Pourquoi Macron veut la mort de Vincent Lambert

.. et en plus là où il est . Une analyse percutante et particulièrement perspicace de Luisa Scrosati qui donne des raisons plus que vraisemblables (13/6/2019)

 

Voilà pourquoi le gouvernement Macron veut la mort de Vincent.


Luis Scrosati
www.lanuovabq.it
13 juin 2019
Ma traduction

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Avant les élections européennes, le président français avait dit qu'il ne pouvait pas interférer dans la décision d'arrêter le traitement de Vincent Lambert, alors qu'après les élections, son gouvernement a présenté un recours contre la décision de la Cour d'appel de reprendre l'alimentation et l'hydratation. Le carnaval électoral passé (il avait besoin des votes des catholiques), pourquoi tant de hâte à se débarrasser d'une personne handicapée? Pour une série de raisons précises.


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Vous souvenez-vous de l'intervention d'Emmanuel Macron, le 20 mai au soir, lorsque Vincent Lambert a cessé d'être nourri et hydraté? «Aujourd'hui, en tant que Président de la République, avait dit Macron, il ne m'appartient pas de suspendre une décision qui relève de la responsabilité des médecins et qui est conforme à nos lois. La décision d'arrêter le traitement a été prise au terme d'un dialogue permanent entre les médecins et son épouse, qui est la tutrice légale. Elle a été prise sur la base de notre loi, qui permet de suspendre le traitement en cas d'obstination déraisonnable, ce qui, selon les différentes équipes médicales, est le cas de Vincent Lambert.

En substance, le président français s'en est donc lavé les mains; c'était à la veille des élections européennes et Macron avait besoin, pour survivre, de ratisser quelques voix, y compris dans le monde catholique qui, selon une enquête du journal La Croix, n'a pas déçu pas fondateur du mouvement La République en Marche. Les chiffres de La Croix montrent que la faveur accordée à Macron est directement proportionnelle à la pratique de la «foi catholique». Les guillemets n'entendent pas être un jugement sur qui que ce soit, mais il est au moins permis d'avoir quelques doutes sur la qualité d'une foi qui s'exprime en soutien de politiques clairement contraires aux principes non négociables. Des principes qui, s'ils n'étaient pas négociables à l'époque de Benoît XVI, ne le sont pas non plus aujourd'hui et ne le seront pas demain.

Donc, 43% des catholiques pratiquants réguliers ont voté pour Macron; le pourcentage tombe à 30 % pour les pratiquants non réguliers et à 22 % pour les non pratiquants. Pour le parti du Rassemblement national, c'est le contraire qui est vrai: plus les catholiques soint loin des églises, plus ils se sont exprimés en faveur de Marine Le Pen. Les «bons» catholiques ont donc soutenu un parti qui, vendredi 7 juin dernier, a voté en faveur de la proposition de la socialiste Laurence Rossignol de faire passer de 12 à 14 semaines le délai pour autoriser légalement l'avortement. Une urgence nationale, selon la Rossignol, car «en France, chaque année, entre 3 000 et 5 000 personnes se rendent à l'étranger pour pratiquer un avortement considéré comme hors délai». Quelle injustice et quelle discrimination ! Si vous êtes enceinte de 11 semaines et 6 jours, vous avez toujours la liberté de vous débarrasser du «fardeau», alors que si votre état intéressant dure depuis 12 semaines et un jour, il vous faut partir à l'étranger. Impensable dans la France des droits de l'homme. Mais que diront-elles maintenant, avec ce coup de génie de la Rossignol, les femmes qui, après 15 semaines, réalisent qu'elles ne veulent pas donner naissance à un enfant? Ne se sentiront-elles pas discriminées elles aussi?

Revenons à Macron et Vincent Lambert. Après le carnaval électoral, le vendredi 31 mai, Macron est sorti à découvert et a jugé bon de faire un recours en cassation contre la sentence de la Cour d'appel de Paris qui, le 20 mai dernier, avait sauvé la vie de Vincent in extremis. Le recours a été lancé par le gouvernement français, en l'espèce par le ministère des Affaires étrangères et le ministère de la Solidarité et de la Santé, ce dernier dirigé par Agnès Buzyn, qui était en faveur de l'interruption du soutien vital à Vincent et a accueilli également favorablement, bien entendu, l'amendement Rossignol.

Le gouvernement français n'a donc pas l'intention d'attendre l'avis du Comité des droits des personnes handicapées de l'ONU.
Pour quelle raison?
Tout d'abord, un jugement de la Cour de cassation en faveur de la mort de Vincent serait un grand coup pour Macron. Cela lui permettrait de résoudre le problème Lambert sans avoir à entrer dans l'arène politique d'une éventuelle loi sur l'euthanasie. La sentence de la Cour de cassation ferait jurisprudence et permettrait de régler les affaires futures dans une direction claire, évitant à Macron d'avoir à faire face à un nouvelle Manif pour tous, alors qu'il a encore des difficultés à gérer la protestation des Gilets Jaunes et qu'il peine pour rester au pouvoir, après la récente claque des élections. Dans l'éventualité d'une discussion de loi sur l'euthanasie, Macron devrait alors prendre une position qui risquerait de lui faire perdre les votes des catholiques pratiquants dont nous venons de parler, qui, dans leur léthargie, continuent de penser qu'en France l'euthanasie est actuellement illégale.

Et puis il y a un autre problème: Vincent doit mourir là où il est. Car si par hasard Vincent quittait l'unité de soins palliatifs de l'hôpital de Reims pour se rendre, comme la famille l'exige depuis des années, dans une unité spécialisée pour les patients à conscience minimale, il pourrait arriver que Vincent améliore sa situation et trouve même un moyen de communiquer. Il s'avérerait alors que le mantra que les différents médecins, invités par les grands médias, ne cessent de répéter - que pour Vincent il n'y a aucun espoir d'amélioration - pourrait être faux. Au mépris d'une partie de la classe médicale qui pense en savoir plus que le Père Éternel.

Et il peut aussi arriver que Vincent trouve un canal de communication pour remercier ses parents et dire qu'il veut continuer à vivre et à se battre, brisant ainsi le dogme qui soutient les déclarations anticipées de traitement, c'est-à-dire que la décision sur sa propre vie prise quand on est bien portant doit nécessairement être la même que quand on est malade. De trop gros risques pour ce renard de Macron: il vaut mieux envoyer la justice en avant et se débarrasser de cette patate chaude le plus tôt possible.

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