Pour ou contre don Minutella

AM Valli a reçu de nombreuses réactions à son interviewe du prêtre rebelle excommunié, et aujourd'hui, il en publie quelques-unes... (11/1/2019, mise à jour le 12/1)

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¤ Un prêtre critique excommunié (I)
¤ Un prêtre critique excommunié (II)

Il en publie en fait cinq (après une première réaction disons mitigée, mais dans l'ensemble plutôt critique, celle du P. Cavalcoli - qui reproche entre autres choses à don Minutella ses "outrances verbales" et sa conviction proclamée haut et fort que l'élection de François est invalide -, publiée mardi dernier).
Les deux premières, signées de prêtres, sont entre modérément et plus sévèrement critiques, les trois autres sont franchement favorables.
J'en ai choisi trois, celle modérément critique, que je trouve intéressante et relativement équilibrée (*), et deux parmi les favorables.

Don Minutella: un cas qui continue à faire discuter


Aldo Maria Valli
11 janvier 2019
Ma traduction

* * *

Cher Aldo Maria, merci pour l'interview de Don Minutella. Je vais te dire, en style télégraphique, ce que je pense de lui.

1) bonne substance, forme discutable: je partage presque complètement ce qu'il dit, un peu moins le ton et les manières;
2) j'apprécie sa culture théologique et son éloquence débordante; un peu moins quelques traits de narcissisme qui émergent ici et là;
3) je ne condamne pas les méthodes de lutte qu'il a choisies pour lui-même, mais je ne les adopterais pas pour moi, et je ne les recommanderais pas aux autres;
4) j'ai peu apprécié son initiative d'inviter publiquement Benoît XVI, depuis la Place Saint-Pierre, à quitter sa retraite pour prendre position dans la controverse actuelle [1], comme si l'immolation silencieuse et priante n'avait plus de valeur; et aussi sa relation avec les Hyènes [2], pour se faire interviewer;
5) peut-être oublie-t-il qu'une véritable solution au problème ne peut venir de nous, mais seulement du Seigneur qui, tout comme il a permis "le coup d'état", saura de la même manière reprendre le timon de sa Barque. Entre-temps, nous nous accrochons au "Pape suppléant", en attendant que son hérésie devienne de plus en plus évidente et incontestable, afin de pouvoir y faire face plus facilement.

Père Gabriele Rossi (*)

* * *

Cher Dr Valli, dans un tableau désolant de silence et d'indifférence, on doit vous reconnaître d'être le seul parmi les commentateurs de poids à avoir fait preuve de courage et de professionnalisme en portant le travail et l'apostolat de don Alessandro Minutella à l'attention d'un public plus vaste. Certaines choses émergent clairement.

Don Minutella n'a pas constitué un troupeau autour de ses idées et n'a pas, comme certains l'en accusent follement, formé une secte. Tout ce qu'il a fait, c'est guider un troupeau qui s'était déjà formé en ordre dispersé comme conséquence de la désorientation et de l'égarement.

On ne peut pas comprendre l'action de don Alessandro si on ne la situe pas dans ce cadre dramatique qui constitue un authentique état d'urgence, d'exception, dans lequel verse aujourd'hui l'Église catholique. Une fois de plus, l'image, savamment construite par les médias mainstream, honteusement et incroyablement idolâtres de Bergoglio, qui cherchent à minimiser l'opposition à la révolution bergoglienne en la présentant comme élitiste et numériquement insignifiante, limitée à des milieux qualifiés avec mépris de "traditionalistes", est entièrement fausse. Ceux qu'on reconnaît chez don Alessandro, ce sont au contraire les catholiques authentiques qui ont toujours reconnu et aimé l'Église catholique comme Église du Christ, Mère et Enseignante. Et c'est un peuple eucharistique, marial, dévot, qui n'est certainement pas devenu brusquement fou. Le peuple qui suit Bergoglio, par contre, est incroyablement improvisé. Ses partisans les plus frénétiques sont tous ceux qui ont toujours détesté l'Église et n'ont jamais épargné leurs critique aux papes. Aujourd'hui, tout à coup, ils se retrouvent papistes. Ce serait suffisant pour qu'on se pose quelques questions.

Bien que minoritaire, ce peuple a trouvé en don Alessandro un guide ferme, courageux et crédible. Alors qu'il avait tout à gagner à garder le silence, conservant la paroisse et les avantages relatifs, en s'adaptant au nouveau cours, comme beaucoup de ses confrères, il s'est montré disposé à tout perdre.

Don Alessandro est un vrai pasteur au service de la vérité, prêt à donner sa vie pour les brebis. Contrairement à beaucoup de pasteurs apostats et idolâtres de Bergoglio qui ont au contraire donné les brebis pour leur vie. Dans sa voix, nous reconnaissons celle du bon pasteur, une voix que nous ne reconnaissons pas chez celui qui aujourd'hui se dit pape et chez tous les pasteurs qui malheureusement suivent ses traces. Son discours est authentiquement catholique et il est très étrange que l'on puisse l'accuser d'hérésie et de schisme. Cela devient même ridicule si de telles déclarations viennent précisément de ceux qui infestent l'Église des pires erreurs et qui ont même eu l'insolence d'établir l'hérésiarque Luther au Vatican. Alors que l'intelligentsia catholique se montre encore ou ignorante ou normaliste, ou se répand en analyses qui peuvent même être correctes ou avec lesquelles on peut être d'accord, mais sans jamais parvenir à une conclusion et montrer la cause de cette débâcle, don Alessandro a pris le taureau par les cornes, il a crié avec courage que ce qui est en cours, c'est une imposture manifeste et qu'on ne peut pas garder le silence. A ceux qui se plaignent du ton "excessif", nous disons que, s'ils ne l'ont pas encore remarqué, le navire coule. On n'a jamais entendu lancer une alarme en murmurant. Celui qui soulève la question du ton le fait d'une manière hypocrite. Soit qu'il essaie d'interdire la critique, parce qu'il partage les positions de Bergoglio, soit que, n'ayant pas le courage d'imiter le choix de don Alessandro, il avance des excuses et des prétextes. Nous vivons peut-être les moments les plus difficiles de l'histoire de l'Église et nous ne pouvons exclure que ce soient les derniers. Il y a beaucoup de signes de cela, beaucoup de prophéties accréditées, tout d'abord la prophétie de Fatima.

Tous les fidèles sont appelés et ils le seront de plus en plus, à choisir clairement leur camp: rester fidèles au dogme catholique ou bien s'empêtrer inexorablement dans une nouvelle église, qui, bien que majoritaire, est schismatique et hérétique, conduite par un imposteur. Beaucoup font un calcul qui va s'avérer dramatiquement faux. Ils pensent: Bergoglio va bientôt passer à une vie meilleure et le prochain pape va arranger les choses. Non. Le prochain pape sera pire que Bergoglio et la situation dégénérera encore plus. Nous savons que l'Église est une réalité divine et qu'elle est soutenue par une promesse: «Les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre elle» (Mt 16, 18). La barque de Pierre est presque renversée, mais le Seigneur ne la laissera jamais couler. Comme tant de fois dans l'histoire du Salut, quand tout semble avoir été perdu, une intervention divine renverse ce qui semblait être un résultat inévitable. C'est à nous de résister dans la foi. A Dieu et à Sa Sainte Mère, la Victoire sur tous les ennemis.

Gabriele Amadio

* * *

Cher Docteur Valli, Je me joins au chœur de gratitude pour avoir donné la parole, avec votre interview, à don Alessandro Maria Minutella que j'ai rencontré en mars 2017 à Ravenne dans le cadre de son apostolat en Italie. Ayant approfondi personnellement la connaissance de don Minutella en plusieurs occasions, je peux dire que dans l'interview la figure de ce prêtre palermitain doublement excommunié, qui se soucie vraiment de la défense de la foi catholique et souffre terriblement du sort de l'Église si maltraitée par ces mêmes prélats qui devraient au contrairet la défendre, ressort correctement. Ce qui est le plus frappant dans l'affaire Minutella, c'est, selon moi, que la double excommunication lui ait été imposée par le Saint-Siège sans aucune contradiction et sans motifs véritables et clairs. Don Minutella était donc considéré comme plus dangereux que Martin Luther lui-même, qui n'a reçu qu'une seule excommunication face à la grande fracture créée alors dans l'Église. Bref, jusqu'à présent, don Minutella a été davantage critiqué pour la forme (ses invectives enflammées contre la fausse Église) que pour le contenu, et ceci témoigne d'une fragilité de la pensée actuelle dominante dans les hautes sphères du Vatican, lesquelles toutefois se font fortes de la grande popularité de Bergoglio dans le monde laïc, en dépit d'une frange toujours plus large de catholiques pratiquants de plus en plus perdus et qui désertent et vident de plus en plus les églises.

Je conclus en disant que don Minutella a, selon moi, le grand mérite de garder la foi éveillée en ces temps sombres pour l'Église catholique, et il le fait, seule voix sacerdotale en Italie, où l'on aime mieux parler des migrants et des pauvres - de préférence étrangers -, que proclamer et porter l'Évangile à tous les peuples comme nous l'a enseigné Jésus Christ, Fils de Dieu et seconde personne de la très Sainte Trinité.

Giuseppe Poletti

NDT


(1) Le 22 novembre dernier, de nuit, seul sur la Place Saint-Pierre, don Minutella a interpelé directement le Pape émérite via le site <Radio Domina Nostra> qui héberge ses interventions, lui disant qu'il était le seul Pape légitime et l'implorant de faire entendre sa voix; il a ensuite récité le chapelet, voir ici: www.facebook.com.

(2) "Le Iene" est un magazine ou un talk-show de la chaîne Mediaset - propriété de la famille Berlusconi, ce qui, en matière de télévision n'est pas vraiment un gage de qualité: don Minutella y était longuement interviewé en novembre dernier; voir ici: www.youtube.com.

(*) Mise à jour (12/1/2019)


Apparemment, don Minutella n'a pas du tout trouvé, comme moi, que la lettre de don Gabriele Rossi était "raisonnablement critique". C'est peu de dire qu'il ne l'a pas vraiment appréciée . Sur la page Facebook de <Radio Domina Nostra>, il l'accuse de reprendre à son compte, "comme un disque rayé" tous les lieux communs répandus sur lui, et réfute point par point les critiques de son confrère, en particulier sa participation à une émission des "Iene" (ICI): «Ce sont les Hyènes qui m'ont harcelé», dit-il. «Et pour avoir la paix j'ai joué mes cartes. Sachant qu'ils allaient manipuler l'interview, j'en ai fait un enregistrement complet et l'ai diffusé pour me protéger».

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