Des lettres surprenantes de Benoît XVI (suite)

Le cardinal Brandmüller

Les précisions de <1 Peter 5>, d'après le NYT (21/9/2018)

>>> Des lettres surprenantes de Benoît XVI

 

Le site 1 Peter 5 propose aujourd'hui un résumé (bienvenu! encore qu'il serait peut-être préférable de s'en remettre à l'original, mais je n'ai pas trouvé le temps de le traduire) de l'article du NYT, (Bild leur a transmis les fac simile de la correspondance). Ce résumé apporte une lumière différente sur la réaction de Benoît XVI et sa relation avec le cardinal Brandmüller, en principe un ami de toujours. On perçoit l'amertume du Saint-Père, qui a dû penser «si même mes amis me lâchent...», et on comprend mieux la vivacité de sa réaction.
Reste LA question: comment cette correspondance, à l'évidence destinée à demeurer privée, est-elle parvenue à la rédaction de Bild?

Des lettres de Benoît XVI révèlent frustration et inquiétude


onepeterfive.com
21 septembre 2018
Extrait

* * *

Dans deux lettres adressées en novembre 2017 au cardinal Walter Brandmüller - un compatriote allemand et historien de l'Église, et l'un des quatre cardinaux qui ont soumis leurs dubia au pape François - l'ex-pape répond aux préoccupations soulevées par le cardinal dans une interview accordée en octobre 2017 concernant sa réaction à la démission de Benoît.

Selon un article publié aujourd'hui par Jason Horowitz dans le New York Times, Brandmüller a déclaré dans cette interview qu'il pensait au départ que la nouvelle de l'abdication était une blague. Il a ensuite exprimé sa consternation devant la situation créée par l'abdication et la conservationtion du titre papal :
«La figure du pape émérite n'existe pas dans toute l'histoire de l'Eglise», a-t-il dit. «Le fait qu'un pape vienne renverser une tradition vieille de 2 000 ans n'a pas bouleversé que les cardinaux.»

Horowitz qualifie la réaction initiale de l'ex-pape aux commentaires de Brandmüller de «vive» :

«Eminence!» commençait-il. «Vous avez dit qu'avec le pape émérite, j'avais créé une figure qui n'avait jamais existé dans toute l'histoire de l'Église. Vous savez très bien, évidemment, que les papes ont abdiqué, quoique très rarement. Qu'étaient-ils par la suite ? Pape émérite? Ou quoi d'autre?».
«Avec 'pape émérite', j'ai essayé de créer une situation dans laquelle je ne suis absolument pas accessible aux médias et dans laquelle il est tout à fait clair qu'il n'y a qu'un seul pape» écrit-il. «Si vous connaissez un meilleur moyen, et croyez que vous pouvez juger celui que j'ai choisi, dites-le-moi.»

Horowitz dit Brandmüller «implora apparemment Benoît XVI de lui pardonner et expliqua à quel point sa démission lui avait causé de la peine, ainsi qu'aux conservateurs de même opinion», ce qui lui valut une deuxième lettre du pape émérite, dans laquelle il écrit:

«Je peux bien comprendre la douleur profonde que la fin de mon pontificat vous a causée, à vous et à bien d'autres. Mais pour certains - et il me semble que pour vous aussi - la douleur s'est transformée en colère, qui n'affecte plus seulement l'abdication mais ma personne et l'ensemble de mon pontificat. De cette façon, le pontificat lui-même est dévalorisé et confondu avec la tristesse pour la situation actuelle de l'Eglise».

Benoît XVI s'inquiétait de l'idée que les commentaires de Brandmüller pourraient «en fin de compte favoriser l'attitude exprimée par ceux qui craignaient que le fait d'avoir plusieurs pape émérites puisse diluer l'autorité papale». Il a également comparé sa situation à celle du pape Pie XII, qui a préparé une démission avant sa possible capture par les nazis.

«Comme vous le savez, Pie XII avait préparé une déclaration, au cas où les nazis l'arrêteraient, qu'à partir du moment de l'arrestation, il ne serait plus pape mais à nouveau cardinal», écrit Benoît XVI. «Dans mon cas, il n'aurait certainement pas été raisonnable de simplement revendiquer le retour au rôle de cardinal. J'aurais alors été constamment aussi exposé aux médias qu'un cardinal l'est - d'autant plus que les gens auraient vu en moi l'ancien pape».

Il a ajouté: «Que ce soit délibérément ou non, cela aurait pu avoir des conséquences difficiles, surtout dans le contexte actuel».

Le «contexte actuel» est une expression qui n'est pas expliquée par les extraits actuellement disponibles. La correspondance n'a pas encore été rendue totalement publique.

Un indice peut peut-être être trouvé dans une préoccupation partagée entre les deux prélats allemands. Selon Bild, Benoît et Brandmüller s'accordent à dire que l'Église a besoin de l'aide divine :

Quand, face à l'état désamparé de l'Église à la suite de la démission du Pape, le cardinal critiqué par Benoît XVI lui a répondu «Que le Seigneur vienne en aide à son Église», Benoît XVI a encore répondu - et avec une phrase remarquable. Il a écrit : «Prions plutôt, comme vous l'avez fait à la fin de votre lettre, pour que le Seigneur vienne en aide à son Église».

Ni Brandmüller ni l'archevêque Georg Gänswein, secrétaire personnel de Benoît XVI et préfet de la maison pontificale de François, n'ont répondu aux demandes de commentaires des publications qui les demandaient.

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