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Constitution apostolique Anglicanorum coetibus

Dossier, et l'avis éclairé d'un spécialiste, le P. Scalese (10/11/2009)
"Ce qui n'a pas été accordée par l'Église d'Angleterre libérale a été accordée par l'Église catholique réactionnaire".


Texte officiel du Vatican. (traduction ESM)

Le Saint-Siège a publié lundi 9 novembre la Constitution apostolique Anglicanorum coetibus permettant la création d'ordinariats personnels pour les anglicans désirant entrer dans la communion de l'Église catholique

...
Cette Constitution Apostolique ouvre une nouvelle voie pour la promotion de l'unité des chrétiens, en reconnaissant en même temps la légitime diversité dans l'expression de notre foi commune. Il ne s'agit pas d'une initiative qui ait eu son origine au Saint-Siège, mais d'une réponse généreuse de la part du Saint-Père à la légitime aspiration de ces groupes d'anglicans. L'institution de cette nouvelle structure se place en pleine harmonie avec l'engagement pour le dialogue œcuménique, qui continue à être une priorité pour l'Église Catholique.

La possibilité prévue par la Constitution Apostolique de la présence de quelques clercs mariés dans les ordinariats personnels ne signifie en aucune manière un changement dans la discipline de l'Église en ce qui concerne le célibat sacerdotal. C'est, comme le dit le Concile Vatican II, un signe et en même temps un encouragement à la charité pastorale et cela annonce de manière radieuse le royaume de Dieu (Cf. Catéchisme de l'Église Catholique, n. 1579)

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J'avoue que les problèmes juridiques me dépassent, et m'intéressent modérément.
Il est évident, par contre, que ce qui a intéressé les medias, c'est le thème du célibat des prêtres, ou plutôt de leur mariage, dont les partisans cherchent la plus petite brèche par où s'infiltrer.
Ce n'est pas à moi de juger si le texte du Vatican peut confirmer leurs espoirs.

La Vie écrit par exemple (Jean Mercier), sous le titre Les Anglicans invités par le pape à se convertir en masse:
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L'intérêt de ce texte est qu 'il aménage les possibilités pour les prêtres mariés d'être réordonnés comme catholiques. Ce cadre devrait séduire très largement les Anglicans tentés par Rome.
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S'ensuit un renvoi vers une page brève et didactique
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Des hommes mariés bien cadrés

Ce que dit le document. L'Eglise catholique réordonnera les prêtres mariés anglicans au cas au cas, et la dispense de célibat devra être demandée à chaque fois au pape. Le pape et l'Eglise jugeront sur des « critères objectifs » de cette intégration.

Notre analyse. Rome se montre à la fois nette et floue.
Nette, d'abord : pas question d'abord d'accueillir dans la prêtrise catholique d'anciens prêtres mariés catholiques devenus anglicans après avoir quitté l'Eglise catholique. Par ailleurs, et cela devrait être le cas pour des centaines de cas, les prêtres mariés devront passer par une phase d'évaluation romaine alors que les prêtres célibataires, eux, seront presque automatiquement réordonnés. Que se passera-t-il si Rome leur dit finalement non ? Par ailleurs, des prêtres anglicans divorcés ne seront jamais réordonnés prêtres, l'Eglise catholique reconnaissant ainsi implicitement le mariage anglican (qui n'est pourtant pas un sacrement).
Floue, aussi : Rome ne détaille pas ces critères objectifs pour juger de la réordination d'un prêtre marié. Rome ne dit pas vraiment ce qu'il en est sur les futurs séminaristes, on peut donc interpréter le texte. Soit il n'y aura plus du tout de séminaristes mariés à l'avenir, soit il y en aura au cas pas cas.

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Et Jean-Marie Guénois, dans le Figaro, est encore plus précis:

Rome ouvre ses portes aux anglicans
Jean-Marie Guénois
10/11/2009

Le Vatican a réglé dans le détail la question des prêtres et évêques mariés. À terme, 500 000 fidèles pourraient rejoindre l'Église catholique.

C'est officiel, l'Église catholique ouvre ses portes aux anglicans qui désirent la rejoindre. Le Saint-Siège a publié lundi, une Constitution apostolique, intitulée «Anglicanorum Coetibus» (« Au sujet des assemblées des anglicans»), signée par Benoît XVI le 4 novembre dernier. Ce texte de haute autorité juridique traduit, selon le droit canonique, tous les détails pratiques de cette mesure qui pourrait toucher à terme près de 500 000 anglicans dans le monde et une cinquantaine d'évêques, souvent qualifiés de «traditionalistes» chez eux, car ils refusent les évolutions de leur Église anglicane en faveur des homosexuels. Annoncée il y a trois semaines par le cardinal William Levada, préfet de la congrégation pour la Doctrine de la foi, elle est désormais en vigueur.

La clé de voûte de cette structure d'accueil est «l'ordinariat personnel». C'est l'une des multiples formules d'organisation ecclésiastique prévue par le droit canonique. Elle permet de conférer l'équivalent de l'autorité épiscopale à un clerc (prêtre ou évêque). Sous la responsabilité du Saint-Siège - et en lien avec la conférence épiscopale du pays - il va conduire un groupe de fidèles. Le dénominateur commun de ces chrétiens n'est donc pas le territoire d'un diocèse mais l'appartenance à une famille spirituelle et à une tradition liturgique, l'anglicanisme en l'occurrence. Il n'y aura pas un seul «ordinariat» anglican pour le monde mais un, par pays, puisqu'un lien étroit avec la conférence épiscopale catholique nationale est exigé.

Le point le plus délicat - et qui a suscité des polémiques depuis la révélation de ce projet - touche le célibat sacerdotal. Dans l'Église anglicane, en effet, prêtres et évêques peuvent être mariés. La Constitution apostolique prévoit donc trois cas de figures.

Le premier touche l'«ordinaire» , c'est-à-dire le responsable suprême de ces nouvelles structures nationales. S'il est déjà évêque anglican, non marié, il devient sans problème «ordinaire» au titre d'évêque. S'il est déjà évêque anglican «et marié», il peut devenir «ordinaire» mais pas au titre «d'évêque», seulement au titre de «prêtre». En effet, le droit canonique catholique permet dans certains cas des prêtres mariés mais jamais la possibilité d'un évêque marié. Cela ne change rien dans l'exercice de sa responsabilité. Il a «pleine autorité juridictionnelle», assure le texte mais il n'aura jamais le rang d'évêque.

Second cas de figure, les prêtres. S'ils ne sont pas mariés, ils deviendront prêtres catholiques mais devront rester célibataires. S'ils sont mariés, la Constitution apostolique réaffirme, qu'en principe, ils ne peuvent pas être prêtres catholiques mais que «par dérogation», et donc «au cas par cas», ils pourront le devenir «selon des critères objectifs approuvés par le Saint-Siège». Sont toutefois exclus des prêtres anglicans qui seraient en «situation matrimoniale irrégulière». En clair, des divorcés ou remariés.



Dérogation à Rome

Troisième cas de figure, les séminaristes. Formés en partie dans des séminaires catholiques mais aussi dans des structures de spiritualité anglicane, ils doivent être, et rester, célibataires. Mais s'ils sont mariés, ils peuvent demander une dérogation à Rome pour être ordonnés prêtres.

Sur le plan liturgique enfin, la Constitution apostolique prévoit que «sans exclure les célébrations selon le rite romain» toutes les messes, prières et autres célébrations se feront selon la liturgie anglicane pour «maintenir vivante, à l'intérieur de l'Église catholique, les traditions spirituelle, liturgique et pastorale de la communion anglicane». Certains observateurs voient déjà là un modèle possible pour l'accueil des lefebvristes.

Le Vatican a réaffirmé, hier, «ne pas être à l'initiative» de cette ouverture en affirmant «répondre à de nombreuses demandes» . Un bilan chiffré de ces transferts pourra être publié à terme, car les fidèles anglicans qui désirent «passer» à l'Église catholique devront formuler «cette volonté par écrit».
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Tous ces commentaires sont intéressants et semblent bien informés.
Mais je préfère laisser le mot de la fin à un vrai spécialiste, de l'intérieur: le Père Scalese.

Texte ici: http://querculanus.blogspot.com/2009/11/anglicanorum-coetibus.html

Eloge de Rome


Mardi 10 Novembre 2009
"Anglicanorum coetibus"

J'ai lu la Constitution apostolique Anglicanorum coetibus avec les normes supplémentaires émises par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Nous connaissions déjà dans ses grandes lignes le contenu de ces documents, qui ne provoquent donc aucune surprise. Et pourtant, on ne reste pas indifférent à la lecture du texte officiel.

Mon premier sentiment a été l'étonnement de voir comment l'Église catholique sait s'adapter au fur et à mesure s'adapter aux différentes situations
(ndt: cette remarque m'a fait penser à la Monarchie française de l'Ancien Régime. Ce pragmatisme qui était aussi son signe distinctif, est sans doute ce qui caractérise les systèmes basés non pas sur l'idéologie - qui est incapable de s'adapter, car l'idéologie veut que la réalité s'adapte à elle - mais sur la "loi naturelle"). Ce nouveau type d'institution juridique (les «ordinariats personnels») sont prévues par le droit canon. Il existe déjà des «ordinariats militaires», mais jusqu'à présent, ce modèle n'avait été appliqué à aucune autre catégorie de fidèles.

Voilà que se présente une situation nouvelle: des groupes de fidèles anglicans, avec leurs pasteurs, ont demandé à être admis de manière «corporative» dans l'Eglise catholique. Et que fait cette dernière? Elle invente un nouvelle "circonscription" ecclésiastique personnelle, juste pour eux, pour répondre à leur demande et satisfaire leurs aspirations légitimes.

La seule condition était: «Acceptez-vous le Catéchisme de l'Église catholique?" Rien de plus.
Une fois qu'on partage la même foi, tout est possible, il y a toujours une solution. "Voulez-vous continuer à suivre vos traditions?". Pas de problème. «Vos prêtres (mariés) veulent continuer à être prêtres?". OK, ils seront à nouveau ordonnés prêtres, tout en restant mariés. "Vos évêques veulent continuer à être vos pasteurs?". C'est faisable. S'ils sont célibataires, les prêtres peuvent être ordonnées évêques et devenir «ordinaires» s'ils sont mariés, être ordonnés prêtres et devenir "ordinaires"; et, s'ils ne le deviennent pas, ils peuvent même demander à utiliser les insignes épiscopaux et participer à la Conférence épiscopale des évêques comme Evêques émérites.

J'ai envie de dire: il n'y a vraiment pas de limite à l'imagination! Et cela vient de l'Eglise catholique, qui passe habituellement pour être conservatrice, traditionaliste, lente à s'adapter aux changements.


Mais, apparemment, cette fois, les conservateurs, ce sont les anglicans. Écoutez ce qu'a dit l'évêque John Broadhurst, président de “Forward in Faith”:
"J'ai été consterné par le fait que l'Église d'Angleterre, alors qu'elle essayait de nous satisfaire, a déclaré à plusieurs reprises que nous ne pouvions pas avoir la juridiction et l'autonomie dont la plupart d'entre nous pensent avoir besoin pour poursuivre notre pèlerinage chrétien. Ce que Rome a fait, c'est de fournir exactement ce que l'Eglise d'Angleterre a refusé".

Comprenez-vous? Ces anglicans qui n'acceptent pas les nouveautés introduites dans leur église, avant de se retourner vers l'Église catholique, s'étaient adressés à l'Église d'Angleterre, en réclamant une autonomie légitime (dans une église où il y avait toujours place pour les positions les plus diverses, parfois même contradictoires), mais la réponse a été négative: "Non, messieurs, il n'y a pas de place pour vous, ou vous vous adaptez... ou vous vous débrouillez".
Ce qui n'a pas été accordé par l'Église d'Angleterre libérale a été accordée par l'Église catholique réactionnaire.

Et c'est un signe de la grande vitalité de l'Eglise catholique.
Ces églises qui se considèrent comme «ouvertes» et modernes, tout simplement parce qu'elles concèdent la prêtrise aux femmes ou parce qu'elles admettent les homosexuels à l'épiscopat, ou parce qu'elles bénissent même les couples de même sexe, sont en réalité des Eglises "mortes".
Nous allons voir maintenant ce qui va arriver; mais si des groupes consistants rejoignent l'Eglise catholique, la Communion anglicane risque de se transformer en une clique de quelques nostalgiques agités.

Bien sûr, nous ne devons pas négliger les difficultés qui nous attendent. Tout ne sera pas facile. Rien qu'à la lecture de la Constitution apostolique et du Règlement annexé, on perçoit la confusion qui se créera inévitablement à cause de la superposition des nouveaux ordinariats aux circonscriptions territoriales existantes (les diocèses).
Du document lui-même, émergent certaines lacunes difficiles à assainir: les prêtres en situation matrimoniale irrégulière et les prêtres catholiques qui sont passés à l'anglicanisme pour se marier. Ajoutons à cela les difficultés que rencontreront les prêtres et les communautés avec les églises d'origine, principalement pour des raisons économiques. Enfin, n'oublions pas que, bien que «traditionalistes», ces anglicans sont issus de milieux ultra-libéraux, et ainsi, apporteront inévitablement un certain état d'esprit, qui dans certains cas, entrera en collision avec la tradition catholique. Ce sont des difficultés réelles que nous ne pouvons pas nous cacher, mais cela ne devrait pas nous bloquer: ces difficultés sont caractéristiques d'une réalité vivante.

En attendant, profitons de ce moment de grâce et remercions le Seigneur qui nous démontre à travers ces événements, que l'Eglise catholique (cette Église donnée pour perdue par beaucoup, et par nous-mêmes souvent critiquée pour ses limites et ses échecs) est la véritable Eglise, dont nous - indignement, mais avec fierté - nous faisons partie.

Plaidoyer pour la vie, contre la décroissance Adoption homoparentale et technocratie des juges