que comme le Messie. Le Manifeste affirme:

La rechute dans les anciennes hérésies, qui ne voyaient en Jésus-Christ qu'un homme bon, un frère et un ami, un prophète et un moraliste, doit être combattue avec une franche et claire détermination.


Le Manifeste aborde également plusieurs autres points qui peuvent être considérés comme des corrections du Pape François, notamment l'inadmissibilité à la Sainte Communion pour les catholiques divorcés et remariés ainsi que pour les protestants; l'éternité de l'enfer; l'interdiction des femmes prêtres et le célibat sacerdotal:

Les chrétiens divorcés et remariés civilement, dont le mariage sacramentel existe devant Dieu, de même que les chrétiens qui ne sont pas pleinement unis à la foi catholique et à l'Église, comme tous ceux qui ne sont pas aptes à communier, ne reçoivent pas avec fruit la Sainte Eucharistie (1457) ; en effet, celle-ci ne leur procure pas le Salut.

C'est pourquoi, au sujet de la réception de la sainte Communion, la Sainte Ecriture contient cette mise en garde: "Celui qui mange le pain ou boit à la coupe du Seigneur d’une manière indigne devra répondre du Corps et du Sang du Seigneur" (1 Co 11, 27).


Dans son Exhortation apostolique Amoris Laetitia, le Pape François écrivait: «Nul ne peut être condamné pour toujours, parce que ce n'est pas la logique de l'Evangile» et, dans ses entretiens [avec Scalfari], il est allé jusqu'à suggérer que ceux qui ne veulent pas de Dieu sont annihilés plutôt qu'en enfer.
Citant le Catéchisme de l'Église catholique, le Cardinal Müller atteste:

Celui qui meurt dans le péché mortel sans repentir sera à jamais séparé de Dieu (CEC 1033)

L'éternité du châtiment de l'enfer est une réalité terrible qui, selon le témoignage des Saintes Écritures, attire tous ceux qui 'meurent dans l'état de péché mortel' (CEC 1035).

Garder le silence sur ces vérités et d'autres vérités de la foi, et enseigner avec cette disposition d’esprit, est la pire des impostures au sujet de laquelle le Catéchisme nous met en garde avec vigueur. Cela fait partie de l'épreuve finale de l'Église et conduit à une forme d’imposture religieuse de mensonge, "au prix de l’apostasie de la vérité" (675) ; c’est la duperie de l'Antichrist.


La récente ouverture du Pape à un sacerdoce sans célibat obligatoire et son clin d'œil à l'ordination féminine semblent également être couverts, comme le dit le Manifeste,

Les prêtres choisissent volontairement le célibat comme "signe d’une vie nouvelle" (1579).

L'Église est liée par le choix du Seigneur lui-même. C'est pourquoi l’ordination des femmes n’est pas possible (1577)... Ceux qui estiment qu’il s’agit d’une discrimination à l'égard des femmes ne font que montrer leur méconnaissance de ce sacrement, qui n’a pas pour objet un pouvoir terrestre, mais la représentation du Christ, l'Epoux de l'Eglise.


En outre, le Cardinal Müller réaffirme aussi le lien inséparable entre la Foi et la loi morale qui doit être suivie «pour pratiquer le bien et atteindre sa fin (1955)», et il souligne certaines parties de l'enseignement moral de l'Église «qui sont souvent ignorées aujourd'hui». Ici, il fait référence à plusieurs parties de l'enseignement moral du Catéchisme «qui ne peuvent être relativisées» sans les citer explicitement. Parmi elles figurent des déclarations telles que «La vie humaine doit être absolument respectée et protégée dès le moment de la conception (n° 2270)» et le rejet explicite des péchés graves suivants: avortement (n° 2270, 2271), contraception (n° 2370), euthanasie (n° 2277), suicide (n° 2280), cohabitation hors mariage (n° 2350), masturbation (n° 2352), fornication (n° 2353), pornographie (n° 2354) et adultère (n° 2380-2381). Le Cardinal Müller fait aussi explicitement référence aux parties du Catéchisme (n° 2357-2359) qui décrivent «les actes homosexuels comme des actes de dépravation grave» et «intrinsèquement désordonnés» et qui appellent les personnes homosexuelles à vivre dans «la chasteté».

Bien qu'il ne mentionne jamais le pape François par son nom, les critiques du Manifeste sont si ciblées qu'elles laissent peu de doute sur l'identité d'au moins un des membres de la hiérarchie que le cardinal Müller espère corriger.

L'avertissement de l'Apôtre, selon lequel "soit anathème quiconque annonce un Evangile différent, y compris nous-mêmes ou un ange du ciel" (Ga 1,8), est toujours d’actualité.

La médiation de la foi est indissociablement liée à la fiabilité de ses messagers qui, dans certains cas, ont abandonné ceux qui leur avaient été confiés, les ont déstabilisés et ont gravement abîmé leur foi. A ce propos, la Parole de la Sainte Ecriture s'adresse à ceux qui ne se conforment pas à la vérité et, ne suivant que leurs propres caprices, flattent les oreilles de ceux qui ne supportent plus l’enseignement de la saine doctrine (cf. 2 Tm 4, 3-4)

Mise à jour


On ne peut pas ne pas citer l'appel final:

APPEL

En tant qu'ouvriers envoyés dans la vigne du Seigneur, nous tous avons la responsabilité de rappeler ces vérités fondamentales en adhérant fermement à ce que nous-mêmes avons reçu. Nous voulons encourager les hommes de notre temps à suivre le chemin de Jésus-Christ avec détermination afin qu’ils puissent obtenir la vie éternelle en obéissant à ses commandements (2075).

Demandons au Seigneur de nous faire connaître la grandeur du don de la foi catholique, qui nous ouvre la porte de la vie éternelle. « Car celui qui a honte de moi et de mes paroles dans cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l’homme aussi aura honte de lui, quand il viendra dans la gloire de son Père avec les saints anges » (Mc 8,38). Par conséquent, nous nous engageons à renforcer la foi en confessant la vérité qui est Jésus-Christ Lui-même.

Nous, évêques et prêtres, nous sommes plus particulièrement interpellés par cet avertissement que saint Paul, l'Apôtre de Jésus-Christ, adresse à son collaborateur et successeur Timothée : « Devant Dieu, et devant le Christ Jésus qui va juger les vivants et les morts, je t’en conjure, au nom de sa Manifestation et de son Règne : proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, toujours avec patience et souci d’instruire. Un temps viendra où les gens ne supporteront plus l’enseignement de la saine doctrine ; mais, au gré de leurs caprices, ils iront se chercher une foule de maîtres pour calmer leur démangeaison d’entendre du nouveau. Ils refuseront d’entendre la vérité pour se tourner vers des récits mythologiques. Mais toi, en toute chose garde la mesure, supporte la souffrance, fais ton travail d’évangélisateur, accomplis jusqu’au bout ton ministère » (2 Tm 4, 1-5).

Que Marie, la Mère de Dieu, implore pour nous la grâce de demeurer fidèles à la vérité de Jésus-Christ sans vaciller.

Unis dans la foi et la prière.

Gerhard Cardinal Müller

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