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Anniversaire d'une élection (2)

Je reçois coup sur coup deux messages... Quand Marco Tosatti se pose des questions. (12/3/2014)

Je reçois à l'instant, simultanément et de deux lecteurs différents (!!) d'une part le lien vers un article de Marco Tosatti - un initié, dont le ressenti a d'autant plus de poids qu'il écrit dans Vatican Insider - et d'autre part une réflexion que je reproduis plus bas.

     

Marco Tosatti

Opération Bergoglio, les coulisses
Marco Tosatti
http://www.lastampa.it
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Il y a un an à cette époque la majorité des journalistes - y compris moi-même - voguions dans le brouillard, en ce qui concerne l'identité du successeur de Benoît XVI. Et encore aujourd'hui, nous lisons dans les déclarations de certains cardinaux que l'élection de Jorge Mario Bergoglio était essentiellement une surprise.

Mais ce n'était peut-être pas le cas. Plusieurs sources nous racontent une histoire un peu différente; et comment l'Esprit a été assisté, dans ce cas aussi, par des mains humaines pour accomplir son travail.

Dans cette reconstruction, le rôle central est joué par le cardinal brésilien Claudio Hummes, qui a commencé à se mouvoir après la démission de Benoît, aidé par le cardinal Santos Abril y Castello, provenant de la carrière diplomatique, et actuel président de la commission de l'IOR, et aidé également par le Cardinal Giovanni Battista Re, ex-préfet des évêques et provenant lui aussi des rangs de la diplomatie.
Pour couvrir le vrai candidat, on a fait circuler initialement le nom du cardinal brésilien Scherer. Une opération très latino-américaine, mais aussi qui s'est appuyée sur le travail de nombreux italiens de la Curie, très opposés à la possibilité que le cardinal de Milan, Angelo Scola, puisse devenir pape. La candidature de Bergoglio a profité, en plus de la collaboration active du Cardinal Maradiaga, de la sympathie immédiate des «progressistes» y compris européens comme Kasper, Danneels, Sistach, Carlos Amigo Vallejo, Polycarpe.
Le "tambour" avait déjà commencé à rouler avant les congrégations générales, les journées de réflexion et de rencontre avant le conclave dans la chapelle Sixtine. Même Bertone et son équipe ont rejoint, à ce stade, la vague d'Amérique du Sud; et finalement même des cardinaux d'Amérique du Nord.

En réalité, le tableau était déjà très bien défini avant l'"extra omnes"; mais évidemment, les cardinaux, quand ils le veulent, savent garder leur bouche bien fermée, pour mieux jouir ensuite de la surprise de l'élection.

     

Les doutes d'un lecteur

Bonjour Madame,

Je lis votre blog depuis bien des années. Je vous ai déjà écrit quelques fois, pour vous encourager.
Après l'élection du pape François, je vous avoue que je n'ai pas compris la raison pour laquelle vous poursuiviez vos réflexions sous la même référence au pape Benoît XVI. Je vous avoue même que j'ai d'abord pris ce choix pour un attachement nostalgique.
Oh moi aussi je suis nostalgique.
Quand on prend la peine de lire attentivement le pape Benoît, de l'écouter, on découvre des trésors, qui nourissent notre foi. Clarté doctrinale. Une foi qui vit, c'est toute l'Ecriture qui se trouve revifiée dans la douceur. Benoît XVI, c'est un père qui montre le chemin, sans artifice et sans démagogie. Il n'a jamais voulu plaire.

Et puis, je me suis dit... mais finalement, et si vous aviez eu une bonne intuition ?
Je lis beaucoup, essayant de comprendre les choses en profondeur. Depuis le début, je suis frappé par cette sorte de manie qu'a le pape François (je ne parviens pas à l'appeler simplement François) de tout faire autrement que les autres, de se distinguer.
Si encore ces changements étaient superficiels, reflets d'une personnalité différente (après tout, le pape Benoît XVI était aussi fort différent sur ce point par rapport à Jean-Paul II), on n'en ferait pas tout un plat. Mais je réalise (comme vous, et comme sans doute un nombre de plus en plus important de personnes) qu'alors que ce pontificat n'a qu'un an, les sources de confusions et d'ambiguïté sont déjà innombrables.

Il n'y a pas très longtemps, [un blog francophone] avait publié un post à propos des orientations du cardinal Kasper en matière de discipline des sacrements, liée aux divorcés remariés. J'avais laissé un petit commentaire... en faisant un lien avec un passage apparemment anecdotique du premier angelus du pape actuel. Celui où il cite... le cardinal Kasper, présenté comme un bon théologien. J'avais repris le passage entièrement.
Ce commentaire m'est toujours resté en mémoire. Et avec le recul, c'est à se demander si cette référence n'était pas tout bonnement une fausse spontanéité mais un programme de bouleversement. Un programme qui, effectivement, change le monde.
Quel ne fut pas mon étonnement, dans le bon sens du terme, de voir sur votre site, il y a quelques jours, une analyse qui reprenait cette référence déjà lointaine (un an !!)... Ce n'était pas à nous de faire le choix de l'élection.

Mais je vous avoue une certaine inquiétude, à la lumière des déclarations, des événements, et d'indications sur la manière dont l'archevêque Bergoglio d'alors fonctionnait dans son diocèse.
Je ne suis pas théologien mais j'essaye de discerner et au final, c'est un sentiment de confusion qui prévaut.
Au lieu de me dire: il nous confirme dans notre foi, j'ai plutôt une autre image à l'esprit: mais quelle nouvelle boîte de Pandore va-t-il encore ouvrir aujourd'hui ? C'est grave pour un catholique.
Madame, c'est précieux de retrouver la pensée du pape Benoît. Et des articles de réflexions.

Philippe R.