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JMJ: RESTÀN (4)
 

Carlota vient de traduire le dernier, en fait chronologiquement le premier. JL Restàn commente ici la messe d'ouverture, par le cardinal Rouco (27/7/2011)

Voir aussi:
-> JMJ: JL Restàn (1)
-> JMJ: JL Restàn (2)
-> Le troisième article de JL Restàn sur les JMJ




 

Carlota:

José Luis Restán commente ici l’ouverture (avec messe) des JMJ de Madrid par Monseigneur Rouco, cardinal-archevêque de Madrid le soir du 16 août. La foule était déjà océanique et il n’était pas forcément très facile de tout suivre, surtout si l’on était dans une rue adjacente, faute de places. Mais la diffusion de la belle langue sonore de ce prélat espagnol de 75 ans, ainsi que son ton paternel, fraternel et vigoureux dynamisme martelant des vérités essentielles, a vraiment résonné ce jour là comme un grandiose et glorieux feu d’artifice dans le ciel madrilène.
Ma traduction (original ici http://www.paginasdigital.es/ )




 

La partie est commencée

Après avoir rappelé l’histoire en marche qui a généré vingt-six ans de Journées Mondiales de la Jeunesse, le Cardinal Rouco a introduit ce mardi (ndt donc le 16 août 2011), une inflexion qui n’est pas passée inaperçue pour les milliers de jeunes présents sur la place madrilène de la Cybèle. Il leur a dit que les coordonnées historiques dans lesquelles ils se meuvent sont différentes de celles dans lesquelles sont nées les JMJ, qu’ils appartiennent à une nouvelle génération.

Le christianisme est toujours ancien et toujours nouveau. Il vit toujours de la même source, de la même mémoire qui devient présent; mais il s’incarne dans des circonstances changeantes, génère de nouvelles formes de présence, il s’approfondit dans la réponse qu’il doit donner aux questions des hommes. C’est quelque chose que le bienheureux John Henry Newman a saisi avec une singulière perspicacité. Et c’était important de le dire sur la place de la Cybèle, précisément au commencement de ces JMJ de Madrid 2011.

Parce qu’il ne s’agit pas d’une simple redite. Il s’agit de découvrir pleins d’étonnement que la foi vécue dans l’Église, n’a de dégoûts ni par rapport aux temps ni par rapport aux lieux. Elle s’incarne, une belle phrase dont nous dédaignons ou réduisons généralement la profondeur. Elle vit le vertige du présent, le défi de l’histoire, le risque de la chair avec ses contradictions et douleurs. Ainsi est notre Dieu, le Dieu de Jésus Christ.

Dans le déjà lointain 1985 l’histoire était marquée par la grande division entre les libertés occidentales et le communisme. L’Europe unie de l’Atlantique à l’Oural était un rêve (des choses de Wojtyla, disaient les malins). En Amérique latine, les régimes de "Sécurité Nationale" étaient habituels, la Chine commençait à peine son décollage. Le monde intellectuel continuait à être dominé dans de larges franges par le marxisme dans ses différentes versions et l’on n’apercevait que la grande explosion des techniques biologiques qui nous font nous pencher sur le rêve amère de l’homme comme propre objet d’expérimentation.

Vingt-six ans après le tableau a beaucoup changé. L’Europe doit revoir son système de bien-être, la techno-science court le risque de dériver vers une nouvelle forme de totalitarisme, la liberté religieuse devient toujours plus un bien rare. L’État démocratique voit se dessécher ses racines philosophiques et morales tandis qu’il se précipite vers la tentation de programmer et de contrôler les consciences à travers ses puissants instruments. Le terrorisme mondial n’est plus une vague menace mais un coup de griffe brutal à toute la peau de la planète Terre. La Chine et l’Inde réclament leur place à table des grands alors que l’Afrique agonise (*).

« Soyez la génération de Benoît XVI », leur a dit le cardinal Rouco, et des jeunes a jailli un applaudissement nourri. Soyez la génération qui vit dans ces coordonnées-là et il ne sert à rien de les nier. Il y a vingt-six ans nous avons vu, surpris, que le dialogue de l’Église avec les jeunes avait une nouvelle forme, qu’il se déployait avec un air et un enthousiasme inattendu, que la proposition chrétienne donnait forme à une nouvelle présence. Et les héritiers de 68 de se faire échauder. Certains en traînent leur vieille rogne jusqu’à la Puerta del Sol (**).

Mais l’histoire ne s’est pas terminée et nous ne pouvons pas non plus nous contenter du regard attendri vers ce qui a été. Cela ne s’arrête pas. Maintenant il faut vérifier comment la foi chrétienne, vécue aujourd’hui dans l’Église, façonne des personnes et des communautés capables d’affronter les défis du moment. Ce n’est pas que la foi apporte un manuel d’instructions, c’est qu’elle apporte une intelligence et une liberté inusitées à la personne qui accepte le défi de la vivre en compagnie de l’Église. Comme l’a dit Benoît XVI, nous les chrétiens nous ne contribuons d’une manière décisive au bien de ce qui est notre monde, que si l’intelligence de la foi se convertit en intelligence de la réalité, de cette réalité, passionnante et dramatique, belle et immense, qu’il nous appartient de vivre. La partie est commencée.

* * *

NDT:
(*) ... pillée par des multinationales (mais aussi souvent avec la complicité des propres potentats locaux) qui ont encore moins d’éthique que l’administration de vieux pays coloniaux comme la France qui y avait malgré tout vaincu de nombreuses maladies, construits des routes, des barrages, des écoles etc. L’on peut ainsi évoqué, par exemple, d’immenses territoires africains rachetés par l’étranger pour y cultiver des céréales destinées à servir de combustibles à des voitures qui ne circulent pas sur le continent africain (mais par exemple aux EU), tandis qu’à quelques centaines de kilomètres de là, meurent des peuples sans terre, décimés par des guerres ethniques ou tribales. Et nous ne parleront pas des guerres provoquées pour des raisons dites humanitaires mais qui sont peut-être plus pour la main mise sur des réserves énergétiques…

(**) Les deux syndicats majoritaires de la police espagnole (cf original ici http://infocatolica.com/... ) ont déclaré avoir porté plainte et entrepris des actions légales pertinentes à la suite de menaces de mort et d’intentions de localiser les données personnelles concernant les identités et les domiciles de différents agents de l’Unité d’Intervention de la Police qui constituaient une partie du dispositif déployé dans les rues de Madrid durant les JMJ.





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