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LE DERNIER MUR: MERCKEL ET LA STASI
 

ou le passé d'une chancelière. 50 ans après la construction du mur de Berlin, la Bussola propose une lecture de l'évènement qui rompt avec le conformisme de la presse (14/8/2011)




 
 

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La société médiatique, de plus en plus auto-référentielle, adore les commémorations. Il lui suffit de fouiller dans ses archives (chose de plus en plus aisée grâce à l'outil informatique) pour entretenir la "mémoire". Une mémoire sélective et orientée, car l'exercice ne permet pas seulement de combler les creux d'une information paresseuse, elle permet aussi de réorienter l'"histoire" et de "recadrer" d'éventuels mal-pensants..

Ces jours-ci, on n'a donc pas échappé à la "commémoration" du cinquantième anniversaire de la construction du mur de Berlin. Un évènement dont on ne peut nier l'importance dans l'histoire du XXe siècle..

Voici par exemple le début d'un article lu sur 20 minutes.fr:

Il y a 50 ans, le 12 août 1961, le conseil des ministres de la République Démocratique Allemande annonce «un dispositif de contrôle aux frontières de la RDA avec l'Allemagne de l'Ouest et les secteurs d'occupation occidentaux à Berlin». Le Mur de Berlin s’érige dans les jours qui suivent, séparant de facto une ville en proie à de fortes confrontations entre partisans de Moscou et de Washington.

La Bussola a choisi d'aborder l'évènement sous un angle différent.
J'avoue que ce qui y est dit est inédit pour moi...
Je n'ai pas oublié les prises de position de Madame Merkel contre Benoît XVI, notamment lors de l'affaire Williamson (voir ici et aussi benoit-et-moi.fr/2009-I/ ), et les affaires de pédophilie dans l'Eglise. Et encore tout récemment, son parti, la CDU, s'est porté en première ligne contre le célibat sacerdotal (voir ici: benoit-et-moi.fr/2011-I/ ).
Est-elle vraiment la personne appropriée? A-t-elle les coudées vraiment franches? N'aurait-elle pas, pour parler familièrement, quelque "cadavre dans le placard" (comme le disait le Père Scalese) qui en fait l'otage de certains "pouvoirs forts" ? On m'objectera qu'on est là en pleine théorie du complot, mais empêcher les gens de s'exprimer en les discréditant ne peut pas les empêcher de penser!

Et puis, curieusement (!), les medias donnent bien moins d'écho à des demandes d'ouverture des archives relatives à l'Allemagne de l'Est que de celle des prétendues "archives secrètes" du Vatican!!

Article en italien: La Bussola.
Ma traduction




 

Le dernier mur: Merkel et la Stasi
Vito Punzi
12/08/2011
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C'était en 1978, et cette année-là, Angela Merkel obtenait son diplôme de physique à l'Université Karl Marx de Leipzig. La jeune fille voulait faire une carrière universitaire, et la première occasion qui se présenta était de devenir assistante à la Technische Universität de Ilmenau.
Pour que cela puisse se passer, il y avait certaines conditions.

De fidélité envers le régime avant tout, et sur ce point, c'était son père lui-même, Horst Kasner, pasteur luthérien, qui en était garant: en 1954, déménageant avec toute sa famille de la République fédérale à la RDA, il avait témoigné publiquement son soutien à l'expérience communiste Est-allemande, et les récompenses n'avaient certes pas manqué: la fondation d'un séminaire, l'octroi de voitures, la capacité de voyager librement à l'Ouest. Et aussi une brillante carrière universitaire pour sa fille Angela, si seulement elle acceptait de devenir l'un des milliers de IM (Inoffizieller Mitarbeiter, agents dormants de la Stasi, ndt), les informateurs non officiels, comme cela lui fut communiqué par deux officiers de la Stasi. Mais elle refusa, parce que selon ses dires, elle n'aurait pas su garder les choses pour elle.

Les portes d'Ilmenau lui restèrent donc fermées et Angela fut embauchée à l'Académie des Sciences de Berlin-Adlershof.
Telle est la version soutenue depuis toujours, et racontée par Merkel à son biographe Gerd Langguth, depuis 2005. La chancelière n'a jamais voulu révéler qui sont les deux officiers. Il est étrange qu'en 2009, lors d'une émission de télévision, la même Merkel ait affirmé avoir été approchée par un seul de la Stasi. Des contradictions qui pourraient être enfin clarifiées si elle laissait le public consulter les documents de la Stasi qui la concernent. Mais malheureusement, cela ne s'est pas produit à ce jour, avec le résultat que le doute sur sa coopération avec le régime, y compris comme "informateur", reste bien ancré dans son passé.

Un doute alimenté par exemple par une photo de passeport de Merkel, se trouvant dans les papiers relatifs à Robert Havemann, qui était à la fois communiste convaincu et critique du régime de la RDA. Dans une série de photos trouvées dans son dossier figurent toutes les personnes qui, à un moment ou à un autre, s'étaient approchées de la résidence de Havemann dans la localité de Grünheide, près de Berlin, espionnée en permanence par la Stasi. Parce que la propriété grouillait d'agents des services secrets et que les citoyens de la RDA se voyaient refuser l'accès à la maison de l'ancien membre du SED, le parti communiste est-allemand, le magazine «Schweiz-Magazin» s'est récemment demandé sur Internet si Mme Merkel n'avait pas été un "espion de la Stasi".

La chaîne publique de télévision WDR aurait voulu utiliser cette photo pour son documentaire intitulé "Dans l'oeil du pouvoir - Photos de la Stasi", mais l'autorité déléguée à la gestion des actes de la Stasi, connue sous le nom de "Commission Birthler" n'a fourni que des images "floutées", car Merkel en avait interdit la publication.

A la défense de la chancelière il y aurait le fait qu'à partir de 1978, elle travailla avec le beau-fils du dissident communiste, Ulrich Havemann, à l'Académie des Sciences, au point que ce serait lui qui l'aurait aidé au moment du déménagement de Leipzig à Berlin: en retour, elle se serait occupée des enfants à la maison Havemann, ce qui justifierait sa présence dans la propriété de Grünheide et donc la photo prise là-bas.
La chancelière, quand des questions lui sont posées au sujet de son passé répète "avoir choisi une vie de scientifique pour ne pas avoir à faire trop de compromis". En réalité, son rôle en tant que secrétaire de la FDJ, l'organisation officielle des jeunes Allemands de l'Est, et de responsable pour "l'agitation et la propagande" à l'Académie des Sciences de Berlin, ne peut manquer de laisser l'impression que sa position était entièrement compatible avec celle des membres de la SED. "Je ne peux pas le prouver, mais je serais étonné si elle n'avait pas été dans la Stasi", déclare un ex-membre autorisé de la CDU.

L'héritage écrit du régime de la SED, tout en considérant l'énorme quantité de documents "déchirés "encore en phase de «reconstruction», est largement accessible, et pourtant, comme il ressort de l'affaire Merkel, une partie du «mur» de Berlin, cinquante ans après sa construction, est encore à tomber. En outre, quand verra-t-on concédée aux historiens, journalistes et autres parties intéressées, l'occasion de voir, sans limitation, les documents relatifs à la République fédérale d'Allemagne dans la période entre le 15 Septembre 1949 et le 2 Octobre 1990? Rien qu'à la chancellerie et au ministère de l'Intérieur sont conservés plus de 3,5 millions de «documents confidentiels». Un pas en avant a été annoncé ces derniers jours par le BND (Bundesnachrichtendienst, l'Agence de renseignement fédéral), dont la mission est "d'obtenir et d'élaborer des informations significatives de la sécurité intérieure et extérieure de l'Allemagne."

L'Agence fournira aux Archives fédérales, pour la consultation publique, 13 documents (environ 5000 pages) entre les années 1952-1962, et en particulier sur la crise de Berlin de 1958 et la fermeture de la frontière du secteur oriental de Berlin. Une "offensive inhabituelle", comme l'a appelée le Frankfurter Allgemeine Zeitung , étant donné la réticence de la BND, à ce jour, à faire connaître leurs propres documents. On ne sait pas ce qu'on pourra savoir de plus sur les années de la guerre froide.

Ce qui est certain, c'est que sur la question spécifique de la construction du mur de Berlin, tous les documents clés dans les archives des grandes puissances mondiales n'ont pas été divulgués. Sans surprise, très nombreux sont ceux qui sont conservés à Moscou.




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