Sans la foi, on reconstruira des pierres mortes

Incendie de Notre-Dame: trois très beaux commentaires en italien. Et la cathédrale, selon Benoît XVI, le 12 septembre 2008, lors de son voyage à Paris (16/4/2019)

Depuis hier soir, et surtout aujourd'hui, les médias s'agitent beaucoup, et les commentaires sur l'incendie de Notre-Dame tournent en boucle, avec les habituels "experts". Commentaires centrés essentiellement sur l'aspect matériel et technique - dont il n'est pas question ici de nier l'importance: préservation - ou non? - des structures de l'édifice (interviews de pompiers et d'architectes, souvent des "ex", les autres ont d'autres chats à fouetter en ce moment); Notre-Dame qui appartient à TOUTE l'humanité, indépendamment de l'appartenance religieuse, et même, éventuellement la non-appartenance (slogan absurde: je n'ai évidemment aucune prétention de propriété sur une mosquée ou un temple bouhdistes, fussent-ils archtecturalement sublimes) avec comme conséquence la catastrophe économique qu'implique la désertion des touristes, alors que Notre-Dame est l'un des sites les plus visités au monde; financement de la reconstruction (on apprend que la famille Pinault va faire une donation de 100 millions d'euros et le groupe LVMH de 200 million... qui dit mieux?); et même, cerise sur le gâteau, Macron comme rassembleur: il a annulé in extremis l'intervention attendue avec impatience (surtout par les médias!), sur sa synthèse du soi-disant grand débat en réponse à la crise des gilets jaunes, promis que la cathédrale serait reconstruite "par nous tous", et, dernière nouvelle, il aurait décidé de mettre provisoirement en supens sa campagne pour les élections européennes du 26 mai prochain.

Toute ces préoccupations, pour légitimes qu'elles soient peut-être, s'accompagnent du souci plus ou moins subliminal de clore immédiatement, avant même que n'ait commencé l'enquête, tout débat sur l'origine du sinistre.

De la signification religieuse de la catastrophe, surtout en un moment aussi symbolique pour les chrétiens que la Semaine Sainte, en revanche, pas un mot (imaginons un seul instant les commentaires si une mosquée avait pris feu durant le Ramadan).

Cette lacune intentionnelle occulte une réalité, ressentie par tous les catholiques, qui est que le vrai désastre est aussi (et surtout) spirituel, comme le mettent en évidence ces beaux commentaires lus sur La Bussola et sur le blog d'AM Valli (ma traduction).

Mais avant cela, relisons avec nostalgie la magnifique homélie prononcée par Benoît XVI dans la cathédrale le 12 septembre 2008: elle commence par le plus beau des hommages.
J'étais présente Quai Montebello, j'ai vu passer la papamobile et j'ai écouté l'homélie grâce aux écrans-géants et aux hauts-parleurs placés sur le site, cela reste, plus de 10 ans après, un grand souvenir:

Nous voici dans l'église-mère du diocèse de Paris, la cathédrale Notre-Dame, qui se dresse au cœur de la cité comme un signe vivant de la présence de Dieu au milieu des hommes.
Mon prédécesseur Alexandre III en posa la première pierre, les Papes Pie VII et Jean-Paul II l'honorèrent de leur visite, et je suis heureux de m'inscrire à leur suite, après y être venu voici un quart de siècle pour y prononcer une conférence sur la catéchèse.
Il est difficile de ne pas rendre grâce à Celui qui a créé la matière aussi bien que l'esprit, pour la beauté de l'édifice qui nous reçoit.
Les chrétiens de Lutèce avaient déjà construit une cathédrale dédiée à saint Étienne, premier martyr, mais, devenue trop exigüe, elle fut remplacée progressivement, entre le XIIe et le XIVe siècle, par celle que nous admirons de nos jours.
La foi du Moyen Age a bâti les cathédrales, et vos ancêtres sont venus ici pour louer Dieu, lui confier leurs espérances et lui dire leur amour. De grands événements religieux et civils se sont déroulés dans ce sanctuaire où les architectes, les peintres, les sculpteurs et les musiciens ont donné le meilleur d'eux-mêmes. Qu'il suffise de rappeler, parmi bien d'autres, les noms de l'architecte Jean de Chelles, du peintre Charles Le Brun, du sculpteur Nicolas Coustou et des organistes Louis Vierne et Pierre Cochereau. L'art, chemin vers Dieu, et la prière chorale, louange de l'Église au Créateur, ont aidé Paul Claudel, venu assister aux vêpres du jour de Noël 1886, à trouver le chemin vers une expérience personnelle de Dieu. Il est significatif que Dieu ait illuminé son âme précisément pendant le chant du Magnificat, dans lequel l'Église écoute le cantique de la Vierge Marie, sainte Patronne de ces lieux, qui rappelle au monde que le Tout-Puissant a exalté les humbles (cf. Lc 1, 52).
Théâtre de conversions moins connues, mais non moins réelles, chaire où des prédicateurs de l'Évangile, comme les Pères Lacordaire, Monsabré et Samson, ont su transmettre la flamme de leur passion aux auditoires les plus variés, la cathédrale Notre-Dame demeure à juste titre l'un des monuments les plus célèbres du patrimoine de votre pays. Les reliques de la Vraie Croix et de la Couronne d'épines, que je viens de vénérer, comme on le fait depuis saint Louis, y ont trouvé aujourd’hui un écrin digne d'elles, qui constitue l'offrande de l'esprit des hommes à l'Amour créateur.

I. Riccardo Cascioli


Notre-Dame brûle, et l'Europe découvre la beauté du Moyen Âge


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16 avril 2019

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Un tragique incendie hier soir à 18h50 a détruit la cathédrale Notre Dame de Paris, symbole de la civilisation européenne. Messages de participation et de solidarité du monde entier. La flèche et une grande partie du toit effondrées, on ne sauvera peut-être que les structures du bâtiment. Aucune certitude quant aux causes de la catastrophe, même si tout le monde semble convaincu qu'il s'agit de quelque défaillance électrique de l'installation temporaire, créée pour les travaux de rénovation. Mais d'autres hypothèses ne peuvent être exclues, étant donné que depuis quelque temps, les églises de France ont été la cible de vandales et de profanateurs. Et le mois dernier, un incendie a ravagé l'église Saint-Sulpice à Paris, la deuxième plus grande après Notre-Dame.


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Il a fallu un incendie qui détruise la cathédrale Notre-Dame pour faire découvrir aux grands laïcistes italiens et européens que le Moyen Âge est le cœur de notre civilisation. Réaliser que ce vide soudain là où, jusqu'à hier matin, se détachaient la flèche et le toit de la cathédrale de Paris, provoque, qui sait pourquoi, un vide dans le cœur de tous, même de ceux qui ne sont jamais entrés dans une église.

L'incendie, qui s'est brusquement déclaré à 18h50 dans la partie supérieure de l'échafaudage, montés pour de nécessaires travaux de consolidation, s'est rapidement étendu à la structure en bois de la cathédrale et, en peu de temps, la flèche, qui avait été construite dans la seconde moitié du XIXe siècle après les saccages de la Révolution, et le toit en bois, qui était encore celui d'origine, terminé en 1326, se sont effondrés. Dans la nuit, les flammes, qui pendant des heures se sont élevées au-dessus de la capitale française, n'avaient pas encore été éteintes.

Les pompiers ont dû ont dû opérer dans des conditions très difficiles, à la fois à cause de la vitesse à laquelle le feu s'est propagé et à cause de la difficulté d'accès à la cathédrale. De plus, il n'était pas possible d'intervenir d'en haut avec des lances - selon les experts - car cela aurait causé des dommages plus importants à une structure affaiblie. Et à ce propos, vers 23h30, le commandant des pompiers, Jean-Claude Gallet, a pu dire que la structure porteuse du bâtiment est sécurisée. Paroles reprises peu de temps après par le président français Emmanuel Macron, qui, de la place de Notre-Dame, a adressé un bref message aux français: «Le pire a été évité, même si la bataille n'est pas encore complètement gagnée. Les prochaines heures seront difficiles, mais grâce au courage des pompiers, la façade et les deux clochers ne s'effondreront pas», a-t-il dit.

Maigre consolation, il faudra peut-être des jours pour comprendre ce qui sera réellement sauvé de cette cathédrale unique, même dans un gothique unique comme le gothique français. Désormais, à commencer par Macron, c'est une promesse de reconstruction, mais ce qui sera reconstruit et comment, cela reste à voir.

La vérité, c'est que la cathédrale Notre-Dame, telle que nous l'avons connue, n'existe plus et n'existera très probablement plus. Métaphore d'une Europe qui a depuis longtemps tourné le dos à la foi qui a construit cette église. Et avec une curieuse coïncidence: alors que le Saint-Siège exprime «choc et tristesse» et que l'archevêque de Paris a invité les églises à sonner les cloches en signe de deuil, l'incendie de Notre-Dame survient quatre jours seulement après la signature d'un accord qui donne le coup d'envoi des travaux de construction d'un maxi-mosquée aux portes de Paris, pouvant accueillir jusqu'à 3000 personnes. Une cathédrale gothique disparaît, un maxi-mosquée naît. Signes des temps, pourrait-on dire, comme les doutes sur les causes de l'incendie.

Il est certes trop tôt pour vérifier avec précision les causes de la catastrophe, mais tout le monde est convaincu qu'il s'agit peut-être d'une défaillance électrique de l'installation temporaire mise en place pour des travaux de consolidation. Une étincelle ou à peine plus aurait pu suffire à allumer le feu. Du reste, des incendies se sont souvent produits au cours de ces rénovations délicates.

Et pourtant, on a du mal à écarter une pensée troublante: pas seulement parce que le responsable des travaux à Notre-Dame s'est montré très sceptique à ce sujet, étant donné qu'à ce moment il n'y avait personne sur le site. Au fond, on pourrait dire qu'il a tout intérêt à transférer la responsabilité de ce qui s'est passé aux autres. Pourtant, sans même mettre en jeu le terrorisme islamique, dont il n'y a aucune trace en l'occurrence, on ne peut que se rappeler que, depuis quelque temps, les églises de France sont la cible de vandales et de pyromanes.

Selon les données fournies par le gouvernement français, par exemple, en 2017, il y a eu bien 878 églises catholiques et protestantes qui ont été victimes de vandalisme ou de profanation. Depuis le début de cette année, plus de dix églises catholiques ont subi des attaques importantes. Le dernier épisode, il y a à peine un mois, le 17 mars: des inconnus ont incendié l'église de Saint-Sulpice, la deuxième plus grande à Paris, juste après Notre-Dame. Heureusement, l'intervention rapide des pompiers a limité les dégâts à la destruction de la grande porte en bois du transept sud et de la fenêtre en verre au-dessus [sans parler de la profanation des tombes des Rois, le 6 mars dernier, à la Basilique Saint-Denis]. Mais, bien sûr, mettre le feu aux églises n'est pas nouveau.

On peut espérer que ce ne sera pas le cas, mais il y a aussi le risque que, vu le niveau de destruction, la vérité ne soit jamais établie. En attendant, il est réconfortant de constater que le Saint-Sacrement a été immédiatement mis en sécurité, de même que la couronne d'épines - qui est considérée comme la couronne authentique de la Passion de Jésus - et la tunique de saint Louis, qui font partie du trésor de Notre Dame.

II. Andrea Zambrano


Pierres mortes, revenez à Dieu


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Le problème n'est pas de reconstruire une église, mais de la reconstruire vivante: il faut le ciment d'un peuple qui aime Dieu. Ce peuple-là existe-t-il? Avec quelle âme reconstruira-t-il Notre Dame alors qu'en France et en Europe le Christ est abandonné et qu'on érige des mosquées? Les églises ne sont plus faites pour prier : elles ferment, on les vend, elles sont profanées, et le diable en prend possession. Épargnons les banalités, pour retourner à Dieu. Immédiatement : peuples, nations, familles. C'est la seule façon d'éteindre les flammes d'une Europe qui a choisi de prendre feu.


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Le problème ne sera pas de reconstruire les murs. Avec les techniques disponibles aujourd'hui, l'ordinateur est capable de reconstruire parfaitement, dans le moindre détail, dans chaque millimètre, celle qui était la cathédrale Notre-Dame. Nous pourrions reconstruire 10 autres Notre-Dame, en France, en Chine, au Cambodge. L'anxiété moderne est de la reconstruire comme elle était avant, car ce qui nous fait peur, c'est la présence d'un vide. Il nous faut remplir ce vide. Mais nous ne savons pas avec quoi.

Reconstruire tout de suite ne sera pas un problème: ce qui sera un problème, en revanche - et c'est le vrai drame, la vraie tragédie d'une Europe vouée à son suicide - c'est de reconstruire ces murs, ces bois et ces fresques qui, depuis 900 ans, cimentent une civilisation que nous appelons aujourd'hui médiévale, avec ce mépris qui précisément à partir de là, tout près, sur la 'Rive Gauche' (en français dans le texte) a commencé à se répandre sur tout le vieux continent au nom de la modernité. Le drame, ce sont ces pierres qui nous ont protégés pendant tous ces siècles, résistant aux chocs de l'histoire et cimentant une Europe qui a depuis longtemps tourné le dos à sa Dame.
Ces pierres qui ont marqué l'union d'un peuple chrétien qui aujourd'hui n'existe - tout simplement - plus. S'étant écroulé sous les coups du métissage relativiste, il a cessé de l'être quand cet homme européen a commencé à penser qu'il pouvait se passer de Dieu, ne faisant confiance qu'à sa propre fragile certitude. Ignorant les avertissements qui avec l'amour d'une mère, en France en particulier, ont été dispensés à pleines mains; et troquant les saints, les grands saints de France, contre des idoles faciles à consommer. Où êtes-vous? Où es-tu, François? Et Bernadette? Où êtes-vous tant de Louis, où êtes-vous Jean-Marie, Jeanne, Thérèse...? Sauvez la France.

Ces pierres avaient été cimentées par un amour qui conduisait à Dieu. C'est pourquoi s'interroger sur l'église symbole de l'Europe qui n'existe plus, signifie inévitablement s'interroger sur Dieu, sur son expulsion de la terre. Ne tombons pas dans le piège de ceux qui disent que c'était un symbole de la ville et que, comme l'a dit pitoyablement le président Macron, «une partie de nous part en flammes».

Reconstruire ne sera pas un problème, mais on ne pourra pas réédifier, parce que pour le faire, il faut ce ciment indispensable donné par un peuple qui aimait Dieu et qui pour lui édifiait le beau avec la saveur et le besoin de l'éternité. Parce qu'à nos yeux Notre-Dame devait sembler éternelle, c'était sa tâche, garantir l'éternité du message qu'elle proclamait et la vie dans le Christ qu'elle promettait. Nous l'avons détruite. Nous avons détruit le bonheur éternel qui nous attend à bras ouverts.

Aujourd'hui, ce peuple existe-t-il? Avec quelle âme pourra-t-il reconstruire Notre Dame? Avec le même esprit que les pères qui l'ont érigée au XIIème siècle? Sans la foi, on reconstruira des pierres mortes: "Nos os - dit Ezéchiel - sont desséchés, notre espérance a disparu, nous sommes perdus». Mais ces pierres, comme les os arides, peuvent encore revivre.

Notre-Dame n'était plus qu'un symbole historico-artistique qui permettait cependant chaque année à 12 millions de touristes d'avoir un contact - même bref, superficiel, impromptu - avec ce divin qui n'existait plus dans leur vie depuis longtemps déjà. «Il ne restera plus rien», ont dit les autorités. Car le néant est l'expression emphatique de l'orgueil de l'homme. Qui aujourd'hui, s'il veut reconstruire ce temple, doit immédiatement retourner à Dieu, à Sa majesté, pour Le remettre au centre de sa vie, dans la crainte et la foi.

Ce qu'il ne fait plus depuis longtemps: aujourd'hui, les églises se ferment, se vendent, se réadaptent, se profanent, s'occupent, se violent, se partagent avec d'autres religions, se troquent contre des parkings et des musées. Aujourd'hui, l'humanité s'émeut en regardant les images de la flèche qui s'effondre en mille morceaux sans se rendre compte que la pointe incandescente de Notre Dame dessine d'en haut une immense croix de feu.

Mais que lui faut-il pour réaliser que ce qui s'écroule, ce qui brûle, c'est toute notre fragilité, sans l'auteur de la vie qui y a sa demeure? Pourtant, les églises piétinées par la méchanceté humaine n'occupent pas les chroniques. Elles ne l'ont pas encore fait jusqu'à aujourd'hui. Il n'y a pas une seule église vivante si elle n'est pas remplie de la sueur de la prière, de sacrifices dignes, de regards priants, et d'heures, d'heures et de siècles d'adoration et de sacrements. Sans tout cela, les églises perdent leur âme, le ciment qui les a maintenues pendant des millénaires. En attendant, on érige des mosquées, qui en France sortent comme des champignons. Hautes, puissantes, riches, pendant que nos églises partent en fumée.

Détruire en deux heures un toit qui a tenu pendant 900 ans ne peut être qu'une œuvre démoniaque, d'un démon qui est entré en action au début de la Semaine Sainte, dans le sacré d'un lieu où sont gardées et vénérées les reliques de la Sainte Croix, avec la même férocité avec laquelle en Italie brûla la chapelle du Suaire et avec un but: détruire.

Plus vite nous le reconnaîtrons, plus vite nous admettrons qu'il ne s'agit pas d'une fatalité tragique, mais d'un avertissement, plus vite nous essuierons les larmes. Épargnons la banale tristesse, les condoléances de circonstances, les petites phrases sur le symbole de la chrétienté qui part en fumée, parce que cette chrétienté, personne n'a su quoi en faire sauf commencer les campagnes laïco-cléricales sur les cloches qui doivent sonner à l'unisson, car ces cloches ont été réduites au silence par l'indifférence et par le credo moderne dans le relativisme. Épargnons le choc, l'émotivité, les hommages de circonstance. Pour retourner à Dieu, immédiatement. Sans hésitation, prêts au martyre : nations, peuples, familles. Ce n'est qu'ainsi que nous pourrons éteindre ces flammes.

Aldo Maria Valli


Notre-Dame brûle, et...


www.aldomariavalli.it

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Notre-Dame brûle et viennent à l'esprit certaines statistiques. Comme celles sur le désert vocationnel français, avec 58 diocèses sur 98 qui, l'année dernière, n'ont même pas eu d'ordination sacerdotale (et Paris en déclin constant par rapport aux années précédentes). Ou comme celles sur la moyenne des catholiques qui vont régulièrement à la messe, qui est tombée à 4%. Ou comme celles sur le nombre de baptêmes, qui s'est effondré de façon si impressionnante que, selon certaines projections, en 2048, il y aura le dernier baptême à Paris, tandis que le dernier mariage catholique aura lieu en 2031 et qu'en 2044 il n'y aura plus un seul prêtre né en France.

Notre-Dame brûle et viennent à l'esprit certaines définitions. Comme celle d'une étude récente qui parle du catholicisme français "en phase terminale" puisque le pays est maintenant presque entièrement post-chrétien, avec de nombreux bâtiments de culte fermés, vendus ou même démolis.

Notre-Dame brûle et vient à l'esprit ce qu'a dit le Cardinal Sarah il y a quelque temps, lorsqu'il a relié l'effondrement du catholicisme en France au déclin de l'Occident, un «Occident qui ne sait plus qui il est, parce qu'il ne sait pas et ne veut pas savoir qui l'a formé et constitué». Une sorte de suicide qui ouvre la voie aux nouveaux barbares.

Notre-Dame brûle et viennent à l'esprit certaines nouvelles. Comme celles de la récente vague de profanations d'églises en France: dévastation d'objets sacrés, Vierges détruites ou décapitées, tabernacles ouverts et hosties jetées par terre, crucifix brisés, chapelles incendiées, murs couverts de déjections. Un acharnement qui laisse consternés.

Notre-Dame brûle et vient à l'esprit le martyre du père Jacques Hamel, assassiné dans l'église Saint-Etienne, à Saint-Etienne-du-Rouvray, dans un assaut djihadiste suivi d'une profanation du lieu de culte.

Notre-Dame brûle et viennent à l'esprit les paroles de la Vierge apparues rue du Bac, non loin de l'Île de la Cité: «Ma fille, la Croix sera méprisée...».

Notre-Dame brûle et...

Si aujourd'hui un nouvel Hitler voulait poser à nouveau sa fameuse question, «Paris brûle-t-il?», quelqu'un pourrait répondre que l'âme de la ville a été consumée par les flammes. Et oui, je suis d'accord, il s'agit en grande partie de structures reconstruites au XIXe siècle, pour remédier à la dévastation de la Révolution française, mais les symboles restent des symboles.

Il était une fois la France «la fille bien-aimée de l'Eglise». Aujourd'hui, on parle de «veuve bien-aimée». Mais il n'y a pas vraiment de quoi rire.

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