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La droite arrivée au pouvoir avec Mario Rajoy mise tout sur l'économie. A-t-elle vraiment compris que le combat est surtout culturel, qu'il passe par le vocabulaire, et que la gauche occupe tout le le terrain? A-t-elle la volonté de mener ce combat-là? Article de la presse espagnole traduit par Carlota. (11/1/2012)

Une leçon qui vaut aussi pour nous français, comme en témoigne un texte hallucinant (1) des jeunes socialistes lu à l'instant grâce au Salon Beige.


Dans le journal ABC édition de Séville, le professeur d’université Francisco José Contreras a écrit un article sur la guerre culturelle. Il a été repris par le portail Religión en Liberta. Contreras est également le co-auteur d’un livre sur la nouvelle gauche et le christianisme qui vient de sortir (ici).

La guerre évoquée ici reprend la très efficace méthodologie marxiste, mais ceux qui l’emploient et qui se disent de gauche, par cynisme ou par aveuglement idéologique se rendent-ils seulement compte que cela profite essentiellement au capitalisme dévoyé, et que c’est toujours la loi du plus fort qui prévaut.
Une guerre qui se terminera comme toutes les guerres faute de combattants, mais qui risque dans très peu de temps de laisser le champ libre à d’autres …Bravo messieurs et mesdames les « humanistes ». Du grand art !
Comme le diable doit se frotter les mains!

Une partie de guerre culturelle
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Mario Rajoy - le nouveau premier ministre espagnol - a affirmé il y a des mois que « l’économie c’est tout ». Durant la campagne électorale il s’est conformé à ce fil conducteur, en vantant seulement l’efficacité technocratique et en esquivant les intentions du PSOE (ndt Parti Socialiste Ouvrier Espagnol) d’amener la discussion sur le terrain moral et culturel (avortement, famille, idéologie du genre…).

Cependant, différentes nouvelles de ces derniers jours ont donné raison à ceux d’entre nous qui soutenons que la révolution des mœurs - et non de l’économie - est l’essence de la nouvelle gauche, et que la droite doit décider si elle a ou non un modèle alternatif.

Ce qui signifie qu’une gauche mise hors de combat et discréditée dans le domaine économique, est restée silencieuse face aux premières mesures d’ajustement budgétaire du nouveau gouvernement. Par contre elle n’a pas hésité à passer à la contre-attaque dès qu’elle a cru voir en danger la législation d’ingénierie sociale de 2004-2011, qu’elle considère comme son legs le plus précieux (avortement, mariage gay, divorce-express, enseignement de la Citoyenneté, mémoire historique, etc.).
Ainsi les déclarations de Soraya Sáenz (ndt María Soraya Sáenz de Santamaría Antón, - née en 1971, nouvelle vice-présidente du gouvernement espagnol et son porte-parole) au sujet d’une possible réforme de la loi sur l’avortement se sont vues aussitôt l’objet de réplique de la part de Carmen Montón (ndt politique socialiste, médecin, elle s’est illustrée précédemment pour la mise en place du mariage entre personnes du même sexe, et avoir facilité les opérations de « changement de sexe » et d’état civil, etc.) et Gaspar Llamazares (ndt politique Gauche Unie, médecin et chirurgien, après ses études en Espagne, il fait un master de Santé Publique à la Havane): « Nous tenterons de faire en sorte qu’ils ne changent pas la loi » ; le Parti Populaire (PP) veut imposer sa morale avec la majorité absolue ».
Cette distinction entre « leur morale et la nôtre », une négation par conséquent de la morale objective, est un vice marxiste typique (est-ce que quelqu’un pense à « la morale des fœtus » ?) ; de même que le culot avec lequel ils accusent le PP « d’imposer sa morale », après qu’ils aient fait précisément cela pendant des années.

Ce qui est sûr c’est que le docteur Poveda (ndt médecin psychiatre, président de l’association pro-vie de Madrid) a été bousculé par des policiers (la même police qui est resté impassible face à l’occupation illégale de « La Puerta del Sol » par des « indignés » durant des semaines) et détenu pour la énième fois. Son « délit » c’était de protester devant la clinique Dátor, de Madrid, qui a effectué 113.000 avortements. La responsable du zèle policier (ndt l’on pourra aussi se rappeler la lamentable affaire de la manifestation et les chars ouvertement insultants contre le Pape et les catholiques, autorisés durant les JMJ) est Dolores Carrión, sous-déléguée du gouvernement à Madrid, nommée par Zapatero.

Presque le même jour, a eu lieu une escarmouche révélatrice de la guerre culturelle: Ana Mato (ndt nouvelle ministre de la Santé, des Services Sociaux et de l’Égalité) a utilisé l’expression « violence dans l’entourage familial », en faisant référence au cas de la femme assassinée à Roquetas de Mar (ndt Commune d’Andalousie près d’Almería. Un Espagnol de 71 ans a tué avec son fusil de chasse sa femme d’origine russe âgée de 33 ans, avant de se suicider. Il avait en commun un enfant de 7 ans qui n’était pas présent lors du crime. Cf journal local ici). La gauche a crié au scandale en exigeant que soit respecté le langage imposé (par la loi !) pour cela : « violence du genre ».
Malheureusement, Ana Mato a reculé, en signalant que « la terminologie n’est pas le plus important ». Mais les mots sont décisifs ! Si elle avait lu Lakoff elle saurait que le camp qui arrive à imposer son langage prédétermine le cadre du débat, en obtenant qu’il se déroule dans la direction qui l’intéresse. « La violence du genre » c’est l’une de ces phrases-cadre : un concept idéologiquement marqué, qui connote l’idée ultra-féministe d’une « guerre des sexes », où la femme est victime par définition ; elle présuppose que la cause de la violence est « la situation de non égalité et les relations de pouvoir des hommes sur les femmes (art1 de la Loi). Ana Mato a très bien fait de parler de « violence domestique », un concept beaucoup plus neutre et même qui comprend non seulement la violence de l’homme contre la femme, mais aussi l’inverse (qui existe même si c’est moins fréquent), ou celle exercée sur les enfants. La gauche n’est-elle pas toujours en faveur de « l’inclusivité » ? Pourquoi cette persistance à exclure les cas d’agression familiale qui ne rentrent pas dans le moule idéologique ultra-féministe?

Rappelons aussi la campagne (ndt toute récente, elle aussi) du lobby gay contre le livre « Comprender y sanar la homosexualidad » de Richard Cohen (ndt Richard A Cohen, nord-américain né en 1952. Il s’agit de la traduction en espagnol de son livre «Understanding and Healing Homosexuality» paru en 2001. Je ne vois rien à son sujet sur le wikipedia en français); les grands magasins qui vendaient l’ouvrage ont reçu des pressions indignées pour cesser de le faire. Le péché abominable de Cohen consiste dans le fait qu’il a abandonné l’homosexualité après avoir reçu l’attention psychologique appropriée. Le livre ne dénigre à aucun moment les homosexuels (de fait il contient un chapitre contre l’homophobie), même s’il explique qu’il existe une voie de sortie pour ceux qui désirent cesser de l’être. Mais un lobby gay cajolé par le pouvoir, a chaque fois plus de facilité pour délimiter les idées qui peuvent être publiquement exprimées, en imposant son propre « index des livres interdits ».

Le professeur Aquilino Polaina (ndt médecin espagnol au CV plus que prestigieux qui, pour faire court, n’hésite pas à dire à temps et contretemps qu’on ne naît pas homosexuel et propose un accompagnement à ceux qui veulent changer) et le juge Ferrín Calamita (ndt juge, marié, père de 7 enfants qui ayant été accusé d’avoir refusé d’obéir sciemment à la loi dans un refus d’accorder l’adoption d’un mineur à un couple de lesbiennes, s’est retrouvé sans salaire et sans emploi et a du s’installer à son compte comme avocat) ont déjà souffert dans leur chair du pouvoir du nouveau Saint Office. Alors que pendant ce temps la municipalité de Séville continue à financer avec l’argent de tous, pourtant Zoido étant déjà maire (ndt: Juan Ignacio Zoido Álvarez, magistrat, élu du Parti Populaire, et attaché au valeur de la famille, devenu maire de Séville en mai 2011) – des cours sur « la séduction lesbienne », organisés par le service municipal « Point visible ». Parmi les consignes pour les nouvelles inscrites: « Amenez votre matelas ». Est-il nécessaire de préciser que ce qui est cause d’indignation ici ce n’est pas (seulement!!) le fait en lui-même de la séduction lesbienne, mais sa subvention avec l’argent public ? Le Parti Polulaire va-t-il continuer à appliquer servilement l’héritage culturel socialiste ?

Nous sommes en guerre culturelle ; la question est si le Parti Populaire va oser s’en libérer, ou s’il va continuer, résigné, face à l’hégémonie culturelle de la gauche . Il ne faut pas avoir peur du terme « guerre culturelle » : il provient des Etats-Unis . Il désigne une bataille sans effusion de sang (ndt: quoique, avec l’avortement) autour du concept de l’homme, de la famille, de la liberté, d’une vie dite bonne.

La droite doit décider si elle va permettre que la gauche continue à définir tout cela. Et son électorat doit décider s’il va permette qu’elle le permette. Celui qui vraiment pense « qu’il n’y a que l’économie qui compte » devrait comprendre que la révolution morale promue par la nouvelle gauche finira par ruiner aussi l’économie. Une société avec de nombreuses familles brisées et l’avortement est une société sans beaucoup d’enfants et mal éduqués. L’Espagne a l’un des taux de natalité le plus bas du monde ; si se maintient la norme actuelle, en 2050 il y aura deux retraités pour trois actifs. Qui paiera les retraites et les soins ? Comment pourra croître une économie lestée par une pyramide démographique inversée?

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Notes complémentaires du traducteur
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1.- L’auteur de l’article s’est cru obligé d’utiliser un certain vocabulaire sans guillemets bien qu’il relève d’un langage idéologique mais légal en Espagne comme Mariage gay ou homophobie. Nouveau Saint Office fait aussi partie du langage de l’ennemi!

2.- Evidemment nous connaissons la même chose en France, et notre président sortant (pourtant dit de droite comme pour le PP) et ses différents ministres n’ont pas montré une résistance farouche au système. Quant au candidat principal de l’actuelle opposition, son programme s’il reste dans bien des domaines plus que flous, ne l’est pas en matière d’élargissement toujours plus grand de l’épanouissement des nouveaux droits. Toute voix est bonne à prendre.

3.- Dans le domaine de la guerre culturelle, l’on peut aussi citer par exemple celui de la campagne calomnieuse contre l’archevêque de Grenade, Mgr Javier Martínez (déjà rencontré ici, à propos d'une expo organisée dans sa ville: benoit-et-moi.fr/2010-II), concernant un sermon prononcé il y a deux ans. Je ne crois pas que la belle médiatisation dont il vient de faire, tout récemment, l’objet en France, alors que nous nous approchons de la grande marche pour la vie du 22 janvier prochain, soit le fruit du hasard et d’un journaliste portugais désoeuvré ressortant un vieux papier, faute de mieux… Ici une très excellent mise au point pour ceux qui n’auraient pas suivi l’affaire (www.riposte-catholique.fr/jeanne-smits).

Note de la rédaction


(1): http://www.jeunes-socialistes.fr/

Je crois que je peux citer, au titre de contribuable et d'électeur. Evidemment, le Pape, dans les voeux au Corps diplomatique n'a pas prononcé les paroles rapportées, comme l'observe le Salon Beige, mais les jeunes socialistes ont quand même bien compris le message. C'est leur interprétation qui est terrible :
Le Saint-Père a dit ceci:
"[L]’éducation a besoin de lieux. Parmi ceux-ci figure en premier la famille, fondée sur le mariage d’un homme avec une femme. Il ne s’agit pas d’une simple convention sociale, mais bien de la cellule fondamentale de toute société. Par conséquent, les politiques qui portent atteinte à la famille menacent la dignité humaine et l’avenir même de l’humanité. "

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Les socialistes rapportent mensongèrement cela:
C’est l’intolérance qui menace l’avenir de l’humanité
Mercredi 11 janvier 2012
Les Jeunes Socialistes dénoncent l’attitude intolérante et clairement homophobe du Pape Benoît XVI. Il a en effet déclaré lundi dans ses vœux que le mariage de personnes homosexuelles représentait une menace pour l’humanité car cela remettrait en cause la famille dite « traditionnelle ». Faut-il dans ce cas interdire également le divorce et l’adoption pour tous les couples ?
Ouvrir le mariage civil à tous les couples est pourtant un impératif d’égalité pour mettre fin aux discriminations en raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre. C’est un impératif au même titre que la lutte contre les discriminations racistes, antisémites ou bien encore sexistes.
Les Jeunes Socialistes rappellent enfin que 2012 sera une année primordiale pour le combat pour l’égalité et contre l’intolérance, combat au sein duquel François Hollande et les socialistes se sont engagés avec conviction en proposant d’ouvrir le mariage et l’adoption à tous les couples et de reconnaître l’homoparentalité.

Avis aux amateurs..... Notamment à certains catholiques "adultes" qui ont pour François Hollande les yeux de Chimène.