Pourquoi il vaut mieux ne pas croire les medias diviseurs sur parole (10/9/2010)

Voici ce que je lisais - avec beaucoup de méfiance - il y a deux jours sur le site de Libération.fr .


De quoi faire bondir de tous côtés, et les auteurs de cette accroche ne pouvaient l'ignorer.
A gauche, on dira que Nicolas Sarkozy est convoqué par le pape, portant ainsi atteinte au sacro-saint principe de laïcité.
A droite, que le Pape est complice des immigrationnistes, qu'il veut recadrer une politique migratoire légitime, et contribue ainsi à un monde sans frontières, où toutes les identités se diluent dans le melting pot du mondialisme.

C'est évidemment beaucoup moins simple.
Une dépêche de l'AFP précise aujourd'hui:

"Aucune date" n'a encore été fixée pour une éventuelle rencontre entre le pape Benoît XVI et Nicolas Sarkozy, évoquée mercredi par le président français, a indiqué vendredi le Vatican.
"S'il y a une demande du président français, elle sera prise en considération, selon la procédure habituelle", a déclaré à l'AFP le père Federico Lombardi, porte-parole du Vatican.
Mercredi, M. Sarkozy avait confié à des députés UMP qu'il devrait revoir "prochainement" Benoît XVI, dont les récents propos sur l'accueil des "légitimes diversités humaines" ont été interprétés comme une critique des expulsions de Roms par son gouvernement.
"Des contacts sont en cours pour une prochaine rencontre", a confirmé jeudi la présidence française, sans précision de date.
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Le père Lombardi n'a pas pu préciser si une demande pour une audience privée avait déjà été présentée "de manière formelle et explicite" à la secrétairerie d'Etat du Vatican.
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Je pense personnellement qu'il n'y a aucune raison que le Saint-Père ne reçoive pas le Président de la République française, non pour qui il est, mais pour ce qu'il représente. Celui-ci en a bien besoin, sans compter que, vis-à-vis du pape, il a beaucoup à se faire pardonner (voir le cirque de décembre 2007), et qu'il est possible qu'il en ait pris conscience (??).
La rencontre se fera donc très probablement. Ce n'est pas une raison pour propager le mensonge que le Pape a convoqué le président pour discuter avec lui des modalités d'expulsion des roms.
Je suis donc tentée de croire Jean-Marie Guénois, du Figaro, que je me permets de citer ici.

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Le pape va recevoir Sarkozy
La date de cette audience n'est pas arrêtée, mais la polémique sur les Roms la rend urgente.
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Rien de plus difficile que de «caler» un rendez-vous entre un président de la République et un Pape. Les canaux diplomatiques de la France et du Vatican s'emploient en ce moment à trouver le bon créneau pour permettre à Nicolas Sarkozy de rencontrer Benoît XVI. Car Paris sollicite une audience.

Vendredi, la date n'était pas encore arrêtée mais deux périodes sont ouvertes. Après le voyage du pape au Royaume Uni, la semaine prochaine et le début du synode des évêques à Rome, le 10 octobre. Ou, après ce synode consacré au Proche-Orient, à partir du 25 octobre.

Le principe de l'audience est toutefois acquis. Ce sera la troisième rencontre. Il y a eu la mémorable visite au Vatican, le 20 décembre 2007, et le discours au Latran qui avait suscité une polémique chez les défenseurs de la laïcité. Et puis la réception à l'Élysée, le 12 septembre 2008, qui inaugurait le voyage de Benoît XVI en France. Le contexte actuel est toutefois moins détendu car ce rendez-vous imprévu les audiences de chefs d'Etat sont programmées des mois à l'avance est lié à la polémique récente sur les Roms. Il s'inscrit, bien sur, dans une volonté commune d'entretenir des relations privilégiées et suivies mais l'affaire des Roms a semé des incompréhensions et des ambiguïtés que les deux parties seront bien contentes de lever.

Un signe ne trompe pas: même si la France comme le veut l'usage a sollicité cette entrevue - le pape ne «convoque» personne - la diligence mise par le Saint-Siège pour répondre indique que l'on considère à Rome qu'il est utile de se voir. Il y a effectivement, de part et d'autre, un certain malaise.

Du côté de l'Église catholique, l'embarras est triple.
L'interprétation à tort- des propos de Benoît XVI du 22 août ont donné l'impression que le pape s'opposait au président Sarkozy. Or jamais un pape n'attaque personnellement un chef d'Etat. Son discours, rédigé en juillet, avant la polémique, a toutefois fait mouche en France.

Deuxième embarras, les critiques directes contre les «expulsions massives» formulées par Mgr Marchetto - dont la démission vient d'être acceptée par le Vatican- ont appuyé cette interprétation des propos du pape.

Troisième embarras, l'Église n'est pas contre les reconduites légales des Roms hors de France mais elle n'apprécie pas les méthodes musclées, constatées ici et là. Elle s'inquiète aussi de la stigmatisation d'un groupe ethnique.

Triple embarras également du côté de la France. Quelles que soient les intentions du pape, il est objectif de constater que ce qu'il a dit a été exploité par la gauche. Second embarras, la floraison des prises de position épiscopale sur le sujet, et parfois polémique comme ce prêtre qui a souhaité une crise cardiaque au président, ont fini par créer l'impression que l'Eglise de France était dans l'opposition. Troisième souci, cette polémique alimente une chute de la côte de popularité de Nicolas Sarkozy chez les catholiques pratiquants. Selon l'Ifop, elle est passée de 61% à 47% en un an.