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L'AFFECTION DES FRÈRES
 

Les voeux de Georg Ratzinger à son frère, pour son 79e anniversaire, et une très belle interviewe dans l'Avvenire. Reprise. (4/8/2011)




 

Georg et Joseph Moment de complicité




 

L'affection de son frère Georg
(Article de l'Avvenire)

"Cher Joseph, avec toi, je vis la joie. Prions l'un pour l'autre"
Georg, et son frère Joseph Ratzinger, se parleront aujourd'hui au téléphone. Pas seulement pour les voeux de Pâques, mais aussi pour ceux de l'anniversaire du Pape.
Benoît XVI est né en fait dans la nuit du Samedi Saint, il y a soixante-dix-neuf ans, le 16 avril 1927, et il fut baptisé peu d'heures après, avec l'eau tout juste bénite de la veillée pascale.
"Je veux adresser à Joseph mes souhaits d'anniversaire de vive voix", dit Georg Ratzinger, qui, durant ce congé pascal est resté dans sa Bavière.

"Je désire que Joseph reçoive mes voeux".

En même temps, don Georg , qui fut pendant plus de quarante ans maître de chapelle du dôme de Ratisbonne, dans sa maison du 2, Luzengasse, à deux pas de la cathédrale, a écrit au pape un message de voeux, rempli d'une grande affection et de mots touchants. C'est une invitation à prier l'un pour l'autre, qui est souligné par sa répétition en latin: «Oremus pro in vicem»
Son frère Georg élève vers Dieu une prière insistante, afin que leurs années de vieillesse puissent être embellies par des moments qu'ils passeront ensemble, pour pouvoir goûter à nouveau les liens de joyeuse fraternité qui les ont unis toute leur vie de manière très étroite.
Mais c'est aussi une supplique au Tout-Puissant pour qu'il accorde au Saint-Père l'inspiration spirituelle et intellectuelle, la force physique qui lui permette de rester ferme, solide et courageux à travers les vagues qui agitent la barque de Pierre.
"Cher Joseph, j'espère bien sûr t'adresser mes souhaits de vive voix, mais je veux aussi te les adresser sous cette forme publique, à travers le journal", ainsi commence son message à son frère.
"Puisse le Seigneur te donner l'inspiration spirituelle et intellectuelle, mais aussi te concéder la force physique , pour pouvoir prendre les décisions justes, trouver le paroles adéquates, et rester courageux et ferme, au milieu des vagues qui, selon un secret dessein de Dieu, secouent l'Eglise, et toi avec elle.
Puisse Dieu nous offrir, en ces dernières années de notre vie, dont nous nous rapprochons, un petit peu de communauté fraternelle, dans la joie et la chaleur d'autrefois".

Don Georg se fait aussi beaucoup de souci pour la mission du Saint-Père
"Puisse, cher Joseph, tes longs et difficiles travaux théologiques te servir d'orientation et de guide dans l'accomplissement du grandiose devoir que Dieu t'a confié, dans la pleine universalité de ta mission"
Bientôt, les deux frères seront à nouveau réunis. Papa Ratzinger a promis qu'en septembre, du 9 au 15, il passera quelques jours en Bavière, et il s'est réservé un moment pour rester seul avec son frère bien-aimé, avec qui dans la vie, il a partagé jusqu'au choix du sacerdoce.

* * * *

La relation fraternelle est restée intacte
19 avril 2006, L'AVVENIRE
Pierangelo Giovanetti,
Le Pape, raconté par son frère Georg

"Je croyais l'avoir perdu, aujourd'hui,au contraire, je vous le dis, c'est toujours Joseph"

Même l'élection au trône de Pierre n'a pu les séparer. Intimement unis pour toute la vie, liés par un relation de communion fraternelle si intense et particulière, après un an de pontificat, pour Georg Ratzinger, le lien d'affection avec son frère Joseph est demeuré inchangé.

"Dans les jours que j'ai passés avec lui à Rome, nous sommes beaucoup restés ensemble. Nous avons parlé, nous avons évoqué nos amis communs, la Bavière que tous les deux nous aimons tant. Nous avons prié ensemble, seuls tous les deux. Et comme désormais je n'y vois presque plus, c'est lui qui me lisait les textes de l'Ecriture, et je répondais aux invocations. Assis sur un banc, l'un près de l'autre, tout à fait comme deux frères. Il y a un an, je pensais avoir perdu un frère. Désormais, je puis dire que, dans la force de l'affection qui nous unit, rien n'a changé".

Seul dans sa maison de Ratisbonne, dans le bureau que les mains attentionnées de Frau Agnes Heidl, la fidèle gouvernante d'une vie a décoré de fleurs printanières, entre l'arbre aux oeufs colorés et les lapins de Pâques, Georg Ratzinger, 82 ans accomplis, passe sa journée comme il l'a toujours fait: le matin, la messe, puis une visite à son ami Hubert Schöner, le doyen de l'Ancienne Chapelle. Quelques pas autour de la Cathédrale, et puis le repas à la maison, où Frau Agnes lui a déjà préparé une délicieuse soupe de pommes de terre (Kartoffelnsuppe) et son mythique strudel. Peut-être le même qu'elle préparera en septembre, quand le Pape sera pour un jour l'hôte de son frère, seuls tous les deux, comme au bon vieux temps.

"Joseph a réussi à se ménager une journée libre de protocole, pour rester avec moi. Le matin, nous irons à la messe ensemble, dans l'ancienne Chapelle, puis nous resterons un peu à la maison pour bavarder. Frau Agnes a déjà pensé à un bon petit repas. Elle sait ce qui plaît à Joseph" (mais la fidèle domestique ne veut rien révéler, note de la rédaction).

"L'après-midi, nous nous rendrons au cimetière, sur la tombe de notre soeur et de nos parents, où nous nous arrêterons pour prier. Ensuite, un petit tour à la maison de mon frère, à Pentling, à la périphérie. Joseph doit récupérer quelques-unes de ses affaires, des livres qu'il avait laissés. Il faudra décider aussi que faire de la maison. Beaucoup de ses livres et objets personnels sont là, il ne peut pas les emmener à Rome, car il n'y a pas de place. Nous verrons si quelqu'un est intéressé par une donation.". Et il ajoute: "le soir, je crois que nous resterons là-bas pour manger. On nous apportera le casse-croûte, et nous mangerons là."

De déménager à Rome, Georg n'y pense même pas: "Ma maison est ici, répond-il. "Et puis, à Rome, les loyers sont trop chers, et il est compliqué de trouver à se loger. Ce ne serait pas facile de déménager", commente-t-il avec sa candeur habituelle. "Certes, durant cette année, je n'ai pas pu rester longtemps avec mon frère comme autrefois. Et pui, l'âge avance. Je prie le Seigneur qu'il me donne la santé, pour pouvoir aller de temps en temps le retrouver". Depuis Avril de l'année dernière, Georg s'est rendu cinq fois au Vatican. "Pour la cérémonie d'inauguration du Pontificat. Puis, brièvement, à la Pentecôte (et j'y retourne bientôt cette année). J'ai passé une période plus longue avec Joseph pendant l'été. J'y suis retournée en Octobre avec les Domspatzen. Et enfin, j'ai passé avec lui le Nouvel An"

Avec le Saint-Père, ils se parlent régulièrement au téléphone, au moins une fois par semaine (*). "D'habitude, c'est lui qui appelle. Il ne manque jamais de m'appeler chaque semaine. Parfois plus, s'il y a quelque chose dont nous devons parler".

Pour le reste, la vie du vieux maître de chapelle du Dôme se poursuit de manière immuable, comme avant.
"Je reçois beaucoup plus de lettres et de cartes qu'autrefois. Beaucoup de gens, qui me disent qu'ils prient pour moi, et pour mon frère. D'autres me demandent une bénédiction, ou un souvenir particulier pendant la Messe. Avant, j'essayais de répondre moi-même à tout le courrier. A présent, je ne peux plus, je n'y vois presque pas. De temps en temps, un petit chanteur du Dôme vient à la maison me lire les lettres, et je lui dis comment répondre. Je ne peux pas faire plus".

De la première année du Pontificat de son frère, Georg dit avoir été frappé par la capacité du Pape à parler avec les gens. "Il me semble qu'il a trouvé le ton juste pour dire au monde, aux jeunes, que la foi n'est pas un fardeau, quelque chose qui attriste la vie en la remplissant d'interdits. Au contraire, c'est une joie immense pour l'humanité, une aide importante pour l'homme d'aujourd'hui dans sa difficulté à trouver la route, un sens à son cheminement".
Mgr Georg a été ému quand il a vu à la télévision les jeunes qui accueillaient son frère le long des rives du Rhin. "Pourtant, une certaine presse, certains cercles, avaient donné de Joseph une image qui n'était pas vraie, qui ne correspondait pas à ce qu'il est en réalité. Maintenant, il se montre comme il est vraiment, et les gens le comprennent, et l'apprécient."
De l'encyclique "Deus Caritas es", Georg donne un jugement très clair: "Dans cette encyclique, il y a mon frère Joseph tout entier. J'y ai retrouvé son style, son écriture, toute sa pensée.
Cette encyclique, il ne l'a pas préparée pendant ces mois. C'est le fruit de la maturation de toute une vie, et on y trouve son cheminement de foi et sa réflexion théologique tout au long des années".

Sur les choix de Benoît XVI en cette première année, le frère Georg confie: "Non, il n'y a rien que je n'aie partagé, ou que j'aurais fait différemment. Peut-être sur le plan religieux, au début, je n'ai pas compris tout de suite certains de ses choix audacieux. Ils me semblaient trop ouverts. Puis, j'ai compris que Joseph avait raison. Lui ne se limite pas au quotidien, comme cela m'arrive à moi. Il regarde la foi et le monde dans une vision plus ample, selon une prospective plus ouverte. Et ainsi, on comprend aussi certains choix".

Son souci pour la santé du Pape qui au début, l'avait alarmé, en raison du rythme de vie intense auquel il serait soumis, s'est calmé, après un an, il est rassuré". "C'est vrai, j'étais très préoccupé. Au contraire, lors des dernières rencontres, je l'ai trouvé bien. Il ne semble pas écrasé par l'énorme fardeau, et les responsabilités qui lui incombent. Je crois que le mérite en revient au régime bien réglé auquel il se soumet. Il ne mange pas beaucoup de cuisine bavaroise, les wurstel et les pâtisseries qu'il aime bien, pourtant. Mais cela vaut mieux. Et puis, il fait attention à ses heures de sommeil, de telle sorte que, chaque nuit il puisse dormir un nombre d'heures suffisant, six ou sept heures, pour récupérer la fatigue. Pour son anniversaire, je lui ai envoyé comme cadeau un paquet de café sans caféïne".

La Bavière. Encore un aspect particulier qui réunit fortement les frères Ratzinger. L'amour pour leur propre terre, leur propre culture, la foi, la dévotion à Marie, sous la protection de laquelle est la région. "Pour nous, la Bavière, c'est un style de vie, une manière de penser, d'affronter les choses", explique Don Georg. "C'est d'être unis par le dialecte bavarois. C'est d'avoir un tempérament déterminé, qui nous distingue des allemands du Nord. Les bavarois ont un coeur grand. Chez mon frère, l'amour pour la terre natale est très fort, et effectivement, il lui tarde de retourner en Bavière, en septembre: il a souhaité que la visite se concentre sur les lieux qui ont marqué toute sa vie et sa foi".
La musique aussi est très importante, pour les Ratzinger. "Nous l'avons respirée depuis que nous sommes tout petits", s'exclame-t'il. Mon père aimait jouer de la cythare, et chanter, et il nous a transmis un talent musical particulier, qui a été fondamental dans ma vie. Pour mon frère aussi, elle a eu une importance déterminante, en plus d'être parmi ses passe-temps favoris. La musique, faire de la musique ensemble, fut pour nous, dès l'enfance, une dimension du message divin"

Au bout de trois-quarts d'heure, Georg Ratzinger nous raccompagne à la porte, et, tel un vieux curé de paroisse, il prend congé.
"Souvenez-vous de moi dans vos prières. Je l'ai dit aussi à Joseph. Prions l'un pour l'autre. Que Dieu vous bénisse".

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(*) Georg Ratzinger a une ligne spéciale pour parler directement au Pape: ''Qquand elle sonne, je sais que c'est mon frère".




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