Principes non négociables

Réflexion autour d'un éditorial de Riccardo Cascioli, sur la Bussola: «Ce sont des aveugles qui guident des aveugles. Or, si un aveugle guide un aveugle, ils tomberont tous deux dans la fosse » (Mt 15,14 ; Lc 6,39) (2/1/2013)

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>> Le Vatican pour Monti? Pas si sûr, dit Mgr Negri

     

La situation politique de l'Italie n'est pas exactement comparable à celle de la France, dans la mesure où nos institutions nous garantissent une certaine stabilité politique (on ne sait pas s'il faut s'en féliciter) que ne connaissent pas vraiment nos voisins - même si Berlusconi avait réussi à y mettre un terme provisoire.
Mais sur le fond, nous sommes exactement au même point.
N'écoutons sutout pas ceux (en particulier à "droite") qui refusent le terme "principes non négociables". Ils sont des "aveugles qui guident des aveugles".
Les mêmes qui nous expliquent, en France, que le gouvernement socialiste ne fait que nous jeter de la poudre aux yeux, en remplaçant les questions sociales par les questions sociétales. En quelque sorte, Florange et la réduction de la dette, c'est bien plus grave que le mariage gay et l'euthanasie!
C'est faux!
Florange, à plus ou moins brève échéance, on n'en parlera plus (et il y aura d'autres Florange, tout aussi vite oubliés). Le mariage gay, si la loi est adoptée, c'est un chamboulement total! Et ce sera presque impossible de revenir dessus, sauf "coup de bambou" terrible, auquel je n'ose penser.

     

Les mots comptent. En politique aussi
Riccardo Cascioli
01/02/2013
http://www.lanuovabq.it/it/articoli-le-parole-contanoanche-in-politica-5507.htm
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Les mots comptent, ils expriment des conceptions bien précises de l'homme et de la société. Et parfois ils disent des choses opposées, même s'ils semblent synonymes. C'est le cas de deux expressions largement utilisées ces derniers temps sur l'engagement politique des catholiques, «questions éthiquement sensibles» et «principes non négociables». Ils sont en substance utilisés indifféremment pour indiquer les questions comme l'avortement, l'euthanasie, l'insémination artificielle, le mariage homosexuel et ainsi de suite.

C'est vrai, les arguments indiqués sont les mêmes, mais la façon de les voir est radicalement différente.
Quand il s'agit de «thèmes éthiquement sensibles», on se réfère principalement au potentiel de division qu'ils ont au sein même des partis.
Tant à gauche qu'à droite et au centre, mais dans des proportions variables, il y a des positions très différentes à cet égard, ce sont des thèmes qui traversent et divisent tous les partis. En raison de la sensibilité de ces sujets et du risque qu'ils fassent sauter des majorités et des alliances (ndt: on parle de l'Italie!! En France, ce n'est hélas même plus le cas), il devient plausible et acceptable qu'ils soient exclus des programmes électoraux. Comme pour dire: trouvons d'abord un consensus sur l'économie - en ce moment, ce qui intéresse le plus les gens -, l'emploi, la politique étrangère, la sécurité et peut-être même l'immigration; pour les «questions éthiquement sensibles», en revanche, n'épousons aucune conviction, laissons la liberté de conscience, reconnaissant qu'il s'agit de questions importantes pour de nombreuses personnes. Telle est la ligne adoptée par Mario Monti, il l'a expliquée lui-même en présentant son agenda.
Position parfaitement respectable, et qui, comparée à celle de la gauche, qui a déjà au programme, par exemple, la reconnaissance des unions homosexuelles, est déjà un pas en avant important.

Cependant, si nous utilisons le terme «principes non négociables», nous entendons quelque chose de tout à fait différent. Cela revient à dire que la vie, la famille, la liberté d'enseignement sont vraiment des «principes» (ndt "Principe", du latin principium: Commencement, début, origine), elles sont le fondement de l'engagement politique. Non pas un argument parmi tant d'autres, même très important, mais la base, dont tirent des conséquences tous les autres thèmes.
La famille, par exemple: de sa stabilité dépendent aussi l'économie, la sécurité, les dépenses sociales. Une famille déchirée signifie moins d'enfants, et nous savons en Italie, le prix amer que nous payons aujourd'hui pour cette hiver démographique, à la fois en termes de sécurité (qui paie les retraites?) et en termes de croissance économique (un effectif plus âgé est moins compétitif, à titre d'exemple). Une famille déchirée signifie également plus grande pauvreté et nécessité de services sociaux, c'est-à-dire - nous parlons toujours de tendance générale et non des situations particulières - des enfants qui ont de moins bons résultats scolaires, avec une plus grande tendance à consommer de l'alcool et de la drogue, à tomber dans la délinquence etc. Il y a désormais des dizaines d'études sur cet aspect et sur les coûts sociaux de la crise de la famille.

Donc, parler d'assainir l'économie sans aborder la question de la famille - compte tenu également de la forte pression idéologique pour la reconnaissance des unions homosexuelles - est une grave erreur de perspective. Ce n'est pas un problème de liberté de conscience, mais de prise de conscience de ce qui est en jeu dans la société. Le même discours peut être répété pour la vie, et la liberté d'enseignement.

Si ces principes sont donc "non négociables", c'est-à-dire des principes fondateurs, ils ne peuvent être mis de côté en prévision de jours meilleurs pour en discuter. Sur ce point, la doctrine sociale de l'Église est très claire et, d'ailleurs, il y a des montagnes de preuves à cet égard.

On peut sans doute faire valoir qu'aucun parti politique ne souscrit pleinement à ce point de vue, le fait demeure que c'est la contribution originelle qui justifie la présence des catholiques dans la vie politique, et la politique - comme l'a écrit hier Mgr Luigi Negri - selon lequel juger les hommes et les partis. Parler de «questions sensibles», même de bonne foi, peut-être une solution de facilité pour ceux qui ont déjà choisi un parti qui en fait fi.