Les amitiés embarrassantes du Pape

Cette fois, c'est plus qu'un faisceau convergeant d'indices, c'est la preuve que le Pape protège des prêtres ouvertement gays. Illustration à travers un article de Riccardo Cascioli, et un autre de Marco Tosatti. En attendant le sommet de février, et la parution d'une bombe en avril prochain sur l'infiltration gay au Vatican (22/1/2019)

>>> Voir ausi: Abus: l'étau se resserre autour de François

Le Pape et l'évêque Zanchetta

Dernière minute


Hasard du calendrier, comme l'on dit, au moment où je m'apprêtais à mettre en ligne la traduction des deux articles, je lis ici que le 1er avril prochain (j'espère que ce n'est pas un canular!), juste après la rencontre prévue au Vatican entre le Pape et les présidents des conférences épiscopales du monde entier pour aborder le problème des abus sexuels du clergé, sortira un livre du sociologue français Frédéric Martel (lui-même gay, apparemment, auteur en particulier de " LeRose et le noir: les homosexuels en France depuis 1968", "La longue marche des gays", etc.). Le titre de son prochain ouvrage devrait être "Sodome", et il révélerait avec noms et faits précis l'étendue du réseau homosexuel au sein du Vatican.
Selon le site conservateur InfoVaticana qui publie la nouvelle et semble bien informé, «Martel a un bilan progressiste irréprochable, il a travaillé pour l'administration socialiste française et est un partisan déterminé du mariage pour tous. Paradoxalement, Martel écrit au nom de ceux qui veulent une église comme celle que François lui-même dit vouloir: une église inspirée par l'Évangile, une église pour les pauvres, les marginalisés et les démunis».

Un auteur insoupçonnable, donc: il sera difficile de relier son livre à un complot contre le Pape fomenté par l'extrême-droite et des traditionalistes aigris.

Abus sexuels, nouvelles révélations et embarras du Pape


Riccardo Cascioli
www.lanuovabq.it
21 janvier 2019
Ma traduction

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Le Pape connaissait parfaitement les accusations d'abus sexuels portées contre son "ami", l'évêque Gustavo Zanchetta: c'est l'un des prêtres accusateurs qui l'a révélé à Associated Press. Il s'agit d'un nouveau cas de "couverture" dans lequel le Pape est mis en cause, auquel il devient absurde de répondre par la thèse du complot.


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Les nouvelles en provenance d'Argentine sur l'affaire Zanchetta sont très peu rassurantes pour le pape François. Nous voulons parler de l'évêque Gustavo Zanchetta, qui a démissionné de son diocèse d'Oran de manière mystérieuse en août 2017 (il a été nommé par le Pape François en novembre 2013), puis en décembre suivant appelé à Rome et nommé assesseur de l'APSA, l'organisme chargé de la gestion du patrimoine du Saint Siège, finalement suspendu de toutes fonctions au début du mois de janvier à l'issue d'une enquête pour abus sexuels.

Déjà il y a deux semaines, nous avons rapporté une version officielle du Saint-Siège qui niait les déclarations précédentes et admettait que la démission en 2017 était due à des difficultés dans la gestion du diocèse et aux relations tendues avec les prêtres, mais que c'est seulement en décembre dernier qu'on a appris qu'il y avait des accusations d'abus sexuels.

Aujourd'hui, pourtant, l'ancien vicaire général du diocèse d'Oran, Juan José Manzano, l'un des trois prêtres qui ont envoyé les rapports sur Zanchetta au Vatican, dans un entretien exclusif avec l'Associated Press, a déclaré que le pape François connaissait très bien les accusations contre Zanchetta, au point de l'avoir rencontré à deux reprises, en 2015 et 2017, immédiatement après l'arrivée des rapports au Vatican, pour en discuter avec lui. En 2015, Manzano lui-même avait fait parvenir au Vatican par l'intermédiaire d'évêques amis des selfies que Zanchetta s'était fait dans des positions obscènes, tandis qu'en 2017, en plus de la gestion autoritaire et irrationnelle du diocèse, les dénonciations incluaient harcèlement et abus de séminaristes (un des trois accusateurs est le recteur du séminaire en personne).

Dans la première circonstance, Zanchetta se justifia en disant que son téléphone portable avait été piraté et qu'il y avait des gens qui cherchaient à mettre le Pape sous un mauvais jour. Zanchetta était en effet très proche de l'archevêque Bergoglio, qui avait également été son confesseur, et il était sous-secrétaire exécutif de la Conférence épiscopale argentine lorsque Bergoglio en était le président. C'est précisément cette amitié qui lui ouvrit toute grande la porte vers l'épiscopat lorsque Bergoglio devint le pape François, malgré les nombreuses accusations d'abus de pouvoir dont il fut l'objet lorsqu'il exerça la charge d'économe dans son diocèse natal de Quilmes.

Après la rencontre avec le Pape en 2017, en revanche, Zanchetta donna soudainement sa démission pour des raisons de santé, disparut de la circulation et, comme nous l'avons déjà dit, on lui donna un poste important au Vatican.

Ces nouvelles révélations constituent un embarras objectif pour le Pape, à plus forte raison en cette période de préparation du sommet sur les abus sexuels qui se tiendra au Vatican du 21 au 24 février. Bien que Mgr Manzano exonère complètement le Pape François, le considérant comme une victime de l'art de manipulation de Zanchetta [sans doute est-ce par prudence..., ndt], les faits suggèrent malheureusement aussi d'autres considérations. Une fois de plus, en effet, on est confrontés à des réticences et à des mensonges: on a voulu faire croire que les accusations d'abus sexuels étaient récentes, il apparaît au contraire qu'elles étaient bien connues depuis 2015 mais le Pape ne les avait pas écoutées, et en 2017 également, il avait protégé son ami évêque en lui donnant même une position de prestige au Vatican.

Ce n'est pas la première fois que cela se produit: c'était déjà arrivé avec l'évêque chilien Barros, et de nouveau avec le cardinal américain (maintenant ex) McCarrick. Des cas qui se présentent tous de la même manière: promotions et affectations spéciales à des évêques amis, malgré les accusations d'abus sexuels; l'inévitable éclatement d'un scandale; la justification que le Pape ne savait rien des accusations précises; et enfin les témoins qui démentent la reconstruction du Pape (voir Chili) ou de ses collaborateurs (dans les autres cas). Dans un autre cas, en revanche, celui du défunt cardinal britannique Cormac Murphy O'Connor, des sources de la Congrégation pour la doctrine de la foi, jamais démenties, ont affirmé ces derniers mois que le Pape en personne avait bloqué une enquête pour abus.

C'est une situation qui devient de plus en plus ingérable et, à ce stade, on peut légitimement s'attendre à ce que d'autres cas puissent être déflagrer: par exemple, celui du cardinal hondurien Maradiaga, accusé d'avoir couvert des abus sexuels de son auxiliaire et de détournement de fonds diocésains, laisse présager des développements ultérieurs. Et ce n'est pas le seul.

Si l'on veut accepter la bonne foi du Pape François, il faut au moins dire qu'il est prisonnier du "syndrome du complot" que ses collaborateurs les plus proches lui ont cousu et avec lequel ils répondent à chaque fois aux témoignages qui émergent. Quand ses amis et "grands électeurs" au conclave sont accusés, la défense déclenche la thèse selon laquelle il s'agit toujours d'accusations idéologiques qui, à travers ses collaborateurs les plus proches, entendent frapper le Pape. C'est aujourd'hui une stratégie défensive absurde, voire pathétique, qui nuit surtout au pape François et à sa crédibilité. Et la réduction de McCarrick à l'état laïc ne suffira certainement pas à éclaircir les lourdes ombres qui s'épaississent sur ce pontificat.

Un Pape aux amitiés et aux protections embarrassantes


Marco Tosatti
www.marcotosatti.com
22 janvier 2019
Ma traduction

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Le moins que l'on puisse dire, c'est que la figure du pape Bergoglio est embarrassante. Peut-être pas tant pour la personne elle-même - encore que... - que pour les personnes qu'il préfère, protège et défend. Ainsi que ceux qui ont activement contribué à son élection.

Commençons par ces derniers. Parmi eux, il y avait le Cardinal Danneels, immortalisé près du Souverain Pontife sur la Loggia immédiatement après l'élection. Danneels a couvert un évêque qui avait abusé de son neveu; et une pétition de laïcs a exigé qu'il ne participe pas au Conclave. Danneels a ensuite été invité - quel témoignage ! - par le pape au Synode de la Famille.
Ont ensuite travaillé pour Bergoglio "papa" McCarrick (c'est lui-même qui le dit!) et Mahony, de Los Angeles, contraint de mener une vie de retraite et de prière par son successeur, l'archevêque Gomez (qui, curieusement, n'a jamais été fait cardinal; peut-être parce qu'il n'a pas de squelette dans le placard et est de l'Opus Dei...) quand une enquête judiciaire révèla qu'il avait couvert des dizaines de prêtres abuseurs. L'année dernière Mahony devait se rendre comme représentant pontifical à un événement important, malgré l'interdiction de participer à des événements publics; la protestation des laïcs l'en a empêché. Mais Roger Mahony prendra la parole au Los Angeles Education Congress en mars: un signe clair de soutien papal, persistant malgré les abus et les dissimulations.
Puis il y avait - paix à son âme - le cardinal Murphy O'Connor. Il avait déplacé un prêtre abuseur en série (condamné par la suite) d'un endroit à un autre, et celui-ci y avait reproduit les abus. O'Connor a été particulièrement favorisé par le Pontife: lequel a imposé au cardinal Müller, par un coup de fil irrité lors de la célébration d'une messe, de clore l'enquête qui voyait Murphy O'Connor soumis à une enquête pour abus. Et puis Errazuriz, au Chili... et nous en oublions probablement quelques-uns.

Le passé, c'est du passé, direz-vous. Après tout... toutefois, le problème est que le présent, l'actualité stricte, ne semblent pas être différents. Laissons de côté le cas de l'évêque chilien Barros, qui s'est vu confier un diocèse malgré les protestations justifiées, et les mensonges du Pontife à l'égard des victimes. Mais voyons le cas de l'évêque Pineda, le bras droit de Maradiaga, qui a été contraint à la démission à cause d'une lettre de séminaristes l'accusant de harcèlement sexuel. Pineda avait vécu avec son amant dans la villa de Maradiaga à Tegucigalpa. Est-il possible que le cardinal hondurien, bras droit et grand inspirateur du Souverain Pontife, se retrouvant au petit déjeuner face à ce beau jeune homme ne se soit pas demandé: mais qui est-ce, celui-là? Mgr Ricca, dont la carrière diplomatique a été bouleversée par un scandale homosexuel, a été nommé par le Pontife Prélat de l'Ior. Nous avons à présent le cas de Mgr Zanchetta, qui non seulement a été accueilli au Vatican, fuyant l'Argentine, mais pour qui un poste auparavant inexistant a été créé, comme Conseiller pour l'APSA, l'Administration du Patrimoine du Siège Apostolique, la caisse du Saint Siège. Malgré les désastres financiers commis dans son diocèse d'Oran (en plus des désastres sexuels). Les accusations et les soupçons n'excluent pas non plus le nouveau substitut à la Secrétairerie d'État, Pena Parra, grand ami de Pineda et de Maradiaga.

Et puis il y a les États-Unis. On a appris il y a quelques heures que Ken Farrell, un homme de la filière McCarrick, nommé par le Pontife Préfet du Dicastère pour les laïcs et la famille, fait l'objet d'une enquête de la police de Dallas, pour une accusation d'abus lorsqu'il y était évêque. Farrell a été nommé vicaire général par McCarrick, et a vécu six ans dans le même appartement que McCarrick; et il ne s'est jamais - dit-il - aperçu de rien. De Wuerl, de sa couverture de McCarrick et de ses excuses déconcertantes - il avait "oublié" la plainte qu'il avait envoyée au Nonce aux Etats-Unis... allons donc! -, et de ses mensonges, nous avons parlé récemment. Et puis Tobin avec ses messages étranges via Twitter envoyés - dit-il - à sa sœur .... Tobin a déclaré qu'il n'avait pas enquêté sur les rumeurs sur McCarrick parce qu'il les trouvait non crédibles. Il a lui aussi été fait cardinal, comme Farrell.

Dans un cadre comme celui-ci, il semble ridicule que le cardinal Kasper parle d'un «complot» basé sur des abus, contre le pape Bergoglio. Comme on dit à Rome, c'est sauter en avant pour ne pas reculer. Parce qu'à coup sûr, la liste - surtout en ce qui concerne l'Argentine - n'est pas exhaustive. Qui sait pourquoi, six ans après son élection, ce Pontife n'a jamais - nous disons jamais - songé à retourner dans son pays natal. C'est étrange, non? De quoi a-t-il peur? Que d'autres cas émergent comme celui du Père Grassi, condamné à la prison, et pour lequel le cardinal Bergoglio avait fait préparer deux tomes de défense prêts à être envoyés aux juges de la procédure d'appel. Un fait qu'ensuite - en mentant - il a nié, à une télévision française. Bergoglio était le père spirituel de Grassi ; ainsi que de Zanchetta, et d'autres que nous ne mentionnons pas et qui ont eu, toujours en Argentine, des parcours ecclésiaux sexuellement peu exemplaires.

Et puis il y a le silence sur MCCarrick, qui dure maintenant depuis le 26 août. Dont le Souverain Pontife a été informé des méfaits par Mgr Viganò quelques mois après l'élection, et qu'il a utilisé comme son envoyé plus ou moins officiel, et consultant pour les nominations aux USA . Le savait-il? Et s'il savait, pourquoi a-t-il choisi d'utiliser une personne aussi - c'est le moins qu'on puisse dire - discutable ?

Le fait que McCarrick ne soit pas un cas isolé nous porte à penser que le Pape choisit ou préfère les gens qui ont un passé, et peut-être un squelette dans le placard. Qui est plus obéissant et fidèle que quelqu'un qui a peur? Un pontife qui règne non pas avec l'Evangile mais avec des dossiers? Difficile d'effacer ce soupçon. Et Kasper parle de conspirations! Mais par pitié!

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