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LE SECRET DE LA FAMILLE RATZINGER
 

C'est le plus simple et le plus beau des secrets: c'est tout simplement... une famille! L'auteur du livre-interviewe à paraître de Mgr Georg répond aux questions de Zenit-italien (28/7/2011)

Voir aussi:
-> Mon frère le pape
-> Mon frère le Pape (suite)
-> Mon frère le Pape (III)




 
 

Après la traduction par Marie-Anne d'un article sur le livre à paraître "Mon frère le Pape" (cf. Mon frère le Pape (suite) ), Carlota écrivait:
Le livre de Mgr Georg Ratzinger... formidable. Cela rend d'autant plus tragique la condition des enfants ballotés par le divorce, quand on voit ce qu'une famille aimante et unie, mais tout en retenue, en pudeur et délicatesse, a pu réussir à faire malgré la guerre et toutes les épreuves de l'existence....

Eh bien, c'est exactement cela le secret de la famille Ratzinger.
Article en italien sur Zenit.
Ma traduction.




 



 

Le secret de la famille Ratzinger
Un historien parle de son livre-interviewe avec le frère du pape
Jesús Colina
27 Juillet 2011 (ZENIT.org)
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Il reste encore beaucoup à apprendre sur l'histoire et sur l'âme de Joseph Ratzinger. Et une seule personne connaît ces aspects si personnels: son frère Georg.

Bientôt, tout sera révélé dans le livre "Mein Bruder, der Papst" (Mon frère le pape), un entretien avec Mgr Georg Ratzinger, par Michael Hesemann.

L' aîné des Ratzinger s'est entretenu avec l'historien, à Ratisbonne, et leur conversation couvre 256 pages du livre qui, complété par des photographies de famille, sera publié, à Munich par les éditions Herbig, en Septembre, juste avant le voyage du Saint-Père dans sa patrie.

ZENIT a parlé de l'interviewe avec Hesemann.

- Croyez-vous que ce livre aidera à mieux comprendre la vocation de Joseph Ratzinger?
- Hesemann: C'est précisément l'intention du livre, qui a été écrit pour le 60ème anniversaire de l'ordination sacerdotale de Sa Sainteté le Pape, et de son frère Mgr Georg Ratzinger. Le livre montre comment son incroyable et totalement inattendue "carrière" a suivi une sorte de dessein caché qui ne peut être que l'œuvre de la Divine Providence. Lorsque j'ai visité la "Emanuel School of Mission" d'Altötting , le sanctuaire marial qui a été un point central dans l'enfance de Joseph Ratzinger, j'ai vu la devise: "donne tout, reçois davantage".
Et c'est exactement le principe qu'il a suivi. Il a toujours donné tout, il a essayé de servir le Seigneur avec tout son potentiel, et il a reçu beaucoup plus que ce qu'il pouvait imaginer ou désirer.

- Y a-t-il des éléments nouveaux sur la vie de Joseph Ratzinger? Et sur celle de Georg Ratzinger?
- Hesemann: Certainement. Ce livre décrit les détails personnels de leur vie familiale. Et une fois encore nous avons une devise qui convient: "Une famille qui prie ensemble, reste ensemble". La famille Ratzinger était une sorte de rempart contre les vagues de toutes ces périodes orageuses, y compris celles du régime nazi et des horreurs de la guerre. Et elle est devenue plus forte grâce au grand sentiment religieux et à la vie religieuse intense. Surtout aujourd'hui, où de nombreuses familles sont déchirées par des problèmes familiaux et des divorces, les Ratzinger pourraient représenter un modèle positif de famille. Leur secret est d'être une famille soumise à Dieu, d'avoir transformé la famille en une cellule de base de l'Eglise elle-même. S'il y avait plus de familles comme cela, nous n'aurions pas ce manque de vocations!

- Qu'est-ce qui vous a surpris dans vos conversations avec le frère du Pape?
- Hesemann: Beaucoup de choses, mais la surprise la plus grande a été de découvrir combien droit - mais en même temps inattendu - avait été le chemin qui a conduit Ratzinger à la Chaire de Pierre. Le jour le plus important de sa vie fut son ordination sacerdotale le 29 Juin 1951, quand il a réalisé à quel point il pouvait donner plus aux gens en permettant au Saint Esprit de travailler à travers lui. Il était si heureux quand il était vicaire de paroisse à Munich! Mais alors, à cause de son esprit exceptionnellement brillant, il a été encouragé à devenir professeur de théologie et cela lui a plu. Il ne voulait pas devenir évêque, au point qu'on a dû le convaincre. Puis le Pape Paul VI l'a nommé Archevêque de Munich. Lorsque Jean-Paul II l'a appelé à Rome, il a sorti toute une série de raisons pour rester en Bavière, mais encore une fois, quelqu'un a convaincu. Cette fois, c'est le Pape qui a dû le convaincre: "Munich est importante, mais Rome est plus importante".
Finalement, il rêvait de prendre sa retraite pour passer plus de temps avec son frère, et écrire des livres, mais il a été élu Pape. Cela m'a rappelé Saint-Pierre et les paroles de Notre Seigneur: «... un autre te ceindra d'un vêtement et te mènera où tu ne veux pas »(Jn 21:18). C'est une prophétie, qui s'est avérée ensuite avec le martyre du prince des apôtres. Mais qui décrit très bien ce qui est arrivé à Joseph Ratzinger. Si on suit sa vie, "quelqu'un" l'a préparé dès le début au ministère pétrinien. C'est entièrement l'œuvre de Dieu!

Mais une autre surprise fut de voir l'opposition inconditionnelle de sa famille envers les nazis, depuis le début. Le père des garçons, Joseph Ratzinger senior, était un lecteur assidu, et même abonné, à la publication catholique la plus anti-nazie "Der Weg gerade" (Le droit chemin), dont le rédacteur en chef, Fritz Gerlich Michael, a été l'un des première martyrs catholiques de l'Allemagne nazie. Le père de Joseph Ratzinger était un commissaire de police d'une petite ville, Tittmoning, et il se trouva en grave difficulté, avant même la prise du pouvoir nazi, car il avait mis fin à plusieurs réunions nazis et s'était opposé aux SA à plusieurs reprises. Finalement, il a été forcé de faire un pas en arrière dans sa carrière et de poursuivre son service dans un petit village, Aschau.
L'arrivée de Georg et de Joseph au séminaire, leur décision de devenir prêtres catholiques, à cette époque représentait un rejet clair du nazisme, fortement opposé à l'Église. Ils ont été raillés et discriminés à cause de cette décision, mais ils ont suivi leur conscience. Le père de Joseph Ratzinger, qui vivait alors qu'une maigre pension, a rejeté les avantages économiques de ceux qui adhéraient au parti nazi. L'adolescent Joseph Ratzinger a réussi à ne pas participer à la Jeunesse hitlérienne, même s'il était obligatoire pour la loi allemande d'entrer dans cette organisation. Il n'y est tout simplement pas allé et quand il a été forcé de rejoindre l'armée, il a déserté (ndt: le mot ne me plaît pas vraiment. En réalité, dans ses mémoires, écrits 30 ans après, Joseph Ratzinger écrit "je décidai simplement de rentrer à la maison") et seul un miracle l'a protégé de l'arrestation et la pendaison prévue pour les déserteurs.

- Quel est le rôle de la musique dans la vie de Georg? Et que dire de Joseph?
- Hesemann: La musique a toujours joué un rôle important dans la vie de la famille Ratzinger. Leur père, non seulement chantait dans le chœur des garçons de sa paroisse, mais il jouait de la cithare, un instrument de musique folklorique bavarois typique. La mère, qui avait été domestique chez un chef d'orchestre, avait été en contact avec la musique classique, quand elle était jeune. Alors, quand George a découvert son énorme talent musical, il a été encouragé par ses parents. Il était fasciné par un homme qui possédait un harmonium, alors son père lui en a acheté un et il jouait si bien que quand il n'avait encore que 10 ans, le curé lui a demandé de jouer pendant la Sainte Messe pour les enfants, en semaine.
Joseph partageait son amour pour la musique, et il a eu des professeurs de musique pour l'harmonium et pour le piano. Même aujourd'hui, en tant que pape, il joue du piano quand le temps le lui permet. Il aime la musique classique, surtout Mozart. Les jeune Ratzinger ont une fois réussi à aller au festival de Salzbourg (1) et à écouter quelques concerts important. Aujourd'hui, quand Georg Ratzinger va rendre visite à son frère, le Saint-Père lui demande régulièrement de jouer du piano pour lui, ce qui le réjouit beaucoup.

- Pouvez-vous nous décrire l'âme de Georg Ratzinger?
- Hesemann: Chaque rencontre avec lui était vraiment très agréable. Il a un cœur d'or. J'ai rarement rencontré un homme aussi humble, aussi aimable et affable que lui. En même temps, j'ai été impressionné par sa mémoire, qu'il partage évidemment avec son frère. C'est un grand homme, et certainement, il n'est pas seulement "le frère du pape", puisqu'il a fait une carrière exceptionnelle par lui-même, comme directeur de la Chorale des "Regensburger Domspatzen", célèbre dans le monde entier. Ils ont fait des concerts au Japon, aux Etats-Unis et dans plusieurs autres régions du monde. Il est également compositeur.
Mais avant tout, il est ce gentilhomme exquis, ce prêtre au grand coeur, avec une foi profonde en Dieu et un bon et sain sens de l'humour.




Note (1)

Ce souvenir a été rappelé dans le discours que le Saint-Père a prononcé à l'issue d'un concert donné à la chapelle Sixtine en l'honneur des 85 ans de Georg, le 19 janvier 2009 (cf. benoit-et-moi.fr/2009-I/ ).
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En écoutant peu auparavant la Messe en do mineur de Mozart, je repensais à ce jour du lointain 1941, où, à l'initiative de mon cher frère Georg nous nous rendîmes ensemble au Festival de Salzbourg. Nous pûmes alors assister à quelques splendides concerts et, parmi ceux-ci, dans la Basilique abbatiale de Saint-Pierre, à l'exécution de la Messe en do mineur. Ce fut un instant inoubliable, je dirais le sommet spirituel de notre excursion culturelle. C'est la raison pour laquelle le fait de pouvoir réécouter cette magnifique et profonde composition sacrée du grand fils de la ville de Salzbourg, Wolfgang Amadeus Mozart, en l'heureuse occasion de l'anniversaire de mon frère, a été pour nous un motif de joie particulière. Aussi au nom de mon frère, je vous remercie pour ce superbe cadeau qui nous a permis de revivre des instants d'extraordinaire intensité spirituelle et artistique.
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(a braccio, en allemand)

Cher Georg, chers amis, il s'est écoulé près de 70 ans depuis que tu as pris cette initiative d'aller ensemble à Salzbourg, et que dans la splendide église abbatiale de Saint-Pierre nous avons écouté la Messe en Do mineur de Mozart. Même si alors j'étais encore un jeune garçon "sempliciotto", pourtant, avec toi, j'ai compris que nous avions vécu quelque chose de différent d'un simple concert : c'était une musique en prière, un office divin, dans lequel nous avons pu effleurer quelque chose de la magnificence et de la beauté de Dieu lui-même, et nous en avons été touchés.
Après la guerre nous sommes retournés d'autres fois à Salzbourg pour écouter la Messe en do mineur, et c'est pourquoi elle est inscrite profondément dans notre biographie intérieure
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