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Des sans-papiers à Sainte Marie Majeure

La basilique pontificale est occupée par des sans-papiers (ou des sans-abris) et ceux-ci s'adressent directement au pape (16/6/2014)

Présentant avant-hier la visite que le Pape devait effectuer à Sant'Egidio dimanche après-midi, Giacomo Galeazzi écrivait (François en visite à Sant'Egidio):

Parmi les pauvres que le Pontife rencontrera à Trastevere il y aura aussi les quelque cent vingt sans-abris qui depuis quelques semaines ont trouvé un refuge nocture dans la basilique romaine de Santa Maria Maggiore, où depuis de nombreuses années Jorge Mario Bergoglio se rend souvent en pèlerinage, en signe de dévotion .

La basilique pontificale est en effet occupée par des sans-papiers, chaperonnés par l'association Blocchi precari, qui doit être l'équivalent italien de "Doit au logement".

Certains auraient-ils l'intention de présenter à François la facture des ses déclarations en faveur des pauvres?
L'arrière-plan est politique et viserait certaines mesures récentes du gouvement Renzi: mais c'est l'Eglise qui est dans la ligne de mire, et la visite du Pape à Sant'Egidio revêt elle aussi une signification politique.
La nouvelle est curieusement peu relayée par les médias français. A l'inverse de ceux anglophones (The Guardian, et The Daily Telegraph, cités par Teresa)

     

Santa Maria Maggiore occupée

roma.repubblica.it/
4 juin 2014
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Expulsées d'un bâtiment qu'ils occupaient depuis deux mois, 150 (?) "sans toit" se sont repliés dans la basilique Sainte Marie Majeure, demandant "l'asile au Pape".
L'annonce a été faite sur Twitter par les occupants eux-mêmes (ou plutôt les blocchi precari??): "Sgomberati di #torrespaccata dentro la basilica di Santa Maria Maggiore chiedono asilo a @Pontifex"
"Les familles expulsées de Torre Spacata resteront dans la Basilique de Sainte Marie Majeure tant que personne ne prendra la parole sur ce qui se passe. Elles demandent que le Vicariat, ou le Pape François, s'expriment sur ce qui se passe à Rome et dans toute l'Italie" dit l'une des activistes.

A l'intérieur, il y a quelque 150 personnes sans-abris qui ont écrit une lettre au pape:

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«Nous affrontons chaque jour nos existences - lit-on - en essayant de ne pas perdre notre humanité, de résister aux vexations auxquelles nous sommes soumis à cause de notre condition sociale. Ils nous appellent les marginaux, les pauvres et les exclus, mais nous connaissons bien le caractère sacré de nos vies (!!). Nous sommes ici, dans la maison de Dieu, à demander de l'aide. Le gouvernement italien, à travers le «Plan Maison» (Piano Casa) qui vient d'être approuvé, non seulement choisit de n'apporter aucune solution à la crise du logement dont nous et beaucoup d'autres somme victimes, mais avec l'article 5, choisit de déclarer la guerre à ceux qui, comme nous, n'ont pas la chance de vivre dans des maisons leur appartenant et ont été contraints, laissés seuls par l'Etat, à se réfugier dans les structures abandonnées».

C'est justement de l'une de ces structures, située à Torre Spaccata - poursuivent les occupants que «hier matin, nous avons été chassés comme les pires criminels. Ils sont venus avec des camions et des hélicoptères, armés de casques et de matraques, ils ont défoncé la porte et ils nous ont jetés au milieu de la rue sans nous donner aucune solution alternative. La solidarité réciproque qui nous lie et qui nous soutient pendant cette période difficile, est ce qui nous permet de rester humains. L'Etat italien, après nous avoir abandonnés, a choisi de nous anéantir, nous et ceux qui vivent notre condition. Nous demandons ton aide. Nous avons peur pour nous, et surtout pour nos enfants, mais nous ne sommes pas prêts à renoncer, parce que la seule solution proposée par la ville de Rome est la séparation des familles. Nous savons que tu peux comprendre parfaitement notre situation. Toi qui es un homme comme nous, venu de l'autre côté du monde, participe depuis toujours à la souffrance des derniers, mais, comme Jésus-Christ, non disposé à l' accepter passivement, tu représentes aujourd'hui notre plus grand espoir dans un monde où nous ne parvenons pas à voir un avenir possible pour nous et pour ceux qui comme nous, à Rome et en Italie, vivent le drame de l'urgence du logement et de la marginalisation».

Les familles demandent donc une rencontre avec le Pontife (sans doute a-t-elle eu lieu hier): «Nous te demandons de nous recevoir, de faire tiennes les plaies que nous portons sur nos corps, de devenir notre voix forte contre ces politiques inhumaines et déhumanisantes, nos ennemies, et contraires à ce qu'a enseigné Jésus-Christ, même pour ceux qui croient en un autre Dieu (!!). Nous te demandons de nous accueillir entre tes bras , nous te demandons de nous concéder l'asile politique en tant qu'être humain persécuté, vexé et humilié par l'état italien»