Episode précédent, le 22 décembre: Mgr Fellay "bottait en touche". Mais tout espoir n'est pas perdu dans les négociations. Le Saint-Père tient énormément à ce qu'elles aboutissent. Les informations d'Andrea Tornielli (17/1/2011).
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Lefebvristes, voici la deuxième réponse de Fellay
Le premier texte était arrivé outre-Tibre en Décembre, mais il avait été jugé inadéquat: de sorte que le Saint-Siège a sollicité un nouveau document, qui vient d'arriver et qui est à présent examiné
A. Tornielli
Vatican Insider
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La réponse réelle du Supérieur de la FSSPX, Bernard Fellay, formulée selon les requêtes du Saint-Siège, est arrivée au Vatican seulement la semaine dernière. La première réponse, parvenue Outre-Tibre le 21 décembre dernier, n'avait pas été jugée appropriée par les autorités du Vatican, qui ont invité le responsable des lefebvristes à la reformuler, considérant que le premier envoi était davantage une «documentation» qu'une réponse. Mgr Fellay a donc préparé un second texte , plus serré, relatif au préambule doctrinal que la Congrégation pour la Doctrine de la Foi lui avait remis en Septembre dernier. Ce deuxième texte est maintenant examiné attentivement par les consultants de la Commission Ecclesia Dei qui suivent le dossier lefebvriste, et cela pourrait prendre du temps.
La semaine prochaine, dans le Palais du Saint-Office, l'assemblée plénière de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi se réunira. A l'ordre du jour, il y a la possibilité d'une communication sur les relations avec la Fraternité Saint Pie X, mais il est peu probable que la réunion puisse être décisive, car la deuxième réponse de Fellay, qui accepte des parties du préambule doctrinal tout en en mettant d'autres en discussion, a besoin de temps pour être examinée. Il est probable qu'une décision plus précise sera prise, pas maintenant, mais en Février , lors d'une «Feria IV», comme on appelle les congrégations ordinaires de l'ex Saint-Office.
Comme on s'en souvient, dans le préambule doctrinal proposé par la Commission Ecclesia Dei présidée par le cardinal William Levada et dirigée par Mgr Guido Pozzo, il était demandé aux lefebvristes de souscrire à la profession de foi, ce qui est considéré comme indispensable pour être catholique. La profession prévoit comme nécessaires trois niveaux différents d'approbation et fait une distinction entre vérités révélées, déclarations dogmatiques et magistère ordinaire. A propos de ce dernier, elle affirme que le catholique est appelé à assurer une «soumission religieuse de la volonté et de l'intellect» aux enseignements que le Pape et le collège des évêques «proposent lorsqu'ils exercent le Magistère authentique», même s'ils ne sont pas proclamés de façon dogmatique, comme dans le cas de la plupart des documents du magistère.
En remettant le préambule, les autorités du Vatican avaient précisé que ce texte n'était pas rendu public, parce qu'il n'était pas encore définitif, c'est-à-dire passible de changement - pas de fond - ou d'éventuels ajouts.
De septembre à décembre, se sont succédées des rumeurs de dissenssion au sein de la Fraternité, de la part ceux qui pensent qu'un accord avec Rome n'est pas possible. Fellay lui-même s'était exprimé à plusieurs reprises sur le sujet. Dans un premier temps, il avait affirmé que le préambule représentait un grand pas en avant. Puis, après une importante réunion avec les dirigeants des districts de la Fraternité, tout en réitérant l'importance du dialogue entrepris, il avait affirmer ne pas pouvoir accepter le préambule tel quel, ajoutant: «Si Rome nous demande d'accepter, en tout cas, nous ne pouvons pas». Fellay a alors envoyé la première réponse, qui n'a pas été considérée comme telle par le Vatican. Et maintenant, il a envoyé la seconde.
Le fait que la nouvelle réponse, plus appropriée - qui a été considérée dans les Palais sacrés comme un «pas en avant» - doive être attentivement étudiée et approfondie, signifie qu'elle n'est ni un «oui» ni un «non» définitif au texte du préambule. Mais elle accepte certaines parties du texte du Vatican, tout en exprimant des réserves sur d'autres. Et surtout, elle appelle des éclaircissements et des ajouts supplémentaires. Les lefebvristes, en effet, n'ont pas l'intention de donner leur assentiment aux textes du Concile concernant la collégialité, l'œcuménisme, le dialogue interreligieux, et la liberté religieuse, parce qu'ils les considèrent en contradiction avec la tradition. C'est précisément le concept de tradition, «Traditio», et sa valeur, qui représentent le point crucial du débat qui a caractérisé les pourparlers entre la Fraternité et le Saint-Siège. Les lefebvristes critiquent certains passages conciliaires, les considèrant en contradiction avec la tradition de l'Église.
Quand il était cardinal, Joseph Ratzinger avait à plusieurs reprises insisté sur la nécessité de ne pas considérer le Conseil comme une «superdogme». Comme Pape, Benoît XVI, dans le désormais célèbre discours à la curie romaine de décembre 2005, a insisté sur la nécessité d'interpréter Vatican II selon l'herméneutique de la «réforme» dans la «continuité». Le Catéchisme de l'Eglise catholique, dont en 2012 on célébrera le vingtième anniversaire avec une année spéciale de la Foi, a déjà proposé cette clé d'interprétation sur quelques-uns des points que les lefebvristes considèrent controversés.
Il est encore prématuré de spéculer sur ce qui sera le résultat final de ce dialogue qui, à ce stade se poursuit à distance et par écrit.
Mais aucun mot définitif n'a encore été dit: le Pape veut faire tout ce qui est possible pour guérir la fracture qui s'est créée avec les lefebvristes, et cela, Fellay le sait bien.
