Le 12 mai 2007, 4e jour de son voyage, le Pape s'est rendu à Guaratinguetà, pour visiter tout d'abord l'église de la Fazenda da Esperança, avant de rencontrer la communauté d'un centre de réinsertion de toxicomanes. -------------------------- Nombreuses photos ici: http://beatriceweb.eu/...
Elles ne donnent qu'un faible aperçu de l'atmosphère faite de spiritualité intense, d'émotion et de grande affection, qui a baigné la rencontre de Benoît XVI avec ces jeunes blessés par la vie. Là, il avait les bras grands ouverts, personne ne pourra dire le contraire. Et il n'a pas hésité à embrasser longuement ceux qui lui ont été présentés.
Un petit détail, vu sur le direct de KTO. Un podium modeste avait été aménagé pour lui. A la fin de la rencontre, le frère Stempel s'est adressé aux jeunes, leur disant en substance, avec un grand sourire: "Le Saint-Père devait partir directement, mais il a manifesté le désir de passer parmi vous. Promettez que vous laisserez libre le passage pour le Saint-Père". Cette entorse au protocole - qui a peut-être donné des sueurs froides aux services de sécurité - a été salué par des acclamations, et le Saint-Père est descendu parmi les jeunes, bénissant, se laissant toucher, dans une cohue joyeuse et un enthousiasme indescriptible.
* * *
Isabelle de Gaulmyn, qui suivait le Pape, consentait à écrire: --------------- Image étonnante de ce vieil homme en blanc, embrassant chacun de ces jeunes, adolescents déjà cabossés, enfants aux yeux trop grands. Un pape grand-père, compréhensif pour une jeunesse dont l'histoire ressemble si peu à la sienne. Comme si, au Brésil, Benoît XVI avait appris à embrasser, sous l'oeil stupéfait des photographes peu habitués à des gestes aussi expansifs de sa part... (!!!)
* * *
John Allen, qui était lui aussi du voyage, et l'avait "couvert" de façon exemplaire écrivait de son côté (ici): ------------------ Stempel, le fondateur de Fazenda Speranda, est originaire de l'archidiocèse de Paderborn en Allemagne. Il est arrivé au Brésil en 1972, et plus tard est devenu franciscain. Servant comme prêtre de paroisse dans la communauté rurale de Guarantinguetá, il a décidé de fonder un centre social, initialement pour les victimes d'abus d'alcool et de drogue, et plus tard l'a étendu pour servir d'autres populations vulnérables, y compris des jeunes mères célibataires et des familles pauvres. C'est Stempel qui fut l'architecte de la visite de Benoît à Fazenda Speranza. En janvier 2006, il est venu à Rome pour rencontrer Benoît, et lui a présenté les lettres de 80 évêques demandant que le pape ajoute une étape ici, et en décembre 2006 il a reçu la confirmation que le pape viendrait. Aujourd'hui, il était l'hôte et le maître de cérémonie de cet événement. Avant le discours du pape, cinq jeunes lui ont raconté l'histoire de leur guérison de la dépendance à la drogue, l'anorexie, et d'autres maladies. Plusieurs ont refoulé des larmes pendant qu'ils parlaient. Ajoutant une note oecuménique, une des jeunes était luthérien, et un autre orthodoxe. Après chaque témoignage, le pape a pris le garçon ou la jeune fille dans ses bras pour l'embrasser.
À la fin de la rencontre, qui a duré bien une heure, on a annoncé que Benoît XVI avait donné $100.000 à la Fazenda Speranza. S'ajoutant aux $200.000 que Benoît avit donné précédemment pour des églises en Amazonie, cela porte la générosité papale au Brésil à $300.000.
* * *
Sur la video ci-dessous, tout à la fin, on voit le Saint-Père essayer avec beaucoup de gentillesse et de spontanéité la casquette qu'on lui tend, alors qu'il traverse la foule enthousiaste des jeunes pensionnaires - épisode non prévu par le "protocole"
Discours du Saint-Père
Site du Saint-Siège --------------- "Voici, je me tiens à la porte et je frappe; si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte j'entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi" (Ap 3, 20). Ce sont des paroles divines qui touchent le plus profond de l'âme et qui la font vibrer jusqu'à ses racines les plus profondes.
A un certain moment de notre vie, Jésus vient et frappe à notre porte, des coups d'une grande douceur, au plus profond des cœurs bien disposés. Avec vous, il l'a fait à travers une personne amie ou un prêtre, ou bien peut-être a-t-il prédisposé une série de coïncidences pour vous faire comprendre que vous êtes objet de la prédilection divine. A travers l'institution qui vous accueille, le Seigneur vous a permis cette expérience de guérison physique et spirituelle d'une importance vitale pour vous et pour vos proches. A la suite de cela, la société attend que vous sachiez transmettre ce bien précieux de la santé à vos amis et aux membres de toute la communauté.
Vous devez être les ambassadeurs de l'espérance! Le Brésil possède des statistiques extrêmement élevées en ce qui concerne la dépendance chimique à l'égard des drogues et des stupéfiants. Et l'Amérique latine dans son ensemble également. C'est pourquoi je dis aux revendeurs de drogue de bien réfléchir au mal qu'ils sont en train de faire à une multitude de jeunes et d'adultes de toutes les couches sociales: Dieu leur demandera compte de ce qu'ils ont fait. La dignité humaine ne peut pas être foulée au pied de cette manière. Le mal provoqué mérite la même réprobation que celle que Jésus exprima à l'égard de ceux qui scandalisaient les "plus petits", les préférés de Dieu (cf. Mt 18, 7-10).
Le Brésil est également un pays qui peut offrir au monde le témoignage d'un nouveau modèle de développement: en effet, la culture chrétienne peut promouvoir une "réconciliation" entre les hommes et la création, à partir du rétablissement de la dignité personnelle dans la relation avec Dieu le Père. Un exemple éloquent en est la "Fazenda da Esperança", un réseau de communautés de réinsertion pour les jeunes qui veulent sortir du tunnel obscur de la drogue. Dans celle que j'ai visitée, qui m'a laissé une profonde impression dont je garde le souvenir vivant dans mon cœur, la présence d'un monastère de Sœurs clarisses est significative. Cela m'a paru emblématique pour le monde d'aujourd'hui, qui a besoin d'une "réinsertion" certainement psychologique et sociale, mais encore plus profondément spirituelle.