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A propos des mouvements ecclésiaux

L'intérêt suspect d'une station de radio, et un billet du père Scalese - avec une nouvelle percutante réflexion sur les effets du Concile! (1er/4/2009)


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Qu'il me soit permis de remarquer que règlement du "problème" des Légionnaires du Christ, est une affaire de discipline interne de l'Eglise exclusivement. Comme telle, elle ne me regarde absolument pas, et n'intéresse d'ailleurs presque personne, puisque je serais prête à parier que moins de 0,0001% des français sont au courant de leur existence.
Cela n'empêche pas Eur1 de faire un titre avec cette nouvelle (article suivi, évidemment, par l'indispensable rubrique "commentaires", où il est possible de baver sans retenue et sans risque sur l'Eglise et sur le Pape)...

Selon l'article:
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La congrégation des Légionnaires du Christ dispose d'une université à Rome. Cultivant le secret autour d’elle, elle est surtout particulièrement active au Mexique en particulier et en Amérique latine en général où elle est soutenue par de riches familles qui lui ont permis de mettre en place un important réseau d’écoles.
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Une congrégation qui "cultive le secret", et qui surtout "est soutenue par de riches familles", voilà qui a de quoi susciter des vocations de sans-culottes rêvant d'accrocher les cathos à la lanterne au prétexte de défendre les opprimés.
Ici, la désinformation ne s'appuie pas sur le mensonge, mais par la place démesurée donnée à un évènement.
Une des choses que je supporte de moins en moins, c'est d'entendre des gens s'exprimer sur un ton d'autorité sur des sujets qu'ils ne connaissent pas.
Il ne s'agit pas, évidemment, de cautionner les exactions de certains, bien au contraire (n'est-ce pas Joseph Ratzinger qui avait dénoncé la "saleté" de l'Eglise?) mais de s'informer avant de condamner (ou alors, choix le plus naturel, on ignore carrément), et surtout de ne pas mettre tout le monde dans le même sac, pour impliquer plus ou moins directement le saint-Père.
C'est curieux, ce sont les mêmes qui ont inventé le slogan "Pas d'amalgames" lorsqu'il s'agit de baillonner ceux à qui ils refusent tout droit d'expression..
C'est pourquoi je me réjouis de trouver chez le père Scalese cette intelligente réflexion sur les "nouveaux" mouvements, lucide, mais charitable, et pleine de bon sens.

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mardi 31 Mars 2009
« Examinez chaque chose, gardez ce qui est bon »
Texte en italien ici.
Ma traduction:

Hier, ... j'ai reçu un message de M.... Elle m'a signalé son blog , grâce auquel j'ai pu découvrir qu'il s'agissait d'une ex-neocatecumène, qui, après avoir quitté le Chemin (neocatécuménal), accomplit à présent, avec une autre "ex", une oeuvre de « clarification » à propos de ce mouvement.

Je connais peu le Chemin Neocatecumenal ; j'ai pu avoir un contact direct lorsque j'étais à Florence (en certaines occasions j'étais appelé à écouter les confessions des membres des communautés de notre paroisse), et quelques contacts indirects à travers les confrères engagés dans ce Chemin, spécialement en Italie méridionale.

Je ne me suis jamais permis d'exprimer un jugement sur cette réalité, comme du reste sur d'autres mouvements ecclésiaux, simplement par manque de connaissance et d'expérience directe.
Je dirai seulement deux choses.

La première : chaque fois que je suis entré en contact avec les mouvements, je ne me suis jamais senti complètement à mon aise. Je proviens d'une expérience ecclésiale beaucoup plus prosaïque : paroisse, enfant de choeur, membre du groupe juvénile/choeur paroissial, catéchiste, entré ensuite dans un ordre religieux traditionnel, en une période un peu agitée (années 70, lorsque commençait la crise des vocations, la contestation croissante), par la suite engagé dans des activités pastorales ordinaires (paroisse et, surtout, école). L'unique expérience un peu différente (qui a quelques aspects en commun avec les mouvements, mais par d'autres aspects ressemble beaucoup plus aux activités traditionnelles) a été le scoutisme (chez les Scouts d'Europe). Eh bien, pour moi qui ai toujours vécu dans cette réalité très ordinaire (je pourrais l'appeler mon « petit chemin », si parva licet componere magnis), l'expérience des mouvements a toujours eu quelque chose d'« étranger ». Dans certains cas, je dois reconnaître aussi une certaine influence positive sur ma formation (comme lors des années bolognaises, lorsque, tant à la paroisse qu'à l'université, je suivais beaucoup les initiatives de Communion et Libération). Mais je ne me suis jamais senti chez moi. Ce qui m'a toujours un peu gêné, c'était le « culte du chef », qu'il s'appelle don Giussani, Chiara (Lubitsch, fondatrice du mouvement des Focolari,ndt) ou Kiko(Argüello... peintre espagnol ... élève de Pablo Picasso, fondateur, dans les années 1960 du chemin néocatéchuménal, un mouvement de l'Église catholique très présent en Italie et en Espagne dont les statuts ont été approuvés par le Vatican en 2008, wikipedia, ndt)
Parce que j'ai grandi dans une atmosphère de grande liberté (dans ma famille d'abord et ensuite dans ma Congrégation) il m'était impossible d'accepter de devoir m'inscrire à un « parti » et de devoir me soumettre à une « pensée unique », quelle qu'elle soit. J'ai toujours aimé rechercher partout des rayons de vérité et ensuite m'efforcer de les compléter dans une synthèse personnelle.

En même temps cependant - et ceci est ma seconde observation - j'ai toujours nourri une grande sympathie (et peut-être parfois même une pincée d'envie) pour les mouvements. Je les ai toujours considérés comme un don de Dieu à l'Église, qui doit être accueilli avec prudence, discernement, mais aussi avec gratitude. Je n'ai jamais accepté leur refus de la part de paroisses et de diocèse. J'ai par contre beaucoup admiré l'attitude de Jean Paul II, qui montra toujours une grande ouverture envers ces nouvelles réalités.
Je souhaite rapporter ce que je disais il y a dix ans à mes confrères, lors d'une intervention par ailleurs très apprécié (mais qui m'avait attiré quelques reproches à causes des critiques que j'adressais au Concile) :
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Le Concile, après presque un demi-siècle

« En ce qui concerne l'Église, nous nous limiterons à constater que les grandes attentes suscitées par le Concile sont restées en grande partie frustrées : on avait parlé d'une « nouvelle Pentecôte », et nous avons eu la sécularisation ; on espérait un rapprochement entre l'Église et le monde, et jamais nous n'avons senti ces deux réalités aussi éloignées l'une de l'autre ; on pensait à un nouvel élan missionaire, et jamais comme maintenant nous n'avons vu l'Église repliée sur elle même ; on attendait un rajeunissement de l'Église, et jamais comme par nos jours nous ne la voyons peuplée surtout de personnes âgées. On pensait qu'il suffisait de quelques réformes structurelles pour rénover la face de l'Église : le lifting a été fait, mais la face de l'Église continue à être marquée de rides. Il y a eu la réforme liturgique, et on retrouve les églises vides ; on s'est consacré à un immense effort de catéchèse, et jamais comme aujourd'hui l'ignorance religieuse ne s'est répandue ; on s'est fait une overdose de pastorale juvénile, et les jeunes ont abandonné les oratoires pour se presser dans les discothèques ; on a institué des organismes de participation, qui devaient être un moyen de communion, ils se sont révélés un motif supplémentaire de bureaucratisation de l'Église ; on a « ouvert » les séminaires, et ils se sont vidés. Les uniques vraies nouveautés de nos jours sont constituées par des phénomènes nullement programmés ou prévus par le Concile : le retour inattendu du martyre, la stupéfiante floraison des mouvements ecclesiaux, l'incroyable appel exercé à tous les niveaux par Padre Pio, la surprenante multiplication des apparitions mariales et - pourquoi pas? - l'extraordinaire diffusion de "Radio Maria" et l'exceptionnelle prolifération de sites catholiques sur Internet ».
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Ici, je dois cependant ajouter que non seulement le Concile, mais aussi les mouvements et autres nouvelles réalités, qui dans les années passés avaient suscité chez moi beaucoup d'attentes, se sont peu à peu révèlés assez décevants.

Les mouvements :
- Communion et libération semble s'être transformé en une grand holding uniquement soucieuse de s'occuper du pouvoir.
- Le Chemin Neocatecumenal: j'apprends maintenant par Myriam, qu'il semble être devenu un danger pour la foi catholique.
Nouvelles expériences de vie religieuse.

Dans les années de mes études théologiques, il y avait surtout deux instituts religieux qui avaient le vent en poupe(au contraire de nous, pauvres sinistrés) : les Oblats de la Vierge Marie et les Légionaires du Christ. Qu'en est-il d'eux ? Mieux vaut étendre un voile pudique.

C'est pour cela que je me trouve à devoir réévaluer mon « petit chemin », fait de paroisse, vie religieuse un peu négligée, activités pastorales très traditionnelless. Fait aussi de ce peu ou beaucoup de Concile, accepté je ne dis pas à contre-coeur (parce que nous nous avons cru, et continuons à croire), mais certes sans grands enthousiasme et surtout par obéissance à l'Église.

Alors, tout le reste est-il à jeter ?
Non, je ne crois pas vraiment. Nous devons savoir cueillir l'action de Dieu au-delà des limites humaines.
Toutes ces expériences un peu extraordinaires que nous avons vécues dans ces années ne sont pas simplement une escroquerie (il est évident que s'il y a des malversations, elles doivent être dénoncées) ; ce sont des expériences chrétiennes avec des aspects positifs et négatifs.
Justement, un membre des Légionaires du Christ a dit : le Père Maciel a peut-être eu une double vie, mais il reste notre fondateur ; c'est grâce à lui que nous sommes ici ; Dieu se sert aussi de moyens imparfaits pour réaliser son dessein.
Un bon nombre de nos vocations (je parle de nous autres, Barnabites) provient aujourd'hui du Chemin Neocatecumenal: j'observe qu'une fois entrés, ils mûrissent peu à peu leur vocation et se rendent ensuite de plus en plus autonomes du mouvement qui les a engendrés, tout en lui restant reconnaissants d'avoir permis l'éclosion de leur vocation. Je crois qu'il s'agit d'une attitude très juste, à suivre. Même aux origine de nos Ordres religieux il y a des expériences parfois un tantinet ambbiguës ; l'intervention de l'Église a permis de valoriser ce qui provenait de l'Esprit, en laissant tomber (quelquefois peut-être avec une certaine âpreté) ce qui était purement humain.
Comme le dit Saint Paul : « N'éteignez pas l'Esprit, ne méprisez pas le prophéties ; examine chaque chose, gardez ce qui est bon » (1 Ts 5:19 - 21).



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