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François fait la couverture de Rolling Stone

Le magazine américain lui consacre, en plus, un long reportage dans son dernier numéro, massacrant au passage Benoît XVI. (28/1/2014)

Rolling Stone est un magazine "culturel" américain branchouille que j'imagine à peu près l'équivalent des Inrocks de chez nous.
Il existe des éditions en différentes langues, dont paraît-il une en français, lancée en 1991 par un ancien journaliste de Libération. Ceci pour situer le ton.
Le Pape François a droit dans le dernier numéro a une couverture flatteuse (illustrée d'une photo de Spaziani!), et à un long article élogieux de plusieurs pages - qui est un catalogue d'insultes et de calomnies contre Benoît XVI.

J'ai traduit le début de l'article (www.rollingstone.com/culture/news/pope-francis-gentle-revolution-inside-rolling-stones-new-issue-20140128 ).

C'est pitoyable de méconnaissance crasse de ce qu'on prétend décrire (l'auteur ne connaît rien de l'Eglise, et n'a jamais vu Benoît XVI ni lu une ligne de lui), et cela n'en vaut probablement pas la peine, mais c'est juste pour témoigner, preuve à l'appui, que cette accumulation de calomnies et de mensonges pourrait être passible de poursuites judiciaires.

Si le Pape François a droit à tous les honneurs, il est scandaleux que cela se fasse aux dépens de Benoît XVI, et nous attendons que les brillants communicants du Saint-Siège, le Père Lombardi en tête, fassent une mise au point pour laver l'honneur du Pape émérite, gravement mis en cause.

     

Pope Francis' Gentle Revolution: Inside Rolling Stone's New Issue
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Sarah Palin a décrit le Pape François comme «une sorte de libéral». Rush Limbaugh a utilisé l'expression «marxisme pur» pour décrire l'idée du pape qu'une moderne «culture de la prospérité» a rendu les gens indifférents à la misère des pauvres. Et bien d'autres conservateurs ont mis en doute son commentaire sur les prêtres homosexuels - «Qui suis-je pour juger?»
Alors, qui est au juste le pape François?

Rolling Stone a envoyé le journaliste Mark Binelli au sein du Vatican pour offrir un portrait de Sa Sainteté, un homme qui est né Jorge Mario Bergoglio il y a 77 ans à Buenos Aires, pour "l'histoire de couverture" de notre dernier numéro. Ce qu'il a appris, c'est que le pape François réalisait une rupture notable de la tradition du Vatican, affrontant de face les problèmes politiques et présentant une attitude plus compréhensive envers les droits humains - et que les catholiques sont reconnaissants.

En moins d'un an depuis le début de son pontificat, le pape François a beaucoup fait pour se séparer des papes précédents et s'imposer comme le pape du peuple. François a choisi de ne pas résider dans le palais des papes, mais de rester dans la maison d'hôtes du Vatican, de se libérer de l'isolement des membres du clergé du Vatican. Il choisit de faire le tour de la ville dans une Ford Focus à la place d'une limousine avec chauffeur. Il paie ses propres frais d'hôtel et tient lui-même son agenda.

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En plus d'offrir une alternative conviviale à Benoît XVI - son prédécesseur, qui a été le premier pape à démissionner de son poste dans 700 ans et qui avait une vision beaucoup plus draconienne sur l'homosexualité - le pape François a lancé des enquêtes sur une possible corruption au sein de l'église. Il a exploré les voies pour faire face au problème de la pédophilie, examinant les moyens de prendre des mesures et de conseiller les victimes.

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Au coeur de la révolution douce du Pape
Mark Binelli
28 janvier
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Tôt le matin chaque mercredi à Rome, les fidèles et les curieux se rassemblent sur la place Saint-Pierre pour une audience générale avec le pape. Depuis l'élection de Jorge Mario Bergoglio en Mars dernier, la participation aux événements du pape a triplé pour atteindre 6,6 millions de personnes. Lors d'un récent matin frisquet de Décembre, les milliers de pèlerins amassés semblaient briller dans la lumière du soleil, couvrant la place comme un tapis pixélisé. C'étaient peut-être tous les smartphones levés vers le ciel.

Vu de près, le pape François, le 266e vicaire de Jésus-Christ sur Terre, un homme dont l'évidente humilité, l'empathie et, surtout, la dévotion aux marginalisés économiques sont parfaitement en phase avec notre époque, semble plus robuste qu'à la télévision. S'étant notoirement dispensé des accessoires pontificaux les plus flamboyants, il est aussi étonnamment élégant, vêtu aujourd'hui d'un manteau blanc à double boutonnage, d'une écharpe blanche et d'un soutane légèrement crémeuse, tous impeccablement ajustés (!!).

Le thème de la catéchèse est le Jour du Jugement, mais, bien que fidèle à la forme, il ne cherche pas à évoquer des images de feu et de soufre. Son prédécesseur, Benoît XVI, parlant sur le sujet disait: «Aujourd'hui, nous sommes habitués à penser: "Qu'est-ce que le péché? Dieu est grand, il nous comprend, donc le péché ne compte pas; à la fin Dieu sera bon envers tous. C'est une belle espérance. Mais il y a une justice, et il y a un vrai blâme».

Francis, 77 ans, au contraire, implore la foule de penser à la perspective de rencontrer son Créateur comme quelque chose à espérer, comme un mariage, où Jésus et tous les saints du ciel vous attendent à bras ouverts. Il lève les yeux de son texte deux fois pour répéter les lignes principales: avanti senza paura ("allez sans crainte")... Venant de ce pape, ce dernier point sonne plus comme un rappel amical. Sa voix est d'une douceur désarmante, même amplifiée sur une vaste place publique.

Finalement, il se déplace pour saluer la foule. Benoît, un universitaire austère, gardait cette partie de l'audience générale au minimum. Mais François, comme Bill Clinton, se nourrit de contacts personnels, et il passe presque une heure à saluer les croyants.
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C'est une drôle de chose, la célébrité papale. Comme archevêque de Buenos Aires, Bergoglio n'avait jamais été un orateur particulièrement doué. Mais maintenant qu'il est le pape François, son humanité reconnaissable se dégage comme positivement révolutionnaire. Contre l'absurde toile de fond, incroyablement baroque du Vatican, un monde encore géré comme une cour médiévale, l'élection de François représente ce que son amie Elisabetta Piqué, une journaliste argentine qui le connaît depuis une décennie, appelle «un scandale de la normalité». Depuis son élection en Mars dernier, François a constamment confondu les attentes par les plus simples des gestes: surprenant les employés de la réception de l'hôtel où il était descendu durant le conclave en se présentant pour payer sa note; paniquant les gardes du corps en buvant une tasse de maté (le "thé" populaire dans toute l'Amérique du Sud) que lui avait tendu un inconnu lors d'une visite au Brésil; amusant les cardinaux avec des blagues à ses dépens après avoir été élu (lors de son premier dîner en tant que pape, il dit, impassible, «Que Dieu vous pardonne pour ce que vous avez fait»).

Après la papauté catastrophique de Benoît, un traditionaliste dur qui avait l'air de porter une chemise rayée et des gants avec des couteaux aux doigts et de menacer les adolescents dans leurs cauchemars, la maîtrise spontanée de François de compétences telles que celle de sourire en public semblait un petit miracle pour le catholique moyen. Mais il avait des changements beaucoup plus radicaux dans l'esprit. En évitant le palais pontifical pour un modeste appartement de deux pièces, en reprochant publiquement aux dirigeants de l'église d'être «obsédés» par les questions sociétales controversées comme le mariage homosexuel, le contrôle des naissances et l'avortement («Qui suis-je pour juger?» est la réponse célèbre de François lorsqu'on lui a demandé son point de vue sur les prêtres homosexuels) et - peut-être le plus étonnane de tout - en consacrant une grande partie de son premier enseignement majeur écrit à une critique acerbe contre le capitalisme de libre marché, le pape a révélé sa propres obsessions d'être plus en ligne avec le fils du patron (sic!!).

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L'article continue par une galerie de portraits des papes les plus horribles du passé (fruit d'une compilation hâtive de Wikipedia), allant jusqu'à Pie XI qui aurait dit que "Mussolini était un homme envoyé par la providence (l'ignare auteur ignore les accords du latran), et poursuit:

Benoît XVI ne mérite sans doute pas de figurer dans cette galerie de coquins, mais il est difficile d'imaginer un plus mauvais choix pour relever les défis particuliers auxquels est confrontée l'Eglise catholique au cours de la dernière décennie que le cardinal Joseph Ratzinger. Avant d'être nommé pape en 2005, Ratzinger avait servi comme "chef exécuteur" (enforcer) doctrinal de son prédécesseur, le très aimé, mais aussi très réactionnaire Jean-Paul II. Dans sa lutte contre les efforts de libéralisation du Concile Vatican II, Jean-Paul II, comme cela est connu au Vatican, réprima les groupes catholiques progressistes comme les jésuites, tout en accueillant les hypertraditionalists controversés de l'Opus Dei dans le courant dominant de l'Église. Les "numéraires" laïcs membres du groupe font vœux de célibat et pratiquent la mortification corporelle: ils se flagellent ou portent un cilice, une chaîne en métal pointu lié à la cuisse comme une pénitence, comme un rappel de la souffrance de Jésus (voilà un idiot qui a gobé, ou qui fait semblant, le Da Vinci code!!).

Une lettre de 1986 délivrée par Ratzinger, «Sur la Pastorale des personnes homosexuelles», décrit l'homosexualité comme un «mal moral intrinsèque». Les principaux tenants de la théologie de la libération, un mouvement catholique explosif, teinté de marxisme qui a balayé l'Amérique latine dans les années soixante-dix et quatre-vingt, ont été marginalisés par le bureau de Ratzinger et considérés comme hérétiques. Dans le même temps, son équipe répondait aux révélations sans fin de pédophilie qui ont secoué l'Eglise au cours des dernières décennies avec «déni, atermoiements légalistes et obstruction pure et simple», pour citer une enquête exhaustive du New York Times en 2010 (dont j'ai abondamment prouvé dans ces pages qu'il s'agissait d'un bidonnage... pur et simple!!).

Après qu'il soit devenu le pape Benoît en 2005, Ratzinger n'a pas réussi à connaître une pause, et il a certainement manqué de la capacité d'appliquer son intelligence largement reconnue comme universitaire pour éteindre les incendies dans le monde réel. En 2009, un énorme scandale de blanchiment d'argent a été découvert à la banque du Vatican, qui contrôle environ 8,2 milliards de dollars en actifs (???). Puis est venue la trahison connue sous le nom de Vatileaks, dans laquelle le majordome de confiance de Benoît a volé des masses de documents secrets révélant les rouages embarrassants du Saint-Siège (???).

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Cela continue comme cela sur quatre pages; ne lisant pas l'anglais avec facilité, je renonce à aller plus loin. Je n'ai pas vraiment fait d'effort pour donner une tournure agréable à cette litanie diffamatoire de commande écrite par un illettré.