Ou, pour reprendre une boutade populaire: on a atteint le fond, mais on continue de creuser. Henri Sire, l’auteur de « The dictator Pope » publié en 2017 (traduit en français sous le titre Le Pape dictateur), met à jour dans ce très long exposé (reproduit sur le blog de Marco Tosatti, lui-même reprenant un article du site américain « One Peter Five ») le portrait déjà très inquiétant qu’il avait dressé à l’époque de Jorge Bergoglio/pape François. Ce qui est nouveau, c’est surtout la révélation de la gestion financière douteuse (pour rester modéré) du diocèse de Buenos Aire sous la direction du cardinal Bergoglio.
Un exposé très long, en effet, mais soigneusement documenté et surtout rendu crédible par les faits ultérieurs, que tous les gens qui s’intéressent à l’Eglise et à la papauté doivent lire pour comprendre ce qui se passe, avant de dire « je ne savais pas ».
On imagine ce qu’a dû penser Benoît XVI (qui était certainement au courant de beaucoup de choses dès 2013 et même bien avant), et combien il a dû souffrir

Après la publication, j’ai découvert un grand nombre d’informations nouvelles qui montrent que les choses étaient en fait beaucoup, beaucoup plus graves que je ne l’avais imaginé.

Jusqu’où devons-nous encore tomber ?

Bergoglio vu par Henry Sire

Quand on m’a demandé cette intervention au début du mois de septembre, j’ai suggéré le titre « Pape François : jusqu’où pouvons-nous sombrer ? », mais le fait est que nous avons depuis été dépassés par les événements. Au cours des onze dernières années, nous avons tous vu le pontificat du pape François sur une trajectoire de descente accélérée vers une trahison de plus en plus flagrante de la doctrine catholique, mais je dois dire que je n’avais pas prévu la ruée gadarénienne [ndt: cf. Matthieu 8:28-34] à laquelle nous avons assisté rien qu’au cours des trois derniers mois.

Si nous voulons évaluer les événements très graves qui se produisent autour de nous, nous devons essayer de comprendre l’homme qui est maintenant assis sur le trône de Pierre. Ainsi, avant de commenter les développements récents, je voudrais ajouter quelques détails à l’image du pape François que j’ai fournie dans mon livre Le pape dictateur, publié pour la première fois il y a six ans. Pour vous donner un aperçu du contexte de ce livre, je dois expliquer que je suis arrivé pour travailler à Rome en avril 2013, moins d’un mois après l’élection du pape François, et que j’y ai vécu pendant les quatre années suivantes. Je travaillais pour l’Ordre de Malte, une organisation qui entretient des liens étroits avec le Saint-Siège, et j’ai immédiatement commencé à entendre en privé des rapports en provenance du Vatican.

Ils montraient un François très différent de la figure géniale et libérale présentée par les médias du monde entier. Les initiés affirmaient que, dès que les caméras s’étaient détournées, François devenait un autre personnage : arrogant, méprisant envers les gens, enclin à utiliser un langage grossier et réputé pour ses accès de colère qui étaient connus même des chauffeurs du Vatican.

Au cours des deux années suivantes, j’ai continué à recevoir des informations privilégiées, par exemple de la part du défunt cardinal Pell, sur les politiques internes impliquées dans les deux synodes sur la famille en 2014 et 2015.

Gardez à l’esprit qu’à ses débuts, le pape François avait à peine montré sa main et les gens pensaient qu’il était le réformateur libéral dont l’Église aurait besoin. Début 2016, j’ai écrit un article intitulé « Pape François : où est le réformateur derrière l’idole médiatique ? ». Je commençais à penser que quelqu’un devrait écrire un livre révélant le gouffre entre l’image publique du pape François et la réalité telle qu’on la voit au Vatican ; mais à ce moment-là, je ne pensais pas que je serais celui qui l’écrirait.

Outre le déficit d’information que j’ai décrit, il y en avait un autre qui découlait de la barrière de la langue. En effet, de nombreuses informations sur Jorge Bergoglio et sa carrière en Argentine étaient disponibles depuis des années, mais elles n’avaient tout simplement pas atteint le reste du monde parce qu’elles n’avaient pas été traduites en anglais. Comme je suis à moitié espagnol, c’est un autre facteur qui m’a incité à entreprendre la tâche nécessaire.

Quand j’ai décidé de commencer à travailler sur le livre, la première chose que j’ai faite a été d’entreprendre un voyage en Argentine, ce que j’ai fait en mars 2017, pour parler à des personnes qui pourraient me renseigner sur le passé de Bergoglio. Il s’agissait d’informations qui manquaient cruellement aux cardinaux lorsqu’ils ont élu Bergoglio en 2013. En particulier, il y avait un livre très révélateur qui avait été écrit peu après l’élection du pape, mais qui avait été rapidement expurgé et était depuis devenu presque introuvable. Il s’agit de El Verdadero Francisco (« Le vrai François »), d’Omar Bello [voir sur ce site: benoit-et-moi.fr/2017…/le-livre-qui-a-inspire-il-papa-dittatore]. L’auteur était un responsable des relations publiques qui connaissait personnellement Bergoglio depuis huit ans, ayant travaillé pour lui sur une chaîne de télévision gérée par l’archevêché de Buenos Aires. En tant que professionnel des relations publiques, Bello a immédiatement reconnu en Bergoglio un maître de l’autopromotion. Il a également décrit un homme doué pour l’exercice secret du pouvoir et la manipulation des gens.

Par exemple, Bello raconte dans son livre deux histoires qui étaient déjà connues à Buenos Aires. La première raconte comment Bergoglio a pris en grippe un collaborateur de l’archevêque, un certain Felix Botazzi, et a décidé de le licencier sans en avoir l’air. L’ex-employé, offensé, a alors demandé un entretien avec Bergoglio, qui a joué les idiots. « Je n’en savais rien, mon fils. Pourquoi t’ont-ils licencié ? Qui a fait cela? » Botazzi n’a pas retrouvé son emploi, mais l’archevêque lui a offert une nouvelle voiture et il est reparti convaincu que Bergoglio était un saint, dominé par un cercle de sous-fifres malveillants.

L’autre histoire que Bello répète est celle d’un prêtre de Buenos Aires, employé du diocèse, qui a demandé une aide psychiatrique, épuisé par la danse allègre à laquelle leur archevêque les soumettait. Après avoir écouté ses malheurs, le psychiatre lui a dit : « Je ne peux pas vous guérir. Pour résoudre vos problèmes, il faudrait que je soigne votre archevêque ». Ces révélations, ainsi que d’autres, ont été faites peu après l’élection de Bergoglio au pontificat, mais en réalité, les médias hispanophones avaient déjà publié des articles révélateurs avant cette date. Par exemple, en 2011, le journaliste espagnol Francisco de la Cigoňa a publié un article décrivant comment Bergoglio construisait un réseau de pouvoir dans la hiérarchie sud-américaine grâce à des disciples qu’il avait placés dans divers départements du Vatican. De la Cigoňa a résumé son rapport :

« C’est ainsi que Bergoglio procède pour générer un réseau de mensonges, d’intrigues, d’espionnage, de méfiance et, plus efficace que toute autre chose, de peur. Bergoglio est une personne qui sait avant tout comment susciter la peur. Même s’il s’efforce d’impressionner tout le monde avec l’apparence d’un saint de plâtre, austère et mortifié, c’est un homme doté d’une mentalité de pouvoir ».

Il convient de noter que ces lignes ont été écrites bien plus d’un an avant que Bergoglio ne soit élu pape, avant que quiconque ait des raisons de soupçonner qu’il pourrait être plus dangereux.

Quand j’ai commencé mon livre, j’ai entrepris de transmettre au monde anglophone un rapport en espagnol de ce type, mais il y avait un autre élément de preuve dont l’absence n’était pas due à la barrière de la langue. Alors que je vivais à Rome, des journalistes ont commencé à me parler d’un document appelé « Rapport Kolvenbach », que nombre d’entre eux avaient tenté de retrouver sans succès [cf. benoit-et-moi.fr/2017…ce-fameux-rapport-kolvenbach]. Il s’agissait du rapport que le père Kolvenbach, général des Jésuites, avait rédigé en 1991, lorsqu’il avait été proposé de nommer le père Bergoglio évêque auxiliaire à Buenos Aires, et qui était réputé résolument défavorable. Une copie de ce rapport avait été conservée dans les archives de la Curie générale des Jésuites à Rome, mais elle a rapidement disparu dès que Bergoglio a été élu pape.

Au cours de mes recherches, j’ai découvert qu’il existait au moins une copie du rapport dans des mains privées, mais son propriétaire n’a pas voulu la partager avec moi pour publication. Le plus proche de moi a été un prêtre qui l’avait lu avant qu’il ne disparaisse des archives des Jésuites et qui m’en a donné l’essentiel comme suit : « Le père Kolvenbach accusait Bergoglio de manque d’équilibre psychologique, de déviance, de désobéissance sous un masque d’humilité et d’utilisation habituelle d’un langage vulgaire ». Il soulignait également, concernant sa capacité à devenir évêque, que Bergoglio s’était avéré être une figure de division lorsqu’il était provincial jésuite en Argentine. Après onze ans de pontificat de François, nous pouvons dire que le père Kolvenbach avait entièrement raison.

Une autre clé des actions de Bergoglio est le contexte politique de l’Argentine, si étranger à la compréhension anglo-saxonne. L’une des premières choses que j’ai entendues à propos de Bergoglio lorsque je suis allé à Rome, c’est un prêtre argentin qui a dit : « Ce qu’il faut comprendre à son sujet, c’est qu’il est un pur politicien ». Je n’en ai pas saisi la portée à l’époque, mais il faut ajouter que la politique de François est calquée sur la grande figure de l’Argentine du XXe siècle, Juan Perón, dictateur du pays de 1946 à 1955, années de l’enfance de Bergoglio. Perón a ébloui toute une génération d’Argentins par son style sans scrupules et opportuniste, et son héritage a continué à dominer la vie politique du pays depuis lors. Bergoglio a été plus qu’un simple disciple du grand homme. Lorsqu’il était novice-maître des jésuites argentins au début des années 1970, il a activement aidé un parti appelé la Garde de fer qui avait réussi à ramener Perón de l’exil pour les derniers mois de son mandat de président, jusqu’à sa mort en 1974. Pour le maître des novices d’un ordre religieux, il s’agissait là d’une manière inhabituelle d’occuper son temps libre, mais cela illustre le commentaire que m’a fait un Argentin qui avait été l’élève du jeune Bergoglio lorsqu’il enseignait dans une école jésuite dans les années 1960. Fort d’une connaissance personnelle de toute une vie, il m’a décrit Bergoglio comme « un malade du pouvoir », un homme pour qui le pouvoir est une manie ou une maladie.

. . . . . .

C’est donc sur la base de tels rapports que j’ai commencé à écrire mon livre, qui comprend un chapitre sur la carrière de Bergoglio avant son élection. Mon but était de fournir une étude de caractère qui manquait cruellement aux cardinaux lorsqu’ils l’ont élu pape en 2013. Après la publication, cependant, j’ai découvert un grand nombre d’informations nouvelles qui montrent que les choses étaient en fait beaucoup, beaucoup plus graves que je ne l’avais imaginé.

La première révélation concerne la mauvaise gestion financière de l’archidiocèse de Buenos Aires par Bergoglio.
J’ai déjà mentionné l’article de Francisco de la Cigoňa sur le réseau de pouvoir que le cardinal Bergoglio a construit au Vatican, mais nous devons ajouter que ce réseau a été rendu possible par l’utilisation d’énormes sommes d’argent. Le contexte était la quasi-faillite dans laquelle le Saint-Siège était tombé dans les années 1980 et 1990 en raison des activités criminelles de ses gestionnaires financiers, l’archevêque Paul Marcinkus et son successeur moins connu mais tout aussi corrompu, Donato de Bonis.

Dans ces conditions, la capacité de transférer des sommes importantes dans les coffres du Vatican confère à un homme d’église une influence considérable. C’est ce qu’a fait le cardinal Bergoglio en contrôlant l’Université catholique d’Argentine, qui disposait d’une riche dotation de 200 millions de dollars. Plus précisément, entre 2005 et 2011, environ 40 millions de dollars ont été transférés de l’université argentine au Vatican, dans le cadre d’une transaction censée être un dépôt, mais que la banque du Vatican a rapidement traitée comme un don. Toutefois, ce n’est que la partie émergée de l’iceberg d’une énorme corruption financière dans l’archidiocèse de Buenos Aires qui a été gardée secrète, bien que le Vatican ait été au courant dès le début. En 2009, après onze ans de règne du cardinal Bergoglio en tant qu’archevêque, le pape Benoît a ordonné une visite secrète de l’archevêché par un monseigneur, envoyé ostensiblement en tant que membre diplomatique de la nonciature papale, qui a découvert de graves irrégularités, y compris du blanchiment d’argent et des liens avec la mafia.

Pour être honnête, ces malversations remontent à avant la nomination de Bergoglio en tant qu’archevêque en 1998, mais n’ont pas été élucidées en raison de la politique habituelle de Bergoglio consistant à dissimuler et à protéger les coupables. Les informations obtenues par l’enquêteur papal au cours de sa visite lui auraient permis de gagner la confiance du pape et de poursuivre une carrière bien protégée au Vatican malgré l’inimitié de personnalités puissantes.

L’archidiocèse que dirigeait le cardinal Bergoglio était donc plongé dans les malversations financières. Comme je l’ai dit, il a été nommé à la demande de l’archevêque de Buenos Aires de l’époque, le cardinal Quarracino, mais l’homme le plus influent dans le lobbying pour cette nomination a été Mgr Roberto Toledo, un membre de l’équipe archiépiscopale. Je ne saurais dire pourquoi Mgr Toledo était un tel partisan de Bergoglio, mais il apparaît comme la figure centrale du grand scandale suivant de l’archidiocèse. Il s’agit d’un important fonds de pension de l’armée argentine auquel on a demandé en 1997 d’accorder un prêt de dix millions de dollars à l’archevêché.

À cette époque, le cardinal Quarracino était malade et l’évêque Bergoglio avait déjà été nommé son suffragant avec droit de succession. Lors de la réunion destinée à finaliser le prêt, le cardinal Quarracino était trop malade pour y assister, mais il était représenté par Mgr Toledo. Au moment de signer le contrat, Toledo a quitté la salle, apparemment pour obtenir la signature du cardinal Quarracino, et est revenu peu après avec une signature qui, comme il est apparu plus tard, avait en fait été falsifiée par lui. Peu après, le fonds de pension militaire a connu des difficultés et a tenté de récupérer le prêt accordé à l’archevêché de Buenos Aires, mais le cardinal Quarracino a nié avoir jamais signé le contrat.

Le cardinal Quarracino est décédé peu après et Bergoglio lui a succédé en tant qu’archevêque de Buenos Aires. Ce qui est frappant, c’est la façon dont il a traité Mgr Toledo avec des gants quand la fraude a été découverte. Dans un premier temps, il l’a renvoyé dans sa ville natale sans aucune sanction. Huit ans plus tard, en 2005, il a été jugé pour fraude, mais aucune peine n’a été prononcée.

. Il convient d’ajouter que Mgr Toledo était notoirement homosexuel et qu’il avait un amant, un professeur de gymnastique, qui servait d’intermédiaire dans les transactions financières que j’ai décrites. Le détail le plus macabre de cette affaire est apparu en 2017, lorsque Mgr Toledo, qui travaillait comme prêtre de paroisse depuis dix-huit ans sans aucune sanction ecclésiastique, a été accusé d’avoir assassiné un ami de longue date et d’avoir falsifié son testament afin d’obtenir un héritage d’un million de dollars.

Toledo est un exemple de prélat qui était déjà en place quand Bergoglio est arrivé en tant qu’évêque auxiliaire, mais il est tout aussi révélateur de regarder ceux qu’il a promus une fois qu’il est devenu archevêque. Le premier à noter est Juan Carlos Maccarone, que Bergoglio a nommé évêque auxiliaire en 1999. En 2005, Maccarone a été démis de ses fonctions épiscopales par le pape Benoît après avoir été filmé en train d’avoir des relations sexuelles avec un prostitué homosexuel dans la sacristie de sa cathédrale. Toutefois, le cardinal Bergoglio l’a publiquement défendu, déclarant que le tournage était un coup monté pour faire tomber l’évêque en raison de son engagement politique à gauche.

Un autre protégé est Joaquín Sucunza, que Bergoglio a consacré évêque auxiliaire en 2000, bien qu’il ait déjà été cité dans une affaire de divorce comme l’amant d’une femme mariée.

Ces affaires illustrent le cynisme moral et le clientélisme clérical dont Bergoglio a fait preuve en coulisses tout en présentant son image publique de réformateur. Les exemples les plus flagrants concernent son rôle de protecteur des abuseurs cléricaux. C’est le cas du prêtre Rubén Pardo, de Buenos Aires, dénoncé pour avoir abusé sexuellement d’un garçon de quinze ans. La mère du garçon a eu beaucoup de mal à faire admettre le cas à l’archevêché ; elle s’est plainte que le cardinal Bergoglio protégeait le prêtre coupable, qu’il l’avait logé dans une résidence diocésaine et que, quand elle a essayé de parler au cardinal dans la résidence de l’archevêque, il l’a fait expulser par le personnel de sécurité.

Le prêtre a finalement été condamné par les tribunaux civils et est mort du sida peu de temps après. Un tribunal de Buenos Aires a contraint l’Église catholique à indemniser la famille pour ce qu’elle avait subi. L’opinion de sa mère sur la volonté de Bergoglio de réprimer ces crimes était la suivante : « L’engagement de Bergoglio n’est qu’un discours ».

Un autre cas bien connu est celui du père Julio Grassi, qui dirigeait des foyers pour enfants et exploitait l’ambition des garçons d’échapper à la pauvreté par le biais du football professionnel. En 2009, le père Grassi a été condamné pour avoir abusé sexuellement d’un adolescent, mais alors que le procès était en cours, la conférence épiscopale argentine, dirigée par le cardinal Bergoglio, s’est donné beaucoup de mal pour commander un document de 2 600 pages affirmant son innocence. Le rapport a été condamné par le tribunal argentin comme une tentative grossière d’interférer avec la justice et de nuire au processus judiciaire. Entre-temps, le père Grassi lui-même a témoigné qu’il avait bénéficié du soutien personnel du cardinal Bergoglio pendant les audiences. Comme nous le savons, de nombreux évêques dans le monde ont vu leur carrière interrompue par des accusations moins graves que celle-ci, mais Bergoglio est parvenu à s’en sortir indemne.

En outre, en tant que pape, il a montré dans de nombreux cas qu’il n’avait aucun scrupule à protéger les abuseurs cléricaux, indépendamment de la soi-disant politique de tolérance zéro qu’il prétend appliquer. Je pense qu’il convient de donner une explication générale ou générique à cet étrange laxisme, qui est fondamentalement enraciné dans la culture sexuelle machiste de l’Amérique latine. C’est encore plus évident en Argentine, où un « pédé » est traditionnellement défini comme un homme qui ne couche qu’avec sa femme.

Cette culture contamine le clergé lui-même. Très souvent, parmi ces Latino-Américains, mais aussi parmi les Italiens et d’autres, il y a une tendance à considérer la vision moins tolérante des méfaits sexuels comme une manifestation du puritanisme anglo-saxon. Avec une telle attitude, la corruption sexuelle qui sévit dans l’Église et au Vatican a peu d’espoir d’être réformée et s’est même aggravée sous le pape actuel.

Les faits que je viens de mentionner ont été publiés dans divers articles, ou dans certains cas découverts par moi, au cours des cinq ou six dernières années, et mon commentaire à leur sujet est le suivant : lorsque j’ai écrit Le pape dictateur, l’état de mes informations m’a conduit à donner une image de Bergoglio comme un homme avec certains défauts de caractère qui auraient dû être connus des cardinaux lorsqu’ils l’ont élu en 2013 ; mais en fait, la réalité est bien pire. Ce que nous avons trouvé en 2013 était une situation de corruption cléricale horrible dans l’Église argentine, et nous voyons Bergoglio assis en plein milieu de cette situation. Maintenant, je ne l’accuse pas d’être lui-même aussi corrompu financièrement ou sexuellement que les clercs qu’il a protégés.

Je me souviens de la description qu’en fait le journaliste De la Cigoňa : « il travaille soigneusement pour impressionner tout le monde avec l’apparence d’un saint de plâtre ». Il faut admettre que Bergoglio a toujours été personnellement austère, voire ostensiblement austère, mais il a combiné cela avec une politique consistant à s’entourer de personnes moralement faibles et corrompues, précisément pour pouvoir les contrôler et construire son propre pouvoir à travers elles, et cette politique, il l’a poursuivie tout au long de son pontificat. Il faut regarder la situation au Conclave de 2013, après l’abdication surprise du Pape Benoît XVI. Il était généralement admis que l’Église était confrontée à une crise, et le cardinal Bergoglio avait été explicitement élu pour procéder à des réformes dans trois domaines en particulier : premièrement, le scandale mondial des abus sexuels commis par des clercs, qui avait gravement sapé l’autorité morale de l’Église ; deuxièmement, le bourbier des finances du Vatican ; et troisièmement, la corruption morale et politique au sein de la Curie romaine, dont Benoît XVI avait reçu des preuves accablantes dans un rapport présenté en décembre 2012. Dans ces trois domaines, le pontificat du pape François, loin d’apporter des réformes, a infiniment aggravé la situation. Cas après cas, nous avons vu les délinquants sexuels cléricaux protégés avec une impudence qui éclipse tout le passé. En ce qui concerne les finances du Vatican, le pape François a d’abord semblé vouloir procéder à une véritable réforme.

Il a nommé le cardinal Pell avec des pouvoirs étendus pour réformer les finances des différents départements du Vatican, mais deux ans plus tard, il était clair qu’il s’agissait d’une promesse vide. L’audit des départements du Vatican que Pell avait lancé a été annulé, et annulé par deux des hommes que François lui-même avait mis au pouvoir : le cardinal Parolin, en tant que secrétaire d’État, et le cardinal Becciu, son substitut à l’époque. Le cardinal Becciu, après quatre années de pouvoir croissant, a perdu les faveurs du pape François en 2020, a été déchu du cardinalat et est actuellement jugé pour des délits financiers.

En 2017, Parolin et Becciu ont ordonné le blocage de la réforme financière du cardinal Pell, dans une série d’incidents qui illustrent le régime de dictature sans foi ni loi qui prévaut aujourd’hui au Vatican. L’un de ces incidents est le traitement infligé au laïc Libero Milone, qui avait été nommé deux ans plus tôt auditeur général du Vatican pour mener à bien la réforme financière. En 2017, il a été licencié dans des circonstances évoquant un État fasciste, la police du Vatican faisant une descente dans ses bureaux et confisquant ses ordinateurs, tandis qu’un ultimatum lui était lancé pour qu’il démissionne ou qu’il soit arrêté. Pour expliquer ce traitement, le cardinal Becciu s’est plaint que Milone avait espionné ses supérieurs, en d’autres termes qu’il faisait le travail pour lequel il avait été nommé.

L’aspect le plus notoire de cette répression est la manière dont le cardinal Pell a été éliminé. En 2017, il a dû retourner en Australie pour faire face à des accusations historiques d’abus sexuels, pour lesquelles il a été condamné à une peine de prison, jusqu’à ce que sa condamnation soit annulée en appel trois ans plus tard. Il était alors trop tard pour reprendre son poste au Vatican. Il y a tout lieu de croire que le procès australien a été initié et soutenu par des personnalités du Vatican afin d’empêcher sa réforme, et que le cardinal Becciu a été spécifiquement désigné comme l’agent de cette politique.

En ce qui concerne la réforme de la Curie dans son ensemble, l’expérience des onze dernières années a été aussi désastreuse que l’histoire financière. La raison en est que l’intérêt du pape François n’est pas de réformer la Curie, mais de la contrôler. Comme je l’ai déjà dit, il a toujours exercé son contrôle en nommant des personnages moralement faibles et compromis, qui deviennent ses outils inconditionnels. Ainsi, au cours de la première moitié de son pontificat, nous avons vu les quelques individus véritablement intègres de la Curie – Burke, Sarah, Müller, Pell – être écartés l’un après l’autre et remplacés par une collection inégalée de mauvais ecclésiastiques.

Par exemple, l’administration du patrimoine du Saint-Siège, qui contrôle l’argent du Vatican, est restée sous la présidence du cardinal Calcagno, un escroc clérical italien de la vieille école, bien qu’il fasse l’objet d’une enquête dans son ancien diocèse, pour des transactions immobilières qui ont mis à mal les finances de ce dernier ; il était également un protecteur notoire des violeurs cléricaux.

Une nomination encore plus scandaleuse, pour des raisons différentes, a été celle de l’archevêque sud-américain Peňa Parra, qui a pris la place du cardinal Becciu en tant que substitut de la Secrétairerie d’État en 2018. Peňa est un homme qui, en tant qu’étudiant, a été retiré de son premier séminaire comme moralement suspect, et aurait fait carrière sous la couverture d’un cercle clérical homosexuel qui l’a protégé et fait progresser. Il aurait fui son Venezuela natal et se serait réfugié à Rome après un grave incident ayant nécessité l’intervention de la police vénézuélienne.

Ce contexte n’a pas empêché Peňa de devenir le deuxième homme le plus puissant de la Secrétairerie d’État, une position qu’il occupe encore aujourd’hui. Il n’est qu’un exemple du cercle de Latino-Américains peu recommandables qui ont été promus au sommet de l’Église sous le pape actuel. Et c’est ainsi que les nominations scandaleuses se succèdent, plongeant la réforme morale de la Curie de plus en plus loin dans le domaine de l’impossible.

Pourtant, les médias du monde entier, qui ont sauvagement attaqué Benoît XVI à chaque occasion, sont restés silencieux face à des scandales qui auraient détruit n’importe quelle autre papauté. La raison en est simple : le pape François leur donne exactement ce qu’ils veulent. Ils recherchent un pape qui affaiblira l’Église et la pliera à leur programme de sécularisation, et c’est exactement ce que le pape François leur donne. Telle est donc la clé de la question : quel est le but exact du pontificat de François ? Depuis le tout début, la galerie à laquelle il s’adresse est celle des médias séculiers, ainsi que de l’establishment intellectuel et politique, et il a épousé toutes les causes séculières à la mode pour eux, au détriment de l’enseignement catholique proprement dit. Ses paroles et ses actions ont été calculées uniquement pour gagner l’approbation du monde, et il a complètement réussi. À tel point qu’il peut se permettre d’ignorer tout autre groupe d’électeurs et de s’en tirer avec un copinage clérical et une corruption pour lesquels les médias l’auraient massacré s’ils avaient été le fait d’un pape conservateur.

Un corollaire de cela est sa poussée contre la tradition. Le pape François est parfaitement conscient que le seul véritable obstacle à sa révolution vient des traditionalistes de l’Église catholique, le seul élément qui ait une colonne vertébrale et qui soit prêt à reconnaître que l’empereur n’a pas de vêtements. D’où la campagne qu’il a menée tout au long de son pontificat contre les catholiques dits « rigides » et « indietristes », dont il se moque à chaque occasion. Il a répété ce thème il y a quelques semaines en déclarant qu’il était scandaleux que de jeunes prêtres se rendent dans les ateliers de couture des églises pour commander des soutanes et des vêtements traditionnels. Nous savons tous quels sont les véritables scandales de l’Église moderne, mais les seuls qui inquiètent le pape François sont ceux des prêtres qui suivent la tradition. D’où la promotion du cardinal Roche au poste de préfet du culte divin à la place du cardinal Sarah, et le Motu Proprio Traditionis Custodes pour défaire le travail de Benoît XVI. (À propos, on a dit qu’une traduction possible de Traditionis Custodes est « les geôliers de la tradition », ce qui est certainement le travail que le cardinal Roche et le pape François aimeraient faire). Comme le pape François, le cardinal Roche aime faire la leçon aux catholiques traditionnels sur le fait qu’ils ne sont pas à la mode.

Il a été observé que l’Église catholique est la seule institution où des hommes de soixante-dix et quatre-vingts ans disent constamment à ceux qui ont vingt ou trente ans qu’ils doivent se mettre à la page. Il convient au pape François de prétendre que le traditionalisme catholique est une question de prêtres qui aiment porter des soutanes et utiliser de l’encens à l’église, mais il sait très bien que c’est une question de doctrine, de dépôt de la foi, de philosophie pérenne de l’Église, de trésors de spiritualité ; et c’est pourquoi c’est un obstacle insurmontable pour un pape qui cherche à conduire l’Église sur les chemins de la laïcité moderne.

Avant de conclure, je dois commenter la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui. Comme je l’ai dit au début, les événements des trois derniers mois ont surpris même ceux qui ne se faisaient pas d’illusions sur le régime actuel. La spirale descendante s’est accélérée à un rythme que je n’avais pas prévu. Ce que nous avons vu ces trois derniers mois, c’est le scandale de la papauté du pape François dans sa forme la plus concentrée.

Je commencerai par le scandale des abus sexuels et de la dissimulation des ecclésiastiques, dont l’exemple le plus flagrant a fait couler beaucoup d’encre. Il s’agit de l’affaire, dont vous avez certainement tous entendu parler, du père jésuite Rupnik, accusé d’abus sexuels des plus horribles infligés à des religieuses dont il était censé être le directeur spirituel. L’abus comprenait de terribles éléments sacrilèges, sur lesquels je ne m’attarderai pas, et durait depuis des décennies, mais les jésuites n’ont rien fait à ce sujet.

Au début de cette année, ils ont décidé tardivement qu’il valait mieux se passer du père Rupnik et l’ont expulsé de la Société, mais le Vatican a continué à le protéger. Le père Rupnik avait été reconnu coupable d’un grave délit canonique consistant à absoudre l’un de ses partenaires sexuels dans le confessionnal et avait encouru la peine automatique de l’excommunication, mais celle-ci avait été levée en l’espace d’un mois. En outre, à la même époque, le père Rupnik a été invité à prêcher une retraite au sein même du Vatican. Les tentatives visant à traduire ce prêtre devant un tribunal ecclésiastique ont été entravées par le fait que ses crimes étaient prescrits ; cette prescription peut être levée dans des cas appropriés, mais le pape François ne l’a pas fait. Il a publiquement nié être impliqué dans cette affaire, mais Christopher Altieri a écrit : « de hauts responsables de l’Église proches de François ont fortement suggéré que François avait pratiquement tout à voir avec le traitement de l’affaire ». Le père Rupnik est en effet typique des copains clercs immoraux que le pape François a constamment protégés au cours de son pontificat et avant celui-ci.

Au milieu de cette année, la dissimulation de l’affaire Rupnik atteignait son paroxysme. Certaines personnalités, comme le cardinal Ladaria, jésuite et préfet de la doctrine de la foi, souhaitaient que le père Rupnik soit purement et simplement puni, et l’on dit que c’est la raison pour laquelle le cardinal Ladaria s’est vu refuser l’accès au récent synode sur la synodalité. Les forces du Vatican ont même essayé de faire annuler l’excommunication précédente du père Rupnik pour cause d’irrégularité. Finalement, un tollé public s’en est suivi, d’abord lorsqu’un rapport de la Commission du Vatican pour la protection des mineurs a critiqué le laxisme dont il avait fait preuve, et ensuite lorsqu’il a été révélé que le père Rupnik, malgré son expulsion des Jésuites et les accusations toujours pendantes contre lui, avait récemment été incardiné dans le diocèse de Koper. À la fin du mois d’octobre, le Vatican a finalement annoncé que les lacunes dans le traitement de l’affaire du père Rupnik avaient été portées à l’attention du pape, qui avait décidé de renoncer à la prescription pour permettre au père Rupnik d’être jugé. Christopher Altieri a commenté :

« Avec un timing improbable et une explication absurde, cette annonce ne fait que confirmer que la responsabilité, la responsabilité et la transparence sont des mots d’ordre ‘un cynisme transparent’. Cet acte de pouvoir brut prouve que l’État de droit dans l’Église est une farce ».

Quels autres actes papaux nous ont assaillis ces dernières semaines ? Nous avons eu l’exhortation apostolique Laudate Deum, sur la soi-disant crise climatique, dans laquelle, comme quelqu’un l’a souligné, le pape François s’est exprimé pleinement avec Greta Thunberg. L’exhortation déclare : « Il n’est plus possible de ne pas croire à la cause principalement humaine du changement climatique ». Tant d’autres articles de la foi chrétienne ont été ébranlés, mais nous sommes heureux que le pape François maintienne un dogme de foi incontestable.

Ensuite, il y a eu les autres scandales moraux dont nous avons été témoins, le fait que, par exemple, le cardinal français Ricard ait été autorisé à conserver son cardinalat malgré le fait qu’il ait admis avoir abusé d’une jeune fille il y a 14 ans, ou que le pape François ait une fois de plus, dans le cas de l’évêque Gisana de Sicile, défendu un évêque accusé d’avoir protégé des délinquants sexuels et dénigré ses accusateurs.

Tout cela est choquant, mais ce que nous devons regarder, c’est un événement aux conséquences plus graves pour l’Église. Il s’agit du parcours ouvertement schismatique de la voie synodale allemande, qui s’est déroulé sans que le pape François ne tente de le contrôler ou de le réprimander. Le 3 novembre, l’évêque de Spire a annoncé qu’il autoriserait la bénédiction des couples homosexuels et qu’il dresserait une liste des prêtres de son diocèse disposés à la pratiquer.

Là encore, silence total de la part de Rome. Ce n’est que quelques jours plus tard que fut annoncée la révocation de l’évêque de Tyler, Mgr Strickland, pour ne pas s’être aligné sur la ligne moderniste. Nous voyons ici le schéma du pontificat du pape François démontré avec une symétrie parfaite : l’hérétique est protégé et l’évêque catholique fidèle est démis de ses fonctions. Le cardinal Müller a publiquement qualifié la révocation de l’évêque Strickland d’abus du droit divin de la papauté. Un journaliste italien a été amené à décrire ce pontificat comme « le pontificat des purges » et à opposer la pratique de François à son slogan déclaré de miséricorde.

Peter Kwasniewski [One Peter 5, ndt] a commenté :

Il y a des années, Henry Sire a qualifié le pape François de « pape dictateur ». Cette appréciation a été confirmée à plusieurs reprises, et jamais autant que lorsque le pape dépose un évêque sans procédure régulière, à l’encontre du droit canonique, et sans aucun acte répréhensible grave imaginable. Il a combiné la mentalité « Je suis la tradition » de Pie IX avec la devise de Juan Perón : « À l’ami, tout. À l’ennemi, même pas la justice ».

Aussi vilain que soit tout cela, nous devons prêter plus d’attention au Synode sur la synodalité, récemment clôturé, car c’est le moyen par lequel le pape François tente d’institutionnaliser sa révolution. La première observation à faire est que tous ces synodes, y compris les deux précédents sur la famille, ont été organisés de manière à permettre à une clique de modernistes de faire avancer leur agenda sous le couvert d’un processus consultatif. Je cite un observateur italien,

Le déroulement des différents synodes de ce pontificat, en commençant par celui sur la famille et en terminant de manière retentissante par le dernier, montre que les règles des discussions et des délibérations, préparées à l’avance avec le choix des participants eux-mêmes, ont été modifiées à plusieurs reprises pour faire taire le rejet évident par la majorité ecclésiale de la ligne de pensée unique que l’on tentait de lui imposer, et pour empêcher l’émergence au sein du synode d’une ligne qui n’était pas d’accord avec celle prédéterminée d’en haut.

Cependant, lorsque le rapport final du synode a été publié, nous avons tous été surpris ; il s’est avéré étonnamment peu concluant. Beaucoup d’entre nous sont restés perplexes pendant un moment, mais nous avons trouvé l’explication dans une révélation parue dans un journal peu de temps après. Il s’agissait de la révélation d’un plan visant à modifier les règles des conclaves papaux afin d’introduire la participation des laïcs, y compris des femmes. Cela nous a montré que l’intérêt du précédent synode n’était pas le document qui en résulterait, mais le processus lui-même. Il avait été conçu pour adoucir l’Église en vue d’une révolution dans l’élection du pape. C’est ainsi que des évêques ont fait des déclarations telles que : « Il sera désormais impossible de tenir un synode sans la participation des laïcs ». Si tel était le cas, les gens exigeraient également une élection papale dans des conditions similaires.

Il ressort de ces informations que des pourparlers étaient en cours depuis des mois entre le pape et le cardinal Ghirlanda en vue de modifier les règles du conclave. Le cardinal Ghirlanda, en plus d’être un jésuite, est le défenseur d’une vision théologique extrême du pouvoir papal, ce qui fait de lui l’agent idéal pour enraciner le régime de la dictature papale. Dès que l’affaire a éclaté, le Vatican a apporté un démenti immédiat, accompagné d’efforts furieux au sein des différents dicastères pour découvrir qui était responsable de la fuite. La leçon que l’on peut en tirer est que le Vatican s’est rendu compte qu’il avait perdu le contrôle de la narration, comme on dit aujourd’hui, et qu’il avait été embarrassé par une révélation qui anticipait ses plans. Je pense qu’il ne fait guère de doute que la soi-disant réforme aura lieu, mais je suppose que la révélation prématurée a bouleversé l’agenda du pape François.

Cependant, toutes les nouvelles papales ne viennent pas de Rome. Un développement très significatif est venu d’Argentine, sous la forme de l’élection présidentielle de dimanche dernier et de l’arrivée au pouvoir de Javier Milei. Tout d’abord, cette élection a été directement contraire à la politique de l’Église qui, apparemment sur ordre de Rome, a ouvertement fait campagne contre Milei et incité les électeurs à voter contre lui. Plus précisément, Milei est un ennemi déclaré du pape François et l’a publiquement insulté, tandis que sa vice-présidente, Victoria Villarruel, est une catholique traditionaliste. La Croix a commenté le résultat : « Franchement, si un groupe d’accros aux affaires ecclésiastiques s’asseyait dans un bar et essayait de dessiner une note sur une serviette de cocktail qui équivaudrait à un rejet total de l’agenda d’un pape en exercice, il est douteux qu’ils auraient pu trouver quelque chose de plus frappant que ce qui s’est réellement passé ». Un commentaire plus sévère a été formulé par un expert politique argentin, le professeur Peretó, qui a déclaré dans une interview récente que la victoire de Milei représentait un rejet de Bergoglio et confirmait ce que tout le monde sait : les Argentins n’aiment pas le pape François et ne veulent pas de lui.

Share This