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Rétrospective 2011

Après la "lectio divina" pour les séminaristes, voici la "lectio divina" pour les prêtres de Rome (cf. Rencontre avec les prêtres de Rome ) . Après la méditation sur l'Epître de Paul aux Romains, voici celle sur l'Epître aux Ephésiens. Une réflexion admirable et inspirée, entièrement prononcée sans notes - mais bien sûr, longuement mûrie. J'ai commencé à traduire le texte original en italien publié sur le site du Vatican. A suivre ... (24/2/2012, mise à jour le 25)

     



Voici le début de ma traduction.
Suit le texte en italien pas encore traduit.
A suivre.



Chers frères

C'est pour moi une grande joie de voir chaque année, au début du Carême, mon clergé, le clergé de Rome, et il est beau, pour moi, de voir combien nous sommes nombreux aujourd'hui. Je pensais que dans cette grande salle, nous serions un groupe presque perdu, mais je vois que nous sommes une forte armée de Dieu, et que nous pouvons entrer avec force, à l'époque où nous sommes, dans les batailles nécessaires pour promouvoir, pour faire avancer le Royaume de Dieu.
Nous sommes entrés hier par la porte du Carême, renouvellement annuel de notre Baptême; nous répétons presque notre catéchuménat, remontant dans les profondeurs de notre condition de baptisés, reprenant, retournant à notre 'être baptisés', et ainsi incorporés dans le Christ. De cette façon, nous pouvons aussi essayer de guider nos communauté de façon nouvelle dans cette communion intime avec la mort et la résurrection du Christ, devenir de plus en plus conformes au Christ, devenir de plus en plus véritablement chrétiens.

Le passage de la Lettre de Paul aux Ephésiens que nous avons entendu (4, 1 à 16) est l'un des grands textes ecclésiaux du Nouveau Testament.

Il commence avec l'auto-présentation de l'auteur: « Moi, Paul, prisonnier à cause du Seigneur »(v. 1). Le mot grec "desmios" dit «enchaîné»: Paul, comme un criminel, est dans les chaînes, enchaîné pour le Christ, et commence donc en communion avec la passion du Christ.
Ceci est le premier élément de l'auto-présentation: il parle enchaîné, il parle dans la communion de la Passion du Christ et il est ainsi en communion avec la résurrection du Christ, avec sa nouvelle vie.

Nous aussi, toujours, quand nous parlons, nous devons parler en communion avec Sa Passion et aussi accepter nos passions, nos souffrances et nos épreuves dans ce sens: ce sont simplement des preuves de la présence du Christ, qu'Il est avec nous et que nous allons, en communion avec Sa Passion, vers la nouveauté de la vie, vers la résurrection. «Enchaîné», ensuite, est d'abord un mot de la théologie de la croix, de la communion nécessaire de chaque évangélisateur, de chaque Pasteur, avec le Pasteur suprême, qui nous a rachetés «en se donnant», en souffrant pour nous.
L'amour est souffrance, l'acte de se donner, de se perdre, et de cette façon il est fécond. Mais ainsi, dans l'élément extérieur des chaînes, de la liberté qui n'est plus, apparaît et transparaît aussi un autre aspect: la vraie chaîne qui lie Paul au Christ est la chaîne de l'amour. «Enchaîné par amour»: un amour qui donne la liberté, un amour qui le fait capable de rendre présent le message du Christ et le Christ lui-même. Et cela devrait être, pour nous tous aussi, l'ultime chaîne qui nous libère, liés avec la chaîne de l'amour au Christ. Ainsi, nous trouvons la liberté et le vrai chemin de la vie, et nous pouvons, avec l'amour du Christ, guider aussi à cet amour, qui est la joie, la liberté, les hommes qui nous sont confiés.

Et puis il dit: « J'exhorte» (Eph. 4,1 ): il est de son devoir d'exhorter, mais ce n'est pas un avertissement moralisateur. Il exhorte à la communion avec le Christ: c'est le Christ lui-même, ultimement, qui exhorte, qui invite avec l'amour d'un père et d'une mère. «Comportez-vous d'une manière digne de la vocation que vous avez reçue» (v. 1); c'est-à-dire, premier élément, nous avons reçu un appel. Je ne suis pas anonyme ou privé de sens dans le monde: il y a un appel, il y a une voix qui m'a appelé, une voix que je suis. Et ma vie devrait consister à rentrer plus profondéément dans le chemin de l'appel, à suivre la voix et donc à trouver la vraie voie, et à guider les autres sur cette voie.

Je suis «appelé par un appel». Je dirais que nous avons le grand premier appel du Baptême, d'être avec le Christ; le second grand appel d'être Pasteurs à son service, et nous devons être de plus en plus à l'écoute de cet appel, de façon à pouvoir appeler, ou même mieux, aider les autres à entendre la voix du Seigneur qui appelle. La grande souffrance de l'Eglise d'aujourd'hui en Europe occidentale est le manque de vocations sacerdotales, mais le Seigneur appelle toujours, c'est l'écoute qui manque. Nous avons entendu sa voix et nous devons être attentifs à la voix du Seigneur aussi pour les autres, aider afin qu'il y ait l'écoute, et qu'ainsi l'appel soit accepté, que s'ouvre la voie de l'appel à être des Pasteurs avec le Christ.
Saint Paul revient sur ce mot «appel» à la fin de ce premier alinéa, et parle d'une vocation, d'un appel qui est à l'espérance - l'appel lui-même est une espérance - et il montre ainsi les dimensions de l'appel: il n'est pas seulement individuel, l'appel est déjà un phénomène dialogique, un phénomène dans le «nous» dans le «moi et toi» et dans le «nous».

«Appel à l'espérance». Ainsi, nous voyons les dimensions de l'appel, il y en a trois.

Appel, finalement, selon ce texte, vers Dieu. Dieu est la fin: à la fin, nous arrivons simplement en Dieu et tout le chemin est un chemin vers Dieu. Mais ce chemin vers Dieu n'est jamais isolé, un chemin dans le seul «je» , c'est un chemin vers le futur, vers le renouveau du monde, c'est un chemin dans le «nous» des appelés qui en appellent d'autres, leur font écouter cet appel. C'est pourquoi l'appel est toujours une vocation ecclésiale. Etre fidèle à l'appel de Dieu signifie découvrir ce «nous» dans lequel et pour lequel nous sommes appelés, et aussi aller ensemble et réaliser les vertus nécessaires.
L '«appel» implique la nature ecclésiale, implique donc les dimensions verticale et horizontale, qui sont inséparables, implique la nature ecclésiale dans le sens de se laisser aider par ce «nous» et de construire ce «nous» de l'Église. En ce sens, saint Paul illustre l'appel avec cette finalité: un Dieu unique, seul, mais avec cette direction vers le futur; l'espérance est dans le «nous» de ceux qui ont l'espérance, qui aiment au sein de l'espérance, avec quelques vertus qui sont précisément les éléments de l'«aller ensemble».

La première est: « en toute humilité» (Eph. 4,2). Je voudrais m'arrêter un peu plus à ce sujet car c'est une vertu qui n'apparaît pas dans le catalogue des vertus pré-chrétiennes, c'est une vertu nouvelle, la vertu du «suivre le Christ».
Pensez à l'épître aux Philippiens, chapitre deux: le Christ, étant égal à Dieu , s'est humilié, assumant la forme d'un serviteur, obéissant jusqu'à la croix (cf. Ph 2,6-8). C'est le chemin de l'humilité du Fils que nous devons imiter. Suivre le Christ, c'est entrer dans cette voie de l'humilité. Le texte grec dit tapeinophrosyne (cf. Ep 4,2): Ne pas penser à soi-même en grand, trouver la juste mesure.

L'humilité. Le contraire de l'humilité est l'orgueil, comme racine de tous les péchés. L'orgueil qui est arrogance, qui veut avant tout le pouvoir, l'apparence, paraître aux yeux des autres, être quelqu'un ou quelque chose, n'a pas l'intention de plaire à Dieu, mais de plaire à soi-même, d'être accepté par les autres et - disons - vénérés des autres. Le «je» au centre du monde: c'est mon «je» orgueilleux, qui sait tout.
Être chrétien signifie vaincre cette tentation originelle, qui est aussi le noyau du péché originel: être comme Dieu, mais sans Dieu; être chrétien, c'est être vrai, honnête, réaliste.

L'humilité est avant tout vérité, vivre dans la vérité, apprendre la vérité, apprendre que ma petitesse est justemnt grandeur, parce qu'ainsi, je suis important dans le grand tissu de l'histoire de Dieu avec l'humanité. C'est justement en reconnaissant que je suis une pensée de Dieu, de la construction de son monde, que je suis irremplaçable, et que dans ma petitesse, et seulement de cette manière, je suis grand. C'est le début de l'«être» chrétien: c'est vivre la vérité. Et c'est seulement en vivant la vérité, le réalisme de ma vocation pour les autres, avec les autres, dans le corps du Christ, que je vis bien.
Vivre contre la vérité est toujours vivre mal. Vivons la vérité! Apprenons ce réalisme: ne pas vouloir paraître, mais vouloir plaire à Dieu et faire ce que Dieu a pensé de moi et pour moi, et donc accepter l'autre. Accepter l'autre, qui est peut-être plus grand que moi, suppose justement ce réalisme et l'amour de la vérité; il suppose de m'accepter moi-même comme «pensée de Dieu», comme je suis, dans mes propres limites et, par conséquent, dans ma grandeur. M'accepter moi-même et accepter l'autre vont ensemble: ce n'est qu'en m'acceptant moi-même dans le grand tissu divin que je peux aussi accepter les autres, qui forment avec moi la grande symphonie de l'Eglise et de la création.

Je pense que les petites humiliations, que, jour après jour, nous devons vivre, sont salutaires, car elles aident chacun à reconnaître sa vérité et ainsi être à l'abri de cette vanité, qui est contre la vérité et ne peut me rendre heureux et bon. Accepter et apprendre cela, et apprendre ainsi à accepter ma position dans l'Église, mon petit service comme grand aux yeux de Dieu. C'est cette humilité, ce réalisme qui nous rend libres.

Si je suis arrogant, si je suis orgueilleux, je voudrais toujours plaire , et si je n'y parviens pas, je suis misérable, je suis malheureux et je continue de chercher à plaire. Mais si au contraire je suis humble, j'ai même la liberté d'être en désaccord avec une opinion qui prévaut, avec des pensées des autres, parce que l'humilité me donne la capacité, la liberté de la vérité.

Et ainsi, je dirais, prions le Seigneur afin qu'il nous aide, qu'il nous aide à être vraiment des bâtisseurs de la communauté de l'Église; qu'elle croisse, que nous-mêmes croissions dans la grande vision de Dieu, due «nous», et soyons membres du Corps du Christ, appartenant ainsi, dans l'union, au Fils de Dieu.

La seconde vertu - mais soyons plus brefs - est la «douceur», (ndt: en italien, dans le texte original:dolcezza) dit la traduction italienne (Ep 4,2), en grec "praus", qui signifie «doux (ndt: mite), plein de mansuétude (mansueto = bienveillant)»; et c'est là aussi une vertu christologique comme l'humilité, qui est suivre le Christ sur cette voie de l'humilité. Ainsi, "praus" aussi, être doux, être plein de mansuétude, c'est suivre le Christ qui dit: Venez à moi, je suis doux de cœur (cf. Mt 11:29).
Cela ne signifie pas faiblesse. Le Christ peut aussi être dur, si nécessaire, mais toujours avec un bon cœur, la bonté toujours visible, la douceur.

Dans l'Ecriture Sainte, parfois, «les bienveillants» est tout simplement le nom des croyants, le petit troupeau des pauvres, qui, dans toutes les épreuves, restent humbles et fermes dans la communion du Seigneur: chercher cette douceur, qui est le contraire de la violence. La troisième béatitude. L'Évangile de saint Matthieu dit: Heureux les débonnaires, car ils hériteront de la terre (cf. Mt 5,5).
Ce ne sont pas les violents qui possèdent la terre, à la fin restent les doux: ils ont la grande promesse, et nous aussi devons être sûrs de la promesse de Dieu, de la douceur qui est plus forte que la violence. Dans ce mot de douceur se cache le contraste avec la violence: les chrétiens sont les non-violents, ils sont opposés à la violence.

Et saint Paul poursuit: « avec magnanimité »(Eph. 4,2): Dieu est magnanime.
En dépit de nos faiblesses et nos péchés, encore et encore il recommence avec nous. Il me pardonne, même si il sait que demain je vais retomber dans le péché; il distribue ses dons, même s'il sait que souvent, nous sommes des administrateurs insuffisants. Dieu est magnanime, de grand cœur, il nous confie sa bonté. Et cette magnanimité, cette générosité, font justement partie de la suite du Christ, encore une fois.

Enfin, « vous supportant les uns les autres dans l'amour »(Ep 4,2), il semble que c'est précisément de l'humilité que découle cette capacité à accepter l'autre. L'altérité de l'autre est toujours un fardeau. Pourquoi l'autre est-il différent? Mais justement cette diversité, cette altérité, est nécessaire pour la beauté de la symphonie de Dieu. Et nous devons, précisément avec cette humilité dans laquelle je reconnais mes limites, mon altérité par rapport à l'autre, le poids que je suis pour l'autre, devenir capable non seulement de supporter l'autre, mais avec amour, trouverdans l'altérité la richesse de son être et des idées et de la fantaisie de Dieu.

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(Suite de la traduction)
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Tout ceci, donc, sert comme vertu ecclésiale, à la construction du Corps du Christ, qui est l'Esprit du Christ, afin qu'il devienne à nouveau exemple, à nouveau corps, et grandisse. Paul le dit plus loin de façon concrète, affirmant que toute cette variété des dons, des tempéraments, de l'«être» humain, sert à l'unité (cf. Ep 4:11-13). Toutes ces vertus sont des vertus de l'unité. Par exemple, pour moi, il est très significatif que la première Lettre après le Nouveau Testament, la première lettre de Clément, soit adressée à une communauté, celle des Corinthiens, divisée et souffrant de la division (voir PG 1, 201-328). Dans cette lettre, le mot même d'«humilité» est un mot clé: ils sont divisés, car il manque l'humilité, l'absence d'humilité détruit l'unité. L'humilité est une vertu fondamentale de l'unité, et ce n'est que de cette façon que croît l'unité du Corps du Christ, que nous devenons véritablement unis et nous recevons la richesse et la beauté de l'unité. C'est pourquoi il est logique que la liste de ces vertus qui sont vertus ecclésiales, christologiques, vertus de l'unité, aille vers l'unité explicite: «un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême. Un seul Dieu et Père de tous»(Eph. 4,5). Une seule foi, un seul baptême, comme une réalité concrète de l'Eglise qui est sous l'unique Seigneur.

Baptême et la foi sont inséparables. Le Baptême est le Sacrement de la foi et la foi a un double aspect. C'est un acte profondément personnel: je connais le Christ, je me rencontre avec le Christ et je me confie à Lui. Pensons à la femme qui touche ses vêtements dans l'espoir d'être sauvé ( Mt 9, 20-21); elle se confie entièrement à Lui et le Seigneur dit: Tu es sauvée, parce que tu as cru (cf. Mt 9, 22). Même aux lépreux, à celui qui revient, il dit: Ta foi t'a sauvé (cf. Lc 17, 19). Ainsi la foi est d'abord essentiellement une rencontre personnelle, toucher le vêtement du Christ, être touchés par le Christ, être en contact avec Christ, se confier au Seigneur, et trouver l'amour du Christ et dans l'amour du Christ, la clé de la vérité, l'universalité. Mais justement pour cela, parce qu'elle est la clé de l'universalité de l'unique Seigneur, cette foi n'est pas seulement un acte personnel de confiance, mais un acte qui a un contenu. La <fides qua> requiert la <fides quae>, les contenus de la foi, et le Baptême exprime ce contenu: la formule trinitaire est l'élément essentiel de la foi chrétienne. Il est, en soi, un «oui» au Christ, et donc au Dieu Trinitaire, avec cette réalité, avec ce contenu qui me lie à ce Seigneur, à ce Dieu, qui a ce Visage: il vit comme Fils du Père dans l'unité de l'Esprit Saint et dans la communion du Corps du Christ. Donc, cela me semble très important: la foi a un contenu et elle ne suffit pas, elle n'est un élément unificateur s'il n'y a pas, vécu et confessé, ce contenu de l'unique foi.

Par conséquent, «Année de la Foi» , Année du Catéchisme - pour être concrets - sont inextricablement liées. Nous ne renouvellerons le Concile qu'en renouvelant le contenu - par la suite condensé à nouveau - du Catéchisme de l'Église catholique . Et un grand problème de l'Eglise actuelle est le manque de connaissance de la foi, c'est «l'analphabétisme religieux», comme l'ont dit les cardinaux, vendredi dernier, à propos de cette réalité.
«L'analphabétisme religieux»; et avec cet analphabétisme nous ne pouvons pas croître, l'unité ne peut pas croître. C'est pourquoi nous devons nous-mêmes nous approprier de nouveau ce contenu, comme richesse de l'unité et non comme un ensemble de dogmes et de commandements, mais comme une réalité unique qui se révèle dans sa profondeur et sa beauté. Nous devons faire tout notre possible pour un renouveau catéchétique, afin que la foi soit connue, et qu'ainsi Dieu soit connu, le Christ soit connu, la vérité soit connue et l'unité croisse dans la vérité.

Et puis l'ensemble de ces unités se retrouvent dans «un seul Dieu et Père de tous ». Tout ce qui n'est pas l'humilité, tout ce qui n'est pas la foi commune, détruit l'unité, détruit l'espoir et rend invisible le visage de Dieu. Dieu est Un et Unique. Le monothéisme était le grand privilège d'Israël, qui a connu le Dieu unique, et reste un élément constitutif de la foi chrétienne. Le Dieu Trinitaire - nous le savons - ce n'est pas trois divinités, mais c'est un Dieu unique; et nous voyons mieux ce que signifie l'unité: l'unité est l'unité de l'amour. C'est ainsi: justement parce que c'est le cercle de l'amour, Dieu est Un et Unique.

Pour Paul, comme nous l'avons vu, l'unité de Dieu s'identifie avec notre espérance. Pourquoi? De quelle manière? Parce que l'unité de Dieu est espérance, parce qu'elle nous garantit qu'à la fin, il n'y a plusieurs puissances, à la fin il n'y a pas de dualisme entre des pouvoirs différents et contradictoires, à la fin, il ne reste pas la tête du dragon qui pourrait se lever contre Dieu, il ne reste pas la saleté du mal et du péché. A la fin, il ne reste que la lumière! Dieu est unique et il est le seul Dieu, il n'y a pas d'autre pouvoir contre lui! Nous savons qu'aujourd'hui, avec les maux toujours croissants que nous vivons dans le monde, beaucoup doutent de l'omnipotence de Dieu; même certains théologiens - et même bons - disent que Dieu ne serait pas Omnipotent, parce que tout ce que nous voyons dans le monde ne serait pas compatible avec l'omnipotence; c'est pourquoi ils veulent créer une nouvelle apologie, excuser Dieu et «exonérer» Dieu de ces maux. Mais ceci n'est pas juste, parce que si Dieu n'est pas Omnipotent, et si il y a d'autres puissances, ce n'est pas vraiment Dieu et ce n'est pas l'espérance, parce qu'à la fin resterait le polythéisme, à la fin resterait la lutte, le pouvoir du mal. Dieu est Tout-Puissant, le seul Dieu. Certes, dans l'histoire, il s'est donné une limite à sa toute-puissance, en reconnaissant notre liberté. Mais à la fin tout revient et il ne reste pas d'autre pouvoir; c'est cela l'espérance: que la lumière vainque, que l'amour vainque! A la fin, il ne reste plus la force du mal, il ne reste que Dieu! Et ainsi nous sommes dans le chemin de l'espérance, le chemin vers l'unité de l'unique Dieu, révélé par l'Esprit Saint, dans l'unique Seigneur, Jésus-Christ.



Poi da questa grande visione, san Paolo scende un po’ ai dettagli e dice di Cristo: «Asceso in alto ha portato con sé i prigionieri, ha distribuito doni agli uomini» (Ef 4,8). L’Apostolo cita il Salmo 68, che descrive in modo poetico la salita di Dio con l’Arca dell’Alleanza verso le altezze, verso la cima del Monte Sion, verso il tempio: Dio come vincitore che ha superato gli altri, che sono prigionieri, e, come un vero vincitore, distribuisce doni. Il Giudaismo ha visto in questo piuttosto un’immagine di Mosé, che sale verso il Monte Sinai per ricevere nell’altezza la volontà di Dio, i Comandamenti, non considerati come peso, ma come il dono di conoscere il Volto di Dio, la volontà di Dio. Paolo, alla fine, vede qui un’immagine dell’ascesa di Cristo che sale in alto dopo essere sceso; sale e tira l’umanità verso Dio, fà posto per la carne e il sangue in Dio stesso; ci tira verso l’altezza del suo essere Figlio e ci libera dalla prigionia del peccato, ci rende liberi perché vincitore. Essendo vincitore, Egli distribuisce i doni. E così siamo arrivati dall’ascesa di Cristo alla Chiesa. I doni sono la charis come tale, la grazia: essere nella grazia, nell’amore di Dio. E poi i carismi che concretizzano la charis nelle singole funzioni e missioni: apostoli, profeti, evangelisti, pastori e maestri per edificare così il Corpo di Cristo (cfr Ef 4,11).

Non vorrei entrare adesso in un’esegesi dettagliata. E’ molto discusso qui che cosa voglia dire apostoli, profeti… In ogni caso, possiamo dire che la Chiesa è costruita sul fondamento della fede apostolica, che rimane sempre presente: gli Apostoli, nella successione apostolica, sono presenti nei Pastori, che siamo noi, per la grazia di Dio e nonostante tutta la nostra povertà. E siamo grati a Dio che ci ha voluto chiamare per stare nella successione apostolica e continuare ad edificare il Corpo di Cristo. Qui appare un elemento che mi sembra importante: i ministeri – i cosiddetti ministeri – sono chiamati «doni di Cristo», sono carismi; cioè, non c’è questa opposizione: da una parte il ministero, come una cosa giuridica, e dall’altra i carismi, come dono profetico, vivace, spirituale, come presenza dello Spirito e la sua novità. No! Proprio i ministeri sono dono del Risorto e sono carismi, sono articolazioni della sua grazia; uno non può essere sacerdote senza essere carismatico. E’ un carisma essere sacerdote. Questo - mi sembra - dobbiamo tenerlo presente: essere chiamato al sacerdozio, essere chiamato con un dono del Signore, con un carisma del Signore. E così, ispirati dal suo Spirito, dobbiamo cercare di vivere questo nostro carisma. Solo in questo modo penso si possa capire che la Chiesa in Occidente ha collegato inscindibilmente sacerdozio e celibato: essere in un’esistenza escatologica verso l’ultima destinazione della nostra speranza, verso Dio. Proprio perché il sacerdozio è un carisma e deve essere anche collegato con un carisma: se non fosse questo e fosse solamente una cosa giuridica, sarebbe assurdo imporre un carisma, che è un vero carisma; ma se il sacerdozio stesso è carisma, è normale che conviva con il carisma, con lo stato carismatico della vita escatologica.

Preghiamo il Signore perché ci aiuti a capire sempre di più questo, a vivere sempre più nel carisma dello Spirito Santo e a vivere così anche questo segno escatologico della fedeltà al Signore Unico, che proprio per il nostro tempo è necessario, con la decomposizione del matrimonio e della famiglia, che possono comporsi solo nella luce di questa fedeltà all’unica chiamata del Signore.

Un ultimo punto. San Paolo parla della crescita dell’uomo perfetto, che raggiunge la misura della pienezza di Cristo: non saremo più fanciulli in balia delle onde, trasportati da qualsiasi vento di dottrina (cfr Ef 4,13-14). «Al contrario, agendo secondo la verità nella carità, cerchiamo di crescere in ogni cosa, tendendo a Lui» (Ef 4,15). Non si può vivere in una fanciullezza spirituale, in una fanciullezza di fede: purtroppo, in questo nostro mondo, vediamo questa fanciullezza. Molti, oltre la prima catechesi, non sono più andati avanti; forse è rimasto questo nucleo, forse si è anche distrutto. E del resto, essi sono sulle onde del mondo e nient’altro; non possono, come adulti, con competenza e con convinzione profonda, esporre e rendere presente la filosofia della fede - per così dire - la grande saggezza, la razionalità della fede, che apre gli occhi anche degli altri, che apre gli occhi proprio su quanto è buono e vero nel mondo. Manca questo essere adulti nella fede e rimane la fanciullezza nella fede.

Certo, in questi ultimi decenni, abbiamo vissuto anche un altro uso della parola «fede adulta». Si parla di «fede adulta», cioè emancipata dal Magistero della Chiesa. Fino a quando sono sotto la madre, sono fanciullo, devo emanciparmi; emancipato dal Magistero, sono finalmente adulto. Ma il risultato non è una fede adulta, il risultato è la dipendenza dalle onde del mondo, dalle opinioni del mondo, dalla dittatura dei mezzi di comunicazione, dall’opinione che tutti pensano e vogliono. Non è vera emancipazione, l’emancipazione dalla comunione del Corpo di Cristo! Al contrario, è cadere sotto la dittatura delle onde, del vento del mondo. La vera emancipazione è proprio liberarsi da questa dittatura, nella libertà dei figli di Dio che credono insieme nel Corpo di Cristo, con il Cristo Risorto, e vedono così la realtà, e sono capaci di rispondere alle sfide del nostro tempo.

Mi sembra che dobbiamo pregare molto il Signore, perché ci aiuti ad essere emancipati in questo senso, liberi in questo senso, con una fede realmente adulta, che vede, fa vedere e può aiutare anche gli altri ad arrivare alla vera perfezione, alla vera età adulta, in comunione con Cristo.

In questo contesto c’è la bella espressione dell’aletheuein en te agape, essere veri nella carità, vivere la verità, essere verità nella carità: i due concetti vanno insieme. Oggi il concetto di verità è un po’ sotto sospetto perché si combina verità con violenza. Purtroppo nella storia ci sono stati anche episodi dove si cercava di difendere la verità con la violenza. Ma le due sono contrarie. La verità non si impone con altri mezzi, se non da se stessa! La verità può arrivare solo tramite se stessa, la propria luce. Ma abbiamo bisogno della verità; senza verità non conosciamo i veri valori e come potremo ordinare il kosmos dei valori? Senza verità siamo ciechi nel mondo, non abbiamo strada. Il grande dono di Cristo è proprio che vediamo il Volto di Dio e, anche se in modo enigmatico, molto insufficiente, conosciamo il fondo, l’essenziale della verità in Cristo, nel suo Corpo. E conoscendo questa verità, cresciamo anche nella carità che è la legittimazione della verità e ci mostra che è verità. Direi proprio che la carità è il frutto della verità - l’albero si conosce dai frutti – e se non c’è carità, anche la verità non è propriamente appropriata, vissuta; e dove è la verità, nasce la carità. Grazie a Dio, lo vediamo in tutti i secoli: nonostante i fatti negativi, il frutto della carità è sempre stato presente nella cristianità e lo è oggi! Lo vediamo nei martiri, lo vediamo in tante suore, frati e sacerdoti che servono umilmente i poveri, i malati, che sono presenza della carità di Cristo. E così sono il grande segno che qui è la verità.

Preghiamo il Signore perché ci aiuti a portare il frutto della carità ed essere così testimoni della sua verità. Grazie.

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