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Confidences sur sa vie dans l'appartement papal (17/3/2012)

-> Voir ici:
Alfred Xuareb, le second secrétaire du Pape

Comme promis, voici la traduction de l'article paru sur le site Nichelino online (Nichelino est une ville italienne d'un peu moins de 50 000 h de la province de Turin), relatant la rencontre entre le très attachant et discret second secrétaire du Pape avec les jeunes de la ville.
On n'y apprend rien de renversant (sinon que, sept ans après, il faille encore se justifier d'accusations dont chaque apparition du Saint-Père est un démenti éclatant!), mais les quelques confidences pudiques de don Alfred complètent à touches légères le portrait d'un Pape dont chaque jour qui passe, depuis le 19 avril 2005, confirme qu'il est digne non seulement de notre admiration (pour cela, il suffit de le lire, mais être digne d'admiration n'exclurait pas d'être distant), mais aussi de notre affection.

* * *

Mes journées aux côtés de Benoît XVI
12 mars 2012
(http://www.nichelino.com )

En écoutant ceux qui vivent à ses côtés toute la journée, on réalise à quel point l'image du Pape actuel est déformée par les medias. Ratzinger: le professeur, "teutonique", détaché, insensible, retranché, intransigeant, voire pire. On découvre que ce n'est pas le cas.

Comment, alors, à l'aube du troisième millénaire, est ce énième successeur de Pierre, le «roc», l'homme qui, plus que quiconque au monde représente une histoire qui a commencé il y a très, très longtemps en Galilée et qui, en même temps que la «bonne nouvelle», porte sur lui le fardeau incroyable de deux mille ans de christianisme?

On découvre que Benoît XVI, au siècle Joseph Ratzinger, est en effet un professeur de Bavière à l'immense culture, mais aussi un homme d'extraordinaire humanité, foi et douceur.

Don Alfred Xuereb, 53 ans, maltais, est depuis 2007 l'un des deux secrétaires personnels de Benoît XVI (l'autre est l'allemand don Georg); il habite au Vatican, dans l'appartement papal. En Février est venu à Nichelino: une visite éclair, alors que la ville était serrée par la morsure du gel, pour marquer le cinquième anniversaire de la mort de son ami et compatriote don Joe Galea.

Le soir, lors de la rencontre avec les jeunes de la paroisse, don Alfred ne se soustrait pas à la curiosité et les questions sur la façon dont on vit dans la maison du Pape, et il répond avec une simplicité désarmante.
« Mon service commence à six heures du matin et se termine à environ neuf heures du soir. Presque tous les jours, le pape reçoit des gens; le mercredi il y a toujours la foule pour l'audience ouverte au public. Moi et don Georg, nous préparons les documents pour les audiences; de la Secrétairerie d'État arrivent tous les jours une grande quantité de correspondance. Une de mes tâches consiste à recueillir et à compiler une liste de demandes de prières qui arrivent au Pape. Ce sont les demandes de malades, de personnes qui vivent des moments de difficulté et de souffrance.
Je mets cette liste sur le prie-Dieu dans la chapelle où le pape se recueille en prière...
La chose qui m'impressionne le plus, c'est que lui, parmi les nombreuses choses qu'il a à faire, il se rappelle des personnes: après des jours, il s'informe et pose des questions sur des situations individuelles ».

Un rapport humain et paternel que Benoît XVI entretient aussi avec ses plus proches collaborateurs.
« On le remarque aussi à de petits détails - dit le Père Alfred - , par exemple l'autre jour après le déjeuner nous descendions dans le jardin pour dire le chapelet. Il faisait vraiment froid et je l'ai aidé à enfiler sa parka. En sortant de l'ascenseur j'avais les deux mains pleines et lui, à son tour m'a aidé à mettre mon manteau. Nous devons nous aider les uns les autres, m'a-t-il dit. Quand je téléphone à Malte, il s'informe de la santé de ma maman. Je lui ai expliqué pourquoi je venais deux jours ici, à Nichelino: il se rappelait de don Joe, de don Joshua, du livre de don Paolo. Certainement, à mon retour il me demandera comment ça s'est passé».
Chaque jour, au Vatican, arrivent des chefs d'Etat, des évêques, des gens ordinaires de tous les coins de la terre. Et sur le bureau du successeur de Pierre affluent une myriade de problèmes internes et externes, y compris souvent des attaques personnelles et des polémiques, des nouvelles tragiques en provenance de pays où l'Eglise vit grâce à un équilibre difficile. Le cadre est global. Que dire, que faire? Comment faire entendre la voix du pape, sans risquer d'aggraver la situation des chrétiens là où ils sont persécutés?

«Benoît XVI est serein, il est soutenu par une très grande foi. C'est un homme qui continue à vivre l'Évangile d'une manière simple », explique don Alfred.

La barque du pêcheur Pierre continue d'avancer. Depuis deux mille ans. Parfois, elle semble sur le point d'échouer ou avance péniblement, elle semble sur le point de couler submergée par les vagues, mais passée la tempête, elle peut reprendre la mer. Il en a toujours été ainsi depuis le début.

De la salle viennent d'autres questions. «Cela a-t-il été difficile pour Benoît XVI de recueillir l'héritage de Papa Wojtyla et de son grand charisme? ». «Le Seigneur demande à chacun quelque chose de particulier. Papa Ratzinger a eu le courage et la capacité de rester lui-même. Je l'admire pour cela aussi », répond don Alfred.

Moments de la vie quotidienne: « Le matin, j'écoute les informations à la radio et au petit déjeuner, je communique les nouvelles importantes au Saint Père. À table, il aime converser; en général, en plus de moi-même et de don Georg, il y a les quatre religieuses qui s'occupent de la cuisine et de la maison. Nous parlons des événements de la journée; après le dîner, nous regardons les nouvelles, en italien ou en allemand. "

Un garçon demande si le pape est intéressé par le football, il semble que non, mais l'écho de quelques matches arrive dans l'appartement du pape à travers le secrétaire, justement et don Alfred (qui, incidemment, pour sa visite à Turin portait l'écharpe noire avec un filet blanc - ndt: sans doute comme celle des supporters de la Juve) laisse entendre qu'il n'est pas du tout indifférent au monde du football.

Comment cela se fait-il que ce prêtre, jovial et solaire comme les gens de son île de Gozo, se soit retrouvé à être le secrétaire du Pape? C'est une histoire semblable à celle de don Joe, don Joshua, don Maximilian et de nombreux autres prêtres maltais. Gozo et Malte, aujourd'hui encore, abondent en vocations: beaucoup de prêtres vont dans la Mission, presque tous font un stage, comme séminariste, et, après l'ordination, au moins deux ans de ministère à l'étranger. Don Alfred avait été envoyé dans une paroisse de Rome, et là, il a poursuivi ses études à l'Université pontificale, puis pendant plusieurs années a été affecté à la Secrétairerie d'Etat et à la Préfecture de la Maison pontificale. Lorsque Mgr. Mieczyslaw Mokrzycki (secrétaire personnel historique de Jean-Paul II et durant les deux premières années du pontificat de Benoît XVI) est devenu évêque, et est parti en Ukraine, il a été nommé pour le remplacer.

«Quels sont les hobbies du pape?» demande un autre jeune.
«Eh bien, quoiqu'il en soit, il n'est pas vrai que nous avons un chat à la maison - sourit don Alfred - même si le pape Benoît aime beaucoup les animaux. On dit que parfois, quand il était cardinal, il s'arrêtait dans la rue et s'adressait à quelque chat. On lui demandait: Eminence, aux chats, vous parlez en allemand ou en italien? Ils ne comprennent pas la langue, mais le ton de la voix, oui, objectait-il.
Certaiment, le Pape est passionné de musique, c'est un excellent pianiste. Parfois, après le dîner, nous l'entendons jouer du piano. Et puis sûrement il y a les livres: son bureau en est rempli. C'est un bureau meublé de façon très simple, les étagères et la table sont les mêmes que quand il était professeur à l'Université de Tübingen».

Il a 84 ans, à la fin du mois, il ira au Mexique et à Cuba. Ils se trompent, ceux qui dépeignent Benoît XVI comme un Pape sédentaire et qui n'aime pas le contact avec les gens. Don Alfred raconte: «Quand il était cardinal et pouvait se déplacer sans escorte, Ratzinger allait faire des courses et s'arrêtait pour parler dans les magasins ... quand «nous étions plus libres tous les deux », a-t-il dit un jour en plaisantant au président Napolitano.