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Vatileaks

Consistoire

Mexique et Cuba

Rétrospective 2011

Dans l'Osservatore Romano, le récit de la rencontre entre le Pape et le lider Maximo.
Ou comment un Maître enseigne à un élève saisi (tardivement!!) par la soif d'apprendre. (30/3/2012)

Voir aussi:
Rencontre de Fidel Castro avec le Saint-Père
Fidel Castro a rencontré le Pape!

* * *

Ma traduction de l'article en italien (celle qui est donnée dans les pages en français est très incomplète, et "saute" tous les passages importants).
Texte en italien ici: http://www.news.va/it/news/un-incontro-autentico

A lire sur le même sujet l'intéressant article de Jean Mercier, sur son blog de La Vie. Il dresse aussi un bilan du voyage. (1)
http://www.lavie.fr/...

     



Une rencontre authentique
Mario Ponzi, envoyé de l'OR à la Havane
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Finalement, la rencontre a bien eu lieu. Benoît XVI et Fidel Castro ont bavardé amicalement pendant environ trente minutes. Ce n'était pas un rendez-vous prévu dans l'agenda officiel, mais il n'y avait jamais vraiment eu de doute qu'elle se réaliserait.

Le vieux leader, sorti des scènes publiques, mais pas de l'imaginaire collectif, avait exprimé son vif désir de rencontrer le Pape Benoît XVI, "un Pape que j'admire beaucoup", a-t-il dit plus d'une fois, et ensuite répété à plusieurs reprises au Pape dès qu'il s'est trouvé en face de lui.
L'attente avait été rendue haletante par l'attention des médias, presque comme si elle représentait le voyage du pape à Cuba. Il est également vrai que les personnages sont d'envergure mondiale, mais il serait erroné de concentrer sur cette rencontre toute l'attention d'un travail apostolique qui est allé bien au-delà d'un instant, même significatif.

Le fait demeure que tous deux en sont sortis satisfaits. Le climat était serein, détendu, amical, comme si se trouvaient face à face deux personnes qui se connaissaient avant de se retrouver.
Castro est arrivé à la nonciature, extrêmement ponctuel pour l'horaire prévu. Il a été reçu par le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d'État, avec lequel il a attendu le Pape. Dans ces quelques minutes, le vieux chef a manifesté son attention à la vie de l'Eglise. Il a avoué qu'il avait longtemps espéré voir sur les autels Mère Teresa de Calcutta qu'il a qualifiée de "grande bienfaitrice pour Cuba" , et Jean-Paul II, "un homme que j'ai appris à beaucoup apprécier". Et il a semblé spontané en exprimant ces sentiments.

Castro est apparu fatigué et marqué par des années, mais lucide et vif. Et quand il s'est trouvé face à face avec Benoît XVI, on a bien vu à quel point il avait eu le désir de le rencontrer en personne. Cela a été sans aucun doute une authentique rencontre. Castro a montré tout de suite une grande curiosité de connaître, de savoir. Il a adressé au Pape une série de questions de grand souffle. Dont la première, inattendue: pourquoi la liturgie a-t-elle tellement changé? Sa mémoire s'arrêtait à la période précédant le Concile, et c'est justement à partir de Vatican II que le Pontife a commencé sa réponse. Les pères conciliaires ont pensé qu'il fallait changer la liturgie pour la rendre plus accessible aux fidèles, a expliqué le Pape; même si cela - a-t-il poursuivi - a créé des situations telles qu'elles suggérent d'autres changements, toujours pour donner aux fidèles la possibilité d'en pénétrer en profondeur le vrai sens et donc, d'y participer de manière plus consciente.

Ensuite, le regard des deux interlocuteurs s'est élargi au monde, aux changements culturels, sociaux et économiques qui, malgré les progrès réalisés par la science dans tous les domaines, semblent se révéler pour l'homme source de tension plutôt que de bien-être. Le Pape a expliqué cette aggravation de la situation par la prétention de tenir Dieu éloigné de la scène du monde. L'Eglise, pour sa part, tente de le ramener au centre de l'histoire humaine. C'est là son devoir.

À ce stade, Castro a voulu savoir quel est le rôle d'un Pontife dans ce scénario. Benoît XVI lui a parlé en ces termes de sa mission en tant que guide spirituel de plus d'un milliard de fidèles. "Je dois aller à leur rencontre - a-t-il dit - où qu'ils se trouvent". C'était un moment touchant: tandis que le Pape parlait, Fidel Castro hochait la tête. Et sur son visage passait le signe de l'admiration sincère qu'il éprouve pour Benoît XVI. Lui qui, malgré le passage des années, aimerait quand même s'impliquer encore, mais qui sent sésormais ses forces le quitter. Et il a demandé au Pape, qui est presque son contemporain, s'il peut faire toutes ces choses. Le sourire du Pontife a été immédiat, comme sa réponse a été spontanée et ferme: "C'est vrai, je suis vieux, mais je peux encore faire mon devoir au service de l'Église."

Sur l'âge, ils ont continué à discuter, parce que Castro, en exprimant sa syntonie avec Benoît XVI, l'a justifiée en faisant allusion au fait "qu'ils appartiennent à la même génération". Et même, il a déclaré qu'il aimerait parler plus souvent avec lui de tout ce qui le dérange. Parce qu'il partage avec lui l'appartenance à un temps qui semble désormais lointain. "Mais c'est justement notre appartenance à la même génération - a répondu le Pape - qui pourra nous garder en contact à travers notre pensée générationnelle".

Castro l'a provoqué, en lui présentant ses difficultés à comprendre quelle était la signification de la religion face à l'évolution continuelle de la science. Le Souverain Pontife lui a alors brièvement expliqué le sens de la rencontre entre la foi et la science, entre foi et raison, pour lui faire comprendre que ce ne sont pas deux domaines opposés, mais deux moments clés pour la conscience de l'homme. Qui, en tant que tels, ne doivent pas être disjoints.

C'est alors que Castro a semblé vraiment comme un homme assoiffé de savoir. Impressionné par les explications du Pape, par ses connaissances, il lui a avoué que, bien qu'il passe du temps à lire et à réfléchir sur tout ce qui concerne la vie humaine, il venait de comprendre à cet instant qu'il y avait encore beaucoup de choses à connaître. "Me conseillerez-moi quelque livre à lire pour approfondir mes connaissances dans ces domaines?" a été sa question. Et le Pape a répondu: "Certainement. Mais laissez moi réfléchir un peu à ce que je dois vous conseiller. Alors, je vous ferai connaître les titres par l'intermédiaire du nonce. "

Ce sont les dernières répliques de la rencontre. Puis Fidel Castro, qui avait à ses côtés Madame Dalia, a présenté au Souverain Pontife ses trois enfants et a pris un congé. Et comme il quittait la nonciature, il continuait à répéter à ceux qui le saluaint: Saludos al Santo Padre, alors qu'il venait juste de le voir. On aurait presque dit qu'il ne voulait pas quitter.

* * *

(1) Jean Mercier, dans La Vie

Benoît XVI et Fidel Castro, un face-à-face mythique:
...
Il est déjà temps de dresser un premier bilan de ce voyage dont on peut dire qu'il est un succès. Benoît XVI a confirmé qu'en dépit de ses 85 ans (il les aura le 16 avril), il pouvait (une fois de plus !) se plier à un programme marathon, qualifié de particulièrement épuisant par les journalistes qui se trouvaient à bord du vol papal, et qui sont bien plus jeunes que le pape... Une telle performance dément donc les rumeurs sur la santé du pape, laquelle est infiniment plus brillante que celle du Lider maximo...