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Qui est Richard Williamson?

L'homme par qui le scandale est arrivé. Un article du Monde assez convaincant. (16/2/2009)


Il est à lire avec les précautions d'usage, mais me paraît assez équilibré, pas caricatural, et correctement informatif.
C'est en tout cas mieux que toutes les imprécations lues jusqu'à présent.

L'intégriste des intégristes


LE MONDE| 16.02.09

Il a mis les milieux catholiques en émoi et indigné le reste du monde ; il a obligé le pape à assurer les juifs de sa "solidarité totale". Il vient de se voir démis de ses fonctions à la tête du séminaire intégriste de la Reja en Argentine, qu'il dirigeait depuis quelques années. Mais dans la tempête, Richard Williamson fait mine de rien et, le 7 février, date de la dernière chronique parue sur son blog (dinoscopus.blogspot.com), il disserte, en mélomane, de la beauté de la troisième symphonie de Beethoven.
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En assurant au cours d'un entretien télévisé que "pas un juif n'avait péri dans les chambres à gaz", cet évêque britannique de 68 ans, membre de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, le courant schismatique de Mgr Lefebvre, a acquis en quelques heures une notoriété mondiale. Sa bombe négationniste, lancée au moment même où le pape annonçait la levée de l'excommunication qui le frappait, ainsi que trois de ses confrères, depuis vingt ans, a installé le personnage dans son rôle de " type incontrôlable".

"C'est un fanatique qui passe son temps à dire des conneries", veut croire un prêtre français, bon connaisseur du milieu intégriste. Ancien professeur de littérature et de philosophie, Mgr Williamson est surtout connu pour être, parmi les héritiers de Mgr Lefebvre, l'un des tenants de la ligne la plus dure à l'égard du Vatican. "Il est, sur les sujets touchant à l'Eglise et à son évolution depuis Vatican II, d'une intransigeance totale", témoigne une personnalité engagée dans le dialogue entre les intégristes et les conciliaires, qui l'a rencontré à plusieurs reprises.

Il se raconte même que Mgr Lefebvre, percevant sous ce personnage coutumier des jugements à l'emporte-pièce de possibles complications, aurait hésité à l'ordonner évêque ; ce que dément la Fraternité Saint-Pie-X. "Il fut choisi pour ses dons en langues (la Fraternité ayant l'ambition d'essaimer à travers le monde) et sa fidélité à la pensée de notre fondateur", indique aujourd'hui un lefebvriste.

Ces "qualités" lui valurent en tout cas d'entrer dans l'histoire de l'Eglise catholique, le 30 juin 1988, devant quelque 6 000 fidèles et des dizaines de journalistes. Ce jour-là après des mois d'hésitations, Mgr Lefebvre ordonne évêques quatre prêtres de la Fraternité. Leur mission : ordonner à leur tour des prêtres pour que la Fraternité ne s'éteigne pas avec son fondateur, alors âgé de 83 ans. Ce geste provoque l'excommunication immédiate des évêques, et crée le schisme que Benoît XVI s'efforce aujourd'hui de résorber.

Lors de son ordination, à 48 ans, Richard Williamson, converti sur le tard au catholicisme, est le plus âgé des quatre impétrants. Ce parcours ecclésiastique fulgurant ravit cet anglican londonien de bonne famille, compagnon de la première heure de Mgr Lefebvre. "Il m'a toujours dit qu'il était un converti de 68", assure un prêtre qui l'a côtoyé au séminaire d'Ecône (Suisse), le fief historique de la Fraternité. Horrifié par le virage "libéral" que prennent alors les sociétés occidentales, le professeur Williamson succombe au discours conservateur de Mgr Lefebvre, qui, dès la fin du concile de Vatican II, en 1965, s'est érigé en défenseur de la "tradition", recrutant dans les milieux les plus réactionnaires de l'Eglise. L'évêque britannique trouve à Ecône "un environnement favorable à une véritable conversion", assure l'une des personnes qui l'y a rencontré. Le converti se complaît bientôt dans la dévotion à la Vierge ; il développe en outre un goût marqué pour "l'apocalypse".

Foncièrement antimoderniste, l'évêque prise le Syllabus de Pie IX qui, en 1864, dénonçait déjà "les erreurs de la société moderne". "Il est obsédé par la laïcité, qu'il juge "envahissante"", raconte aussi une de ses interlocutrices.

Au fil des années, il se montre plus "lefebvriste que Mgr Lefebvre", notent les observateurs, dont certains jugent même Mgr Williamson proche du courant sédévacantiste, qui considère que, depuis le lancement du concile Vatican II par Jean XXIII, le siège de Saint-Pierre est "vacant", car occupé par un faux pape. Pour Mgr Williamson, les textes de Vatican II proclament "une fausse religion".

Le doute persiste aussi sur sa volonté réelle de voir lever son excommunication, contrairement à Mgr Bernard Fellay le supérieur général de la Fraternité, qui y travaille depuis plusieurs années. "En provoquant le scandale avec ses propos sur les chambres à gaz, il empêche tout accord de réconciliation entre le courant intégriste et le Vatican", analyse l'abbé Guillaume de Tanoüarn, ancien lefebvriste, aujourd'hui membre de l'Institut du Bon Pasteur. Cette intransigeance expliquerait son "éloignement" en Argentine, qui n'abrite "pas le séminaire le plus prestigieux de la Fraternité", reconnaît l'un de ses membres.

Présenté comme un "homme de culture", "pianiste émérite", capable d'évoquer Shakespeare dans ses homélies, Mgr Williamson assure s'être intéressé au négationnisme dans les années 1980. "J'ai toujours cherché la vérité", se justifie sans vergogne le prélat anglais dans le Spiegel du 9 février 2009. Une "quête" qui l'amène à déclarer dès 1989 au Canada : "Les juifs ont inventé l'holocauste pour nous mettre à genoux, pour faire accepter leur nouvel Etat Israël. Tout cela, ce ne sont que des mensonges."

Après la répétition de ses prises de position qui, ces dernières semaines, ont scandalisé le monde, Mgr Wiliamson s'est déclaré prêt à "étudier" à nouveau la question. La Fraternité a officiellement récusé ses propos, tout en se montrant assez compréhensive. Sur son site, elle salue la "volonté (de Mgr Williamson) de s'informer objectivement en étudiant la thèse adverse de celle à laquelle il a adhéré jusqu'à présent", laissant entendre au passage qu'il y aurait bien, sur ce sujet, deux "thèses" en présence.

Pour l'heure, la Fraternité ne s'est donc pas résolue à se débarrasser de l'évêque. Il est vrai qu'à la tête de ses propres troupes, "il pourrait faire des petits" en ordonnant de nouveaux prêtres et, ainsi, perpétuer le schisme. Parallèlement, sa présence complique un accord, déjà hypothétique, avec le Vatican. L'Eglise, elle, ne peut pas l'excommunier à nouveau : "Le pape n'excommunie pas sur des sujets historiques", note un évêque.

"Peut-être finira-t-il aumônier pour religieuses contemplatives ?", suggère mi-figue mi-raisin un proche de la Fraternité. Ou devant la justice des hommes. En Allemagne, le parquet a ouvert une enquête ; en France et en Argentine, des plaintes ont été déposées pour "contestation de crimes contre l'humanité". Le "problème Williamson" est loin d'être résolu.
(mon commentaire: terminer devant la justice des hommes, il n'attend peut-être que cela; il s'accorderait ainsi un statut de martyr, ce ne serait pas la façon la plus astucieuse de régler l'affaire, de la part de ses ennemis...)
Stéphanie Le Bars

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Trop conservateur pour être évêque Vers Jérusalem