Très beau, et très juste billet de l'Abbé de Taouarn, sur le voyage en Grande-Bretagne - lu grâce au Salon beige. (24/9/2010)


Texte ici.
Je me permets de le reproduire, espérant contribuer à augmenter son audience...
Je laisse mes lecteurs, surtout étrangers, creuser la référence, pour initiés, et sans doute pas politiquement correcte, à l"'Action Française"...


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vendredi 24 septembre 2010
Benoît XVI politique
par l'abbé Guillaume de Tanoüarn

Le voyage en Angleterre de notre pape s'est déroulé conformément à un processus désormais bien connu.

Trois phases :
AVANT : les médias prédisent la catastrophe, soit en terme d'assistance (il n'y aura personne) soit en termes d'opposition (le pape va rencontrer des adversaires implacables). L'Angleterre n'est pas un pays catholique, comme chacun sait. Et c'est un pays travaillé en profondeur par la propagande irréligieuse issue, avant même les Lumières, de la diversité des sectes chrétiennes qui s'affrontent. Le consumérisme agressif ne trouve en face de lui comme force organisée que l'Église catholique. il est naturel que le pape paraisse cristalliser les oppositions.

PENDANT : La douceur du pape, l'intelligence du pape, l'autorité tranquille de sa parole conquièrent tout le monde. Le voyage tourne au triomphe. Souvenez vous, c'était le scénario africain ou, plus anciennement, turc. Et dans une moindre mesure, on retrouvait cela au Portugal. Cette fois la visite se déroule dans un grand pays de la Vieille Europe. Le scénario est le même qu'en Turquie, le même qu'en Afrique...

APRÈS : Il reste les textes. Puissants. Que l'on a entendu et que l'on garde sous le coude pour les méditer. Pour la première fois au Royaume Uni, un Pape était reçu devant les deux Chambres le 17 septembre à Westminster Hall. Il en a pris occasion pour décrire les relations entre l'Église et l'État.

Il se fonde sur deux propositions apparemment antithétiques:
1- L'Église catholique doit avoir un rôle public ou elle n'est plus l'Église
2- Mais la politique des États est en elle-même purement laïque. Il n'y a pas de politique spécifiquement chrétienne. C'est l'accès au Bien commun qui est la mesure de l'opportunité politique.

Rôle public de l'Église, laïcité de l'État et de son action. Cela ne vous dit rien ? Réfléchissez... Moi il me semble que cela a toujours été une perspective défendue par... l'Action Française. Il y a un très beau texte de Pierre Boutang dans Reprendre le pouvoir sur ce double principe.

Benoît XVI parle de "rôle correctif" de l'Église, parce que la foi, issue de la Parole de Dieu, peut, ici ou là, corriger la raison enfermée en elle-même et dans ses calculs. Le calcul rationnel, à court terme n'est pas infaillible, les plus grands politiques l'ont souvent expérimenté. Une vraie politique se laisse pénétrer des principes fondamentaux de la religion chrétienne, dans l'esprit du Pape, avant tout le principe de fraternité: nous sommes tous frères parce que Dieu est notre Père et Jésus Christ notre Frère. Constatez que ce "principe de fraternité" est ici intrinsèquement religieux.

Avec cette idée, développée par le Pape, de "correction" de la raison par les principes de la foi, on retrouve le thème du péché originel et le vieux thème chrétien selon lequel la raison ne suffit jamais, à elle toute seule, pour fixer et déterminer le bien humain.