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L'EUROPE TRAHIE
 

Un texte du député européen italien Mario Mauro sur le grand Otto de Habsbourg. (15/7/2011)

Je regrette que la mort de Otto de Habsbourg ait été entourée (au moins en France, à l'exception notable de l'Est Républicain, qui a couvert le Requiem célébré à sa mémoire en Lorraine) d'une telle discrétion médiatique.
Je signale que "Point de Vue" dans son numéro du 13 juillet, consacre 7 pages au chef de la Maison Habsbourg. Et annonce un reportage de ses obsèques pour la semaine prochaine. C'est le moins!
Comme le rappelait le Saint-Père, visitant l'OR le 5 juillet dernier (ici):

Il y a toujours un choix [dans les medias] qui détermine ce qui apparaît et ce qui n'apparaît pas.
Et nous savons bien que le choix des priorités, aujourd'hui, dans de nombreux organes d'opinion publique sont souvent très discutable.

L'article de Mario Mauro, déjà rencontré dans ces pages, est d'autant plus bienvenu.




 
 

L'Europe "trahie"
Mario Mauro , Il Sussidiario.
Vendedi 8 juillet
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Lundi dernier, à l'âge de 98 ans, l'ancien député européen Otto de Habsbourg s'est éteint, un des personnages-symbole de de la reconstruction européenne, un homme qui a vécu comme protagoniste de premier plan toutes les époques qui ont traversé notre continent au cours du siècle dernier.
Héritier du dernier empereur austro-hongrois, Charles Ier, Otto de Habsbourg doit être reconnu comme un Européen convaincu, un ardent militant de la cause des pays d'Europe centrale et orientale, tant dans la période de la dictature communiste, que pour leur entrée dans l'Union européenne.
Né en 1912, Otto de Habsbourg était destiné à monter sur le trône, mais la dissolution de l'Empire austro-hongrois en 1919 a changé son destin et l'a conduit à l'exil. Ballotté entre plusieurs pays depuis l'expulsion de la famille impériale, le jeune Otto, privé de son père en 1922, a complété ses études en Espagne et en Belgique.
Réadmis dans sa patrie sous la dictature «austro-fasciste» de Kurt Schuschnigg, il fut de nouveau expulsé après l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne en 1938. L'héritier impérial, gardant l'espoir de rétablir la monarchie, n'a jamais cessé son opposition à Hitler.
Réfugié aux États-Unis lors de la Seconde Guerre mondiale, il a participé à la campagne pour le retour d'une l'Autriche indépendante, aux côtés du président Roosevelt et du Premier ministre britannique Churchill. Ce point a été inclus en 1943 parmi les objectifs de guerre des Alliés. Mais après la guerre, le nouveau gouvernement de Vienne, s'opposa au retour du noble exilé.
Catholique et anti-communiste fervent, Otto de Habsbourg voyait dans le christianisme une valeur capable d'unifier l'Europe divisée entre Est et Ouest. Il a combattu de toutes ses forces pour cet idéal. En 1973, il a été élu Président de l'Union pan-européenne, une charge qu'il a occupé jusqu'en 2004. En 1979, avec la première élection au suffrage universel des membres du Parlement européen, il a rejoint l'Assemblée de Strasbourg sur la liste du parti allemand l'allemand CDU / CSU (la démocratie chrétienne en Allemagne).
Il a été l'un des plus présents, l'un des plus aimés et respectés parmi les députés au cours de ses 20 années de mandat.
Avec Otto de Habsbourg, nous perdons un grand Européen qui a contribué à la chute pacifique du rideau de fer. Une de ses initiatives, le "pique-nique pan-européen", organisé en 1989 près de la frontière austro-hongroise, a permis à 600 Allemands de l'Ouest de rentrer chez eux.
Il a été une figure emblématique dans l'histoire européenne du XXe siècle. Otto de Habsbourg a réussi à préfigurer ce qui allait être l'Europe du XXIe siècle: une Europe exigeante, fière de ses valeurs et de sa culture, ouverte et tolérante, une Europe courageuse et responsable.
Otto de Habsbourg, avec les pères fondateurs de l'Europe unie, est parmi les partisans de l'une des réalisations les plus importantes dans l'histoire politique de notre civilisation. Un succès qui a été construit à partir des idéaux du christianisme, unique et authentique héritage de la culture et l'identité des peuples européens.




 

J'ai retrouvé dans ma bibliothèque un album intitulé "Rois sans royaume" (dont est extraite la photo qui illustre l'article), dont l'un des chapitres était consacré à Otto de Habsbourg (et d'autres à Duarte du Portugal, Wladimir de Russie, Siméon II de Bulgarie, Henri d'Orléans... à côté de Maharadjahs, et du chef apache Big eagle!)
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OTTO DE HABSBOURG

Ses ancêtres furent les rassembleurs des terres du grand Empire austro-hongrois.
Lui se veut le rassembleur des hommes de l'Europe.
Ne continue-t-il pas la tâche de ses aïeux?
A sa façon ?

...

L'Europe.. il veut, contribuer à sa construction, non pas comme ses aïeux, Charles Quint ou François Joseph, à coups d'épée ou de canons (!!!), mais avec toute sa compétence d'expert, son expérience de docteur en sciences politiques et sa passion pour l'avenir européen : il fut porte-parole de la commission politique du Parlement de Strasbourg et dirige le groupe de travail "Europe centrale et Europe orientale".
Ce qui ne l'empêche pas de siéger à l'Institut de France, où il a été élu au fauteuil d'Eisenhower, d'écrire une dizaine d'articles chaque semaine pour la presse du monde entier, ni de donner des conférences un peu partout et dans toutes les langues : Otto en parle sept couramment (plus le latin !) et prône le français comme langue officielle de l'Europe en raison de son incomparable précision.
Il trouve encore le temps d'écrire des livres, appliquant le principe de son oncle Sixte de Bourbon : "J'écris mes livres dans les minutes que d'autres gaspillent" (ndlr: des propos qui rappellent étonamment Benoît XVI!).
Otto a publié la bagatelle de vingt-cinq livres dont certains comme "Bientôt l'an 2000", sont de très gros succès de librairie.
Il a reçu en 1988 le prix de la Fondation Louise Weiss eu tant que député européen et président de l'Union pan-européenne internationale: une très haute récompense destinée aux auteurs et aux institutions qui font avancer les sciences de la paix et améliorent les relations humaines.
Otto, lui, l'héritier impérial à qui les honneurs auraient pu échoir du seul fait de sa naissance, apprécie d'être reconnu pour lui-même et pour son action : « Dieu nous demande de faire de notre mieux » dit-il simplement.
C'est ce qu'il a toujours tenté de faire sur tous les plans : en étant un bon fils; en décrochant son doctorat « summa cum laude » à l'université de Louvain; en ayant refusé de discuter avec Hitler, qui le fit condamner à mort; en s'engageant dans le combat européen afin que prospèrent les peuples dans la compréhension et dans la paix, en élevant dans ses principes, enfin, les sept enfants que lui a donnés Regina, la princesse de Saxe -Meningen qu'il épousa en 1951, à Nancy.
Et si le soir, dans sa villa de Pöcking, près de Munich, où il réside depuis 1954, il se laisse aller un instant à regarder en arrière, il peut se dire qu'il ne s'est pas contenté de vivre une vie de prince héritier.. chimérique ou inutile. Il a « fait de son mieux » comme le demandait Dieu.
(Rois sans royaume, Gérard Rancinan, Nathan, 1990)




La pub pour le "Gay village" à Rome | Otto de Habsbourg